Faut-il recommander des actions en particulier ?

Certains, sur ce forum ou ailleurs, me demandent par ex. quelles actions américaines ou quelles foncières françaises je recommande ou de donner le détail de mon portefeuille boursier. Il m’est difficile de répondre à ces questions, pour les raisons suivantes:

1- Chacun a ses propres contraintes, montant de patrimoine, horizon de placement, tolérance face à la volatilité des cours, acceptation ou non d’une liquidité parfois faible d’un titre. Bref ce qui convient à l’un ne convient pas forcément à l’autre.

2- Recommander un titre m’obligerait moralement à assurer le service après-vente (dire aussi plus tard quand il faudra vendre ce titre, …), travail trop prenant. Car un titre intéressant aujourd’hui ne le sera pas forcément demain, si les perspectives baissent, ou si son cours augmente, ou si un titre assez voisin devient plus intéressant encore.

Passons maintenant aux raisons supplémentaires, qui me sont spécifiques:
Mon portefeuille, qui comporte entre un quart et un tiers de foncières cotées (justifié dans mon cas, car je ne possède ni résidence principale ni immobilier locatif) est composé:
- d’une part de très larges caps, type Total, Vivendi, Vinci,
- d’autre part de small caps généralement peu liquides
- quasiment sans mid caps dans la fourchette disons 500 millions à 5 milliards d’euros

Je ne peux pas recommander fortement mes large caps. Bien sûr, j’en pense le plus grand bien, car je les ai choisies. Et j’ai le secret espoir de les voir superformer les indices de large caps.
Mais ces valeurs sont très suivies par les investisseurs institutionnels et il est donc difficile de croire que mes larges caps, qui semblent sous évaluées, le sont réellement. Car si elles l’étaient, quelques institutionnels avisés (il y en a) les achèteraient et feraient monter les prix. Bref, elles sont à leur prix et quand elles paraissent sous-évaluées, cela traduit probablement des risques connus ou inconnus.
En définitive, mes quelques  larges caps sont là pour remplacer partiellement des trackers, que j’évite ainsi pour cause de frais de gestion et surtout de traitement opaque par les trackers des dividendes et de leur fiscalité.

Quant à mes small caps, j’estime, grâce à un travail très poussé (décortiquer toute la communication financière de ces sociétés et d’autres sociétés du même secteur, sur les 5 dernières années, et notamment les rapports annuels et semestriels, discuter avec les présidents, les directeurs financiers ou les personnes en charge de la comfi, etc.) que ce sont des pépites.

C’est d’ailleurs quasi seulement parmi les small caps qu’on peut découvrir les pépites, car elles sont peu ou non suivies par les analyses et inaccessibles aux investisseurs institutionnels. (Mais attention, cela marche aussi dans l’autre sens: on trouve aussi beaucoup de déchets parmi les small caps et beaucoup de cours surévalués).

Pourquoi ne pas révéler les noms de mes small caps?
Non pas pour éviter de donner gratuitement à d’autres ce qui me coûte 250 heures de travail
intensif par an. Je le fais bien dans d’autres domaines.
Mais cela ne serait pas intellectuellement satisfaisant (donner du poisson plutôt que d’apprendre à pêcher …).
Et cela me serait préjudiciable. N’oublions pas que ce sont des valeurs peu liquides. Dans certains cas, ma position représente 2 ou 3 mois de transactions boursières (situation que j’accepte uniquement bien sûr quand c’est une extraordinaire pépite). Autrement dit, il me faut beaucoup de temps pour constituer une ligne, ou au contraire pour en sortir.
Révéler leurs noms pousseraient les prix vers le haut pour les lignes en cours de constitution et rendraient mes sorties plus délicates. Souvenez du massacre de Richelieu Finance en 2008 quand tout le monde savaient qu’ils avaient 20% de Club Med, que Richelieu faisait face à une vague de rachats l’obligeant à vendre une partie de son portefeuille et que tous les vendeurs à découvert se déchainaient alors sur l’action Club Med.

En définitive, il me semble plus sain et plus utile de donner des principes utiles, avec beaucoup de détails (cf. par exemple mes posts sur les LTV des foncières), qui sont en plus pérennes, plutôt que des noms de titres, qui en plus changeront forcément avec le temps.