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#1 11/08/2017 14h47
- bombadil
- Membre (2017)
- Réputation : 7
Je n’ai aucune formation approfondie en économie mais cela fait quelques années que je cherche à perfectionner mes connaissances en macro économie afin d’essayer d’éclairer les rouages de l’actualité.
Or, je dois dire que je suis assez déçu car j’ai du mal à trouver des théories qui me parlent. Je trouve que beaucoup de ces théories prennent pour acquis un certain nombre de concepts tels que l’inflation, la monnaie etc. sans forcément repartir de ce que j’appellerais les fondamentaux.
Ma philosophie en deux mots est la suivante :
Si on définit la valeur comme un optimal en termes de niveau de vie par rapport au temps passé et au risque pris, je pense que le libéralisme économique est très efficace pour créer de la valeur au niveau global, mais pas très pertinent pour répartir cette valeur équitablement.
Je recherche des théories pour étayer ou infirmer ce sentiment.
Ces réflexions doivent permettre de répondre aux questions suivantes :
- le rôle du travail dans une économie qui fait sans cesse des gains de productivité. Ou, pourquoi les 35 sont-elles une si mauvaise idée ? Pourquoi ne pas aller vers les 32 heures ? Est-ce que la tendance liée au chômage est réellement conjoncturelle (comme les politiques auraient intérêt à le faire croire) ou est-elle structurelle ?
- est-ce que des entreprises comme amazon sont bonnes ou mauvaises pour l’économie (analyse comparative de la concurrence vs le service apporté aux clients ?)
- comment innover dans la répartition du temps de travail, des salaires et du risque ? (généraliser l’actionnariat salarié ? Forcer les acteurs financiers à avoir une approche long terme ?)
- est-ce que la notion d’auto entrepreneur est une vraie innovation sociale ou une concurrence déloyale envers les entreprises établies ?
D’aussi loin que j’ai pu creuser, ce qui se rapproche le plus de ce que je cherche, ce sont les analyses de type Marxistes du capitalisme (je parle de son travail d’analyse économique, à ne pas confondre avec la doctrine du communisme).
Un excellent exemple est le travail de l’économiste Jacques Gouverneur qui a écrit "Les fondements de l’économie capitaliste". Malheureusement, l’auteur ne développe pas la notion de coût du capital (et donc de risque pris par l’entrepreneur), ce qui biaise forcément les raisonnement en installant un clivage entre le capitaliste qui "vole" le salarié etc. Pour autant, l’analyse en terme de valeur créée par le travail est vraiment une approche qui tranche.
J’espère que je suis clair dans mes propos car ce que je recherche n’est pas facile à expliciter.
Mots-clés : capitalisme, macroéconomie, temps de travail
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1 #2 11/08/2017 15h08
- Liber
- Membre (2017)
- Réputation : 8
Un type de politique économique et sociale que je soutiens fortement depuis toujours est le Rawlisme.
Il se base sur une méritocratie relativement induite : les aléas sociaux, culturels, physiques, biologiques et les handicaps ne doivent en aucun cas déterminer qui nous serons.
Cela veut dire ; l’accès à un même système éducatif pour tous, les mêmes soins, les handicaps génétiques doivent être prix au sérieux et les opérations remboursées… et cela suppose aussi et surtout que des choses telles que l’hérédité doivent être soit laissées aux oubliettes, sans quoi l’Egalité des chances prônées par le Rawlisme serait fallacieuse.
Entre autres, un système ultra-libéral mais qui repose sur une "égalité de base", gouverné par un revenu de base ou un système équivalent.
Et en l’occurrence, John Rawls a bien écrit sa Théorie de la Justice en 1971, toujours dans les bacs et d’actualité
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#3 11/08/2017 15h42
- koldoun
- Membre (2013)
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Liber a écrit :
et cela suppose aussi et surtout que des choses telles que l’hérédité doivent être soit laissées aux oubliettes, sans quoi l’Egalité des chances prônées par le Rawlisme serait fallacieuse.
Il s’agit donc de supprimer les héritages, si j’ai bien compris?
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#4 11/08/2017 15h51
- Tetrapil
- Membre (2016)
- Réputation : 14
Bombadil :
Vos questions embrassent de nombreux champs de l’analyse économique donc je doute que vous trouverez un livre ou une théorie qui les traitent toutes.
Quelques pistes qui me semblent pouvoir vous intéresser :
Des blogs économiques /forums de qualité : vous y trouverez des analyses des problèmes contemporains et beaucoup de références pour approfondir :
Econoclaste
Télos (ça ne parle pas que d’économie mais plusieurs économistes y publient régulièrement)
VoxEU qui est le principal portail de publication de papiers économiques (en anglais)
Sur le chômage et les 35h :
- le livre de Jean Pisani-Ferry "A qui la faute" chez Fayard 2016 (lien vers le site de l’éditeur)
- Bertrand Mathieu "A ceux qui disent avoir tout essayé" (La Bruyère 2016)
Bonnes lectures
Tetrapil
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#5 11/08/2017 16h50
- Liber
- Membre (2017)
- Réputation : 8
koldoun a écrit :
Liber a écrit :
et cela suppose aussi et surtout que des choses telles que l’hérédité doivent être soit laissées aux oubliettes, sans quoi l’Egalité des chances prônées par le Rawlisme serait fallacieuse.
Il s’agit donc de supprimer les héritages, si j’ai bien compris?
Uniquement dans le/les cas les plus extrêmes, mais oui effectivement.
L’idée serait que l’on est ce que l’on fait, et non ce que les aléas ont fait de nous, dans la vision un peu utopique de la pensée du moins
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#6 11/08/2017 17h53
- koldoun
- Membre (2013)
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Liber : on en reviendra aux mêmes problèmes que le communisme : pourquoi je vais travailler plus si je ne gagne pas plus?
Dans votre cas : pourquoi je vais me développer, économiser, acheter une maison etc etc, si le fruit de ce travail de toute une vie ne reviendra pas à mes enfants?
Sauf à imaginer que l’ensemble de l’humanité est altruiste, que les hommes vont travailler uniquement pour le bien de la communauté et pas pour leur propre profit/aisance/confort, et pour leurs enfants.
Ce qui est évidemment faux, et amènera tot ou tard aux internements, exécutions etc des récalcitrants…
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#7 11/08/2017 21h40
- Liber
- Membre (2017)
- Réputation : 8
koldoun a écrit :
Liber : on en reviendra aux mêmes problèmes que le communisme : pourquoi je vais travailler plus si je ne gagne pas plus?
Dans votre cas : pourquoi je vais me développer, économiser, acheter une maison etc etc, si le fruit de ce travail de toute une vie ne reviendra pas à mes enfants?
Je ne sais pas si je me suis mal exprimé ou si on s’est mal compris ; mais ça n’est pas ça du tout !
Comme quoi mes mauvaises notes en cours de français reflétaient bien le personnage que je deviens haha
Liber a écrit :
Il se base sur une méritocratie relativement induite
Liber a écrit :
L’idée serait que l’on est ce que l’on fait
Ce que j’entendais par là, c’était que la Théorie de la Justice définit l’Egalité comme un point de départ et non comme une fin en soi, l’inverse en somme des théories communistes.
Dans le communisme, peu importe d’où l’on vient et qui sont nos parents, l’idée est que tout le monde finisse au même niveau. L’égalité est un principe de finalité.
Dans le rawlisme, aucune donnée sociale, physique, religieuse ou biologique ne doit séparer les individus, l’idée est que tout le monde commence au même niveau. L’égalité est ici un point de départ.
Ensuite, l’évolution professionnelle dans le communisme n’aboutit qu’à une maigre différenciation vis-à-vis du reste de la société, puisque tout le monde doit finir égal. A l’inverse dans un système rawlsien, l’évolution professionnelle est fortement marquée et les inégalités sont presque une norme ; dans l’utopie du système, l’on est rémunéré en fonction de nos efforts et notre contribution à la société, ce qui insinue qu’il serait tout à fait normal de gagner des millions si l’on se tue à une tâche difficile. Au final c’est presque une incitation à l’inégalité (…) mais la pauvreté comme la richesse d’un parent ne détermine aucunement la réussite de son enfant, puisque l’éducation et l’accès à la culture est sévèrement identique.
Mais tout cela dans une condition, celle du revenu de base, qui garantirait à tout le monde et y compris les plus pauvres, d’avoir accès à une certaine prospérité économique pour peu qu’il y ait une contribution un tant soit peu utile à la société ; un genre de SMIC déguisé en revenu universel garanti, en somme. Et y compris les chômeurs, pour qui il faudrait un impôt négatif pour équilibrer la balance…
Pour reprendre les formulations de John Rawls en personne :
John Rawls, Théorie de la Justice a écrit :
« Premier principe : chaque personne doit avoir un droit égal au système total le plus étendu de libertés de base égales pour tous, compatible avec un même système pour tous.
« Second principe : les inégalités économiques et sociales doivent être telles qu’elles soient : au plus grand bénéfice des plus désavantagés et attachées à des fonctions et des positions ouvertes à tous, conformément au principe de la juste égalité des chances. »
J’espère avoir été un peu plus explicite ! En tout cas c’est rare d’aborder un tel sujet, et ça me tient particulièrement à cœur donc j’espère que ça saura en convaincre certains !
Vouloir libère
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#8 11/08/2017 21h40
- pvbe
- Membre (2010)
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Top 50 Finance/Économie - Réputation : 239
Actuellement, il n’y a plus aucun économiste sérieux qui prétend avoir une explication du monde, de l’économie, une théorie générale. Marx, Keynes ou Hayek appartienne au passé.
En matière d’économie ce qui est antérieur aux années 1990 appartient à la préhistoire.
L’économie tout comme les autres sciences sociales est complexe, les théories simplistes ne manque pas comme celles véhiculées par les ’économiste atterrés’ qui ont été rebaptisé très justement ’obscurantiste’.
Jean Tirole, prix nobel d’économie , fait le tour des connaissances en Économie dans un livre accessible au plus grand nombre Économie du bien commun
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1 #9 11/08/2017 21h48
- bombadil
- Membre (2017)
- Réputation : 7
Merci pour vos réponses.
En fait, j’ai l’intuition que pour permettre une meilleure répartition de la richesse créée, il faudrait mettre en place plusieurs actions qui sont aujourd’hui (idéologiquement) attribuées à des courants politiques souvent opposés.
L’idée de base est que la vraie création de valeur consiste à avoir plus de bien-être (matériel ou psychologique) pour moins de temps passé à l’acquérir. Ce, indépendamment des phénomènes de monnaie. Je considère que le pouvoir d’achat se mesure davantage en termes de quantité besoins matériels ou psychologiques assouvis par rapport au temps passé à les assouvir (ie, à gagner de l’argent).
Par ailleurs, les entreprises font régulièrement des gains de productivité gràce à l’innovation (l’innovation se traduit davantage par des gains de productivité que par la création de nouveaux produits). Ces gains de productivité font que, sauf pour le cas relativement marginal des marchés en croissance, on produit autant avec de moins en moins d’employés. Le temps de travail étant sacralisé, on a donc une partie de la population au chômage et une autre partie qui râme pour garder sont CDI, tout en faisant les gains de productivité (et en payant les cotisation chômage).
On peut noter que, d’après cette vision, la hausse du chômage est structurelle et non conjoncturelle (contrairement au discours des politiques qui veulent, forcément être ceux qui vont "résoudre" le problème) : tant que les entreprises annonceront, d’année en année, des CA en hausse avec un effectif stable ou en baisse, les chômage augmentera.
Au niveau global, il semblerait plus logique a priori d’avoir une meilleure répartition du travail pour répartir les gains de productivité.
A titre d’exemple, prenons les caisses automatiques dans les supermarchés :
- le client est content car il gagne du temps
- l’actionnaire est content car il gagne en productivité (la machine coûte moins cher)
- seule la caissière qui perd son emploi y perd.
Au niveau global, il me semblerait judicieux de prendre les mesures suivantes :
- répartir le travail (à salaire horaire horaire constant) --> ce qui semble davantage une politique de gauche
- développer fortement l’actionnariat salarié pour compenser la perte de revenus lié à la baisse du temps de travail et partager la prise de risque. --> ce qui semble davantage une politique de droite
Pour finir, la réduction du temps de travail permettrait à ceux qui le souhaitent d’innover, de créer leur entreprise etc, ce qui serait bon pour l’économie.
Je considère que le forum regorge de personnes curieuses et indépendantes d’esprit. Alors je serais intéressé pour avoir vos avis sur ce sujet. J’avoue ne pas comprendre les discours politiques tels que "travailler plus pour gagner plus" ou "la fin des 35 heures". Je ne vois pas comment nous pourrions résoudre le problème du travail en France, à moins de refuser le progrès technologique.
Je ne pourrais jamais me passer d’amazon moi pour acheter mes bouquins hypers pointus en finance ou autre, tout en sachant que ça tue la plupart des libraires
Dernière modification par bombadil (12/08/2017 10h06)
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1 #10 12/08/2017 10h12
- BobbyBoloss
- Membre (2016)
- Réputation : 11
Ne le prenez pas mal mais je trouve que vous mélangez un peu tout - par exemple, mais l’état ne dirige pas les supermarchés, il ne peut influer sur eux que par le biais des lois et de la fiscalité.
Comme le dit pvbe, les relations économiques sont complexes, c’est tout un écosystème que l’on ne peut résumer avec quelques raisonnements logiques qui occultent 95% de la réalité. Je croise de plus en plus de gens qui s’improvisent économistes, on en voit aussi à la TV et je trouve cela assez dangereux car on finit par voter pour des gens qui n’ont aucune compétence dans ce domaine.
Même les ministres de l’économie et les dirigeants des banques centrales ne connaissent pas précisément les effets de leurs politiques - mais ils en sont conscients et usent du principe de prudence. Ils savent que modifier une variable qu’ils contrôlent (ex: taux d’impôt sur les sociétés, taux d’intérêt interbancaire…) va avoir des impacts sur les acteurs A - B - C, sur des durées X, Y, Z, et va transformer les relations que ces mêmes acteurs ont entre eux, etc.
Je pense que la métaphore de l’écosystème est importante. Intervenir dans un système dont on ne mesure pas la complexité donne des effets aléatoires - pour enrichir la métaphore, on peut prendre l’exemple de la campagne des quatre nuisibles de Mao, une politique ambitieuse et coûteuse qui est en partie responsable de la grande famine chinoise (l’extermination des oiseaux a laissé la place aux insectes ravageurs).
Il semblerait en tout cas que la branche de l’économie qui vous intéresse soit l’économie du travail. Pour l’exemple que vous avez employé, vous serez sûrement intéressé par le concept de destruction créatrice, c’est un phénomène vieux comme le monde.
Désolé si j’ai l’air un peu pédant!
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#11 12/08/2017 10h56
- Stouf
- Membre (2015)
Top 50 Obligs/Fonds EUR - Réputation : 78
Je ne sais pas si c’est ce que vous cherchez bombadil, mais durant mes cours d’université j’ai utilisé Macroéconomie de Mankiw en cours de macro et Public Sector Economics de Tresch en cours de finance publique. Sinon peut-être que le mieux est de commencer par Principes de l’Économie de Mankiw qui donne une vue générale de l’économie politique.
Ce sont des manuels donc pas forcément ce que vous cherchez et sont souvent chers. Cependant on peut parfois tomber sur une ancienne édition à prix bradé. J’ai acheté l’avant-dernière édition du dernier ouvrage dans une librairie pour 15 CHF.
Dernière modification par Stouf (12/08/2017 11h48)
Mon dernier article sur SA: Global Supply Shortages: Investing In Containers Through Preferred Shares- Parrainage Degiro
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#12 12/08/2017 11h36
- skywalker31
- Membre (2014)
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Top 50 Finance/Économie - Réputation : 337
Bonjour
voir la machine économique par Ray Dalio, le gestionnaire du plus important hedge fund au monde.
la Machine economique (vidéo) par Ray Dalio - Bridgewater
"La bourse est le seul magasin où la plupart des clients fuient quand les prix baissent. W Buffet". Portefeuille, Blog
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#13 12/08/2017 11h49
- bombadil
- Membre (2017)
- Réputation : 7
BobbyBoloss a écrit :
Désolé si j’ai l’air un peu pédant!
Aucun problème, je cherche précisément à avoir des avis divers (voire divergents) pour étayer le raisonnement.
BobbyBoloss a écrit :
Ne le prenez pas mal mais je trouve que vous mélangez un peu tout - par exemple, mais l’état ne dirige pas les supermarchés, il ne peut influer sur eux que par le biais des lois et de la fiscalité.
Certes, l’état ne peut pas influer sur chaque entreprise du privé, mais puisqu’il est question de lois, je ne vois pas, par exemple, l’intérêt de revenir sur les 35 heures. Je ne vois pas d’ailleurs pourquoi nous n’irions pas plus loin. Je pense que cela répondrait déjà partiellement à ce problème.
J’entends souvent de la part des économistes et divers membres du gouvernement que ce serait une mauvaise idée mais je n’ai jamais trouvé de réponse très claire sur le sujet.
On y oppose souvent le fait que cela impliquerait une diminution de revenu, mais :
1° ces baisses de revenu seraient partiellement compensées par des diminutions de cotisation chômage --> ce point là concerne la fiscalité, le gouvernement devrait donc avoir la main là-dessus.
2° on pourrait compléter ces baisses de revenu en généralisant l’actionariat (salarié ou autre) afin que les salariés bénéficient d’un revenu récurrent qui complète le revenu salarié.
Si on regarde la notion de travail de plus loin, on est de plus en plus efficace pour produire. La création de nouveaux produits ou services n’est pas suffisante pour compenser des entreprises qui, chaque année, font des gains de productivité. Je n’ai pas de chiffre précis, mais s’il est de l’ordre de 2 à 3% par an, cela fait 20 à 30 % sur 10 ans. La question est donc : dans 10 ou 20 ans, y aura-t-il toujours assez de travail pour que tout le monde travaille 35 h ?
Le lien sur la destruction créatrice est très intéressant. Mais, sauf erreur, il fait l’hypothèse que les emplois sont transférés d’un secteur à l’autre à iso effectif, ce qui ne me semble pas être le cas.
Reprenons l’exemple d’Amazon : il économise sur les librairies traditionnelles tous les frais liés à la mise en rayon, les taxes locales (qui paient les administrations), il permet de diminuer les stocks par effet d’échelle (baisse de revenu pour les éditeurs). Or, je ne pense pas que l’effectif d’amazon compense les effectifs des libraiaies qui ont fermé (ne serait-ce que Virgin).
Encore une fois, merci pour vos commentaires.
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1 #14 12/08/2017 14h41
- pvbe
- Membre (2010)
Top 50 Actions/Bourse
Top 50 Finance/Économie - Réputation : 239
Une de vos erreurs est de raisonner en heure les entreprises et le monde économique en générale raisonne en coût.
Il ne faut pas voir que le seul cas de la France, pratiquement tout le nord de l’Europe connaît le plein en emploi et avec une sécurité sociale bien supérieur à celle de la France.
Il faut se demander pourquoi la France est aussi en retard et pourquoi elle ne parvient pas à rattraper son retard.
Les 35h ont augmenté le coût du travail et par conséquent la France a perdu des parts de marché, l’Italie est la 2e puissance industrielle européenne devant la France.
Les travailleurs du nord de l’Europe ont un salaire net supérieur au salaire français, le coût de la vie est moins cher, du moins dans les pays de l’euro zone, et ils ont une meilleure sécurité sociale.
La France devrait s’inspirer de ce qui a été fait dans le nord de l’Europe depuis 30 ans.
Le Danemark à introduit de la TVA sociale en 1987. La Suède suivit de la Finlande a refondé la social démocratie après le choc engendré par l’effondrement de l’URSS durant les années 1990.
L’Allemagne après la réunification allemande était devenue ’l’homme malade’ de l’Europe. Pour y remédier, Gerhard Schröder a mis en oeuvre en 2003-4 de grandes réformes notamment la réforme du marché du travail (réformes Hartz).
Suite à la grande récession plus connue sous le nom de crise financière ou crise des surprimes, les réformes se sont progressivement généralisées à l’ensemble de l’Europe et compris l’Europe du sud.
Pour Hollande, il ne fallait pas faire d’effort, puisque, l’inversement de la courbe du chômage ce fera grâce à la demande supplémentaire générée par les pays qui comme l’Allemagne ont fait des efforts.
On peut penser que le changement de majorité remettra la France en marche l’oeil rivé sur le nord de l’Europe, surtout que la France peut faire l’économie des erreurs faites par les pays plus progressistes.
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#15 12/08/2017 19h26
- BobbyBoloss
- Membre (2016)
- Réputation : 11
Le phénomène de destruction créatrice n’est pas une théorie/hypothèse mais un constat, et la destruction à court terme d’emplois fait partie de ce constat.
L’exemple d’Amazon revient souvent mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une seule entreprise. On ne peut pas justifier des politiques économiques parce que "Amazon tue les petits libraires indépendants car ils ne paient pas d’impôts et font des économies d’échelle" - c’est là un discours populiste du type Gentil vs Méchant, et toujours le même.
D’une part, Amazon est installé en France depuis Août 2015 et vous pouvez être certain que le fisc les a à l’œil. D’autre part, ceux qu’Amazon écrase ne sont pas les petits libraires (qui ont aux yeux de beaucoup une vraie valeur ajoutée - l’achat d’impulsion vs l’achat purement pratique, la proximité…), mais les grandes chaînes de distribution: Carrefour, Auchan, Toys R Us, et autres marchands de livres comme la Fnac ou Gibert Joseph. Ces sociétés ont pourtant une présence sur Internet, et des capitaux immenses - ils perdent des parts de marché car leur service est de qualité bien moindre. On constate aussi que certains d’entre eux commencent à prendre le pli - comme la Fnac ou Cdiscount (remboursements faciles, livraison rapide…), même si ce n’est pas encore vraiment ça.
Il n’est même pas certain que l’on puisse parler là de destruction créatrice, car Amazon n’a rien inventé qui les surclasse par rapport à leurs concurrents. Ils ont juste un excellent savoir-faire et on peut même dire qu’ils éduquent les acteurs français.
Vous écrivez aussi que les emplois que la branche du livre Amazon crée ne compensent pas ceux qu’elle détruit chez les éditeurs et les autres marchands. C’est probablement vrai à court terme - mais il y a aussi tout un écosystème qui commence à prendre forme autour d’Amazon-livre. Par exemple, ils permettent à n’importe qui d’éditer et commercialiser son livre, en format papier et même numérique, comme l’ont fait plusieurs membres du forum. Certains de ces livres ont ensuite besoin d’être traduits, leurs auteurs doivent parfois se préoccuper des problématiques fiscales dans les autres pays où ils vendent, etc etc…
En discutant avec les gens, je m’aperçois qu’en France (pays à l’écrasante majorité de salariés/fonctionnaires), nombreux sont ceux qui voient l’économie comme un gâteau qu’il faut partager en N parts, un grand chantier avec X emplois, avec les craintes associées: la robotisation va nous bouffer notre travail, il est scandaleux que les joueurs de foot gagnent 100 fois plus d’argent que moi, etc… Je crois que ce paradigme est bien éloigné de la réalité. À mes yeux, le monde nous offre une quantité infinie de travail, il n’appartient qu’à nous de le concrétiser.
Enfin, je me suis un peu perdu, mais pour en revenir à la destruction créatrice, il n’y a pas vraiment de débat:
- Les innovations permettent, à l’échelle d’un pays, d’augmenter la production de biens et services, ce qui est une bonne chose (toutes choses égales par ailleurs).
- Il revient à l’Etat d’accompagner les gens qui ont perdu leur emploi - assurance chômage, formations… ce qui est le cas en France, et même aux Etats-Unis dans les "friches industrielles".
Bon, pour le coup ce sont là mes opinions personnelles et pas de la théorie économique, à prendre comme telles, donc…
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#16 12/08/2017 21h10
- pvbe
- Membre (2010)
Top 50 Actions/Bourse
Top 50 Finance/Économie - Réputation : 239
La « destruction créatrice » c’est généralement tout ce que l’on connaît de Joseph Schumpeter, cette idée a été largement diffusée dans son livre ’Capitalisme, Socialisme et Démocratie’ paru en pleine guerre en 1942.
Ce qui est moins connu c’est qu’il est un communiste non marxiste et dans ce livre écrit en pleine guerre, il décrit nos ’bobos’ actuels. Et selon lui ce sont nos ’bobos’ qui de peur de perdre leurs privilèges précipiteraient la fin du capitalisme.
Ce sont les intellos et non les prolos qui mettront en place une économie planifiée accompagnée d’un état providence autrement dit le communisme.
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#17 12/08/2017 22h51
- Gaspode
- Membre (2015)
Top 50 Actions/Bourse - Réputation : 238
Le problème de toutes les théories économiques en vogue, du communisme au capitalisme pur est qu’elle considèrent une économie de "monde vide" où une croissance infinie est possible. Or nous sommes entrés depuis un certain temps dans une économie de "monde plein" où les externalités comme la pollution ou la disponibilité des ressources doivent être prises en compte.
Si toute la population du Globe consommait comme les les Américains, il faudrait les ressources de 7 Terres !
Lors des précédentes révolutions du travail, les emplois détruits étaient plus que compensés par les emplois créés, parce que la croissance économique était largement supérieure à la croissance de population et il y avait donc un déficit par nature de l’emploi. Ce n’est pas le cas de la révolution (automatisation généralisée ) en cours et pour encore aggraver le problème, les emplois détruits en premier sont les moins qualifiés alors que le peu de création se fait à un niveau nettement plus élevé. Ce qui veut dire que les derniers ne sont pas substituables aux premiers.
La clé du changement sera de mettre un coût sur ces externalités (taxe carbone, compensation de la productivité des robots, recyclage généralisé intégré dans le coût de fabrication…) mais aucun politique n’est près à se poser les bonnes questions parce que ça ne marche que si tout le monde joue le jeu.
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#18 14/08/2017 09h39
- BobbyBoloss
- Membre (2016)
- Réputation : 11
Tout à fait d’accord - mais lorsque j’écris qu’il y a une quantité infinie de travail dans le monde, je ne parle pas de fabriquer une infinité de produits - il faut prendre "biens et services" au sens le plus large du terme. Comme vous le soulignez justement, un des grands chantiers qui s’offre à nous est celui du développement durable, et il y a encore des choses à faire et de la valeur à créer, c’est le moins qu’on puisse dire.
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