aleph1, le 06/11/2021 a écrit :
En revanche, un fonds de dotation doit faire appel à un CAC dès que ses ressources annuelles: dons reçus + revenus de sa dotation + plus-values dépassent 10 K€/an. Sans aucune exception: Même s’il ne fait pas appel public à la générosité, ne reçoit pas de subventions publiques; même s’il est tout petit, n’a pas de salarié, que des bénévoles, tous non rémunérés.
Donc si un fonds a juste 10 K€/an de ressources, il va en dépenser 30% pour les honoraires d’un CAC !
Première remarque : ce message n°25, celui sur l’obligation du CAC qui serait vraiment trop injuste, est inutile. Vous dites en substance : "si le monde était mieux, il serait mieux". Ca ne sert à rien de prêcher sur comment le monde devrait être fait, s’il était mieux fait. Si vous voulez changer cette loi, faites du lobbying auprès de votre député et de Bercy, mais ne le faites pas sur ce forum, vous perdez votre temps.
Deuxième remarque : vous voulez qu’on discute du bien-fondé de ce seuil ? Eh bien, je ne vais pas laisser votre message sans réponse.
Je trouve que cette obligation imposée par le législateur est très logique. Le fonds de dotation est une structure qui bénéficie d’énormes avantages, notamment fiscaux. La contrepartie de ces avantages, c’est l’obligation de dédier les gains à des actions d’intérêt général et une obligation d’auto-contrôle via la certification des comptes par un commissaire aux comptes.
Ce que dit en substance le législateur, c’est : "Si le fonds a moins de 10000 € de ressources annuelles, on considère que c’est quantité négligeable, donc pas d’obligation d’auto-contrôle. Ce qui n’empêche pas le fonds d’être obligé de respecter la loi, avec le risque toujours possible d’un contrôle fiscal pour le motiver à respecter la loi.
En revanche, dès qu’il y a plus de 10000 € de ressources, nous voulons nous assurer que les avantages fiscaux soient obtenus en contrepartie d’une saine gestion et d’un usage des fonds conforme à l’objet du fonds, conforme à l’intérêt général, et conforme à la loi. Ca s’obtient par l’obligation d’avoir un CAC."
Dans les faits, un fonds de dotation avec 10000 € de ressources annuelles consacrerait 30 % de ses ressources à payer le CAC. Et alors ? Ca veut juste dire qu’un fonds de dotation doit avoir soit moins de 10000 € de ressources annuelles, soit plus de 100 000 € de façon à ce que le CAC représente une charge acceptable. C’est donc le mode d’emploi des fonds de dotation tel que fixé par le législateur : soit très petit, soit gros, mais pas moyen.
Avec ce seuil du CAC dès 10000 €, le législateur dit en substance : "Nous voulons de gros Fonds de dotation, auto-contrôlés par des CAC. Nous ne voulons pas une myriade de petits et moyens fonds de dotation sans aucun contrôle extérieur."
Le seuil de 10000 € n’a pas été fixé pour que le CAC représente une dépense acceptable pour le fonds de dotation ; il a été fixé pour qu’il n’y ait pas de fonds de dotation avec plus de 10000 € de ressources annuelles qui soit laissé libre de faire ce qu’il veut sans aucun contrôle.
S’il n’y avait aucun contrôle, ça voudrait dire qu’il y a désormais un moyen de placer de l’argent en bourse et de faire absolument ce qu’on veut avec les gains sans aucune fiscalité. Ca voudrait dire que cette structure est un paradis fiscal ! Plus besoin de créer une société aux îles Cayman, il suffit de créer un fonds de dotation et de s’affranchir des obligations de contrôle ! Le législateur n’a bien évidemment pas voulu créer un paradis fiscal, donc il a imposé des contrôles.
D’où le seuil du CAC à 10 000 €. La règle du jeu a été fixée par le législateur. A partir de là, c’est simple :
- Vous voulez une structure qui ne soit pas obligée d’avoir un CAC dès 10000 € ? Créez une société civile, une société commerciale ou une association loi 1901. En l’occurrence, la structure la mieux adaptée à la gestion d’un portefeuille boursier serait sans doute une société civile, dite "de portefeuille".
- Vous voulez les avantages du fonds de dotation ? Acceptez les contraintes du fonds de dotation. Sinon, vous êtes juste hors la loi. Vous aurez beau prétendre que c’est moralement acceptable, que vous êtes une sorte de Robin des Bois, moi je vois juste quelqu’un qui essaie de se justifier d’être sciemment hors la loi. A la rigueur, que vous soyez hors la loi, ça ne me fait ni chaud ni froid. Mais c’est quand vous prêchez, pour nous convaincre que vous avez moralement raison de ne pas respecter la loi, que cela devient pénible.
Pour être exhaustif, je signale que l’alternative à la philanthropie organisée par soi-même, c’est la philanthropie organisée par les autres. C’est à dire de faire des dons à des organismes existants. Vous dites que les organismes d’intérêt général refusent les dons en actions, alors que votre but était de donner vos actions en forte PV pour que le don soit calculé sur leur prix de revient, et que c’est cela qui vous a contraint à ouvrir votre propre fonds de dotation. Je pense que vous n’avez pas essayé longtemps. Si vous aviez contacté une dizaine de gros organismes du type associations caritatives / fondations / fonds de dotation, je pense que vous en auriez trouvé au moins une très bien équipée pour recevoir des dons sous forme d’actions et qui l’aurait accepté bien volontiers. Je ne dis pas que c’est mieux de faire un don à un organisme existant, plutôt que de faire son propre fonds de dotation ; je dis que les deux solutions sont possibles.
Dernière modification par Bernard2K (07/11/2021 13h13)