Microentreprise pour une activité de rénovation de logements ?

Décidément, les demandes pour les tiers me semblent toujours contenir des problèmes intrinsèques.

Pourquoi est-ce que vous intervenez sur la création d’entreprise de votre frère ? C’est son projet, son entreprise. Vous êtes compétent en création d’entreprise ? Vous êtes expert-comptable ? Si vous étiez compétent, vous n’auriez pas besoin de nous demander. Pourquoi faut-il que le forum, au travers de vous, conseille votre frère, qui n’est peut-être pas demandeur de conseils ? Beaucoup de téléphone arabe, beaucoup de risques de pertes en ligne et de conseils mal à propos ou mal interprétés…

Le meilleur conseil que vous pourriez donner à votre frère, à mon humble avis, est (vous le vouvoyez, obligé because robot anti-tutoiement) :
"c’est votre projet, c’est votre future entreprise. Si vous vous plantez, c’est vous qui en supporterez les conséquences. Si vous réussissez, c’est vous qui gagnez potentiellement beaucoup d’argent. Alors ce n’est pas à moi de vous dire comment structurer votre entreprise, car je ne veux pas vous mettre en danger avec des conseils pas forcément optimums, vu que je ne suis pas un spécialiste de la création d’entreprise. Par contre, désolé de vous le dire mon cher frère, mais vous n’êtes pas un spécialiste non plus de la création d’entreprise. Vous êtes très fort dans les métiers du bâtiment, mais ça ne veut pas que vous savez gérer une  boîte. Alors mon conseil : vous mettez votre projet sur le papier, 3 à 4 pages, avec une première ébauche de prévisionnel budgétaire sur la première année, et avec cela en main, vous allez rencontrer 3 experts-comptables différents, et vous écoutez très attentivement leurs conseils. A l’issue de ces discussions, vous choisissez le bon expert-comptable, et vous créez l’entreprise sous la forme qu’il vous a conseillée comme étant adaptée à votre projet. Un bon expert-comptable aide ses clients à faire des entreprises solides, qui gagnent de l’argent, car c’est leur intérêt premier ! Les entreprises qui se plantent et leurs laissent des ardoises leur coûtent cher, voilà pourquoi ils vont vous aider à faire une entreprise qui va réussir. Voilà donc la seule démarche raisonnable pour maximiser vos chances de réussite, ce que je vous souhaite ardemment, cher frère !"

Bon, sinon, je vous livre quand même quelques réflexions sur la question que vous posiez :

Une micro-entreprise est avant tout une entreprise en nom propre. C’est une entreprise en nom propre, qui paie son BIC sous le régime du micro-BIC, et ses charges sociales au régime micro-social.

Néanmoins, l’entrepreneur en nom propre peut changer de régime d’une année sur l’autre, pourvu qu’il opte pour le réel simplifié avant le 1er février de l’année où il souhaite passer au réel.

Je vois deux grosses limites au micro :
1) pas possible d’avoir des sous-traitants. Ils vous font exploser le CA, donc les revenus imposables. Il faut le réel pour pouvoir déduire la charge que représente ces sous-traitants.
Au micro, on cherche à minimiser le CA, donc on amènera les collègues au client, mais le client commandera directement aux collègues. Ce ne sont pas des sous-traitants mais des entreprises qui sont complètement indépendantes de vous, si ce n’est qu’elles vous doivent un renvoi d’ascenceur vu que vous leur avez amené le client sur un plateau.
2) si vous êtes chômeur indemnisé, vous aurez du mal à avoir le maintien des ARE. En effet, votre chiffre d’affaires vous fait autant de revenu théorique, qui va venir effacer rapidement les ARE.

Toujours en nom propre, mais en passant au réel simplifié, vous pourrez :
1) avoir de vrais sous-traitants. Ils vous augmentent le CA mais vous pouvez inscrire leur facture en charge, ce qui diminue le chiffre d’affaires apparent.
2) vos charges diminuent les revenus, ce qui est bien, mais elles ne les annulent pas. Si votre affaire est rentable, vous ne pourrez pas vous empêcher d’avoir des revenus qui annulent les ARE.

En société :
- vous n’avez effectivement aucune limite pour vous développer.
- vous pouvez complètement dissocier le résultat de votre société et votre rémunération personnelle. Si vous avez des ARE, vous pouvez choisir de vous verser une rémunération nulle ou minime, ce qui permet de laisser le résultat positif dans la société, et donc d’accumuler de la trésorerie, du fond de roulement, ce qui est super pratique pour la suite. Ce résultat positif vous fera payer un peu d’impôt, mais c’est quand même formidable de pouvoir utiliser les ARE pour laisser le résultat dans la société et ainsi, constituer des réserves de trésorerie et/ou acheter du meilleur matériel nécessaire à l’activité.
- et surtout, vous séparez votre patrimoine personnel et le patrimoine de votre société, ce qui limitera les dégâts si vous vous plantez.

Je ne pense pas que la SAS, où les cotisations sociales sont élevées, soit bien adaptée à une telle entreprise. La SARL semble mieux adaptée à l’activité envisagée par votre frère.

Pour finir : soyons clair, la micro-entreprise, qui transforme forfaitairement le CA en revenus, est une vrai incitation à minimiser le CA. Ca ne donne pas envie de se développer, et par contre ça donne une forte incitation à faire tout pour faire "disparaître" le CA : aucun sous-traitant, matériaux achetés par le client, "black"…

A l’inverse, l’entreprise en nom propre imposée au réel, ou bien la société, obligent à se développer et à être carré.

La vraie question est : est-ce que votre frère a vraiment envie de faire une société carrée et de la développer ? Il maîtrise plusieurs corps de métier, c’est très bien, mais a-t-il l’étoffe d’un chef d’entreprise ?

Il est tellement fréquent que les gens soient très bons techniquement, mais très mauvais gestionnaires : devis peu précis ou que le client attend jusqu’aux calendes grecques ; certains chantiers réalisés à perte, d’autres bien trop chers ; mauvaise gestion des délais, ce qui induit clients mécontents, pénalités de retard etc., "black" à tout de bras sans même prendre les précautions nécessaires pour ne pas se faire gauler ; factures émises tardivement, et ensuite bien trop peu de diligences pour se faire payer, ce qui fait que l’argent reste dehors ; se servir dans la caisse et confondre son patrimoine perso et celui de l’entreprise ; perdre les factures des fournisseurs… etc.

Et l’on retombe sur ce que je disais au début : c’est l’état d’esprit de votre frère qui est important, c’est lui qui fera réussir ou planter son entreprise. S’il veut seulement "bricoler" en micro-entreprise en faisant du black à tour de bras au-delà d’un CA apparent, il peut être totalement contre-productif de le pousser dans une structuration en société qu’il n’arrivera pas à faire fonctionner correctement. A lui de savoir, à lui de se décider, à lui de gérer sa vie et ses affaires !

Dernière modification par Bernard2K (13/01/2019 02h43)