Bonjour Koldoun,
J’ai également un enfant qui va avoir 7 ans et qui baigne dans un contexte multilingue. J’ai voulu prendre le contre-pied de mon apprentissage pénible des langues (à partir du collège), alors qu’il me semble plus opportun d’introduire d’autres langues tôt, sans (trop de) douleur…
Ma situation est néanmoins assez différente
* Mon épouse et moi-même sommes francophones, résidents à l’étranger (ce qui était déjà notre situation avant la naissance de notre enfant)
* Jusqu’à l’âge de 3 ans, notre garçon n’a été exposé qu’au Français.
* A l’école maternelle (de 3 à 6 ans), il a été entièrement immergé dans une deuxième langue (c’était la langue maternelle de la moitié des élèves environ). Pas de Français à l’école, donc. Il a commencé à bien parler dans cette langue courant de sa cinquième année.
* A l’école primaire (à partir de 6 ans), il a été immergé (et alphabétisé) dans une troisième langue, les explications étant données dans sa deuxième langue. Il a rapidement commencé à parler dans cette langue.
* En parallèle, à partir de l’âge de 4 ans, nous avons commencé le "baby-sitting amélioré" dans une quatrième langue.
Résultat
* Il parle couramment les 3 premières langues: il utilise parfois des formes grammaticales d’une autre langue. Lorsqu’il utilise des mots d’une autre langue, au moins en Français, il en a conscience (il évite habituellement de le faire sauf quand il ne connaît pas ce mot en Français).
* Il ne parle pas (encore) couramment la quatrième langue mais c’est plutôt un objectif pour la fin de l’école primaire. Nous avons également la possibilité de le scolariser dans cette langue à partir du collège, potentiellement.
* Il lit bien dans sa troisième langue et correctement dans sa première langue.
* J’ai quelques craintes pour la maîtrise parfaite de l’orthographe et de la grammaire dans la première langue. Mais nous surveillons de près pour compenser, au besoin.
* Il est placé dans un contexte où la moitié environ des autres élèves sont dans la même situation que lui. Les profs (et les enfants) sont donc habitués à ce contexte.
* Il y a beaucoup d’enfants, bilingues, trilingues, quadrilingues (etc…) dans notre entourage sans que cela ne pose de problème majeur.
* Il bascule facilement dans une langue ou une autre en fonction du contexte et de la préférence de son interlocuteur.
* Il s’amuse (déjà) de mon accent (ou me gronde) quand je lis dans la troisième langue…
* Pas de retard constaté.
Quelques points qui me semblent importants
* Une personne parle toujours une langue unique avec l’enfant (surtout durant les toutes premières années).
* La personne qui parle une langue doit être préférablement une personnes dont c’est la langue maternelle.
* Les langues s’apprennent plus facilement à un jeune âge: il serait dommage de ne pas saisir cette opportunité (ne serait-ce que pour acquérir le mécanisme de bascule dans une autre langue).
* Utiliser différents canaux pour introduire d’autres langues, dans des contextes agréables et ludiques: films, activité qu’il aime bien, baby-sitting, jeu de société, jeu vidéo, etc…
* Être dans le ludique et respecter le rythme de l’enfant.
Introversion / Extraversion
Je ne pense pas que la question de l’introversion / l’extraversion soit nécessairement liée au multi-linguisme. Mon garçon (par exemple) est plutôt extraverti.
Par ailleurs, l’introversion ne me semble pas non plus nécessairement un mal à combattre.
Pour moi, il s’agit plutôt de l’endroit où l’on tire son énergie (de l’intérieur => introversion; de l’extérieur => extraversion).
La société voit d’un mauvais oeil les introvertis alors que de mon point de vue, l’introversion favorise également l’émergence de précieuses qualités (ces qualités n’étant bien entendu pas un monopole des introvertis…): concentration, écoute, réflexion, autonomie, indépendance, observation, profondeur, etc…
J’avais vu une vidéo où Cedric Villani (Cédric Villani - YouTube à la minute 35) expliquait qu’il était très timide, enfant, avec une santé fragile. Il avait alors "subi" plusieurs initiatives visant à le faire plus participer et donnait le conseil suivant aux profs/parents ayant des enfants avec ce tempérament: "Les enfants timides, il faut les laisser en paix !"
Personnellement, je suis introverti. Il m’est également arrivé de "subir" des situations dans lesquelles j’aurais préféré qu’on me laisse simplement tranquile plutôt que de vouloir me "socialiser" ou me (dés)intégrer à tout prix…
Conclusion
Je pense que le multi-culturalisme et l’apprentissage des langues en bas âge est une chance pour votre enfant.
L’introversion me semble plutôt être un trait de caractère, pas nécessairement à combattre.
Cordialement,
Vauban
Dernière modification par vauban (15/07/2015 23h30)