Bonsoir,
Le point de vue de Kabal emporte parfaitement mon adhésion : la seule utilité sociale des riches c’est de payer des impôts ; s’ils veulent émigrer pour ne plus en payer ou simplement en payer moins, l’Etat est complétement légitime à les tondre autant qu’il le peut pendant qu’il les a encore sous la main. A mon sens, l’Etat est déjà bien bon de ne pas tout prendre.
Bon quand on a écrit cela, on est content, mais quand on va au fond des choses, on se dit que l’exit tax n’est jamais qu’un épouvantail à moineaux.
Je vais donc essayer de me mettre dans la peau d’un "moyen riche", propriétaire d’une grosse PME, disons dans la quarantaine finissante ; il trime comme un malade depuis 20 ans et ne s’est jamais rémunéré davantage qu’au SMIC, préférant toucher des dividendes non chargés en cotisations sociales, ce qui lui a permis d’acquérir un gros portefeuille de valeurs cotées.
Le bonhomme commence à fatiguer, ne cesse de pester contre l’Etat, les impôts, les charges, les salariés tous fainéants et prompts à réclamer des augmentations. Après plusieurs épisodes de burn-out, il décide de prendre une retraite anticipée, par exemple au Vanuatu, paradis fiscal bien connu où de surcroît on parle encore pas mal français.
Notre "moyen riche" aura recours au service d’un cabinet spécialisé pour vendre son affaire (pas de Lazard ou Rothschild quand même) ; après avoir refusé plusieurs offres, il finira par se résoudre à vendre sa boîte à la moitié du prix qu’il escomptait, déjà bien content d’avoir trouvé un acquéreur.
Une fois la PME vendue, il liquide en totalité son portefeuille et transfère le pactole sur un compte qu’il aura pris le soin d’ouvrir dans une banque du Vanuatu.
Le lendemain il prend l’avion sans laisser d’adresse ou de domicile connu et le tour est joué, notre émigré fiscal pourra couler le reste de son existence sous les cocotiers et faisant des petits bateaux avec les recommandés envoyés par le fisc, si tant est que ce dernier parvienne à le localiser. La seule chose que pourra saisir le fisc, c’est sa retraite de ce patron fraudeur, mais il lui faudra la saisir pendant un bout de temps avant de recouvrer une somme égale à l’exit tax. De toute façon, les revenus du pactole seront sans commune mesure avec une retraite de smicard même pas complète.
Evidemment, dans ce cas de figure, notre patron fraudeur et réac évitera de revenir en France se faire soigner, au cas, certes peu probable, où l’administration souhaite se saisir de sa personne.
J’en conviens ce cas est un peu caricatural. Pour autant, il n’en reste pas moins que la liquidation du portefeuille avant le départ permet d’utiliser pleinement les moins-values.