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#1 05/07/2012 04h25
- Petitportefeuille
- Membre (2011)
- Réputation : 65
Comme beaucoup sur le forum achètent des actions américaines pour leurs dividendes croissant, la qualité de leur gestion ou leur positionnement stratégique, je trouvais intéressant d’ouvrir une file dédiée au risque de change pour les buy and hold axés principalement sur les actions américaines.
Personnellement, même si je pense que la diversification en devises est un plus, je trouve que surpondérer excessivement en actions américaines son portefeuille buy and hold augmente assez significativement la volatilité future des flux de dividendes pour un résident européen.
Certes, le dollar est la devise de référence et il n’est pas interdit de penser qu’elle continuera à l’être pendant longtemps mais il est difficile d’anticiper le taux de change USD/EUR dans 10 ou 20 ans.
Revenons sur les fondamentaux à long terme du taux de change :
- Parité de Pouvoir d’Achat : le taux de conversion va tourner autour d’un taux de conversion théorique qui fera qu’avec une somme en euro ou en dollar une personne aura un pouvoir d’achat similaire aux USA ou en Europe.
- Balance commerciale : Une balance commerciale structurellement déficitaire va inciter fortement le pays déficitaire à dévaluer sa monnaie pour rééquilibrer ses comptes.
- Inflation : liée à la PPA, celle-ci va rééquilibrer cette dernière en permanence. En gros, un pays qui a un taux d’inflation plus élevé que l’autre verra sa monnaie se dévaluer progressivement au cours du temps. L’influence des Banques Centrales est donc importante dans ce domaine.
Le risque de change peut être POSITIF comme NEGATIF ; la vraie nouveauté introduite est l’apparition d’une volatilité supplémentaire.
A court-moyen terme, le taux de conversion peut tourner dans une fourchette de taux de conversion type 1,1/1,5 qui gravite autour de la PPA.
Mais envisageons quelques scénarios opposés :
1) L’Euro éclate, la récession foudroie l’UE. Le dollar redevient quasi seul au monde, on va vers un taux de conversion de 0,8. Les actionnaires d’entreprises américaines son soulagés d’avoir investi en dollar car les problèmes de récession européenne sont compensés par l’appréciation du dollar.
2) Rien d’extraordinaire se passe, l’Euro se maintient et se trouve même renforcé après des avancées concrètes. Les USA recherchent à rééquilibrer leur balance déficitaire. La FED continue d’adopter une politique monétaire expansionniste pour maintenir l’éco US à flot et permettre un désendettement par l’inflation.
A l’opposé, la BCE, sous l’influence de l’Allemagne, continue à lutter activement contre l’inflation.
Résultat : pendant de nombreuses années les USA ont une inflation bien supérieure à celle de l’Europe -> Le taux de conversion s’achemine progressivement vers les 2$/euro.
Le taux de conversion n’est pas figé à travers le temps. Il tourne autour d’une valeur de référence à court moyen terme (et cela permet de faire des arbitrages intéressants) mais dans une perspective long terme, rien ne garantit qu’il tournera dans la même fourchette.
Rappelons qu’il y a seulement dix ans un dollar valait plus qu’un euro (à l’époque les taux d’intérêt US étaient supérieurs à ceux de la BCE).
Pour résumer, la performance des flux de dividendes US futurs à long terme va être grandement influencée par ce risque de change et une stratégie de dividendes croissant peut se trouver contrariée ou amplifiée par cette volatilité supplémentaire.
Mots-clés : dividende, taux de change
“prediction is very difficult—especially if it is about the future.” Niels Bohr
Hors ligne
#2 05/07/2012 07h54
- ledude
- Membre (2012)
- Réputation : 0
Rien ne permet d’anticiper, je pense qu’il faut rester ouvert au différente place de cotations et ne pas surponderer en dollar,
le jour ou sa devient vraiment défavorable ce sont tes actions EUROS qui viendront faire la maille
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#3 05/07/2012 08h44
- Rodolphe
- Membre (2010)
Top 50 Portefeuille - Réputation : 141
Tout dépend de quoi on parle : est-ce de taux de change instantané ou de change choisi. Je m’explique : chez Binck et Saxo aussi je crois, les actions US sont liés à un compte en devises US. C’est à dire que JE choisis le moment où je transfère de l’€ en $ (dans mon cas massivement en 2011, avec une parité de 1.4 au mini). A l’inverse je choisis aussi le moment où je ré-transfère dans l’autre sens ($ vers €). En ce qui concerne les dividendes, c’est neutre puisqu’ils sont touchés en $.
C’est toute la différence avec la £ où je n’ai pas de compte en devises, et bien d’autres monnaies où le problème est le même.
Enfin, les USA sont quand même le pays où on trouve le plus de sociétés avec de très beau bilan, et un dividende en augmentation régulière (versé trimestriellement). Aucun autre pays ne le propose avec une telle diversité.
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#4 05/07/2012 09h06
- InvestisseurHeureux
- Admin (2009)
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“INTJ”
Vous avez raison sur le fond, il y a nécessairement un risque "devise" sur les dividendes perçus sur actions étrangères.
Par contre, sur les "prévisions", je ne partage pas votre avis :
Petitportefeuille a écrit :
2) Rien d’extraordinaire se passe, l’Euro se maintient et se trouve même renforcé après des avancées concrètes. Les USA recherchent à rééquilibrer leur balance déficitaire. La FED continue d’adopter une politique monétaire expansionniste pour maintenir l’éco US à flot et permettre un désendettement par l’inflation.
A l’opposé, la BCE, sous l’influence de l’Allemagne, continue à lutter activement contre l’inflation.
Résultat : pendant de nombreuses années les USA ont une inflation bien supérieure à celle de l’Europe -> Le taux de conversion s’achemine progressivement vers les 2$/euro.
Vous mélangez la cause et les effets.
1) Si l’Allemagne continue dans la stratégie que vous décrivez, on aura justement un "mess" dans la zone EUR et l’EUR ira à 0,8 USD.
2) L’EUR n’a pas le choix que de monétiser sa dette pour survivre. Et dans ce cas ce sera a qui dévalue sa monnaie le plus vite.
Mais dans les deux cas, l’EUR a 2 USD n’arrivera pas, d’autant que les US sont en train de retrouver leur indépendance énergétique.
Et même admettons le scénario très improbable où l’EUR dépasserait les 1,8 USD ; ce serait totalement intenable pour les exportations Allemandes et nécessairement la BCE devrait intervenir pour dévaluer la monnaie.
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#5 05/07/2012 09h38
- sergio8000
- Invité
L’excellent gérant Christopher Browne (Tweedy Browne) a donné deux possibilités dans le petit livre pour investir à bon prix pour traiter les risques de change :
- Première solution : prendre une assurance sur le taux de change, via des contrats options ou futures à long terme, pour dépendre uniquement de la fluctuation des cours de bourse (le dividende n’étant qu’un coupon détaché du cours à une date donnée, il est également couvert par cette méthode).
- Deuxième solution : ne rien faire et garder ses devises sans les changer aussi longtemps qu’il le faut.
A mon avis, la première solution est à réserver aux portefeuilles professionnels assez conséquents avec de nombreuses positions, susceptibles de devoir sortir des fonds à des moments défavorables à cause de rappels des fonds par leurs investisseurs notamment. Son inconvénient est d’avoir un coût (celui des contrats futures au minimum, celui des contrats options au maximum).
La deuxième solution est adaptée au véritable investisseur à long terme.
Chris Browne, d’après son expérience assez longue, recommande de prendre des assurances lorsque qu’au moins une des devises de la paire est "louche", tandis qu’il recommande la deuxième solution lorsqu’on parle d’une paire de devises dites majeures (EUR/USD, EUR/GBP, USD/GBP par exemple). Il explique que pour les devises majeures, la patience est une solution beaucoup moins chère que le coût du contrat et qu’il finit toujours par rentrer dans ses frais en attendant suffisamment longtemps (bien comprendre qu’il peut falloir 5 ans, voire plus).
#6 05/07/2012 13h17
- Petitportefeuille
- Membre (2011)
- Réputation : 65
InvestisseurHeureux a écrit :
Vous mélangez la cause et les effets.
1) Si l’Allemagne continue dans la stratégie que vous décrivez, on aura justement un "mess" dans la zone EUR et l’EUR ira à 0,8 USD.
2) L’EUR n’a pas le choix que de monétiser sa dette pour survivre. Et dans ce cas ce sera a qui dévalue sa monnaie le plus vite.
Mais dans les deux cas, l’EUR a 2 USD n’arrivera pas, d’autant que les US sont en train de retrouver leur indépendance énergétique.
Et même admettons le scénario très improbable où l’EUR dépasserait les 1,8 USD ; ce serait totalement intenable pour les exportations Allemandes et nécessairement la BCE devrait intervenir pour dévaluer la monnaie.
J’aurai dû préciser un peu mieux mes exemples purement théoriques, je m’en excuse.
Je me plaçais sur du long terme (dix ans minimum).
Mon propos n’était pas d’être réaliste. Il se passera obligatoirement quelque chose d’inattendu dans la prochaine décennie qui viendra balayer nos certitudes (nouvelle crise financière, pic pétrolier, explosion d’une bulle chez les émergents, etc.) donc je n’aurai pas la prétention de m’engager sur le prochain taux de change dans dix ans. Je voulais juste illustrer par deux exemples extrêmes.
J’ai pris des causes à court terme sur des problèmes que nous connaissons déjà pour les extrapoler sur du long terme pour simplifier la compréhension. On pourrait rentrer dans les théories monétaristes complexes ou étudier les modèles de Paul Krugman en économie internationale (qui sont très intéressants au passage si vous avez un peu de temps à tuer) mais ce serait trop compliqué.
La seule chose certaine est que le différentiel d’inflation entre les deux zones fera évoluer sensiblement la fourchette du taux de change qui est loin d’être figée ad eternam dans le temps.
Je ne crois pas trop au scénario 2 non plus mais si, pour une raison ou pour une autre, les USA créent beaucoup plus d’inflation que l’Europe dans les dix prochaines années alors on s’approchera de ce scénario (sans que l’Allemagne en souffre puisque dans ces conditions, elle est payée pour ses exportations dans une monnaie moins forte).
Je me souviens encore de mon professeur d’économie d’il y a dix ans qui se lamentait des faibles taux de la BCE en comparaison de ceux de la Fed, la bulle internet venait d’exploser, le 11 septembre était passé par là, un autre monde…
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#7 06/07/2012 00h00
- GoodbyLenine
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En lisant le titre de cette discussion, je me suit fait la réflexion "quand on investi dans des actions étrangères (exprimées en devises étrangères, le risque de change sur les dividendes est vraiment marginal, comparé au risque de change sur la valeur des actions elles-mêmes !".
J’ai donc un peu de mal à vraiment saisir la problématique qui est posée…..
De toute façon, sur le long terme, si je prend par exemple une société cotée en US$ qui a une activité répartie dans de nombreux pays, dans de nombreuses devises ; si l’US$ devait durablement baisser, ses bénéfices exprimés en US$ augmenteraient sans doute pas mal, bien plus que sans cette baisse de l’US$, juste par l’effet mécanique qu’une partie de ses bénéfices sont réalisés dans des pays avec d’autres monnaies que l’US$, donc valent plus une fois converties en US$.
En fait, de manière plus générale, la valeur créée par une société X (dont les actions sont cotées en US$) qui a des filiales un peu partout, et celle créée par la société Y (dont les actions sont cotées en €uros) qui a des filiales un peu partout aussi, seraient la même , si leurs différentes filiales dans chaque pays généraient autant de valeurs. Et cette valeur se retrouverait un jour sous forme de dividendes distribués, ou d’augmentation de la valeur de l’action.
Donc je ne pense pas que le risque de change soit très important, en relation avec la devise dans laquelle une société est cotée, ou la devise dans laquelle elle distribue son dividende. Par contre, le risque de change existe bel et bien selon les zones monétaires où la société exerce ses activités et génère son profit.
J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)
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#8 06/07/2012 09h10
Je suis d’accord avec votre raisonnement GBL pour les valeurs ayant un CA bien réparti à l’international. Néanmoins, quand on creuse les chiffres, on s’aperçoit que toutes les grandes valeurs US ne sont cependant pas si internationales que l’on le présuppose a priori. IH avait par exemple donné un bon exemple d’une grande valeur US réalisant l’essentiel de son CA aux US avec sa Newsletter sur Kellogs
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#9 08/07/2012 16h37
- Swx
- Membre (2011)
- Réputation : 18
SECURITE de la monnaie
Cet article de samedi est payant pour les abonnés du www.letemps.ch
il est la reprise d un article paru sur la Frankfurter Allgemeine
Naturellement ce n est pas l Evangile , mais c est l avis de 172 Apôtres tout de même : extraits :
samedi7 juillet 2012
Quelque 172 professeurs d’économie germanophones, dont Hans-Werner Sinn, le directeur de l’institut IFO de Munich, ont publié vendredi dans la Frankfurter Allgemeine une lettre ouverte adressée à leurs «concitoyens». Ils y dénoncent les décisions prises lors du dernier sommet européen et notamment l’accès par les banques en difficulté au mécanisme de stabilité et l’idée de «mutualisation de la dette bancaire» par laquelle ce serait «au contribuable de porter la responsabilité d’engagements financiers de créanciers privés».
Les 172 économistes observent que «les dettes des banques sont trois fois plus élevées que celles des Etats et se chiffrent à plusieurs milliers de milliards d’euros dans les cinq pays en crise». Pour eux, la création par les politiciens d’une surveillance bancaire européenne ne parviendra pas à empêcher les abus «aussi longtemps que les pays structurellement déficitaires détiennent la majorité».
Le mécanisme créé lors du dernier sommet «ne sauvera ni l’euro, ni l’esprit européen», à leur avis. Des conflits avec les pays voisins sont préprogrammés. Pour les économistes, l’union bancaire ne sauve que Wall Street, la City de Londres et une série de banques en difficulté.
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