La pertinence de cette superposition de graphes dépend de ce que sera demain concrètement l’IA.
Qu’était Cisco. Une entreprise qui vendait des routeurs. Au bout du bout, quel était le potentiel de ce marché ? 1 routeur par personne dans le monde à titre particulier, 1 routeur (par bureau ?) dans le monde professionnel. Bien entendu, quand on part de 0 et qu’Internet explose, on peut constater des ascensions fulgurantes. Bien entendu, on peut multiplier tous les chiffres cités par 2 en imaginant des routeurs pour la mobilité. Mais l’on restait sur du matériel destiné à connecter de l’informatique au réseau.
Quel est le potentiel d’Nvidia si l’IA se montre aussi disruptive et puissante que les plus optimistes l’annoncent ? Réaliser des pas de géant dans la recherche médicale (avec une valeur incroyable en matière d’impact sur les vies, donc de pricing power), remplacer du headcount (plusieurs milliers ou dizaines de milliers de dollars de coût PAR an et PAR tête) pour des tâches de plus en plus compliquées, animer des ouvriers spécialisés qui travaillent 24/24 et peuvent porter 10 fois que ce porte un homme sans broncher. Si ce potentiel se matérialise, alors il est évident que la superposition des courbes avec un fabriquant de modem n’a pas grand chose de pertinent.
Notons également que les achats de ce matériel sont menés par les entreprises les plus riches et les plus rentables du monde (et pas un par un mix BtoB/BtoC comme pour les modems), et que les sources des entrées d’argent des clients lancés dans cette course bénéficient d’une assise exceptionnelle (cloud, solutions de bureautique), à très faible coût / taux de privation pour les utilisateurs particuliers et professionnels.
Bref, SI (et c’est un si) les perspectives de l’IA ne se limitent pas à celles des Chatbots actuels ET (et c’est un ET) qu’Nvidia parvient à rester parmi les quelques fournisseurs qui fourniront le matériel nécessaire à cette révolution, j’imagine mal un monde dans lequel la valeur des entreprises fournissant les cerveaux numériques permettant cette révolution ne dépasse pas de manière significative la valeur d’une entreprise d’informatique bureautique (interface homme-machine, rédaction numérique des courriers, des rapports et réalisation de calculs et de supports de présentation) ou de cloud (simple « étagère » numérique de stockage de documents) actuelle
Une fois cela dit, deux précisions qui me semblent utiles :
- cela ne veut pas dire que le cours de bourse ne peut pas perdre 50% en 2024, car, vous avez raison, il est suspendu dans les airs et sans filet. J’en ai justement vendu une ligne cette semaine après plus de 40% de hausse depuis le début d’année, pour matérialiser la PV et espérer revenir plus bas (analyse technique selon l’indicateur « RSI »)
- cela ne veut pas dire que Nvidia représente 80% de mon portefeuille. Son poids est inférieur à 5% (mais j’en ai… par cohérence avec ma pensée)
Enfin, le parallèle avec « la bulle des dotcom » étant probablement facilité du fait que l’on parle de nouveau de sociétés intervenant dans le domaine de l’innovation informatique, rappelons :
- que la bulle des dotcoms s’est construite sur une fraction très large de sociétés dont une grande partie ne gagnait pas d’argent, sur la base d’indicateurs « discutables » (nombre de clics par page, etc). Alors que la raison sous-jacente à la hausse des magnificent seven est alimentée avant tout par des explosions à la hausse des chiffres d’affaires, des résultats, de la rentabilité, donc d’indicateurs réels
- que la thèse d’investissement pendant la bulle des dotcom s’est … révélée être la bonne. Les 7 sociétés les plus valorisées aujourd’hui interviennent bien dans ce domaine, ont effectivement vu se matérialiser des croissances dépassant tout ce que le monde matériel a pu être en mesure d’offrir à l’investisseur particulier (je mets de côté l’effort de guerre aux US pendant la seconde guerre mondiale, car les particuliers n’ont pas pu s’y inscrire en tant qu’investisseurs) et disposent de l’énorme avantage d’avoir comme terrain de jeu le monde entier (pour ces boîtes US, leur marché n’est pas les US, mais le monde).
En 1998, Yahoo a refusé d’acheter Google pour 1 million de dollars.
Bien entendu, la valorisation de Nvidia n’a aujourd’hui plus rien à voir, mais sans parler de FOMO, je préfère mettre des petites mises sur des sociétés à la pointe dans ce domaine plutôt que d’être « l’investisseur Yahoo » de 2024.
Le marché de l’énergie, bien que plus vital (mais c’est aussi le cas de l’agriculture), ne dispose en aucun cas du même potentiel dans le cas où les planètes s’aligneraient.
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.
Dernière modification par R3dSqu4re (16/02/2024 08h57)