C’est une lettre et un sujet intéressant thanks very much Sissi
Il y a le phénomène des rachats d’actions qui a pris une ampleur insoupçonnée au 21eme siècle et qui est arrivé depuis quelques années en Europe: il me semble caractériser une société post-industrielle. En effet nos poids lourds ne sont plus General Electric ou General Motors. Ce sont des sociétés technologiques bien moins gourmandes en Capex, bien moins capitalistiques. Plus besoin de venir en bourse lever des fonds propres. Par contre, lever de la dette pour effectuer des rachats d’actions, c’est à dire mettre du levier dans son bilant, permet de doper le bénéfice par action en détruisant du capital. Un modèle très éloigné de nos géants industriels du 20eme siècle.
Les montants colossaux de cash rendus à l’actionnaires permettent de recycler et de financer de petites sociétés en forte croissance grâce au développement remarquable du Private Equity.
Ainsi la bourse a changé de nature. On ne vient plus y lever des fonds propres pour financer son développement, on vient monétiser son "exit" que l’on soit fondateur ou fonds au capital.
Le phénomène etf de l’achat indexé crée des distorsions impressionnantes: les small et micro caps, mal-aimées des etf, ont des valorisations souvent inférieures de moitié à ce qu’elles auraient en Private Equity, et deviennent le terrain de chasse de fonds ou de dirigeants, de prédateurs, en quête de revalorisation mécanique en retirant de la cote.
Quant aux exigences de transparence imposées par les régulateurs, si je les apprécie en tant qu’actionnaire, je comprends qu’elle ennuient fortement l’entreprise. Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec des administrations qui étouffent et vampirisent trop d’entreprises. Alors dans un monde où l’on peut trouver des fonds propres abondants et meilleurs marchés qu’en bourse, pourquoi s’embêter avec des fonds activistes, des ONG haineuses, et des régulateurs vindicatifs?