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1    #2751 13/01/2019 16h40

Membre (2017)
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Cornelius a écrit :

Certes, mais le problème est que vous avez un objectif ambitieux et que la seule mesure concrète que vous proposez en représente le centième…

Beaucoup de gens sont d’accord pour réduire les rémunérations de Ch. Jouanno, des parlementaires, mais les quatre-vingt-vingt-dix-neuvième autres centièmes requièrent des mesures qui hérisseront beaucoup des manifestants qui réclament plus de services publics: je ne pense pas qu’on puisse régler le problème seulement par une meilleure "efficience". Une telle diminution de la dépense publique implique des mesures impopulaires d’une tout autre ampleur que celles qu’a déjà prises E. Macron (stabilisation des effectifs de la fonction publique, poursuite du gel du point d’indice et désindexation de certaines prestations) qui ont déjà mis le feu au poudre.

Une solution pour améliorer les services publics sans vider les caisses de l’État serait de revenir sur les 35 h pour les fonctionnaires (je suis fonctionnaire) mais là encore, ce n’est pas du tout, du tout, dans les revendications.

Vous connaissez mieux que moi ces ordres de grandeur et surtout vous avez une vision internationale que peu d’entre nous possèdent. Je serais curieux (très sincèrement) de savoir comment si des pays dont la situation budgétaire était comparable à celle de la France ont pu baisser la dépense publique en respectant les principales revendications des gilets jaunes telles qu’elles ressortent des premiers cahiers de doléance et des premières consultations internes sur tel ou tel rond-point (par exemple baisse de l’âge de la retraite, augmentation des pensions de retraite, augmentation du nombre d’établissements de service public hors des métropoles, maintien du temps de travail, protection des salariés [privé+public] au moins équivalente voire accrue]).

Pardonnez-moi de vous solliciter encore une fois mais je ne fréquente aucune personne intéressée par ces questions dans ma vie quotidienne, j’en profite! Et je serais vraiment curieux de savoir ce que vous en pensez. Car les propos de B. Cœuré que je mentionnais dans mon précédent message semblent quand même éloignés des propositions des gilets jaunes.

1) Commencer par réduire les dépenses somptuaires au sommet de l’Etat ne va certes pas suffire pour redresser les comptes publics, mais c’est une étape absolument nécessaire si l’on veut réformer l’Etat. La volonté de réforme est totalement inaudible lorsqu’elle est portée par des gens qui se goinfrent au sommet de l’Etat - car c’est bien comme cela qu’ils sont perçus par le peuple. Comment demander aux gens de faire des efforts, des sacrifices, quand on ne fait absolument rien pour donner l’exemple ? Cela condamne dès le début toute volonté de réforme.

Il y a dans notre République de nombreux "fromages", plus ou moins connus publiquement, que l’on se repasse d’une génération à l’autre dans notre haute fonction publique. Les jeunes énarques qui arrivent avec une volonté louable de réforme n’y touchent pas, puisqu’ils en profiteront plus tard. Il faut y mettre fin. Un plafond de rémunération (10k€?) applicable à l’ensemble de la fonction publique, sans exception, me semblerait utile (je crois que quelqu’un le proposait dans les files sur le "grand débat").

L’obésité de la représentation politique (en nombre et, s’agissant des parlementaires, en rémunération) est aussi ressentie comme une provocation pour ceux qui galèrent. Je n’y vois absolument aucune justification.

2) Pour permettre un véritable allègement de la fiscalité globale, une réforme de l’Etat suppose a priori une redéfinition de son champ d’intervention et des changements dans le statut de fonctionnaires. Je ne suis ces questions qu’en amateur, j’avais travaillé le sujet plus sérieusement il y a 15 ans en révisant le concours de l’ENA.

Il y a donc 15 ans, les sujets que nos professeurs à Sciences Po, jeunes inspecteurs des finances, nous présentaient, c’était notamment :
- l’introduction de mesures de performance dans la fonction publique
- le benchmarking avec des pays qui ont réussi à profondément réformer leur sphère publique, tout en gardant un bon niveau de services publics (Canada, Suède, Pays-Bas…)
- des règles automatique de discipline fiscale (au-delà des règles de Maastricht)

15 ans plus tard, la situation budgétaire n’a pourtant cessé de se dégrader, et l’oppression fiscale qui en résulte de s’aggraver. A l’époque mes profs jeunes énarques idéalistes se plaignaient du manque de volonté politique pour réformer l’Etat - j’imagine que ça n’a pas changé…

En tout cas, si on regarde les pays à tradition "sociale" qui ont réussi à profondément réformer leur sphère publique (par exemple la Suède), ce qui me semble clair c’est que (i) ils ont complètement redéfini leur champ d’intervention et (ii) ils ont changé de la statut de la fonction publique, en le rapprochant des principes du secteur privé (critères de performance, pas d’emploi garanti à vie).

3) On peut réformer l’Etat sans enclencher une "guerre" avec les fonctionnaires. Bien sûr que de telles réformes susciteraient des oppositions et des protestations - mais pas par ceux qui manifestent aujourd’hui. Perso je pense qu’une réforme de l’Etat, avec les modifications statutaires à mon sens indispensables, peut se faire de façon profitable pour les fonctionnaires.

Pour les domaines d’où l’Etat se retirerait ou réduirait ses effectifs, le non-remplacement des départs à la retraite peut permettre une  évolution progressive. Par ailleurs, des modifications du statut des fonctionnaires pourraient s’accompagner de revalorisations salariales, par exemple une part variable selon des critères de performance.

Il est faux de penser que c’est une tâche insurmontable : il s’agit de réduire la dépense publique de 6-7 points de PIB (56.5% actuellement, contre 41% en moyenne dans l’OCDE), donc de la ramener au niveau où elle était il y a encore 15-20 ans. Perso je suis convaincu que la décentralisation, par exemple, a été une source de gaspillages, dont le résultat a là encore été encore plus d’oppression fiscale via les taxes locales.

4) ll faut bien sûr faire le tri parmi les revendications des Gilets jaunes : nombreuses sont celles qui ne seraient pas soutenables économiquement. Mais perso je suis convaincu que (i) en montrant l’exemple au sommet de l’Etat sur l’élimination des dépenses somptuaires, et (ii) en rendant la voix au peuple (par référendum, par exemple) sur un certain nombre de sujets où l’opinion majoritaire n’est pas entendue depuis des années, on rendrait beaucoup de choses possibles en termes de réformes.

Je rejoins totalement M. Coeuré sur le caractère insoutenable de la politique budgétaire en France, qui conduit à (i) l’oppression fiscale et (ii) la mise sous pression croissante des dépenses utiles de l’Etat par une charge de la dette de plus en plus lourde (et qui serait bien pire avec des taux d’intérêt "normaux"). Cela dit, M. Coeuré ne s’exprime pas sur la façon d’atteindre une situation plus soutenable (ce n’est bien sûr pas son rôle, puisque c’est une question éminemment politique).

Simouss a écrit :

Du coup les extrémistes c’est quelle proportion des 0,1 à 0,2% de français qui manifestent actuellement et se revendiquent représentants du peuple ?

As t’on déjà accordé autant d’audience à une fraction aussi ténu de la population ?

Force est de reconnaître que les Gilets jaunes bénéficient d’un large soutien populaire, beaucoup plus large que le pouvoir actuel, malgré les débordements. Au-delà du nombre de manifestants, ce mouvement est le symptôme d’une crise de notre démocratie : il serait dommage de ne pas la mettre à profit pour réformer et améliorer les choses : "Never let a good crisis go to waste."

M. Macron a lui même été élu par une fraction bien ténue de la population, sur la base d’ambiguïtés et, à mon avis, de mensonges : les promesses sur le pouvoir d’achat, sur une supposée "alternance", sur une moralisation de la vie politique, ont volé en éclat, les unes après les autres, au fil des affaires et des provocations. Je pense que la "fraction ténue" actuellement la mieux écoutée est le petit millier de très généreux donateurs de M. Macron, pendant sa campagne électorale ;-)

Sur les questions clefs, il suffirait de donner la parole au peuple par référendum. Pourquoi craindre la démocratie directe, si les partisans du pouvoir sont majoritaires ?

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#2752 13/01/2019 16h54

Membre (2012)
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simouss a écrit :

A-t-on déjà accordé autant d’audience à une fraction aussi ténu de la population ?

Je m’étais bien marré en voyant en 2012 le recul en rase campagne de Hollande-Ayrault devant le mouvement des pigeons, qui a culminé à "40000 like sur une pace Facebook". (Rappel : il s’agissait de l’alourdissement de la fiscalité des plus-values de cessions mobilières, fiscalité qui a de fait été alourdie mais significativement moins qu’il n’était annoncé préalablement à la mobilisation).

Avec un peu d’organisation, des fractions très ténues parviennent à leurs fins :-).

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2    #2753 13/01/2019 20h00

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INTJ

zeb a écrit :

Avoir fait l’ENA ne l’a pas empêcher d’aller voir ce qui se passait dans le monde privé et d’y exercer. Bien peu l’on fait ….

Il ne vient pas du privé . Il n’a travaillé que 3 1/2 ans chez Rothschild en se mettant en disponibilité de l’Inspection des Finances. 
De mémoire , 15% des patrons du CAC 40 sont énarques et 10% des énarques quittent le public pour le privé sans parachute . Beaucoup (>30%) trempent les orteils dans le privé qqes années  puis reviennent au bercail.

Banquier d’affaires , c’est pas un job de "financier" , c’est un job d’entregent, de carnet d’adresse : il était déjà avec Attali.
Il n’a lâché son parachute doré  "Inspection des finances" qu’en 2016 ….alors qu’il a quitté Rothschild en 2012. Je connais peu de gens du privé à avoir cette sécurité ….


Think Happy, Dream Big, Do your Best !

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4    #2754 14/01/2019 03h40

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Scipion8 a écrit :

Mais il faut peut-être réfléchir un peu à ce qu’est l’Etat. Personnellement, je n’ai aujourd’hui pas besoin d’un Etat : je me débrouille tout seul et je peux payer pour ma santé, ma sécurité, l’éducation de mes (futurs) enfants. Je n’ai pas besoin de mécanisme de solidarité. Je préfèrerais ne payer aucun impôt. S’il y a un Etat, je lui demande surtout de me laisser tranquille, de me laisser librement faire des projets et gagner ma vie.

Je vois une contradiction dans votre raisonnement. Vous avez besoin d’un État, d’un État régalien, certes, c’est à dire d’un Corps Législatif, de la Justice et de la Police. En effet, ces instances assurent par la force au besoin que les contractants respectent leur contrat.  Sans elles, il n’existe ni propriété ni paiement valide a fortiori. Le plus fort spolie qui il veut et l’Etat est là pour stopper la violence qui s’ensuit, en usant du monopole de la violence légitime qui lui est reconnu par le corps social pour justement éviter la guerre de tous contre tous. Tout celà est bien connu et parfaitement formalisé depuis Hobbes.

Mais un Etat, c’est d’abord un mécanisme de solidarité et de protection pour tous, bien sûr (exemple : armée, police, justice etc.), mais aussi pour les plus faibles, pour ceux qui ne savent pas s’adapter, pour ceux qui galèrent. La politique c’est d’essayer d’offrir la meilleure protection, le meilleur service public, à l’ensemble de la population (quelles que soient les imperfections et insuffisances de chacun), au plus faible coût possible.

Ce que vous décrivez est constitué pour une grosse part d’instances qui ne sont pas étatiques au sens strict. Si les caisses d’assurance chômage ont une gestion paritaire, c’est que les fonds qu’elles gèrent appartiennent non à l’ État mais aux partenaires sociaux.  Les dépenses publiques en France incluent les dépenses sociales, pour l’essentiel des assurances (chômage, santé, retraite), mais aussi des filets de sécurité qui ne représentent qu’une fraction de ces dépenses sociales.  De cet État-là sans doute vous n’avez pas besoin directement. Bon, sa mise en place a probablement empêché une révolution communiste en Europe Occidentale dans la première moitié du XXe siècle, donc ça n’a pas toujours été inutile.

Il y a aussi un État non régalien (ponts et chaussées, éducation, appui à l’économie, etc….) qui assure des investissements socio-économiques massifs de très long terme que le secteur privé ne peut assumer seul correctement que sur une petite échelle. Ce n’est pas un mécanisme de protection mais une fonction économique qui peut d’ailleurs être partagée avec le secteur privé, ce qui necessite alors subvention étatique ou droits payés par l’usager. J’ai du mal à imaginer que vous n’en n’ayez pas besoin. Il me paraît difficile d’envisager une économie fonctionnelle sans cette forme d’Etat.

Bref, votre théorie de l’Etat me parait quelque peu sommaire et incomplète.

Là où je vous rejoins volontiers est sur le fait que la principale question à discuter préalablement à tout projet de baisse des dépenses publiques est celle des missions des differentes branches de l’Etat. Et il faut entrer dans les détails où le Diable se cache.

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#2755 14/01/2019 09h11

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@Caratheodory : Quand je parle d’"Etat", je parle de l’Etat au sens le plus large, avec tous ses démembrements (general government dans la terminologie de l’OCDE), y compris éventuellement les mécanismes assurantiels mis en place sous contrôle paritaire à l’initiative de l’Etat.

Je suis bien d’accord que dans cette sphère publique, on peut distinguer différentes "couches", et notamment l’Etat régalien et "l’Etat-Providence". Mais l’un comme l’autre visent à protéger le faible contre les abus du fort (certes, s’agissant de l’armée, le "fort" c’est une puissance étrangère). Sans justice, sans police, le fort exerce son pouvoir au détriment du faible. C’est le cas dans les pays où je travaille actuellement, en Afrique centrale, où la corruption des juges est endémique. Les forts (dont je fais partie ici, sociologiquement) paient pour leur sécurité (un garde = 100€ / mois, je pourrais me payer une armée si je le voulais) : pas besoin d’Etat, à la limite.

C’était l’objet principal de mon message : la politique, c’est trouver des moyens de protéger efficacement le faible contre le fort, de la façon la moins coûteuse possible pour la collectivité. D’où le paradoxe de notre démocratie actuelle, où les choix politiques sont faits essentiellement par les forts (qui n’ont pas vraiment besoin d’être protégés), alors que les faibles s’abstiennent ou se réfugient dans un vote inutile. S’intéresser uniquement aux forts, comme cela semble être la tendance du pouvoir actuel, c’est ne pas s’intéresser au véritable objet de la politique.

Je suis bien d’accord qu’un Etat est utile - et j’y participe, professionnellement - mais il n’est pas strictement nécessaire, en tout cas pour le fort. Si je réfléchis à la vie qu’ont menée pendant des siècles mes ancêtres modestes paysans aveyronnais, ils n’ont presque jamais rien reçu de l’Etat, ils sont restés sur leur lopin de terre à survivre tant bien que mal… et quand l’Etat s’est mêlé de leur vie, ce fut à leur détriment, pour les envoyer se faire tuer dans des guerres qui ne les concernaient que très indirectement. Parfois je pense à eux, et à Thoreau, et je me dis que je pourrais me retirer sur mon Walden aveyronnais, à l’abri du tumulte du monde, pour une vie (presque) sans Etat.

Au-delà de ce point largement théorique, l’Etat régalien - dont je reconnais bien volontiers qu’il est plus qu’utile - ne consomme que quelques points de PIB, et ne saurais justifier l’oppression fiscale actuelle, inégalée dans le monde. Dans les années 1970, Giscard disait qu’au-delà de 40% du PIB en impôts, ce serait "le socialisme". Nous sommes maintenant à 53% du PIB en impôts, 56.5% en dépenses publiques, et à chaque élection les Français élisent des candidats promettant toujours plus de dépenses… Je vais peut-être bien finir par me retirer sur mon Walden ;-)

EDIT : S’agissant de l’Etat investisseur, perso j’ai tendance à penser que l’Etat est généralement un mauvais investisseur et un mauvais gestionnaire de projets, car il lui manque l’aiguillon (la recherche d’un TRI optimal) qui fait les bons investisseurs. Sur certains projets, bien sûr, une implication de l’Etat reste indispensable.

PS : Quelques chiffres :

- Répartition des dépenses publiques (toutes administrations publiques confondues) : 58% prestations et autres transferts, 23% rémunérations, 10% fonctionnement,  6% investissement, 3% charge de la dette.

- Dépenses de l’Etat régalien en 2018 : défense 43 milliards €, sécurité 20 milliards €, justice 9 milliards € = total 72 milliards € soit seulement 10% du budget de l’Etat (au sens strict) = 711 milliards €

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#2756 14/01/2019 09h51

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@Scipion

Votre analyse correspond un peu à ce que j’attendais: mais si elle est très juste théoriquement, elle n’a aucune chance de se traduire par des faits dans la situation présente et l’analogie avec la Suède, pays de compromis, de respect de la loi, de l’État et des libertés individuelles, paraît malheureusement peu pertinente pour nous, en particulier depuis ces dernières semaines.

Comme vous le remarquez vous-même, on vote pour des candidats promettant toujours plus de dépenses et les "gilets jaunes" sont en pointe à cet égard. Le seul enjeu des votes est devenu: comment faire payer les dépenses à d’autres? Personne ne souhaite sérieusement les diminuer et une remise en cause du statut de fonctionnaire paraîtrait à l’heure actuelle comme une nouvelle provocation, qui mettra dans la rue les fonctionnaires, mais aussi les lycées et les étudiants qui aspirent à le devenir; car non seulement les fonctionnaires sont nombreux, mais le mouvement entraînera sans doute aussi les conjoints, etc. et ceux qu’un tel changement inquiètera. Je ne pense pas que ce soit un problème de pédagogie, de présentation de la réforme: les gens savent bien ce qu’ils veulent et ce qu’ils ne veulent pas quand cela les concerne ! (pour le meilleur et pour le pire).

Permettez-moi de prendre mon exemple: mon seul critère de choix pour les candidats depuis que j’ai l’âge de vote est la façon dont est envisagée la diminution du poids de l’État et des deficits, mais force est de constater à travers les discussions (de moins en moins nombreuses) que j’ai eues avec des proches ou des collègues depuis vingt ans, il m’est apparu qu’un tel souci était très minoritaire: on m’a répondu successivement que les déficits n’existaient pas (c’était avant qu’on puisse vérifier instantanément avec l’internet), puis qu’ils n’étaient pas si élevés, puis (après 2008) qu’il suffisait de faire défaut comme l’Islande, la nouvelle tendance étant les fameux 100 milliards de fraude fiscale qu’il suffirait de se pencher pour récupérer.

Une hypothèse, puisque le fil s’intitule notamment "avenir de la France": n’allons-nous pas vers une sorte de "péronisation" de la vie politique: les hommes politiques achèteront des clientèles par des promesses financées sur le déficit, accuseront "l’oligarchie", le tout parsemé de quelques interventions larmoyantes et démagogiques, jusqu’à un échec économique massif préludant à une période d’instabilité?

J’ai parfois le sentiment que vous voyez ce mouvement tel que vous voudriez qu’il soit, et non tel qu’il est… De même pour vos ancêtres aveyronnais, qui ont connu l’État au moins à l’époque romaine et qui ont ensuite été, sinon enrôlés par l’État, du moins massacrés et/ou pillés dans des conflits auxquels leur seigneur prenait part. Mais après tout, c’est le signe d’un optimisme que je n’ai plus!

Dernière modification par Cornelius (14/01/2019 11h09)

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3    #2757 14/01/2019 10h41

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@Cornelius : perso à long-terme je ne vois que 2 scénarios pour notre pays, et dans les 2 cas il y aura du sang et des larmes (bon du sang, je n’espère pas, mais des larmes, c’est inévitable) :

Scénario 1 : une profonde réforme de l’Etat (et de ses démembrements), avec des changements fondamentaux sur le périmètre de ses interventions et sur le statut de fonctionnaire. Une "purge", pour reprendre l’expression de M. Fillon. Oui, une telle réforme sera difficile - comme elle l’a été au Canada, en Suède (provoquant une crise de la social-démocratie, toute-puissante pendant des décennies), au Royaume-Uni etc.

Pour qu’elle ait une chance de réussir, il faut à mon sens réunir 2 conditions absolument nécessaires :
a) Une forte légitimité démocratique (donc un pouvoir nouvellement élu, accomplissant une profonde réforme les "100 premiers jours" - c’est ce qu’envisageait M. Fillon).
b) Un comportement éthique irréprochable des responsables politiques portant la réforme et une élimination des avantages indus de la classe politique et de la haute fonction publique (sur le premier point, on pourrait dire que M. Fillon, s’il est condamné par la justice, n’avait pas le profil nécessaire).

Je vous rejoins sur le constat que l’opinion publique ne semble pas prête à une telle réforme - c’est ce que suggèrent les résultats des élections et les sondages. Le problème c’est que le succès politique de candidats prônant une politique budgétaire irresponsable a un triple effet cliquet :

- effet cliquet de la charge de la dette, qui ne cesse de s’accumuler dès qu’un irresponsable est au pouvoir : la charge de la dette de l’Etat est de 42 milliards € en 2018, mais elle pourrait facilement doubler en cas de choc d’inflation conduisant à une hausse des taux de la BCE ;

- effet cliquet de la fonction publique : en ne cessant d’augmenter le nombre de fonctionnaires, on augmente le poids politique de gens qui peuvent être naturellement réticents, voire hostiles, à une douloureuse réforme de l’Etat (je vous rejoins sur ce point) ;

- effet cliquet des services publics : on habitue peu à peu la population à un certain niveau de services publics, ce qui (i) décourage les initiatives privées, et (ii) déresponsabilise / infantilise les citoyens - les rendant eux aussi réticents à la réforme. Je suis bien d’accord avec vous sur le constat que le mouvement des Gilets jaunes exprime une incohérence totale (partagée par la majorité de la population) : on veut toujours plus de services publics, on vote toujours pour des irresponsables, mais on veut payer moins d’impôts…

C’est pour cela que malgré mon optimisme naturel, je commence à envisager sérieusement le 2e scénario.

Scénario 2 : une douloureuse réforme sous la contrainte de prêteurs internationaux - comme l’ont connue la Grèce, le Portugal, l’Irlande et Chypre - des pays qui ont aussi été conduits à des situations insoutenables par des politiques publiques irresponsables (s’agissant du budget pour la Grèce et le Portugal, s’agissant des banques pour l’Irlande et Chypre, pour simplifier).

A un moment donné, si le constat est que la réforme est politiquement impossible en France, l’issue sera une réforme sous la pression des marchés et des prêteurs internationaux. Aujourd’hui, la "discipline de marché" est faible en raison de l’action de la BCE (les taux auxquels emprunte la France sur le marché obligataire sont anormalement bas). Mais la BCE a un mandat à respecter (son job c’est la stabilité des prix, pas subventionner des politiques budgétaires irresponsables), et la patience de nos partenaires allemands s’épuise peu à peu. Le contexte européen pourrait devenir beaucoup moins favorable pour la France - par exemple avec des pressions inflationnistes, un président de la BCE moins amical que M. Draghi, et des changements politiques en Allemagne.

Certains à Francfort se préparent techniquement à un tel scénario pour notre pays.

Donc le choix, à mon sens, pour notre pays, c’est la Suède ou la Grèce, une réforme profonde librement consentie ou une réforme encore plus douloureuse sous instructions de nos partenaires européens et internationaux. Je préfère de loin le premier scénario, mais manifestement la majorité a choisi le second.

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#2758 14/01/2019 11h20

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je Vous rejoints sur les choix qui seront faits par nos dirigeants.
Le choix 2 sera malheureusement une réalité très rapidement.

Nous parlons de la charge de la dette mais rarement de son remboursement…

La dette est un élément abstrait qui ne parle pas au gilets jaunes qui réclament plus de services publiques.

Comme disait Georges Clemenceau, « la France est un pays fertile, on y plante des fonctionnaires et il pousse des impôts »

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#2759 14/01/2019 11h21

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Autant je suis en profond désaccord avec ce que vous avez dit plus haut sur Macron. Autant, je vous rejoins sur le post du dessus.

Je pense qu’une réforme profonde de l’Etat français est compliqué car pour initier cela il faut qu’une personne ou un groupe de personnes puissent la mener et donc soit au pouvoir. Or c’est là que ça coince inévitablement.

Soit un candidat ment à ces confrères politiciens et à ces votants en faisant miroiter monts et merveilles pour être élu. Puis ensuite passe tout en 49/3 pour démonter l’Etat français brique par brique puisqu’il n’aura aucun soutien de l’Assemblée. N’étant pas né mais ayant été en contact avec des anglais, ce scénario est plus ou moins celui de Tatcher (même si elle, elle voulait briser les syndicats). Le UK n’en ai pas encore remis et à des infrastructures très pourries intra-pays.

Ou un candidat le dit franchement et espère que suffisamment de votant le suive. Et cela c’est pas gagné car, les fonctionnaires ne seront pas d’accord et une partie de la population a qui ont va dire qu’il faut que l’Etat verse moins de subventions ne va pas aimer non plus.

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#2760 14/01/2019 11h43

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Puis ensuite passe tout en 49/3 pour démonter l’Etat français brique par brique puisqu’il n’aura aucun soutien de l’Assemblée

Attention, l’article 49/3 ne permet pas de faire passer des lois à laquelle une majorité de députés seraient opposés: une motion de censure peut être déposée. Michel Rocard n’avait pu faire passer la CSG que d’extrême justesse, face à une opposition PCF/UDF/RPR, que grâce à l’appui de quelques députés soucieux de ce qu’ils considéraient comme relevant de l’intérêt général (par ex. R. Barre).

Une telle procédure n’a donc rien d’une panacée.

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1    #2761 14/01/2019 11h55

Exclu définitivement
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Très franchement, je crois que vous vous trompez sur ce point Scipion8 en estimant que le carcan européen monétariste et libéral sera éternel.

La France ce n’est pas la Grèce, ni le Portugal ni Chypre : c’est un pays fondateur de l’UE qui pèse un autre poids militaire et économique que ceux susmentionnés.

On le voit déjà avec l’Italie : le gouvernement de ce pays a décidé de s’asseoir sur les traités et la rigueur budgétaire, sans évoquer la politique migratoire ; la Commission et la BCE font les gros yeux mais cela s’arrête là.

Le jour où la France décidera de laisser filer les déficits pour se redonner un peu de marge de manoeuvre, on verra de combien de divisions disposent Juncker, Draghi et Moscovici. La crédibilité des traités se juge à l’aune de la puissances des armées disposées à les faire respecter.

Si les allemands ne sont pas contents, ils pourront toujours quitter la zone Euro, grand bien leur fasse !

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#2762 14/01/2019 12h06

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Pour ma part, je n’envisage pas d’autre issue à la situation actuelle que le scenario #2 de Scipion.

@Scipion: pourquoi dites-vous que des pressions inflationnistes seraient défavorables pour la France. J’aurais dit le contraire: l’inflation allège le poids de la dette.

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1    #2763 14/01/2019 12h26

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@Scipion: pourquoi dites-vous que des pressions inflationnistes seraient défavorables pour la France. J’aurais dit le contraire: l’inflation allège le poids de la dette.

Peut-être parce que cela amènera un renchérissement des taux d’intérêt?

Pour le reste, Stokes n’a pas tort; mais l’on agirait, en s’affranchissant des règles de limitation de déficit (auxquelles on ne s’est d’ailleurs jamais sincèrement astreint) à la manière d’un chauffeur de poids lourd mesurant 3 mètres qui, devant un tunnel dont la hauteur atteint 2,80 mètres et qui lui est donc interdit par un panneau, regarderait à droite, à gauche et se dirait: "pas de policier en vue, je fonce!". On n’a pas attendu la BCE pour considérer que des deficits répétés représentaient un danger.

Je peux avoir tort bien sûr, mais je constate que le parti politique par vous soutenu a promu et promeut encore des solutions économiques qui, lorsqu’elles ont été mises en œuvre, atteignent un taux de 100 % d’échec. Ou bien alors n’ont-elles jamais été réellement mises en œuvre et les régimes précédemment soutenus l’ont-ils été par erreur? Ce serait alors comme une compagnie aérienne dont tous les avions se sont écrasés et qui garantirait que cette fois, c’est bon, tout a été vérifié jusqu’au dernier boulon, il n’y aura pas d’accident: peut-être n’y a-t-il aucun danger, mais je n’y monterai à aucun prix le premier.

(Deux métaphores dans un même message; c’est un procédé dont il vaut pourtant mieux s’abstenir en toute rigueur intellectuelle, mais qui permettent de faire gagner un peu de temps! Évidemment, elles valent ce qu’elles valent).

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#2764 14/01/2019 12h36

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@Stokes : Techniquement il n’y a que 4 moyens de régler le problème d’une dette publique insoutenable :

1) l’austérité, c’est-à-dire dégager durablement des excédents budgétaires primaires (solde budgétaire avant prise en compte de la dette), donc durablement taxer les contribuables davantage que ce qu’on leur fourni en termes de services publics ;

2) l’inflation : une inflation même légèrement supérieure à la cible "normale" (par exemple 2,5-3% au lieu des 2% ciblés par la BCE), maintenue sur longue durée, peut-être très efficace pour réduire graduellement la dette. C’est ce qu’a fait notamment le Royaume-Uni pour effacer en quelques décennies sa dette héritée de la Seconde Guerre Mondiale ;

3) la monétisation de la dette publique : il s’agit d’achats massifs de dette souveraine par la banque centrale, afin de maintenir durablement des taux obligataires bas, affaiblissant ainsi la "discipline de marché". La conséquence théorique d’une telle action par la banque centrale, c’est une dépréciation de la devise, donc de l’inflation ;

4) le défaut ou restructuration de la dette : sa forme peut être plus moins drastique, entraînant ou non une perte en capital pour les prêteurs obligataires. Quand elle s’effectue avec le soutien de l’UE et/ou du FMI, cette opération est accompagnée de prêts "concessionnels", à taux bas et à longue maturité, se substituant aux obligations.

En zone euro, (2) et (3) sont théoriquement impossibles, car la BCE s’engage sur une cible d’inflation (pas plus de 2%) et le financement monétaire des Etats lui est interdit par le Traité. [Cela dit, la critique allemande du QE (que je ne rejoins pas), c’est que le QE effectue une monétisation déguisée de la dette souveraine.]

C’est pourquoi l’accent a été mis sur (1) dans les programmes FMI/UE en zone euro au début des années 2010. Pour la Grèce, il a fallu aussi recourir à (4) : outre le quasi-défaut (poliment appelé private sector involvement), l’UE a accordé de très généreux prêts à taux (très) bas et de longue maturité. Entre experts, on plaisantait en qualifiant ces prêts UE d’"obligations perpétuelles à taux nul" (on n’en est pas loin).

Les 2 "carcans" (européen et international) ont donc leurs contraintes, mais aussi leurs avantages :

- une BCE disons "coopérative", qui va plus facilement envisager des mesures de soutien pour calmer les tensions sur le marché obligataire : il s’agit du programme OMT (Outright Monetary Transactions), jusqu’ici jamais activé, qui est conditionné à un accord sur un programme UE/FMI ;

- des financements UE à taux bas et longue maturité - eux aussi conditionnés à un accord politique ;

- des financements FMI concessionnels + un soutien technique et politique du FMI dans les difficiles réformes (pour le dire plus simplement, le FMI va jouer le "méchant" qui force à faire les réformes indispensables).

Pour rester dans ces carcans (avec leurs avantages et inconvénients), il faut un accord politique minimal (qui a fini par être trouvé en Grèce avec M. Tsipras, par exemple). Si on sort de ces 2 carcans, il y a 2 types de scénarios :

1) le scénario où le pays reste dans la zone euro mais où nous affrontons nos partenaires allemands, comme vous le suggérez, suggère que nous "prendrions le contrôle" de la BCE, en nous alliant avec nos amis italiens et espagnols (budgétairement aussi irresponsables que nous), et en forçant la main aux Allemands pour imposer une monétisation de la dette par la BCE. Compte-tenu de l’histoire allemande (traumatisme de la prise de contrôle de la Reichsbank par les Nazis), je crois effectivement que cela ne serait pas tenable pour les Allemands, comme vous le suggérez. L’issue à terme serait une zone euro déstabilisée ou détruite, avec (i) une dépréciation de l’euro, (ii) une forte inflation, et (iii) une forte hausse des coûts de financement de la France (et des autres pays de la zone) sur les marchés de capitaux. Je donne maximum 1 an à un tel scénario avant que le gouvernement ne capitule et demande l’aide du FMI.

2) le scénario où le pays quitte la zone euro est plus logique : nous reprendrions totalement le contrôle de notre politique monétaire. Nous pourrions alors essayer une combinaison d’austérité, de politique monétaire "compréhensive" et éventuellement de restructuration de la dette pour nous en sortir. Mais même avec cette approche, une forte hausse des coûts de financement me semble inévitable, et à terme un appel à l’aide au FMI.

Tous comptes faits, et quelles que soient nos convictions politiques, je pense largement préférable pour la France de rester en bons termes avec ses partenaires européens et internationaux, sans se priver de jouer des rapports de force, étant donné son rôle particulier en Europe. C’est ce qu’elle a fait le plus souvent, ces dernières années, silencieusement, notamment dans l’orientation donnée à la politique monétaire de la BCE. Il est préférable de négocier avec nos avis allemands, que de jouer les matamores et de se retrouver, à terme, sous la contrainte d’un programme du FMI, avec une souveraineté alors bien relative.

S’agissant des équilibres institutionnels, pour avoir travaillé sur plusieurs programmes UE/FMI et observé les rapports de force entre FMI, BCE et Commission européenne, je vous confirme que les 2 premières ont souvent la main, les 2 ayant la main sur les cordons de la bourse alors que la Commission européenne est politiquement faible car soumise aux pressions des Etats. Cela dit, le FMI et la BCE sont des institutions techniques : pour pouvoir porter des programmes douloureux de réforme, une validation politique est indispensable - c’est le rôle du Conseil de l’UE, de l’Eurogroup, et, dans le travail régulier de réforme, de la Commission.

EDIT : @Yonz : tout dépend de la réponse de la BCE aux pressions inflationnistes. Si la BCE accepte de laisser l’inflation dépasser sa cible explicite de pas plus de 2%, alors oui, l’effet sur la charge de la dette serait favorable. Mais si la BCE augmente les taux en réponse à cette inflation, la charge de la dette peut augmenter.

De façon générale, un environnement à taux bas, risque déflationniste (mais pas de déflation) et QE constant permet probablement de conduire plus longtemps une politique budgétaire irresponsable. C’est d’ailleurs l’une des principales critiques des Allemands envers le QE de la BCE.

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#2765 14/01/2019 13h11

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Bonjour,

Perso, j’en vois une cinquème comme cela commence à bruisser : ne jamais rembourser la dette ou la réaménager de telle sorte qu’elle ne soit que très partiellement remboursée.

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#2766 14/01/2019 13h22

Membre (2011)
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On ne parle même par de rembourser, mais de gerer sa soutenabilité
C’est a dire comment chaque anneé payé les 40 a 50 Milliards d’Euros d’interet.
On aborde pas encore le remboursement….

on se contente de la faire rouler à un taux raisonnable

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#2767 14/01/2019 13h28

Membre (2017)
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@Tatin : c’est le 4e moyen mentionné dans mon message (un défaut ou une restructuration de la dette).

Cela poserait 2 problèmes majeurs :

1) les Français sont, directement et indirectement, les premiers détenteurs de la dette souveraine française, par exemple via leurs fonds €. Les banques et assureurs français, gros détenteurs de dette souveraine française, seraient menacés de faillite et devraient être recapitalisés (a priori par de l’argent public) pour y échapper.

2) si un Etat ne respecte plus ses engagements vis-à-vis de ses créditeurs, plus personne ne va évidemment lui prêter. Il faut donc s’assurer de ne plus jamais être en déficit budgétaire, donc de maintenir pour toujours un excédent : on en est très, très loin.

Pour ces 2 raisons, une restructuration de la dette ne pourrait être envisagée que dans le cadre d’un accord politique avec nos partenaires européens et internationaux, substituant des prêts directs de l’UE et du FMI aux obligations, et maintenant une austérité sur très longue durée. Il est donc évidemment préférable pour un Etat de continuer à honorer ses engagements, un défaut ou restructuration n’étant à envisager que pour des cas extrêmes (comme la Grèce).

@Stokes : L’argument mélenchonien du rapport de forces (que je rejoins : la France est mieux placée pour négocier avec l’UE que la Grèce) a une contrepartie négative : il est beaucoup plus difficile, politiquement et économiquement, pour l’UE de "sauver" un grand Etat d’une faillite qu’un petit Etat. A l’échelle de l’Allemagne, la dette grecque n’est pas un souci majeur ; il en serait tout autre si la dette française devenait insoutenable.

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#2768 14/01/2019 13h48

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Pour aborder le sujet sous un autre angle: il est non seulement impossible d’envoyer paître des marchés financiers qui assurent nos fins de mois, mais moralement ce ne serait pas génial non plus.

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#2769 14/01/2019 14h46

Membre (2012)
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stokes a écrit :

Très franchement, je crois que vous vous trompez sur ce point Scipion8 en estimant que le carcan européen monétariste et libéral sera éternel.

La France ce n’est pas la Grèce, ni le Portugal ni Chypre : c’est un pays fondateur de l’UE qui pèse un autre poids militaire et économique que ceux susmentionnés.

On le voit déjà avec l’Italie : le gouvernement de ce pays a décidé de s’asseoir sur les traités et la rigueur budgétaire, sans évoquer la politique migratoire ; la Commission et la BCE font les gros yeux mais cela s’arrête là.

Le jour où la France décidera de laisser filer les déficits pour se redonner un peu de marge de manoeuvre, on verra de combien de divisions disposent Juncker, Draghi et Moscovici. La crédibilité des traités se juge à l’aune de la puissances des armées disposées à les faire respecter.

Si les allemands ne sont pas contents, ils pourront toujours quitter la zone Euro, grand bien leur fasse !

La ou vous avez tort c’est que laisser filer des déficits pour financer un déséquilibre structurel ce n’est pas bon en étant dans ou en dehors de l’UE. Vous pourrez vociférer tant que vous voulez sur les 3% mais vous ne comprenez pas que c’est une règle de bonne gestion.

Trop de déficit aboutit à une perte de confiance dans la monnaie (via souvent une inflation à 3,4,5,10 chiffres non maîtrisée) et un appauvrissement généralisé (+ guerre civile, troubles,  etc… c.f vénézuéla, zimbaboué…)

A noter que comme d’habitude vos informations sont largement de la propagande car l’italie a négocié avec la Commission son budget et le déficit ne sera "que" de 2.04% soit inférieur à celui de la France.

Je passe sur la partie brune de votre discours.

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1    #2770 14/01/2019 14h48

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Scipion8 a écrit :

(…) à long-terme je ne vois que 2 scénarios pour notre pays, et dans les 2 cas il y aura du sang et des larmes (bon du sang, je n’espère pas, mais des larmes, c’est inévitable) :

Scénario 1 : une profonde réforme de l’Etat (et de ses démembrements), avec des changements fondamentaux sur le périmètre de ses interventions et sur le statut de fonctionnaire. Une "purge", pour reprendre l’expression de M. Fillon. Oui, une telle réforme sera difficile - comme elle l’a été au Canada, en Suède (provoquant une crise de la social-démocratie, toute-puissante pendant des décennies), au Royaume-Uni etc.

(…)

Scénario 2 : une douloureuse réforme sous la contrainte de prêteurs internationaux - comme l’ont connue la Grèce, le Portugal, l’Irlande et Chypre - des pays qui ont aussi été conduits à des situations insoutenables par des politiques publiques irresponsables (s’agissant du budget pour la Grèce et le Portugal, s’agissant des banques pour l’Irlande et Chypre, pour simplifier).
(…)
Donc le choix, à mon sens, pour notre pays, c’est la Suède ou la Grèce, une réforme profonde librement consentie ou une réforme encore plus douloureuse sous instructions de nos partenaires européens et internationaux. Je préfère de loin le premier scénario, mais manifestement la majorité a choisi le second.

Presque tout à fait d’accord avec vous : le scenario 1 serait le plus souhaitable, mais "le peuple" veut tout et son contraire, et que les impôts soient payés "par les autres". D’où l’application du scenario 2 par la force quand la musique s’arrête et qu’il manque des chaises.

Il y a un scenario 3 moins souhaitable, mais qui a mis fin à la crise des années 30 : c’est la guerre.
On peut remplacer "guerre" par grosse catastrophe, genre épidémie. Bref quand il y a des millions de morts, les survivants s’arrachent pour reconstruire sur de bonnes bases, c’est le dynamisme allemand des années 50/60, avant même les trente glorieuses française.

Bon, souhaitons un moindre mal qui génère le scenario 1 !

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1    #2771 14/01/2019 22h02

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Un point qui avait été soulevé lors de la campagne référendaire de Maastricht et dont je me souviens clairement était que la zone euro ne marcherait pas sans harmonisation fiscale et à terme sociale. La concurrence fiscale au sein de la zone euro semble en effet avoir donné lieu à de très grandes pertes fiscales en France et plus généralement dans les grands pays (y compris en Allemagne). Si on regarde la situation budgétaire seulement, il est assez étonnant qu’il n’y ait pas eu de réaction forte de la part de la France, de l’Italie ou de l’Allemagne. Le Luxembourg, Malte, l’Irlande, les Pays-Bas, …. jouissent en revanche de rentes de situation assez étonnantes. La Suisse est un cas différent - déjà elle est hors UE.

Et il n’y a pas que  de l’optimisation fiscale haut de gamme. Il y a aussi du low-cost. On voit aussi des choses vraiment très étonnantes comme l’exil fiscal de retraités modestes français au Portugal.

Un autre phénomène étonnant est que les salaires allemands n’aient pas flambé malgré les performances de l’économie. L’aversion à l’inflation, je veux bien, mais l’aversion à l’augmentation du niveau de vie des salariés allemands ne m’a jamais particulièrement  frappé.

En revanche, ayant vécu un peu en Allemagne récemment, bien des choses y fonctionnent  bien (dans les beaux Länder) mais je puis témoigner qu’ils ne sont pas très satisfaits de l’état de leurs infrastructures (internet, rail, électricité- sans compter quelques fiascos grandioses comme l’aéroport de Berlin). N’ y aurait il pas un sous investissement dans les infrastructures au niveau de l’état fédéral?

Si le rééquilibrage, la convergence, ne se produisent pas, c’est probablement que ces déséquilibres économiques flagrants sont maintenus par de fermes décisions politiques et économiques en Europe. Ils sont tout aussi spectaculaires et néfastes que le déficit public. A noter que toute mesure de rééquilibrage de ces autres facteurs aurait des effets positifs sur le déficit public français ou italien, ainsi que sur leurs déficits commerciaux et l’activité économique.

Je comprends bien que l’aversion à l’impôt amène à se focaliser sur le déficit public. Mais n’est ce pas une perspective dangereusement  partielle?  Voire marquée par des lubies libertariennes qui sont aussi nuisibles voire plus que les lubies communistes.

Un mix d’inflation légère, de détente de la rigueur salariale et budgétaire en Allemagne, d’harmonisation fiscale ne permettrait il pas de moins concentrer les efforts?

Car si la crise budgétaire se transforme en crise politique majeure (ce qui serait inévitable en cas de défaut de la France ou de l’Italie), beaucoup sera détruit- la construction européenne pour commencer.

Quand on voit ce qu’une crise politique somme toute  limitée provoque comme gâchis quand le pouvoir ne sait pas manier les outils à sa disposition…..

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#2772 14/01/2019 23h10

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INFP

Cornelius a écrit :

…..
Une hypothèse, puisque le fil s’intitule notamment "avenir de la France": n’allons-nous pas vers une sorte de "péronisation" de la vie politique: les hommes politiques achèteront des clientèles par des promesses financées sur le déficit, accuseront "l’oligarchie", le tout parsemé de quelques interventions larmoyantes et démagogiques, jusqu’à un échec économique massif préludant à une période d’instabilité?
…..

J’avais eu le sentiment que les hommes politiques achetaient déjà pas mal de clientèles depuis un bon moment, usant de pas mal de démagogie, et quant à l’échec économique, il me semblait déjà bien en marche! Mais une marche effectivement bien instable maintenant!

Mais je peux me tromper, en ce moment j’ai l’optimisme un peu feignant!

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[+3 / -1]    #2773 16/01/2019 01h13

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Quand on voit les débats ici, il n’est pas très étonnant que la majorité des interlocuteurs ne comprennent pas les 60 à 80% des Français favorables aux gilets jaunes VS les 21% de cote de popularité de Macron.

Ce qui choque, c’est le non respect, le manque flagrant de considération , la non prise en compte de la réalité que vivent certaines personnes par le chef de l’état. Et normalement, quand on a été élu par 17% des électeurs inscrits sans programme mais avec une vision, on évite de trop se la ramener. Mais pas lui. Les citations sont légion "Les français n’ont pas le sens de l’effort, ce sont des gaulois réfractaires etc etc…"
Son pote boxeur est archi protégé et a des passes droits et passe port.
La démocratie, très peu pour lui, ça amènerait la peine de mort et la peste brune.

Les citations, sans trop chercher on les retrouve très bien ici, on pourrait comparer les déclarations du genre "il y a du travail à l’autre bout de la rue" vs "les gens ont travaillé 15-30 ans le même travail sans changer" ou les très nombreuses citations sur la paresse. Ironie du sort pour des personnes qui cherchent à devenir rentier.

Et oui, pour un investisseur ici, c’est évident il faut changer de travail, se former, car évidemment cela va tout changer. Ce n’est pas toujours vrai. Et il y a des considérations qui vont bien au delà de l’aspect financier comme la famille qui peut vous bloquer dans une région et parfois par voie de conséquence dans un emploi.

Pour un citadin, c’est évident qu’une hausse de taxe sur les carburants, c’est bon pour l’écologie et au pire on se déplace moins ou autrement.

Ce genre de débat demande un certain niveau d’empathie et il y a un choc de vision et peut être de valeur trop important pour ne serait-ce qu’une compréhension du mouvement tout comme notre cher hôte ne comprend pas qu’un grand PDG actuellement en détention se soit si bien formé, travailles si dur et optimise si bien sa gestion de patrimoine qu’il ne soit pas résident fiscal de ce cher pays.

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3    #2774 16/01/2019 01h28

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Le texte d’Ophinez me semble dénué de toute argumentation et ressemble à s’y méprendre à un discours de type "gilet jaune" c’est à dire creux, sans rentrer dans le fond et construit uniquement sur :
"T.u es arrogant point barre".

Les remarques d’E. Macron sont caricaturées sans cesse, et le moindre discours (pourtant assez factuel, et véridique) est tourné en pugilat. C’est complètement scandaleux.

Justement, ce que vous ne semblez pas admettre c’est que ce qu’ont fait pendant les 30 dernières années certains "politiques" en tenant peut être des discours qui vous sembleraient plus "respectueux", c’est de mentir.

Mentir en endormant les gens, sur le fait qu’on pourrait continuer à vivre en déficit, hé oui c’est la France qui s’est endettée, sous le contrôle du parlement (loi de 1973)

Mentir en ne poussant pas les gens à se former

Mentir en faisant croire aux gens qu’il ne faudrait pas forcément être mobile

Votre phrase : "Et normalement, quand on a été élu par 17% des électeurs inscrits sans programme mais avec une vision, on évite de trop se la ramener." ne me semble rien apporter au débat, de plus cela veut dire que les autres visions sont encore plus minoritaires (LFI, RN, etc…)

Ne manipulez pas les statistiques, il y a a peine un français sur 2 soit 50% qui "a de la sympathie pour le mouvement" car ce type de mouvement génère systématiquement un capital sympathie. Cela ne vaut pas un soutien aveugle..

Je pense que vous y gagnerez à rentrer un peu plus dans le fond et à ne pas rester dans la forme.

Vous savez, faire financer la dette par la banque centrale c’est possible comme indiquent une grande majorité d’extrêmes mais cela génèrerait énormément d’inflation, et l’inflation c’est une taxe, la taxe la plus insidieuse qui soit car diffuse et on ne sait pas vraiment qui la paye (enfin… statistiquement et historiquement, les plus pauvres)

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3    #2775 16/01/2019 02h14

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Un article intéressant de Charles Gave.

Présidence Macron : les ennuis ne font que commencer

Je partage l’analyse économique et non l’angle politique. L’auteur s’étant rattaché récemment à debout la France de Dupont Aignan.

Comme le disait le regrettable Président Chirac : » les emmerdements, ça vole toujours en escadrille »

Pour résumé: Les graphiques économiques sont à voir dans le lien.
-Baisse importante de la popularité du président Macron à un niveau d’environ ~16%
-L’économie française est sans doute en train de rentrer en récession comme l’Allemagne prochainement et l’Italie en cours.
-Les entrepreneurs/hommes d’affaires sont en train de perdre confiance
-les récessions déclenchent une baisse des marges des sociétés et que cette baisse des marges entraine une hausse du chômage quelques mois après
- Si vous voulez faire baisser le chômage, il faut et il suffit de prendre des mesures favorables aux entrepreneurs ce que la technocratie française refuse de faire depuis quarante ans, parce qu’elle sait que dans un monde où les entrepreneurs sont prospères, le prestige des énarques s’effondre.
- Quand les marges des sociétés baissent, il se passe un phénomène curieux, très peu étudié par les économistes français : le chômage augmente, les dépenses de l’état augmentent, le déficit budgétaire et la dette explosant du même coup.
-Vers la fin de 2020, la France va se retrouver avec un taux de chômage supérieur à 10 % de la population active, un poids de l’Etat dans l’économie-hors paiement des intérêts- aux alentours de 56%, un déficit budgétaire supérieur à 4 % de son PIB et une dette par rapport à ce même PIB d’environ 110 % c’est à dire dans une situation politiquement et financièrement impossible.
-Et tout cela avant que les taux d’intérêts ne remontent… ce qui sera inévitable dès que la BCE cessera d’acheter les obligations françaises parce que je ne vois pas très bien qui va en acheter en dehors de la BCE à 0. 8 % par an pour les 10 ans qui viennent.
-Quelque part en 2019, monsieur Macron va devoir faire face à une crise financière qui ne peut pas ne pas avoir des répercussions politiques.

-Vers la fin du mois de Mai, le désastre économique devrait être visible pour tout un chacun.

Mon avis

- Il y a une crise profonde du peuple envers les élues et les élites. Si vous ne respectez par la république, pourquoi le peuple devrait-il la respecter ? On s’insurge des petites arnaques sur les allocations, le travail au noir et les casseurs qui ternissent le mouvement des gilets jaunes.
Mais la violence vient d’en haut, elle est principalement silencieuse. Qui montre l’exemple en haut de l’échelle ? Combien d’élue condamnés par la justice et combien sont en prison ?
Cahuzac, Balkany, la patronne de l’INA, Anne Lauvergeon d’Areva, pour ne citez que quelques miettes… Que fait madame Lauvergeon aujourd’hui ? un parcours hallucinant entre intérêt privée et dépense des deniers publiques. Carlos Ghosn protégé par le verrou de bercy, on vit en plein rêve…ou cauchemar devrais-je dire. Et ensuite on vient pinailler pour récupérer 5€ sur les APL des étudiants ou désindexer les petites retraites sur l’inflation. De qui se moque t-on ?
Les petites retraites se font donc enfiler de 10% au bout de 5 ans si l’inflation est de 2% par an. Je ne parle même pas du livret A qui est maintenu à 0,75%, on ne sait pourquoi ?

France : l’inflation a atteint 1,8% en moyenne en 2018

Nous ne sommes pas loin. C’est tout simplement scandaleux et révoltant.
Face je perds, Pile je perds.

On regarde la Suède, la Norvège avec les yeux doux mais le niveau d’éthique des élues est absolument incroyables.

L’exemplarité et la transparence ne sont pas négociables dans ce pays où un ministre peut démissionner pour une barre chocolatée.

En Suède, on ne badine pas avec la morale

Suède : un député obligé de s’excuser après avoir acheté du vin avec les points de fidélité d’une carte professionnelle

Il faut que l’on retrouve une éthique, de la confiance envers nos représentants et des résultats rapides.

Le peuple ne demande que ça.

Carabistouilles

Dernière modification par Carabistouilles (16/01/2019 05h54)

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