#1 17/04/2015 17h24
- sergio8000
- Invité
Bonjour à tous,
Il me semblait intéressant d’échanger sur la perception que chacun d’entre nous a de sa performance, en particulier du rôle de la chance et du processus dans celle-ci.
Pour ouvrir le débat, voici ma vision des choses, qui ne regarde que mon propre processus et ma performance (historique comme actuelle).
Mon processus d’investissement (qui se veut "value"), en résumé, consiste à essayer d’identifier des situations où le risque de perte de capital est limité grâce à divers paramètres, qui peuvent (à titre d’exemple) aller d’une bête décote sur actif à des revenus de licences software récurrents à long terme.
J’estime une valeur intrinsèque de la manière la plus conservatrice possible et essaie d’acheter à un prix très inférieur à mon estimé, pour compenser les éventuelles erreurs de mon raisonnement et les possibles imprécisions de mes hypothèses (partant du principe que je ne suis pas particulièrement doué).
A aucun moment, la performance possible n’entre en considération, même si j’aime bien avoir un "rendement locatif" sur bénéfices élevé sur la base de résultats passés. Toutefois, à de très rares exceptions près (ex : contrats de service sur 20 ans, licences de software impossibles à remplacer, …), il est assez audacieux de supposer que le rendement futur sera similaire à celui du passé. J’essaie d’identifier des catalyseurs pour refermer l’écart entre prix et valeur mais, une fois encore, cela ne garantit rien en termes de performance future.
Ainsi, par rapport à ce processus, j’aurais tendance à attribuer une immense partie de ma performance passée comme présente à la chance (disons 99%). A titre d’exemple, je ne vois pas a priori en quoi acheter une société X sous son cash net ou à une fraction de sa valeur liquidative, même si X est profitable sur le moment, garantit nécessairement une bonne performance à long terme. Au mieux, cela nous laisse le temps de voir notre marge de sécurité s’en aller (si jamais cela devait arriver). Toute hypothèse de performance me semble alors relever de l’espoir.
J’accorde donc un rôle très modeste (disons 1% environ) à mon processus dans le cadre de ma performance, car, dans certains cas, j’ai des sociétés qui peuvent maintenir une certaine rentabilité par une position commerciale qui semble le permettre (du moins, c’est mon impression sans aucune certitude sur le sujet) et également pour laisser le bénéfice du doute à mon raisonnement. Toutefois, une chose est certaine : je ne saurais me vanter de ma performance et m’attribuer un quelconque mérite pour celle-ci. Au mieux peut-on accorder un crédit relatif à la réduction de prise de risque du processus qui contribue à une performance qui n’est pas négative sur le long terme.
Cela étant dit, je pense continuer opérer durablement avec le même processus car :
- C’est le seul qui me parle intuitivement,
- Je dors bien avec,
- Je suis prêt à continuer de compter sur la providence pour ma performance.
J’en profite pour noter avec un certain amusement que les gérants sont systématiquement notés par rapport à des performances, à court terme le plus souvent (5 ans ou moins), sans aucune évaluation de leur processus.
La question suivante mériterait d’être posée : préférez-vous investir avec quelqu’un qui fait 50% par an par chance ou avec quelqu’un qui a fait 5% par an en déroulant scrupuleusement un processus qui vous semble intelligent (mais n’a pas eu la chance de faire une belle performance) ?
Si le biais du résultat de notre cerveau est, à raison, parfaitement exploité dans le marketing des fonds (comment vendre autrement ?), il est intéressant de voir comme peu de gérants décrivent précisément leur processus d’investissement. Ces derniers méritent un crédit tout particulier.
Assez parlé de mon côté : quelle est votre opinion sur le sujet ?
Mots-clés : chance, performance