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8    #1 14/06/2015 10h52

Membre (2015)
Top 20 Expatriation
Réputation :   13  

Bonjour à tous,

Je me propose dans ce post de faire un retour d’expérience sur mon expatriation (détachement, nous y reviendrons) afin de faire partager ces infos aux autres membres. Comme l’expatriation par le biais de l’entreprise fait souvent l’objet de fantasme, voici ce que je peux en dire après 2 ans au Gabon (voir ma description).

I° Différence entre expatriation et détachement

Il y a une différence de taille, pas toujours bien expliqué.

L’expatriation, c’est généralement quand vous partez de la France avec tout ce qui vous rattachez à ce pays, pour partir tenter votre vie ailleurs. Vous gardez votre nationalité bien sûr, mais vous perdez vos obligations (impôts, cotisations) et vos droits (sécurité sociale) puisque plus rien ne vous rattache à la France. Les gens font parfois un raccourcis rapides entre travailler temporairement à l’étranger, et s’affranchir des impôts. C’est souvent trop rapide … comme le stipule ces articles :

Les Echos - Guide pratique de la fiscalité pour les expatriés - Archives
Imposition des expatriés et détachés.
Impots.gouv.fr

- Etes-vous bien non-résident ?


Pour faire simple, ce n’est pas parce que vous passez plus de 183 jours à l’étranger que vous ne paierez pas d’impôts, surtout si vous avez laissé pas mal de choses en France (de l’immobilier, des comptes bancaires, etc). Il faut regarder au cas par cas, et bien se renseigner. Surtout qu’en général, il y a une double convention fiscale entre votre pays d’accueil et la France.

Le détachement, notamment dans le secteur de l’oil & gas pour ce que j’en connais, est la continuité du salariat en France (vous êtes dans toujours en CDI), mais avec un avenant sans limite de durée pour une mission à l’étranger. Je ne parlerai que de ce que je connais : l’Afrique.

Il est à mon sens plus intéressant que l’expatriation en contrat local, puisque pas mal de choses sont pris en compte par l’entreprise, et en rentrant vous avez toujours votre poste (en théorie …). C’est donc l’entreprise française ou européenne qui vous envoie en mission longue dans une de ces agences à l’étranger. On parle d’expatriation, mais c’est un abus de langage.

II° Quels sont les avantages du détachement ?

Ils sont multiples. Je ne parlerai pas de découverte de culture ou de dépaysement, même si ça joue énormément lorsque l’on rentre en France. Ca fait du bien de voir autre chose que du franco-français …

Donc les avantages :

- Salaire français versé sur le compte français, comme d’habitude, majoré d’une prime d’expatriation, généralement entre 20 et 30 % brut en plus. Cela dépend des pays … 20 % pour le Gabon, 30 % pour l’Angola par exemple (condition de vie du pays).

- des indemnités de grand déplacement, ça dépend beaucoup des entreprises. La mienne n’étant pas connu pour bien payer, c’est 20€/jour

- Sur place, tout est payé : appartement, voiture, essence, téléphone. Attention à l’angélisme : ça dépend énormément des entreprises ou des agences. Certains auront des voitures individuelles, d’autres seront de corvées de ramassage le matin … idem pour les appartements, ça dépend aussi de votre grade, guest house à plusieurs ou appartement individuel (seul, en famille, etc).

- des "ivl", ou indemnité de vie locale, une somme fixe versée pour chaque jour de présence (à terre, en offshore il n’y a rien) dans le pays. En Afrique équatoriale (Congo, Cameroun, Gabon, etc.), c’est généralement dans les 30 000 xaf/jour, soit 45€. En Angola, c’est dans les 90 $ pour un célibataire, dans les 110 $ en famille (Luanda étant l’une des villes les plus chères du monde avec l’inflation pétrolière). C’est pour faire vos courses, allez chez le médecin local, votre petite bière, l’abonnement à canal, l’école du petit, j’en passe.

- le système de rotation : si vous êtes dans la production offshore, c’est généralement du "28/28", c’est à dire 28 jours en mer non stop, et 28 jours en vacances en France (payées). Si vous êtes à terre dans les bureaux comme moi, c’est souvent du "12/3" (12 semaines en local, 3 semaines en France), voir du "5/1" en famille (5 mois/1 mois). Après ça dépend énormément de votre entreprise …

- la fiscalité : bénéficiant de l’article 81A du CGI si j’y passe plus de 183 jours, je ne paye tout simplement pas d’impôts tout en étant bien rattaché à la France. Une niche méconnue … voir les liens ci-dessus.

- Enfin, vous n’êtes plus rattaché à la sécurité sociale, mais à la CFE (caisse des français de l’étranger). Vous payez une mutuelle obligatoire, et c’est elle qui s’occupe de tout. Ca ne me coute pas plus cher, et j’ai l’impression d’être mieux remboursé.

- Moins de cotisations sociales sur le brut.

- Avoir de très bonnes accélérations professionnelles

Si je résume, avec un salaire X de France :
Un mois complet sur place de 30 jours : X * 1,20 + 30 * 20 € + 30 000 XAF * 30
Un mois de vacances en France : X * 1,20

III° Quels sont les inconvénients ?

- Avoir des intestins solides le premier trimestre !

- Ne pas avoir peur de passer 30 jours en mer pour les gens de la production, ou bien de voyager dans des compagnies black listées pour des réunions (Rwandair, Equaflight, Africaviation, TAC, …)

- La vie locale peut être plus ou moins sympa, voir nullissime dans des villes pétrolières coupées du monde …

- alcool, prostitution et magouille font et défont les jeunes qui arrivent … ou les plus anciens. J’ai vu des choses réellement dramatiques …

-  Si vous partez en famille, il va falloir gérer l’adaptation de Madame, l’école du petit, et vos ivl vous serviront tout juste à assurer le repas si tout le monde garde ses habitudes de nourriture européenne. Tout est importé, les prix sont donc doublés, quand vous avez la chance de trouver ce que vous voulez. Il y a souvent des divorces à la clé, les gens idéalisant beaucoup trop "l’expatriation".

- 90 % des "expats" (donc des détachés) que j’ai croisé dans le monde de l’oil & gas ont fait le circuit classique Congo, Gabon, Côte d’Ivoire, Guinnée Equatoriale, Nigéria, Cameroun, Afrique du Sud, depuis plusieurs années. Outre une "africanisation" rendant le retour compliqué en métropole, ils sont souvent plus ruiné que quand ils sont parti. La culture financière fait encore une fois la différence …

- horaires sans limite, 7h-21h du lundi au samedi, et parfois on s’y remet dimanche. La première rotation j’ai perdu 10 kg … et je ne suis pas bien épais !

IV° Ma conclusion

Je suis parti à 30 ans au Gabon, pays relativement stable (attention aux élections en 2016 au Gabon, Congo, et ex-RDC la même année me semble-t-il.) pour 2 ans : je rentre à la fin de l’année. J’ai toujours été franc avec moi-même : j’avais une opportunité dans un laps de temps limité, mon couple était solide, la petite encore en bas-âge. Après une décision commune, j’ai foncé.
En famille, ça n’aurait pas marché, Madame aurait du démissionner, et le retour aurait été très compliqué.

Comme j’étais seul sur place, j’ai vécu humblement pendant 2 ans, mais c’était le but. J’ai pu clairement mettre de côté, ne pas beaucoup toucher à mes ivl, et avoir une progression professionnelle que je n’aurais jamais eu en France (passé de contrôleur de gestion à pratiquement DAF). J’ai gagné de nombreuses années sur le crédit de ma RP qui sera finie dans quelques années.

J’ai rencontré des gens improbables, vécu des situations atypiques, et voyagé au delà de mes espérances.
J’ai surtout eu la chance que ma compagne m’attende pendant 2 ans, elle même ayant un bon salaire. Je n’aurais pas pu faire d’avantage sans risque familiaux, c’est évident. 2 ans, c’est déjà énorme, et on est tous impatient d’atteindre la fin de l’année. Je reconnais avoir eu beaucoup de chance d’être tombé sur la bonne personne, et de ne pas avoir succombé aux pièges locaux (alcool, mœurs légères, …). La responsabilité sur place dépend aussi d’une certaine légitimité, ça aide donc.

Cela m’a ouvert les yeux sur les opportunités d’investissement dans le monde, sur les autres cultures, et sortir du cadre franco-français. J’ai l’intime conviction que je ne pourrai pas être salarié très longtemps, et j’ai donc des projets à moyen terme. Bref, l’expérience aura été très profitable, indépendamment de la partie financière. Ca permet de relativiser beaucoup de choses aussi, d’ouvrir l’esprit. On se surprend à regarder d’avantage CNN ou Bloomberg que TF1.

Même si les anciens nous disent que ça ne vaut plus le coup et que les conditions sont de pire en pire chaque année (des entreprises suppriment les GD et les primes d’expatriation depuis cette année), ça reste encore une fenêtre de tir pour une expérience limitée en célibataire.

Voilà pour ce poste un peu long. Si vous avez des questions (nom des entreprises du secteur, etc.), n’hésitez pas !

Mots-clés : détachement, expatriation, fiscalité, imposition, étranger

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#2 14/06/2015 11h22

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Superbe analyse de statut - qui va aider plusieurs "expats" de ce secteur qui lisent ce forum.

Effectivement j’ai bien connu ce milieu du temps de Prepa puis Forex puis Schlumberger… C’est un travail dur meme si bien renumere qui impacte la vie de la famille restee en France mais permet d’accéder a l’indépendance financière assez rapidement - si on economise tout ou presque.

Quelles boites aujourd’hui pour les Francais en Afrique? au Bresil ? Merci

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2    #3 14/06/2015 11h36

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Pour les entreprises, c’est assez varié (je ne parle que de ce que je connais, donc l’Afrique subsaharienne. Il y a également KBR en Algérie, et pas mal d’autres entreprises à Abu Dhabi. J’ai des collègues sur place, je peux demander.)

Vous avez les donneurs d’ordre : Total, Perenco, Maurel et Prom pour les françaises. Chevron, Shell, Exxon, Addax (chinois), Vaalco pour les étrangères les plus connus.

Après il y a tous les sous-traitants direct, de l’entretien industriel à la soudure des plateformes : Schlumberger effectivement, Ponticelli, Friedlander/Ortec, Subsea7, Hallyburton, Transocéan, etc.

Et les indirects : les bateliers (Bourbon, Seacor, …), le catering (Newrest, Sodexo), tous les marchands de protections individuelles, de peinture (International/Hempel), d’échafaudage (Layer/Entrepose), les transitaires (Necotrans, Bolloré, etc.). C’est archi-vérouillé par contre, il y a énormément de barrières à l’entrée financières, administratives, politiques pour les entrepreneurs en herbe.

A noter que le secteur réduit la voilure :

Subsea7 : Le pétrolier Subsea 7 supprime 2500 emplois

Schlumberger : Schlumberger va supprimer 11000 emplois supplémentaires dans le monde - L’Express L’Expansion

Hallyburton : Schlumberger va supprimer 11000 emplois supplémentaires dans le monde - L’Express L’Expansion

Sans compter les charrettes de freelance littéralement "fired" du jour au lendemain. Mais ils se recyclent dans d’autres pays, les conditions baissent, et finalement ça survit, à la mode low-cost avec la baisse du prix du baril. Les emplois supprimés sont souvent des emplois locaux à faible valeur ajoutée (comme bien souvent) pour tout un tas de raisons qui sont surtout politiques (africanisation obligatoire des postes depuis 10 ans, les pétroliers n’attendaient qu’une crise pour recadrer les choses. Mais c’est un autre débat et ça dépend des pays et des politiques menées).

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#4 14/06/2015 14h29

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Bon sujet.

Il y a différentes choses à ne pas mélanger.

Expatriation versus détachemenet

Il y a deux aspects. Le premier a été évoqué, c’est être détaché par son entreprise à l’étranger (avec un avenant en gardant son contrat CDI).

Le détachement du point de vue "social" est tout autre. Le détachement sous cette autre signification veut simplement dire que vous restez rattaché à votre pays d’origine, avec pas mal de prélèvement sociaux (en fait comme si vous alliez bénéficier de la sécu en France, et comme si vous restiez en France). Donc pas de CFE, etc… Ce statut existe quand on reste en Europe et coûte cher à l’employeur.

Mon cas personnel : détaché en Afrique du Nord, en base vie en rotation pour un chantier de construction (détaché au sens contrat, mais social wink ).

Je me retrouve dans vos propos. Expérience dure. Isolement. Salaire important (même si la tendance est à la baisse !).

On apprend énormément, après, il n’est pas garantie de pouvoir le faire valoir à son retour en France. Je n’ai pas réussi dans mon cas ç à le valoriser… Alors que mes 3 ans, valaient bien plus de 10 années d’expériences que j’aurais pu avoir en France…
ça m’a vraiment transformé.

Sur le salaire, et les impôts. J’ai beaucoup gagné. Je n’ai presque rien dépensé. Rien dépensé, car il n’y avait rien à faire ! Plus aucune vie sociale ! Les problèmes psychologiques, personnels des gens ressortent énormément et s’amplifient. Si vous travaillez en base vie ou équivalent, il faut être solide, sinon, on se détruit !
Sur les impôts, j’ai eu droit au même article pour mes revenus pros. Ces salaires m’ont aidés à constituer le portefeuille que je publie régulièrement (dans une bonne partie).

C’est une expérience à faire, jeune ou plus vieux.

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1    #5 14/06/2015 15h01

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Je vous rejoins tout à fait sur la complexité de valoriser l’expérience professionnelle étrangère au retour.

Le niveau des ressources humaines étant assez faible (c’est un euphémisme), et le monde de l’entreprise très borné, ils ne recrutent que ce qu’ils connaissent, tout en prônant la diversité… On se rend compte aussi combien notre pays est malheureusement en décalage, y compris avec l’Espagne ou l’Italie qui valorise bien mieux ces expériences.

On aborde un des thèmes sous-jacent de certaines discussions sur le forum, le cadre de mentalité très restreint qui est en place aujourd’hui, surtout en France avec un réflexe très défensif sur le monde étranger. C’est parfois très cocasse …

Mais financièrement, c’est un accélérateur certain.

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#6 15/02/2018 09h24

Membre (2015)
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Bonjour,

Je me permets de rebondir sur le témoignage de Zigarov qui commence à dater. Je suis également détaché par ma sté Française en Afrique du Nord sur un projet Oil & Gas (rotation 28/28, logement en base de vie).
Je souhaiterais passer Freelance dans un futur proche afin d’améliorer mon salaire (en ayant évidemment conscience du risque de se faire virer du jour au lendemain) mais je me pose pas mal de questions sur ce sujet, surtout dans le contexte actuel.

Travaillant avec 80% de Freelance, je remarque un léger frémissement sur le marché de l’emploi à comparer à 2016/2017 qui étaient plat de chez plat se traduisant depuis quelques mois par des démissions croissantes, néanmoins, les conditions de vies sont tellement difficiles sur mon projet (isolement total / Gestion projet calamiteuse / climat extrême) que des personnes sont prêtes à démissionner pour toucher moins voir même pour rester au chômage et chercher plus tard…

Est ce que les personnes du milieu ressentent une amélioration du marché du travail en oil & gaz? De même, après des baisses de dailyrate de 20 voir 30% sur 2016, je n’ai pas du tout l’impression que la tendance s’inverse de sitôt.
Quel serait pour vous le gap de salaire minimum qui justifierai le passage en freelance, 30, 40% ?

Ju

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