Ce que vous voyez sur ces sites allemands n’est pas la double eagle de 20 $ dont nous parlions, pièce historique de 0,9675 oz, mais la pièce moderne d’une once. Ca n’a rien à voir.
Sur le marché allemand, les pièces modernes avec des dénominations en once et fraction d’once sont appréciées par les investisseurs, souvent jeunes (c’est valable aussi bien pour l’or que pour l’argent). Américaines (eagle et buffalo), canadienne (maple leaf), autrichiennes (philarmoniker), etc.
Sur le marché français, on est largement resté sur les pièces traditionnelles. Dans l’assortiment CPoR, seules les souverains et les krugs sont des pièces encore frappées. Ca veut dire qu’à part les souverains et les krugs, CPoR ne pouvait pas se fournir en pièces neuves pour répondre à la demande. On restait sur un équilibre offre/demande sur des pièces en quantité finie ; quantité d’autant plus réduite que de très nombreuses pièces sont parties à la fonte au cours des années.
Du coup, au fur et à mesure de l’engouement pour l’or, CPoR n’arrivait plus à fournir assez. C’est pour ça que le 20F nap avait 20 % à 30 % de prime, pendant toute une période. Pour alimenter la demande, au lieu d’opter, comme le marché allemand, pour les onces et fractions d’once en pièces neuves, CPoR a fait le choix (en 2010) d’introduire les lingotins dans son offre (qui auparavant, en plus des pièces, ne comportait que le lingot d’1 kg). Du coup, une partie de la demande s’est détournée vers les lingotins, et la prime du nap est redescendue.
Les onces et fractions d’once sont de jolies pièces, surtout quand elles sont neuves, et elles commencent à se répandre en France, mais elles peuvent être difficiles à écouler à la revente, en tout cas auprès des pros français. C’est pour ça que je recommande, pour les Français, de rester sur les pièces traditionnelles : n’importe quel pro, partout en France, vous reprendra des 20F naps, 20 F suisse, souverains ou krugs sans faire de difficulté (généralement payé cote CPoR -3 % de commission - 10,5 % de taxe). De même, pour vendre à des particuliers, pas de problème (sauf peut-être le krug qui est quand même beaucoup moins courant en France).
Le seul point de recoupement entre le marché des onces modernes (type Us et Allemagne), et les pièces du marché français (c’est à dire celles de l’assortiment CPoR) c’est la krug. Mais en 1 once seulement, les fractions d’once ne sont pas cotées en France.
Si on veut investir dans l’or (et non pas collectionner des jolies pièces), un critère important est la liquidité. C’est à dire des pièces courantes, faciles à revendre (je crois que je l’ai dit assez de fois, je vais arrêter maintenant ).
Après, je n’interdis à personne d’acheter des pièces modernes en once et fraction d’once (qui commencent quand même à se répandre sur le marché français), je dis juste que ça peut être un peu plus difficile à revendre à sa juste valeur.
Soit dit en passant, le fait que CPoR cote les pièces américaines anciennes (5$, 10 $ et 20 $), à un tarif unique, est assez aberrant, car parmi toutes les pièces d’investissement, ce sont sûrement celles dont la valeur dépend le plus de considérations numismatiques. Il n’y a donc pas de tarif unique, mais un tarif variable en fonction de la rareté de la pièce et de son état de conservation. Du coup, les rares pièces de ce type qui passent chez CPoR sont des pièces en état correct mais sans valeur numismatique (années courantes et état de conservation juste correct).
Enfin, pour répondre à une autre de vos questions, les sites allemands n’ont presque jamais de naps, parce que leur business, c’est d’importer des pièces neuves et de les revendre. Nos "vieilles pièces françaises" ne les intéressent pas.
PS : il faut quand même que je traite un autre sujet pour être complet. Dans le système CPoR, ne sont acceptées que les pièces suffisamment bien conservées, dites "boursables". A partir de quel état de conservation ? Ce n’est pas très précis, car c’est CPoR qui le définit. En gros, pour des 20 F naps, il faut TTB à SUP. Avec SUP, c’est mieux, on est sûr de passer. SUP correspond à une pièce en très bon état, avec très peu d’usure (un peu comme les pièces qu’on a tous les jours dans notre porte-monnaie).
Quand on achète à des pros, surtout s’ils sont approvisionnés par CPoR, on va recevoir des pièces de cette qualité-là.
Quand on achète à des particuliers, c’est plus variable. On risque de tomber sur des "savonnettes", c’est à dire des pièces très usées.
CPoR n’a pas le monopole du marché de l’or et je ne dis surtout pas qu’il est indispensable de passer par eux. Mais pour ce forum qui s’adresse surtout à des gens qui ne connaissent pas ce marché, le réseau CPoR et/ou les marchands pros (qui ne fonctionnent pas tous avec CPoR) restent le plus simple.
Ce qu’il faut retenir de cette explication, c’est que si on veut investir dans l’or, et si on veut de la liquidité c’est à dire des pièces faciles à revendre, il faut éviter les pièces usées. Même pour une revente à un particulier, des pièces bien conservées se revendront bien mieux que des "savonnettes".
PPS : je ne sais pas si je l’ai dit, alors je le dis : on ne nettoie pas les pièces. Surtout pas de gomme ou de dentifrice, ça fait des micro-rayures. A la rigueur, du savon et de l’eau chaude, frotter délicatement entre le pouce et l’index, rincer, essuyer délicatement avec un chiffon doux ; rien d’autre.
Dernière modification par Bernard2K (14/09/2015 23h57)