Ceux qui ont répondu dans les posts précédents ont le mérite de l’avoir fait et d’avoir ainsi essayé d’aider. Mais leurs réponses, même quand elles sont justes, ont le défaut d’être assez imprécises.
Je vais essayer de répondre de manière précise, en tant que spécialiste des systèmes de retraite.
Voici déjà la conclusion: un jeune salarié (disons de moins de 35 ans) travaillant hors de France, qui n’a jamais ou très peu cotisé en France mais qui envisage désormais de cotiser pour la retraite en France, en se disant par ex. que la suite de sa carrière pourrait se faire dans notre beau pays:
- n’a en fait JAMAIS intérêt à cotiser aux caisses de retraites complémentaires Agirc/Arrco
- pourrait dans de très rares cas, peu fréquents, avoir intérêt à cotiser à la retraite de base, auprès de la CFE.
Et même si l’employeur offre de payer la cotisation à ces régimes, il vaut mieux lui dire de bien vouloir ne pas cotiser et de vous verser à vous-même l’équivalent de ces cotisations, pour que vous vous constituez une épargne personnelle utile à la retraite.
Sans rentrer dans les détails et dans de calculs complexes (qui peuvent néanmoins être faits), voici schématiquement les raisons:
- le rendement des régimes Agirc/Arrco est devenu très faible et va vraisemblablement encore baisser et il est encore plus faible pour des salariés jeunes.
Ce dernier point, scandaleux et que la presse ne relève jamais, n’a rien à avoir avec le vieillissement de la France. C’est purement financier ou actuariel. Quand on cotise 100€ à ces régimes en 2016, le salarié quel que soit son âge acquiert le droit de recevoir une pension viagère d’un peu moins de 6€/an (en € de 2016), versée pour faire très simple à l’âge moyen de 64 ans.
Ce qui veut dire que le salarié de 55 ans commencera à recevoir sa pension dans 9 ans et celui de 25 ans dans 39 ans ou plus. Du point de vue strictement actuariel/financier, la première pension vaut plus que la seconde car on commence à la recevoir beaucoup plus tôt.
Si on veut une équité actuarielle, il faudrait que la cotisation de 100€ en 2016 génère davantage de pension (autrement dit, davantage de points retraite) pour le salarié de 25 ans. Comme ce n’est pas le cas, le salarié de 25 ans, qui n’est pas obligé de cotiser (il serait obligé de le faire s’il travaillait en France, mais pas si c’est à l’étranger), doit s’abstenir de le faire.
- d’autant qu’il y a un désavantage fiscal: le salarié résident en France déduit de son revenu imposable en France ses cotisations retraite, et donc économise de l’IR. En revanche, sa future pension sera imposable.
Mais le salarié résident à l’étranger et qui cotise en France n’économise rien sur son IR français, puisqu’il ne paie pas d’IR en France. En revanche, sa future pension sera imposable en France s’il y est résident. Bref, impôt à la sortie alors qu’on n’a pas pu profiter de la déduction à l’entrée.
- enfin, avec les régimes complémentaires Agirc/Arrco, le fait de ne pas avoir cotisé quand on est jeune et de cotiser seulement disons pendant 20 ans quand a a 40-50 ans après son retrour en France, n’entraîne pas de pénalité. Bien sûr, ayant cotisé 20 ans et non 40 ou 45 ans, ces retraites seront logiquement plus faibles. Mais il n’y aura pas de décote pour nombre d’années de cotisations trop faibles.
- A l’inverse, il y aura bien décote avec la retraite de base de la Sécu/CFE. Cotiser moins que les 42-43 ans désormais requis entraîne une décote. Voilà pourquoi, dans de très rares cas que je ne détaillerai pas, le jeune salarié à l’étranger, qui compte revenir vite en France et y avoir ensuite une longue carrière salariée, pourrait avoir intérêt dès le début à cotiser à la seule retraite de bas, pour éviter toute décote future.