3 #1 10/06/2017 09h54
- parisien
- Membre (2010)
Top 20 Expatriation
Top 20 Vivre rentier
Top 50 Actions/Bourse
Top 50 Entreprendre
Top 10 Banque/Fiscalité
Top 5 SIIC/REIT - Réputation : 588
Pour commencer, je tiens à préciser que je ne suis pas un anti-impôts primaire, mais quelqu’un de mesuré et pondéré qui comprend très bien la nécessité de payer des impôts pour financer le fonctionnement de l’Etat et la solidarité nationale.
Mais là on parle d’un impôt qui a été progressivement durci et qui est devenu punitif sous l’action haineuse de quelques fonctionnaires de Bercy. Ils voulaient sans doute se venger de la situation antérieure, quand des dirigeants actionnaires d’entreprises françaises s’exilaient juste avant la cession de leur entreprise, privant ainsi la France de l’impôt sur l’(énorme) plus-value de cession, alors que cette entreprise a vu sa valeur augmenter pendant la longue période où la dirigeant résidait en France.
Mais à force de durcir le texte, on est tombé dans l’excès inverse et dans des situations potentiellement dramatiques où quelqu’un qui a des raisons légitimes de quitter la France doit renoncer à le faire faute de pouvoir payer un montant énorme d’exit tax.
Beaucoup de personnes s’expatriant sont désormais concernées par l’exit tax ,à savoir ceux qui ont:
- 800 K€ au moins en valeurs mobilières (c’est bien le montant total des valeurs mobilières: actions, obligations, … et pas le seul montant des plus-values latentes sur ces valeurs)
- OU 50% au moins d’une société, aussi petite soit-elle
L’impôt se calcule ainsi:
- (1) on calcule l’IR et les prélèvements sociaux sur les revenus imposables de l’année de départ
- (2) on calcule l’IR et les prélèvements sociaux sur ces mêmes revenus ET la plus-value en supposant que toutes les valeurs mobilières de l’expatrié sont cédées juste avant son départ (mais attention seules les valeurs en plus-value, les valeurs en moins-value étant laissées de côté)
L’exit tax est égal à la différence entre (2) et (1).
L’exit tax, pour être juste, doit être au plus égal à l’impôt sur les plus-values qiu’aurait payé l’expatrié s’il était resté en France. Or l’exit tax est supérieur, parfois très supérieur, à ce montant:
- les plus-values latentes sont immédiatement imposées, mais sans tenir compte des moins-values latentes, ni de l’éventuel report fiscal déficitaire que le contribual a par ailleurs
- s’il était resté en France, le contribuable aurait probablement réparti la vente de ses actions sur de nombreuses années, restant ainsi dans les basses tranches du barème. C’est notamment le cas où il dispose d’un portefeuille actions diversifié (cas du rentier qui s’expatrie), par opposition au cas d’un dirigent d’entreprise possédant uniquement des actions de son entreprise.
Or, en supposant une vente (fictive) immédiate de toutes les actions, le contribuable se trouve propulsé au TMI maximal (41%, voire davantage), sans que la loi ait prévu un mécanisme d’atténuation comme le système du quotient pour les revenus exceptionnels. Et pourtant, une vente massive de toutes les actions procure bien des plus-values qui seront un revenu exceptionnel, puisque ce revenu ne se répètera pas les années suivantes.
- le contribuable résident français paie son impôt sur les plus-values grâce au produit de la cession des actions qu’il vient de vendre. A l’inverse il y a potentiellement un gros problème pour le paiement de l’exit tax exigible immédiatement si l’expatrié s’établit dans un pays hors Union Européenne et si l’expatriation n’est pas justifiée par des motifs professionnels appréciés strictement (si l’on part en Suisse, donc hors UE, il ne suffit pas de dire par ex. que l’on va y travailler comme vague consultant).
En effet, comme l’exit tax peut assez facilement atteindre 41% (IR) + 17% (futur taux prélèvements sociaux), soit 58% de la plus-value, ou 40 à 50% de la valeur des actions détenues si la plus-value latente est élevée, l’exit tax est non seulement confiscatoire, mais son paiement peut être un vrai problème, notamment si une partie des actions est non cotée et ne peut pas être vendue rapidement sauf énorme décote.
En résumé, l’exit tax est bien punitif:
- son montant dépasse, et parfois de beaucoup, l’impôt sur les plus-values mobilières du contribuable s’il était resté résident. Et cette différence va d’ailleurs encore s’accroitre quand sera votée la baisse à 13% de l’IR sur les plus-values (13% = taux forfaitaire de 30% annoncé par Macron, moins 17% de prélèvements sociaux), alors que pour le moment aucune modification de l’exit tax n’a été annoncée.
- aucune atténuation de l’impôt n’est prévue, alors que le résident lui peut en bénéficier (compensation avec les moins-values ou avec un éventuel report fiscal déficitaire, étalement des cessions donc de l’impôt sur plusieurs années)
- paiement immédiat, qui peut obliger à renoncer à l’expatriation, même quand elle a un motif très légitime. Le contribuable devient en quelque sorte prisonnier en France. Certes, il peut en théorie éviter le paiement immédiat s’il produit une caution bancaire de même montant. Mais cela ne ferait que déplacer le problème: la banque, pour accorder sa caution à un client quittant la France, va demander à nantir un montant au moins équivalent.
Mots-clés : exit tax, expatriation, impôt punitif
Hors ligne