Bonjour,
Sujet passionnant effectivement. Je l’élargirais un peu en disant : pas seulement fabriquer, mais aussi entretenir et réparer (car en anglais, DIY est quasiment synonyme de "bricolage", donc y compris entretien et réparation ; pas seulement de "fabriquer soi-même"). Avec quelques outils, du WD 40, une burette d’huile, du scotch (notamment scotch d’électricien et duct tape), et de la colle (notamment néoprène, cyano ["super glue"] et epoxy ["araldite"]), on fait déjà pas mal de choses.
1) le premier niveau, c’est d’entretenir pour prévenir l’usure. Graisser et huiler plutôt que de laisser rouiller (exemple typique, chaîne de vélo ; c’est fou la quantité de gens qui ne lubrifient pas leur chaîne de vélo). Etc.
2) ensuite, petites réparations pour éviter les objets qui ne fonctionnent qu’à moitié et sont particulièrement énervants : porte qui grince ou qui ferme mal, mauvais contact électrique, chasse d’eau qui fuit, etc. C’est notamment très adapté aux petites réparations qui ne justifient de toute façon pas de faire venir un artisan. Est-ce qu’on fait venir un menuisier pour une porte qui coince ? Un plombier pour une chasse d’eau qui fuit un peu ? Presque jamais ; donc, si on ne fait pas la réparation soi-même, on est condamné à vivre pendant des années avec le truc qui fuit/grince/coince.
3) ensuite, les réparations pour les vraies pannes (objet qui ne fonctionne plus du tout). Souvent, avec quelques outils, de la patience et de la méthode, on s’en sort même si on n’est pas spécialiste du sujet. Par exemple, j’ai réparé une machine à laver qui pouvait encore faire de l’usage mais qui avait comme problème une fuite d’eau. Démontage et diagnostic : un plastique cassé, car la cuve a des mouvements excessifs, car les "amortisseurs" étaient usés. C’était la première fois que je m’attaquais à un tel appareil, mais ce n’était vraiment pas sorcier. Deux amortisseurs changés après achat auprès d’un SAV (pour quelques euros) ; plastique reconstruit à l’epoxy. Depuis sa réparation, elle fonctionne depuis des années.
Pour l’électricité et l’électronique, outre les outils suscités, on aura intérêt à avoir un multimètre et un fer à souder, ainsi que de la "bombe contact" pour tout ce qui est mauvais contacts en électricité et électronique et notamment les "scritch scritch" en audio. Même sans rien comprendre à l’électronique (par exemple en étant bien incapable de détterminer la valeur de la résistance à mettre dans tel montage), la plupart des pannes sont dues à des faux contacts. Si on peut ouvrir l’appareil, tester que les fils emmènent toujours le courant là où ils devraient, et ressouder un fil dessoudé ou une soudure froide, on peut déjà réparer 80 ou 90 % des pannes.
Concernant le matériel, quand on ne fait que bricoler, on ne peut pas acheter le très haut de gamme (genre Facom pour la mécanique et Festool/Hilti/Bosch bleu/Makita pour l’électroportatif). Certes, si on est riche on peut se l’offrir quand même, mais ça diminue la "rentabilité" du bricolage (quand on rapporte le coût de l’équipement aux économies réalisées en ne faisant pas appel à un professionnel).
Attention, je ne parle pas ici de celui qui construit sa maison ou refait des immeubles et qui aura alors intérêt à s’équiper en matos pro ; mais du bricoleur du dimanche.
Pistes pour de l’équipement pas cher :
- pour les outils, les coffrets d’outils à pas cher, type cadeaux qu’on peut "acheter" avec les points de certains supermarchés, promos du camion, etc. Il paraît que Brico Dépôt a des malettes d’outils pas chers, mais ce sont des coups ponctuels, donc pas toujours disponible.
- pour l’électroportatif, la marque Parkside chez Lidl a de bons retours. Ce n’est bien sûr pas au niveau du matos pro, mais c’est quasiment au niveau des marques grand public valant 2 à 3 fois plus cher. Et même des pros avouent en acheter comme seconde machine (de dépannage) ou pour des outils qu’ils utilisent rarement et donc hésitaient à acheter en matos pro à cause du prix.
Problème : alors qu’en Allemagne il semble que la ligne d’outils soit plus ou moins disponible en permanence, en France ce sont des coups ponctuels. Cela dit, celui qui achèterait ces outils au fur et à mesure de ces "coups ponctuels" se constitue un bon stock d’outils pour pas cher.
En un peu plus cher, j’aime bien Ryobi ; bon rapport qualité/prix.
- les coffrets du type : "perceuse + 200 forêts, fraises et accessoires" sont très rentables pour le bricoleur du dimanche. Dès qu’on doit racheter des mèches, fraises ou autres à l’unité, ça revient très cher. Le fait d’avoir un gros assortiment d’accessoires fournis avec l’outil principal est donc très avantageux, au long terme. Comme je suis plutôt économe et me méfie de la tendance à nous faire acheter plein de trucs dont on n’a pas besoin, j’aurais plutôt tendance à acheter seulement ce dont j’ai besoin pour le moment ; mais à l’inverse de cette tendance, à chaque fois que j’ai acheté un tel coffret très fourni, je m’en suis félicité par la suite.
La discussion sur la qualité du matos est infinie, les gros bricoleurs étant de fervents défenseurs du bon matos. Mais du point de vue du bricoleur occasionnel, il faut se dire que du matos même moyen dépanne mieux que pas de matos du tout. Par exemple, une amie n’avait pas du tout d’outils au début ; elle a acquis une mallette d’outils avec les points du supermarché, elle a acquis un spray de WD40, une burette d’huile, quelques rouleaux de scotchs, et ça suffit déjà pour faire quelques réparations ponctuelles.
Même pour le bricoleur un peu plus expérimenté, le prix du matos est souvent un frein à l’achat pour un truc qui serait vraiment très utile (par exemple, rajouter une scie circulaire alors qu’on n’a qu’une scie sauteuse). A mon avis, il est alors pertinent d’acheter un matos moyen de gamme (par exemple une scie circulaire à 60-120 €) plutôt que de repousser l’achat parce qu’on peut pas se payer du Makita.
A mon avis, le matos à éviter est le très bas de gamme. Exemple : les tournevis tout mous qui se "foirent" au lieu de dévisser ; le matos casto premier prix, emballage noir et orange (j’ai testé une scie circulaire, 10 ou 15 € : une daube intersidérale, dès le début la tole dans laquelle l’outil est construit s’est voilée ce qui fait qu’elle ne sciait pas droit. Je l’ai mise à la déchetterie car il n’y avait rien d’autre à en faire). Pas toujours facile de distinguer le matos "moyen mais correct donc très bon rapport qualité/prix" (exemple Parkside à mon avis), par rapport à la "daube intersidérale".
Même des gens qui ne bricolent pas du tout ont intérêt à avoir un peu de matos de ce type : le jour où un visiteur leur propose de revisser tel truc ou de huiler tel autre, au moins la réparation peut être faite dans la minute. Pour le bricoleur qui propose de réparer un petit truc, c’est toujours troublant quand les gens n’ont même pas chez eux un tournevis ou une burette d’huile. Comment peut-on vivre sans ?
Pour ce qui est de se renseigner sur l’internet, il y a effectivement beaucoup d’infos et notamment de tuto en vidéo ; mais certains sont vraiment pourris (mauvais gestes montrés, solutions foireuses…). Il faut savoir séparer le bon grain de l’ivraie. Pour du bricolage courant, on aura par exemple intérêt à se référer aux vidéos des enseignes de bricolage ou marques d’outils, elles montrent les gestes des pros là où le pékin moyen qui a voulu lancer sa chaîne youtube montre parfois des choses beaucoup plus approximatives.
Pour finir, une mise en garde : attention quand même à ne pas se blesser. Une scie circulaire, une meuleuse, une tronçonneuse sont des outils très dangereux. Bien se former avant de les utiliser. Attention aussi qu’une blessure n’est pas forcément un truc gore avec plein de sang. Travailler avec des outils bruyants sans des bouchons d’oreille ou un casque antibruit peut vous faire perdre de l’audition ; travailler sans lunettes peut vous faire perdre un oeil ; etc.
Donc, bien se former à l’utilisation des outils avant de pratiquer, d’une part ; et d’autre part porter des EPI (équipements de protection individuels).
Dernière modification par Bernard2K (24/08/2017 14h06)