@GBL : C’est vrai que Trump gouverne (ou en tout cas tweete) quasiment "à la corbeille", se vantant régulièrement de la progression des indices US (ce que tout autre gouvernant ne ferait pas, ou alors très prudemment, au vu des risques de retournement). Mais perso je ne crois pas qu’un éventuel retournement des indices (pour l’instant il n’y a qu’une petite correction) change la donne politiquement aux USA, pour différentes raisons :
1) Tant qu’il n’y a pas de récession, l’impact économique des fluctuations de la bourse est limité. Voir cet article intéressant "The Other 80%: Why no one cares about the stock market" (même si je ne suis pas sûr de partager toutes ses conclusions) : la grande majorité de la population US n’est pas directement concernée par les fluctuations de la bourse (en tout cas, tant qu’il n’y a pas krach+récession).
2) La croissance et surtout le marché de l’emploi pèsent sans doute beaucoup plus que la bourse dans l’opinion publique, s’agissant du débat économique. Et sur ce plan, il est difficile d’attaquer Trump (chômage de 3,7%). Je pense que les Démocrates ont intérêt à porter la critique de Trump sur bien d’autres points (son style de gouvernance voire son style tout court, des sujets de société, les inégalités sociales etc.).
3) S’il y a un art que Trump maîtrise parfaitement, c’est le blame-spreading : je pense que le story-telling est déjà prêt : par ses mesures de soutien à l’économie, Trump a permis une performance éclatante des marchés boursiers US. La correction reflète l’inquiétude des marchés face à un possible succès des Démocrates aux mid-terms, qui pourrait empêcher Trump de continuer et de vraiment MAGA. (Variante : reprocher quelque chose aux GAFAM, dont Trump n’est pas le plus grand ami.)
Bon, je parie quand même sur un succès des Démocrates aux mid-terms, j’imagine que leur électorat est beaucoup plus motivé que d’habitude. Et même si les fans de Trump sont aussi motivés, il me semblent très minoritaires : la clef pour les Républicains me semble être la mobilisation de l’électorat modéré. Pas sûr qu’ils se ruent aux urnes après 2 ans de Trump (si j’étais américain, je voterais Républicain, mais Trump est quand même pénible à l’excès). Mais je trompe peut-être complètement avec mes lunettes françaises.
@Sissi : L’affaire Kavanaugh est très compliquée. Moi ce qui me révoltait, c’était que les médias à inclination liberal décidaient que Kavanaugh était coupable de toute façon : puisqu’il n’y avait pas de preuve irréfutable contre lui sur les faits, il était coupable de son style, de sa façon de s’exprimer, de sa colère. Je trouve ça ignoble. La sagesse impose d’envisager que la personne puisse être innocente - même si on n’aime pas ses idées politiques, son style, sa façon de s’exprimer.
Je suis persuadé que le facteur #1 qui a amené Trump au pouvoir (et on pourrait élargir cette analyse à bien d’autres pays), c’est le rejet de cette bonne conscience des Démocrates (la gauche, en général), cette certitude d’incarner le bien, cette diabolisation systématique des idées divergentes, cette façon de lapider ses contradicteurs en toute bonne conscience et sans aucun respect de principes clefs en démocratie (la présomption d’innocence, effectivement), cette supériorité morale affichée qui ne s’appuie sur rien.
Si Kavanaugh est innocent (et en l’absence de preuve irréfutable, c’est bien l’hypothèse à retenir), je comprends parfaitement son sentiment d’injustice et sa colère. Ce n’est pas bien de reprocher à quelqu’un qui est attaqué publiquement de la sorte d’être en colère ou de crier au complot politique. C’est une réaction bien naturelle… s’il est innocent. Evidemment, le problème c’est que le témoignage contre lui semblait crédible aussi, donc il restera toujours un doute.