Bonjour Albatros21,
Vous évoquez plusieurs points intéressants et je vais essayer d’y répondre du côté de ma lunette
Après plus de 20 ans au cours lesquels ils ont été opérateurs en "PE "avec une équipe d’investisseurs professionnels à demeure, les voilà devenus investisseurs indirects sans équipe interne donc sans aucune prise ni contrôle sur les investissements qui seront faits.
Pour comprendre cela je pense qu’il faut comprendre la dynamique équipe / sponsor dans le PE.
Les sponsors sont les acteurs avec du capital à allouer, dans le PE, il y a 2 types de sponsors, ceux sur Fonds Propres (banques / fondation / holdings / famille / UHNW) et ceux qui font appel à du capital extérieur. Les premières, aussi appelées captives, permettent de ne pas aller lever ou en tout cas pas la majorité, de capital à l’extérieur (ce qui est très chronophage) mais en contrepartie les rémunérations et la liberté d’actions sont plus limités.
Il y a donc un cycle "immuable" des captives dans le Private Equity. Les équipes "d’opérateurs" n’ont pas les Fonds pour investir sur Fonds Propres là ou des holdings ou des familles ont les capitaux. Elles fundent donc les équipes en leur confiant de l’argent. Si cela se passe bien, soit le sponsor ne peux plus suivre (les fonds grossisent à chaque vintage) soit l’intéret financier / la volonté de liberté prends le pas sur la "facilité" d’être dans une captive et donc l’équipe cherche à prendre son indépendance (c’est ce qu’il s’est passé avec Andera par exemple qui est l’ancienne captive de Edmond de Rothschid).
Et cela est d’autant plus vrai depuis 5-10 ans, à mesure que le marché de structure et devient plus matures (et que les gérants s’enrichissent dans les captives).
La conclusion pour un sponsor peut donc devenir la suivante : à quoi bon funder une équipe, "prendre les risques et les em.mer…" si c’est pour que je finance sa future indépendance et que je sois obligé de recommencer avec une autre équipe… (cf ce qui leur était déjà arrivé en 2017)
Par ailleurs, la logique d’être un investisseurs important (ou "cornerstone") est que si vous avez 15-20% du Fonds vous avez l’info, éventuellement un droit de co-investissement supplémentaire, un siège aux différents conseils et comités (d’investissement, de rémunération…) etc…. Donc vous n’êtes pas comme un "simple" investisseur vous avez une forme de contrôle (mais bien moindre qu’une équipe interne je vous l’accorde).
L’investissement dans un fonds de coinvestissement constituant l’échelon le plus lointain de l’investissement puisque il consiste à payer l’équipe d’Andera (surement pas gratuite !) pour investir aux cotés d’autres fonds pour booker leurs tours de table - ces derniers facturant aussi l’accès à leurs tours de table ça fait deux échelons de commissions de gestion pour l’investisseur du fonds de coinvestissement !
C’est vrai pour l’échelon, c’est d’autant plus vrai pour le prix (vous payez fees carried au Fonds - qui utilise d’ailleurs une partie du carried pour structurer une rétro-cession ce qui leur permet d’avoir accès aux deals, et Lebon a sa structure) mais l’intérêt ici est ailleurs, : diversifier rapidement. Sécuriser des tickets de co-investissements, sur des opérations mid-large, donc plus grosse que ce que faisait compagnie Lebon historiquement, à l’étranger c’est un axe de diversification et cela permet de ne pas être limité à la France ou aux pays limitrophes, le terrain de jeu est plus grand et les possibilités aussi.
Mais qui dit terrain de jeu plus grand dit aussi compléxité de l’activité, il y a très peu de structure en France qui sont capables de le faire et développer ce genre d’activité en interne prend 7 à 10 ans.
(Par ailleurs les opérateurs d’Andera m’ont l’air bien jeunots, chacun ayant 6 ou 7ans d’expérience maximum en coinvestissement)
Attention en PE si vous êtes bons en moins de 10 ans vous pouvez être directeur de participations, d’autant plus dans le co-investissement où l’activité est très financière / relationnelle.
Par ailleurs ils ont un peu plus d’expérience que cela puisqu’ils étaient respectivement chez Euris (casino) et Rothschild en 2006.
Quand vous voyez que le PE a pesé +6M€ dans les résultats 2021 alors que tout le reste a perdu du gros argent (-3M€), c’est à ni rien comprendre
Cela dit, la période Covid quand vous êtes très exposé Hôtellerie ça ne doit pas être très simple.
’ai le sentiment fortement qu’ils cachent la misère comme ils peuvent mais ça va finir par se voir dans les résultats. Par ailleurs ils ont déclarés qu’ils avaient reconstitués l’équipe gérant les 37M€ (ce qui représnete 40% de la capitalisation boursière actuelle !) d’investissements directs mais je ne vois rien sur leur site et je n’ai pas compris que c’étaient les deux cadets d’Andera qui allaient s’en charger.
Vous faites peut-être mention de l’opération Re-Sources ? Gérant avec c.80m€ d’actifs spécialisé dans l’investissement en régions dont compagnie lebon a pris la majorité ? C’est un autre investissement mais à priori cela n’a pas vocation à remplacer les gérants de Paluel Marmont Capital
non actionnaire
Dernière modification par DockS (11/04/2022 17h34)