Quelles difficultés avez-vous rencontrées avant d'investir ?

Certaines personnes penseront comme vous le dites.

D’autres ont tout simplement un autre mindset et diront qu’ils sont « plus dans l’être que dans l’avoir ».

La difficulté principale pour moi est l’aversion au risque et à la volatilité. C’est un problème psychologique lié à une tendance pathologique à l’anxiété. 

Je suis quand même capable d’ouvrir un PEA, d’acheter des parts de scpi, des parts  d’opcvm, des actions de sociétés solides en BH et ce forum m’a fait découvrir l’etf World qui semble compatible à ma psychologie. Mais viser 8% de rendement brut avec des valeurs mobilières dans les circonstances actuelles n’est pas possible pour moi, aujourd’hui.

Pour l’immobilier locatif, c’est pire, je culpabiliserais à mort si je devais faire expulser un locataire qui a des impayés, je ne dormirais pas pendant la durée de la procédure, et j’aurais du mal à acheter un bien où je ne voudrais pas vivre (donc rendement brut 4% au mieux, autant prendre des fonds euros).

Une seconde difficulté est d’être un peu dépensier parfois même si les finances personnelles sont toujours solides, avec une tendance à privilégier l’immobilier résidentiel pour usage familial (RP et hérésie! RS).

D’un autre côté je ne veux pas vraiment devenir rentier: j’aime mon travail, qui est plutôt privilégié même si certaines phases de la carrière académique se font sous une pression sélective darwinienne dure à encaisser et qu’il faut beaucoup d’ambition professionnelle pour s’en sortir bien. Une certaine sécurité financière m’est nécessaire, je me fixe des objectifs plutôt exigeants mais réalistes: semi-rentier dans 15 ans, à l’heure de la retraite.

Je pense que j’aurai une retraite sauf effondrement de l’Etat français et qu’il ne me licenciera pas car je travaille efficacement pour pas cher compte tenu des normes internationales de salaire des universitaires.  Je suis inquiet sur son montant en cas de crise des finances publiques.

Je pense que l’Etat français ne s’effondrera pas facilement et que les épargnants seront à peu près intégralement spoliés bien avant que ça se produise.  Un défaut entraînerait une spoliation partielle.  Mais, ce sera les détenteurs de capitaux qui seront le plus mis à contribution. De toute façon, la valorisation de leur capital repose intégralement sur l’existence d’Etats fonctionnels dans les zones où ils investissent. La bourse de Mogadiscio n’a pas une bien grande capitalisation.

Seules une grande dépression économique, la crise climatique ou une guerre possiblement civile peuvent selon moi le faire s’effondrer. Et le capitalisme financier actuel sera profondément remis en cause. Et nos systèmes de références actuels ne seront plus valables.

Pour l’immobilier, vous avez sans aucun doute raison mais votre raisonnement repose sur le fait que l’Etat ne s’effondre pas sinon il n’y a plus de droit de propriété. L’Etat été capable de passer la loi de 1948 pour stabiliser la société et n’aura aucun état d’âme pour taper beaucoup plus fort si nécessaire. Même aux USA, ils ont fait le New Deal pour sauver les meubles.

J’ai été très bien formé pour devenir haut fonctionnaire, d’une certaine façon j’en suis un. Je pense donc avoir une idée de comment ils fonctionnent. D’ailleurs il le faut puisque la partie pénible de mon travail consiste à appliquer leurs directives.

On peut penser que les multinationales pourront reprendre les attributs de l’Etat.  Je ne le crois pas. En tous cas pour l’Etat régalien, qui se défendra sauvagement, ni l’organisation des services publics fondamentaux comme l’éducation, qui sont bien trop coûteux pour être facturés à prix coûtant à leurs usagers. Le ROI est de beaucoup trop long terme.

EDIT: Il y aurait assez peu de délai entre l’effondrement de l’Etat français et la plongée dans une misère noire ou dans la mort de la quasi totalité des citoyens.  Y compris les milliardaires qui auront juste le privilège d’être les premiers à choisir entre la valise ou le cercueil. Il y aurait en effet une guerre civile atroce.  Dans cette hypothèse, l’investissement ne sert absolument à rien.

Dernière modification par Caratheodory (17/01/2019 09h36)

Pierrot31 a écrit :

Juste un détail sur les milliardaires : beaucoup ont une île 🌴 rien qu’a eux. Il paraît que c’est le luxe ultime…

Bof, pas besoin d’être milliardaire
A titre de curiosité légèrement intéressée, je surveille des sites comme celui-là:
Private Islands Inc - Islands for Sale and Rent

Ca me fait rêver, et certaines îles ont l’air franchement abordables…

bartpop a écrit :

…, mon 1er investissement locatif s’étant fait l’an passé à 35 ans par un petit studio,
….

Maintenant que la machine est lancé, je réfléchis pour faire un investissement plus conséquent

Un conseil, qui vaut ce qu’il vaut, de la part d’un ancien :
la rentabilité a priori d’un investissement suit l’espérance mathématique.
Si ça marche bien, combien je gagne ?
si ça marche pas bien, combien je perds ?
quelle est la probabilité que ça gagne, que est la probabilité que ça perde ?

On en déduit que la roulette, la boule, le loto et autres jeux de grattage ont de fortes probabilité de perdre un peu et faible probabilité de gagner beaucoup. Globalement l’espérance mathématique est mauvaise, faut bien que la française des jeux et les casinos vivent.
Rouler sans assurance en voiture c’est l’inverse, forte probabilité de gagner un peu, mais faible probabilité de perdre beaucoup.

Mes investissements ont presque toujours été dans le sens d’une bonne espérance mathématique, tant que je peux supporter le risque de perte (donc ne pas rouler sans assurance !).
Et ne pas se lancer dans un domaine qu’on ne maitrise pas, l’espérance risque d’être mauvaise, et les conseillers bancaires ou CGP ne sont pas à écouter aveuglément.

Donc se lancer dans l’immobilier est bon si on pense acheter sous le prix du marché, ou qu’on est bricoleur pour valoriser le bien, ou qu’on spécule sur une amélioration du quartier.
Et le plus important : il vaut mieux rater une bonne affaire que d’en faire une mauvaise.

C’est ce que MJ De Marco appelle "the paradox of practice".

Ils se font beaucoup d’argent non pas en appliquant leurs stratégies mais en les vendant.

C’est pour ça que la vente de formation sur l’immobilier ou la bourse explosent sur le net. Mais au final comme toujours, il n’y a qu’une poignée d’élus.

J’y ait pensé cette semaine, je pense que non seulement il faudrait plus de preuves, mais d’un autre coté il faudrait sortir une loi qui oblige les vendeur de formations à avoir ce qu’ils souhaitent vendre.

Exemple, si quelqu’un vends une formation sur un parking, il à dans l’obligation d’en avoir acheté 1

La même chose pour un immeuble etc..

Oui Julien, avec un peu de nez, les mythomanes et autres fabulateurs sont relativement faciles à cerner.
1 : ils sont pétris de certitudes
2 : ils ne supportent pas l’expression du moindre tempérament à leurs plus ou moins bien ficelées élucubrations triomphantes

Je me répète : malgré son titre lamentable qui pourrait laisser croire le pire, ton bouquin sur l’investissement immobilier est excellent. Du concret, du technique, du basique, du balèze. Top. Malheureusement, dans le maquis des bouquins de recettes à deux balles, il est un peu seul.

Flower a écrit :

Je savais, au 1 septembre 2018, que j’allais recevoir environ 15K dont il est judicieux de faire qqchose. 5 mois plus tard, je n’ai toujours pas acheté d’action.

Et vous avez bien fait. Le marché étant très baissier depuis 6 mois (la petite remontée actuelle semble être une trape à acheteur), vous  auriez perdu pas mal et vous n’auriez plus souhaiter investir de nouveau.

Tout comme l’immobilier et tout comme tout investissement le timing est très très important surtout quand on commence.

Malheureusement , c’est en faisant des erreurs que l’on apprend et ne rien faire est encore pire car on n’a que des regrets à défaut de pertes.

J’ai bien aimé lire tout ce fil car on a pu voir que se lancer n’est pas chose facile. Dans quel domaine (immobilier, bourse), dans quel pays/région (fiscalité, rentabilité), âge (vieux cons, jeunes cons) et surtout la personnalité de chacun (’’je suis haut fonctionnaire et je n’investis pas car j’ai mon assurance tout risque avec l’état français’’) et j’oubliais les donneurs de cours à réussites "presque" assurées.

En fait tous ces témoignages montrent une chose, la prise de risque est une affaire personnelle. On peut vous donner tous les témoignages que vous voulez, ils ne vous serviront à rien si au fond de vous même vous n’êtes pas prêt à prendre un risque.

Néanmoins vous vous devez d’apprendre les techniques avant de vous lancer, mais sachez qu’apprendre les techniques ne garanti pas la réussite de ses projets.

Bonne chance, j’espère que vous entrerez avec un bon timing dans vos projets .

Yoan14 a écrit :

…

Ils se font beaucoup d’argent non pas en appliquant leurs stratégies mais en les vendant.

C’est pour ça que la vente de formation sur l’immobilier ou la bourse explosent sur le net. Mais au final comme toujours, il n’y a qu’une poignée d’élus.

C’est vrai. C’est juste la version moderne de ce qu’on disait il y a un siècle : "dans la ruée vers l’or, ceux qui se sont le plus enrichis étaient surtout ceux qui ont vendu les pelles et les pioches".

Il y a toujours des gagnants et des perdants (et plutôt plus de perdants, même si on médiatise plus les gagnants), mais ceux (discrets) qui tirent le plus leur épingle du jeu, sont ceux qui gagnent moins, mais à tout les coups:
- commission sur les gains (Française des Jeux, Casinos, intermédiaires financiers ou boursiers, fisc, …)
- vendeurs de formations "pour s’enrichir"

et on peut encore compléter la liste !