2 #101 02/09/2019 23h53
- Scipion8
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Quelques chiffres extraits du rapport annuel 2018 de SocGen :
1) La ligne-métier Gestion d’Actifs et Banque Privée représentait en 2018 un produit net bancaire (PNB) de 966 millions € (-3,4% par rapport à 2017), dont 756 millions € pour la banque privée et 191 millions € pour Lyxor. Cette ligne-métier représente 3,8% du PNB global de la SocGen (25,2 milliards € en 2018) ; Lyxor seulement 0,7%.
2) En termes de rentabilité, la Gestion d’Actifs et Banque Privée, avec un résultat net part du groupe (RNPG) de 16 millions € en 2018 (-67,8% par rapport à 2018) représentait 0,4% du RNGP global de la SocGen (3864 millions € en 2018).
3) On ne connaît pas la rentabilité nette de Lyxor, mais le fait que le rapport annuel parle de pression sur les marges est sans doute révélateur.
Rapport annuel SocGen 2018 a écrit :
La bonne collecte compense la pression sur les marges dans l’activité ETF. La part de marché de Lyxor sur les ETF en Europe s’établit à 9,7% sur l’année 2018.
La question qui se pose à mon sens, c’est de savoir si Lyxor a la taille critique pour être profitable, face à une concurrence de plus en plus intense… et, devrais-je ajouter, des clients de moins en moins naïfs et de plus en plus exigeants sur les coûts de gestion. Je pense que le client typique pour les ETF est "compliqué" (à pigeonner) : il s’agit d’une part d’institutionnels ayant accès à tous les grands émetteurs (BlackRock, Vanguard etc.) et exigeant des coûts de gestion faibles (ce que BlackRock et Vanguard peuvent se permettre compte tenu de leur taille), et, d’autre part, des particuliers qui migrent de la gestion active (ou pseudo active…) vers la gestion passive précisément pour réduire les coûts de gestion… Bref, une clientèle très cost-conscious, ce qui rend crucial d’avoir une taille critique.
Bref, l’activité Lyxor est très marginale pour SocGen, et pas (ou peu) profitable. Dans une logique d’optimisation du ROE de SocGen (ce qui, après tout, doit être la principale boussole du management), une cession ou autre solution externe pour Lyxor me semblerait logique.
@Johntur : Les 2/3 des actifs sous gestion de BlackRock correspondent à de la gestion passive / indicielle. Les ETF iShares représentent 29% des actifs sous gestion de BlackRock. A mon sens, la comparaison avec Lyxor est valide, mais la différence d’échelle est énorme : les actifs sous gestion de BlackRock (6 trillions $) représentent 46 fois ceux de Lyxor ! Les actifs sous gestion de BlackRock croissent rapidement alors que ses marges diminuent, ce qui atteste à mon sens d’une stratégie délibérée de capture de parts de marché. Dans un business essentiellement à coûts fixes, l’avantage d’échelle est crucial : Lyxor ou Amundi ne peuvent pas faire le poids. D’autres émetteurs d’ETF peuvent s’en tirer sur le long terme en exploitant une niche, comme VanEck pour les métaux précieux.
@Sven337 : Oui, les changements d’environnement législatif / réglementaire (par exemple sur le PEA) et les restructurations dans le secteur de la banque et de la gestion d’actifs, même peu fréquents, sont vraiment enquiquinants pour les investisseurs lazy.
En outre, les PEA ne représentent pas un enjeu majeur pour les émetteurs d’ETF :les OPC représentent environ 1/4 de l’encours des PEA, soit environ 23 milliards €. A ceci il faut retirer la gestion active (ou pseudo active)… A mon avis, les ETF sur PEA représentent tout au plus 5-10 milliards €, vraiment pas grand’ chose à l’échelle d’un BlackRock ou d’un Vanguard. Si Lyxor et Amundi disparaissent de la circulation (sous leur forme actuelle), je ne sais pas si un émetteur étranger d’ETF se donnerait du mal pour proposer des ETF éligibles au PEA. (Et à mon avis la gestion active française ferait alors du lobbying pour mettre fin à l’anomalie des ETF monde ou USA éligibles en PEA.)
Cela dit, sur le long terme, je pense bénéfique pour les investisseurs lazy et les ETF que l’on s’achemine vers une séparation des activités de gestion d’actifs (en tout cas la gestion passive) et des activités bancaires. Comme j’essayais de l’expliquer dans mes scénarios catastrophes, cette spécificité européenne d’une filialisation (Lyxor) ou d’un lien incestueux (Amundi) de la gestion passive avec les banques porte des risques, dans des scénarios de crise systémique. Perso, je dormirais mieux avec des ETF émis par des pure players de la gestion passive, même si eux non plus ne sont pas exempts de risques (mais à mon sens moins exposés à des tensions systémiques).
PS : Je suis actionnaire SocGen et BlackRock, et client de Lyxor pour de faibles montants (quelques ETF de marchés émergents, en CTO).
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