Cyberpapy : dans e cas général du démembrement, on ne considère pas que le fils achète la NP, on considère que le père en fait donation. Pour que ça soit intéressant, encore faut-il que le père ait 15 ans de plus à vivre après la donation.
Cas typique : un immeuble quelconque valant 200 k€, don de la NP à 65 ans, valeur NP = 120 k€, ça fait une donation qui génère un tout petit peu de droits de mutation (2194 €). Pourvu que le père vive 15 ans de plus (>80 ans), la donation ne sera pas rappelée à la succession. Au décès, l’usufruit s’éteint sans qu’aucune valeur ne soit ajoutée à la succession. Le fisc voit passer seulement 120 k€ sur un bien qui en vaut 200 k€. Les 80 k€ restants passent "dans les airs" en quelque sorte, puisque l’extinction de l’usufruit viager permet que le fils récupère l’usufruit sans que cela soit considéré comme une transmission taxable.
Autrement dit :
le père voit 200 k€ d’investissement
le fils voit arriver un immeuble valant 200 k€ (lorsqu’il récupère la pleine propriété)
le fisc a vu passer 120 k€.
200/120 = un effet de levier de 1,67 (effet de levier au sens : valeur du bien transmis / valeur servant d’assiette aux yeux du fisc).
L’idée de la ruine transformée en château rajoute une astuce supplémentaire : consommer du cash après la donation de la NP, pour augmenter la valeur du bien, donc pour augmenter la valeur qui passera "dans les airs" au décès du donateur.
Je reprends mon exemple précédent en le modifiant :
un immeuble en ruine valant 200 k€, don de la NP à 65 ans, valeur NP = 120 k€, ça fait une donation qui génère un tout petit peu de droits de mutation (2194 €).
Le père fait 400 k€ de travaux faisant monter la valeur vénale à 600 k€.
Pourvu que le père vive 15 ans de plus (>80 ans), la donation ne sera pas rappelée à la succession. Au décès, l’usufruit s’éteint sans qu’aucune valeur ne soit ajoutée à la succession.
Autrement dit :
le père voit 200 +400 = 600 k€ d’investissement
le fils voit arriver un immeuble valant 600 k€ (lorsqu’il récupère la pleine propriété)
le fisc a vu passer 120 k€.
600/120 = un effet de levier de 5.
Vous voyez que le fait de retaper le bien entre le démembrement et le décès augmente fortement l’effet de levier du dispositif.
Sur les oeuvres d’art etc : c’est un bien mobilier comme un autre. Il faut le déclarer au moment du don.
Il y a un potentiel d’accroissement de valeur, mais pas plus ni moins que tout autre bien susceptible de prendre de la valeur.
Il est d’autant plus important de le déclarer au moment du don que, sinon, l’administration fiscale prend sa valeur au moment de la révélation. Encore un exemple pour illustrer. Bernard a 2 filles, Huguette et Goguette. Huguette a reçu un tableau valant 10000 € au moment du don, Goguette n’a rien reçu (elle dit qu’elle ne comprend rien à l’art, alors tant pis pour elle). Bernard casse sa pipe 20 ans plus tard. Goguette dit "Monsieur le notaire, mon père a donné un tableau à Huguette il y a 20 ans, j’en ai la preuve, je veux qu’il soit rapporté à la succession". Valeur actuelle du tableau 500 k€ (Bernard a des goûts très précurseurs en peinture, il avait su repérer un artiste avec un très grand potentiel). Résultat : rappel du tableau à 500 k€, aussi bien fiscalement que civilement. Fiscalement, il doit en plus y avoir des pénalités… Cela ruine la petite Huguette !
Bref, il eut fallu déclarer le don dès qu’il avait été fait, pour sa valeur d’alors 10000 €. Il n’y aurait eu aucun rappel fiscal (puisque la donation date de plus de 15 ans), mais le rappel civil à la succession, lui… il se fait toujours pour 500 k€. Donc l’héritage de Huguette est diminué d’autant, dommage pour elle. La seule façon de fixer la valeur à l’avenir pour le rappel civil, c’est la donation-partage ! Bernard donne un tableau valant 10000 € à Huguette, et 10000 € en cash à Goguette, et c’est constaté par une donation-partage. Là on est sûr qu’il n’y aura aucun rappel ni fiscal ni civil quand Bernard cassera sa pipe 20 ans plus tard.
Dernière modification par Bernard2K (16/02/2020 17h04)