Bonjour à tous,
Sujet très intéressant … ne serait-ce que parce que plusieurs réponses se recoupent, ce qui met en valeur des facteurs qui n’étaient pas forcément "évidents" pour qui n’y avait pas réfléchi. Je ne m’étais par exemple jamais fait la réflexion de l’importance de la marge dans le secteur pro, alors qu’elle est très logique.
Expérience personnelle :
- Faire des gaps salariaux en changeant de boîte : +10 à 15%
Amplement discuté dans les réponses précédentes donc je ne développe pas plus, je me contente de confirmer.
- Se débarrasser du "syndrôme de la bonne élève" = apprendre à dire non : +30%
J’appelle "syndrôme de la bonne élève" : penser qu’en travaillant dur, sans compter ses heures, en faisant les tâches données (voire plus) sans se plaindre ni faire de vague, on méritera et obtiendra "la réussite".
Cette réalisation a constitué un avant et un après dans ma manière de négocier. J’étais en VIE (en gros, un CDD à l’étranger) sur un poste, et devais basculer en contrat local payé quasiment le double sur ce même poste. Je savais combien les 3 collègues précédents étaient payés sur ce poste (le même montant), combien avait été proposé à un autre collègue qui avait finalement refusé le poste (le même montant) le mois précédent donc la somme était bien budgeté, mon travail était reconnu et j’étais très appréciée de mes collègues comme du management, …
Le RH m’a proposé la bouche en coeur un montant 30% inférieur à mes collègues, en pensant que je serais ravie de l’augmentation vs mon VIE. Aucune raison qu’il a pu avancer n’était valable (un collègue avait 4 ans d’expérience de plus que moi, un 2 ans de plus, un 2 de moins, et on leur avait directement proposé ce même montant), … On a eu un dialogue de sourd pendant une demi-heure, où ses "compromis" n’en étaient pas et il me soutenait que ma demande était impossible. J’ai fini par lui dire honnêtement que certes j’adorais le taff et mes collègues, mais il n’était pas question que je sois payée moins pour le même taff, donc s’il ne s’alignait pas, c’était très simple, je rentrais en France.
Il s’est aligné.
Dans ma boîte suivante, j’ai négocié sans scrupule. A mon arrivée, ma manager a fait un scandale car j’étais payée presque autant qu’elle (alors qu’elle avait 10 ans d’expérience de plus que moi et était très reconnue) : elle a obtenu une augmentation de +20% dans la foulée, et a conclu "il ne faut jamais réclamer, il faut juste bien faire son taff et l’augmentation finira par arriver". J’en ai conclu exactement l’inverse.
Cela peut paraître évident pour beaucoup, mais c’est très difficile de l’entendre pour ceux touchés par le "syndrôme de la bonne élève", donc je me permet d’insister. Notamment pour les quelques femmes (plus concernées) qui peuvent lire ce sujet ; mais pas que Ce n’est pas "sale" de vouloir être bien payé pour son taff, au contraire, ça montrera simplement que vous êtes conscients de votre valeur.
- Passer indépendante : +100%
Apparemment cas fréquent sur le forum
J’ajouterai juste que le domaine de l’informatique recrute particulièrement : je voulais à l’origine sonder le marché en contrôle de gestion (mon domaine d’activité de l’époque) et j’ai été presque immédiatement recrutée en AMOA (en gros, de l’informatique), alors que je n’avais aucune expérience/formation là-dedans. J’avais en revanche déjà travaillé dans la boîte, et une bonne lettre de recommandation (en contrôle de gestion).
Pour moi, l’augmentation est telle qu’elle compense largement les quelques malus : même en bossant pour une boîte qui paye peu et particulièrement impactée par la crise (donc pas de paye 5 mois sur 12), je vais quand même gagner plus que si j’avais bossé en tant que salariée toute l’année… Les inconvénients principaux selon moi : il est compliqué de louer un appart ou d’obtenir un emprunt les 2 premières années d’activité, ou de passer manager (mon plus grand regret).
Parlons peu parlons chiffres (en net mensuel avant impôt) :
- 2013 : 1er emploi en marketing à Paris : 1,9k ; cadre à 40-50h/semaine
- 2014 : VIE à Stockholm en contrôle de gestion : 2,1k ; 35-40h/semaine
- 2016 : CDI à Paris en contrôle de gestion : 3,?k ; cadre à 40-45h/semaine
- 2018 : indépendante en informatique à Paris : environ 6k annualisé ; 35h/semaine
- 2020 : idem, mais négociation de +10% dans le cadre de renouvellement de mission chez le même client
Au final, très contente de mon évolution, qui me permet de gagner plus, en bossant moins d’heures, sur des sujets qui m’intéressent ; et en ayant de l’expérience dans plusieurs domaines de manière à avoir un "plan B" si besoin.