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Encore un krach sur les marchés actions…
L'occasion de renforcer sur les valeurs de qualité | 65% - 1107 | |||||
J'attends le rebond, je revends tt et fini la bourse | 2% - 35 | |||||
Je suis liquide, je suis serein | 12% - 204 | |||||
BX4 depuis les 3800 sur le CAC, je suis riche | 2% - 42 | |||||
Je suis en vacances, je ne vois pas le crack | 3% - 67 | |||||
A fond sur les valeurs de Rdt, miam, miam | 14% - 242 | |||||
1 #7126 31/08/2021 09h23
- Caratheodory
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Croyez bien que je souhaite que vous ayez raison puisque je suis ce qu’il est ici convenu d’appeler un investisseur lambda. Cependant il me paraîtrait plus pertinent d’utiliser le terme épargnant bêta (ou delta car cette lettre grecque est à la mode).
Je pense que dans tous les domaines le point de vue des pros (qui peuvent se tromper!) est supérieur à celui des amateurs mais que les amateurs ne doivent pas singer les pros s’ils n’ont pas confronté leurs pseudo-connaissances livresques (c’est très facile de lire des livres d’introduction à l’investissement - ou à la virologie- et ne parlons pas des vidéos YouTube dans ces deux domaines à la mode) à la réalité du terrain (c’est beaucoup plus difficile de les appliquer). La dichotomie pro/amateur est simpliste, on peut être un amateur plus ou moins éclairé ou un pro plus ou moins compétent. Le pro est celui qui a été formé spécifiquement par un pro compétent pour le remplacer et le dépasser le moment venu ( la notion de pro compétent varie avec le temps). Le livre de go que j’ai cité dans la file sur les livres caracterise le pro par le respect des fondamentaux.
Tout cela fait que j’ai d’immenses doutes sur la "stratégie" que je suis. Le vrai problème est que je me juge pour le moment incapable d’en utiliser une autre de façon cohérente. Si ça marche, effectivement, dans 10 ans ou dans 20, j’en rirai bien.
Dernière modification par Caratheodory (31/08/2021 09h56)
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#7127 31/08/2021 10h35
- frontalier57
- Membre (2012)
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Bonjour
En ce qui concerne le PEA, il y a quand même une différence entre l’investisseur qui peut renforcer et celui qui a atteint le plafond
Pour ma part en cas de krach je serai contraint de regarder mon portefeuille perdre en valeur sans pouvoir profiter de la baisse des cours et c’est ce qui me fait poser la question aujourd’hui, avec un CAC aussi haut, d’alléger l’ensemble de mes positions pour pouvoir y revenir après une potentielle chute des cours
Dans l’autre cas de figure et avec des liquidités, je ne me poserais même pas la question et je resterais 100% investi
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1 #7128 31/08/2021 10h45
- dangarcia
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frontalier57 a écrit :
Bonjour
En ce qui concerne le PEA, il y a quand même une différence entre l’investisseur qui peut renforcer et celui qui a atteint le plafond
Il est toujours possible d’ouvrir un CTO.
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#7129 31/08/2021 11h34
- robolth
- Membre (2014)
- Réputation : 33
Ou une assurance-vie dans laquelle on peut loger des ETF, ou un PEA-PME. (Si l’on veut conserver une fiscalité avantageuse.)
Reste à avoir des liquidités !
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1 8 #7130 31/08/2021 13h20
- Ursule
- Membre (2019)
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Bonjour à tous,
Merci pour vos réponses, critiques et réflexions.
BulleBier a écrit :
Tout cela Ursule, ce n’est vrai que si on achète l’indice au pic, rempli de banques en surchauffe et de bouses.
Je ne comprends pas bien le raisonnement ici ; si vous shortez l’indice trop tôt ou trop tard mais que vous captez quand même une partie de la chute, vous gagnerez plus que l’investisseur qui est long.
Mettons que l’indice chute de 15% et que vous n’arriviez à attraper que 7.5% après rachat de vos positions, vous vous retrouvez à faire +7.5% quand l’investisseur long aura enregistré une perte.
Je sais bien qu’on n’achète jamais au plus bas ni ne vend au plus haut. Mais je vous retourne la remarque : pourquoi être entré dans le marché s’il n’est pas au plus bas ? Simplement parce que ce qui est intéressant c’est d’attraper un peu de performance, pas d’attraper toute la performance (puisque c’est statistiquement très peu probable).
Que le marché soit au plus haut ou non, ce qui est importe à l’investisseur short, c’est de pouvoir sortir quand l’indice sera plus bas.
BulleBier a écrit :
Si on achète des bonnes entreprises a prix raisonnable (10-20 PE selon la croissance), un black swan ne se voit meme pas sur la performance a long terme, ni meme a moyen terme. Au pire une mauvaise performance pour 1-2 ans maximum, suivi de forts rebonds.
C’est vrai que cela ne se voit pas à LT et je suis d’accord avec votre raisonnement. Par contre, entre celui qui aura shorté et aura acheté ces valeurs un peu plus basses et celui qui sera resté long et aura gardé lesdites valeurs, l’écart de performance sera significatif.
BulleBier a écrit :
Vous vous embarquez dans de la speculation pour beaucoup de stress pour rien. J’ai chargé la barque en Ab Inbev a 12-15 le PE selon la cyclicalité des devises, en Softbank qui vaut moins que sa participation en Alibaba, en British Am Tobacco a 10 PE, le crash peut bien venir.
Il me semble ici que vous faites du stock-picking et de la spéculation vous aussi. Vous seriez potentiellement plus résilient à une correction, mais je n’arrive pas à voir en quoi être short est plus stressant qu’être long. C’est une position structurellement perdante, mais conjoncturellement gagnante dans certains cas.
BulleBier a écrit :
Et même pour les entreprises de croissance, 25, 30X le PE si cela croit de 20-30% par an pendant 15 ans, un crash ne se verra pas sur la performance a long terme. La crise Financière sur le graphique de Visa ou Google, c’est rien, si j’avais pu j’aurais du charger la barque en Visa, Google et Mastercard un mois avant la crise de 2008, ma performance aurait été fantastique.
Et cela s’appelle du backtrading. Si j’avais pu shorter CGG il y a 8 ans, AirFrance il y a 2 ans, etc… Il y a des titres qui ne souffrent pas et d’autres qui souffrent plus. Si vous pouvez certifier que la croissance de certains titres sera si forte alors vous devriez y aller all-in.
BulleBier a écrit :
La selection de valeurs est la chose la plus importante.
Je suis partiellement d’accord avec vous. Il existe des tonnes de manières de gagner de l’argent en bourse, et le stock-picking n’est pas la seule.
RadioInvest a écrit :
Bel exposé Ursule mais selon moi vous souffrez d’un biais énorme : votre profession.
Toutes ces analyses sont sûrement ce qui se dit en comité dans des fonds de très haute qualité lorsqu’il faut prendre des décisions mais pensez-vous sérieusement que le particulier lambda qui achète des parts d’ETF S&P500 ou World se pose ce type de question ?
Heureusement pour lui, il ne se les pose pas sinon il n’agirait jamais.
Je ne comprends pas bien ce que le processus de décision de l’investisseur lambda en ETF globaux vient faire dans votre réflexion. L’investisseur lambda ne tiendra probablement pas ce raisonnement en effet. Mais il ne tiendra pas non plus le raisonnement de BulleBier, d’IH ou d’un stock-picker comme il en existe des dizaines sur ce forum.
Pour autant, vous serez moins critique envers le raisonnement d’un stock-picker qu’envers celui d’un investisseur short. Je ne comprends pas bien pourquoi ; l’un et l’autre tiennent un raisonnement sensiblement différent du buy & hold ETF World.
Par ailleurs, l’investisseur lambda ne participe pas directement au principe de "price discovery" du marché (définition et explication en Anglais ici sur Investopedia). Le price discovery est le mécanisme de découverte du prix de marché qui est exercé en permanence par les acteurs (quand on achète, on pense que cela vaut plus cher, quand on vend, que cela vaut moins cher). Acheter un ETF c’est simplement faire augmenter le prix de tous les titres à l’intérieur de l’ETF indistinctement.
Alors que le stock-picker y participe directement. Autrement dit, la position ETF ne faisant que répliquer les décisions du stock-picker ou du fond actif (dont les actifs ne font pas que répliquer la performance de l’indice de référence…), elle ne vient que pondérer l’impact du stock-picker.
L’avis de "l’investisseur lambda en ETF" ne me semble donc pas pertinent pour analyser la valorisation d’un marché. Sauf s’il entre ou sort brutalement ; et c’est bien le deuxième point auquel je m’intéresse maintenant.
RadioInvest a écrit :
A chaque exposé de la sorte, on a le droit à l’analyse fine du passé. A posteriori, tout est simple à expliquer ; il aurait fallu sortir à tel moment, puis rentrer à tel autre et ainsi de suite pendant 20 ans…
Je ne dis pas qu’il aurait fallu ou que je l’aurais fait (d’ailleurs je ne l’ai pas fait). Je ne dis pas que les signaux sont tellement clairs que quiconque ne les voit pas serait stupide. Je ne vous bassine pas de phrases type "Les gens qui n’entendent pas la musique prennent ceux qui dansent pour des fous" non plus. Je ne suis pas sûr à 100% d’entendre la musique et je ne suis pas sûr d’être sain d’esprit.
Et d’ailleurs… dire qu’à long-terme le marché monte, ce n’est rien d’autre qu’une analyse du passé. Pourquoi serait-ce plus cohérent dans votre cas que dans le mien ?
RadioInvest a écrit :
Un exercice du niveau de votre expertise : vous pourriez coucher sur le papier vos positions actuelles puisque vous semblez vouloir shorter le marché. Ainsi, on pourra mesurer vos capacités d’analyse dans 1, 5, 10, 15 ans.
Et puis on comparera avec un particulier lambda dépourvu de vos connaissances livresques pour voir si ce particulier aura eu tort de continuer son pauvre DCA sur un ETF S&P500 ou World.
Vous avez raison, je pourrais. Si je me décide à prendre position je le posterai sur le forum. Ceci étant dit, dans 1 à 5 ans ce sera trop tôt pour juger, et même si j’avais eu raison sur ce coup là, ça ne ferait pas de moi la bonne personne à écouter pour autant. Avoir raison une fois ne rend pas omniscient.
dangarcia a écrit :
Comme l’a démontré IH avec humour dans cette newsletter, la plupart des apprentis investisseurs qui se croient capables de prédire l’avenir macro économique et jugent indispensables de surveiller et ajuster leur portefeuille en permanence en fonction de leurs prévisions, se font littéralement défoncer par le vrai investisseur lambda qui n’y connait pas grand chose mais qui investit au feeling et laisse le temps faire son oeuvre. À partir de là est-il judicieux d’investir du temps (en plus de l’argent) à essayer de prévoir quoique ce soit ?
Totalement en désaccord ; IH ne "démontre" pas du tout qu’un investisseur lambda "défonce" un apprenti investisseur dans cet édito. Il "illustre" une conviction éventuellement, en prenant l’exemple d’un investisseur qui a choisi uniquement des titres qui ont explosé ces dernières années (GAFAM, Netflix, Visa, MasterCard, Alibaba… admettez que les exemples sont bien choisis) et en partant du principe qu’il ferme les yeux et oublie ses titres pendant quelques années. Du back-trading et une situation peu probable en même temps.
Dans les faits, il est fort probable qu’il n’oublie pas ses titres et qu’il les vende au mauvais moment, et surtout, qu’il n’ait pas acheté que ceux là… on peut d’ailleurs illustrer l’inverse : dans mon entourage on achète du Tarkett il y a 10 ans parce que le banquier a dit que c’était pas mal, on place son argent dans des grosses banques parce que de toutes manières ils font le boulot mieux que nous malgré des frais d’environ 3% par an, on achète du Carrefour parce que c’est le n°2 mondial… Je ne suis pas sûr que ces choix aient été payants sur 10 ans. Même en les oubliant.
Je ne comprends pas bien le but de cet édito mais IH pourrait l’expliquer lui-même, j’imagine qu’il n’a pas été écrit par hasard.
PyT25VC a écrit :
J’ai commencé à investir en bourse en octobre 2017.
A l’époque le CAC 40 avait commencé à dépasser les 5000 depuis quelques mois, et déjà sur les forums s’affichaient des mises en garde sur le fait que les marchés étaient hauts et risquaient une forte correction.
Si j’avais écouté les mises en garde j’aurais attendu, attendu, attendu en espérant une correction, et peut être que fin 2018 ou encore plus tard en mars 2020 je me serais enfin décidé à acheter, et encore j’aurais peut être acheté trop tôt en pleine chute, ou alors j’aurais carrément raté la reprise en misant sur un éventuel plus bas.
Aujourd’hui mon PF est à +8,4% annualisés et je ne regrette en rien mes choix d’avoir ignoré les mises en garde à l’époque, et de continuer à investir régulièrement en fonds et ETF.
Cela correspond donc à environ 1430 jours d’investissement. Le graphique ci-dessous (source des données Eikon Refinitiv, analyse réalisée par moi-même) montre en orange le CAC 40 GR (puisque vous citez le CAC 40, j’ai fait l’analyse sur le CAC 40 dividendes réinvestis) et en bleu la performance annualisée sur 1’430 jours :
Par exemple ; si vous étiez resté investi depuis 1’430 jours en mi-2007, le CAC 40 GR vous aurait rapporté dans les 20-25% (bruts d’impôts) par an.
Une autre manière d’exprimer la performance probable est la suivante :
Vous auriez eu autant de chance d’avoir une performance de plus de 7.3% par an que de moins 7.3% par an (puisque c’est la médiane). Mais ce que cela montre également c’est que vous auriez eu une probabilité de 25% d’avoir une performance négative sur la période, soit 1 chance sur 4. Autrement dit… vous avez eu de la chance de ne pas tomber sur ces périodes, et encore plus de chance de tomber au dessus de la médiane.
PyT25VC a écrit :
De toute manière, j’estime que, lorsqu’on dispose d’un horizon de placement d’une bonne dizaine d’années, il n’y a vraiment aucune raison de stresser sur un krach éventuel, celui ci arrivera forcément un jour ou l’autre, il faudra juste faire le dos rond, derrière il y aura une reprise comme ça a toujours été le cas et les marchés retrouveront leurs niveaux antérieurs.
Libre aux alarmistes de vendre leurs positions s’ils sont anxieux, personnellement je garde mon cap sans état d’âme, ça serait rigolo dans 10 ans de retrouver nos conversations d’aujourd’hui et de voir qui a eu raison et qui s’est viandé…
Ce graphique (source des données Eikon Refinitiv, analyse réalisée par moi-même) montre en bleu le CAC 40 GR et en jaune, la performance annualisée sur 10 ans :
Par exemple ; si vous étiez resté investi depuis 10 ans en 2008 (donc depuis 1998), le CAC 40 GR vous aurait rapporté dans les 10+% (bruts d’impôts) par an.
Ce que ce graphique montre, c’est que ce que vous "estimez" n’est pas correct, factuellement : pendant une période de près de 4 ans sur le CAC 40 (après 2009), un investissement réalisé 10 ans auparavant n’aurait rapporté qu’aux environs de 0% par an pendant 10 ans. Par ailleurs, le même investissement n’aurait pas rapporté plus de 6% dans la moitié des cas depuis 2005.
Je ne dis donc pas qu’il ne faut pas investir ; ce que je dis, c’est qu’il faut quand même réfléchir avant de le faire. Oui, vous pouvez investir de manière progressive, mois après mois, année après année. Mais si vous aviez constitué votre patrimoine de 2006 à 2008 par exemple, vous auriez souffert pendant des années. Je ne dis pas qu’il faut écouter les mises en garde tout le temps ; je dis simplement que les graphiques ci-dessus nous encouragent à ne pas se dire que c’est toujours le moment d’acheter.
Je pense que cela vaut donc légitimement la peine de se pencher sur la question des valorisations avant d’investir plutôt que de se dire que "de toutes manières on gagne tout le temps".
De manière générale, vous vous placez dans une logique de très long terme en négligeant mes arguments plutôt moyen terme sous prétexte que "de toutes manières à long-terme on gagne". Cela revient à dire "c’est très cher mais de toutes manières quand ça perdra il suffira d’attendre et ça gagnera de nouveau". Je comprends que vous ne vouliez pas prendre le risque de rater la hausse (cela porte un nom, c’est le FOMO - Fear of Missing Out).
Vous avez partiellement raison en termes de performance absolue (cf. graphique sur la bulle japonaise dans mon message #7119 pour un contre-exemple bien connu). En termes de performance relative, je ne suis pas convaincu que cela soit la meilleure marche à suivre.
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D’autres éléments de réflexion :
- Le fameux Buffet indicator (graphique ci-dessous, source) estime que les valorisations boursières sont les plus élevées de l’histoire au regard du PIB.
Une des critiques majeures de cet indicateur est qu’il a un R² très faible. Comprendre : on ne peut pas se servir de cet indicateur pour prévoir la performance boursière future. Oui… mais ; le graphique ci-dessous (source)montre le rapport entre l’indicateur de Buffet (BI dans le graphique) et la performance boursière sur 5 ans qui suivait :
Ceux qui ont quelques notions de stats diront qu’effectivement, on ne peut pas tirer grand chose de cet indicateur. SAUF, que dans les 14-15 points les plus extrêmes en termes de valorisation du S&P 500 (donc les points à droite de la ligne rouge ou juste à gauche de celle-ci), le return des 5 ans qui ont suivi ont TOUJOURS été inférieurs à -20%. Or, nous sommes aujourd’hui encore plus à droite de ladite ligne rouge, autrement dit, le S&P 500 est encore plus cher par rapport au PIB que pour ces 14-15 points.
- Un indicateur cité par Scipion8 en juin 2020 dans cette file (message #6435) est le premium pour les marchés actions aux US (graphique ci-dessous). La source est le blog d’un professeur de Stern, une des écoles les plus prestigieuses du monde, à New York. Ce que ce graphique montre, c’est la prime de risque liée à l’investissement dans le marché américain depuis les années 60. L’année 2021 n’y figure pas puisqu’elle n’est pas encore finie.
Une interprétation donnée par Scipion8 dans son message #6439 est la suivante :
Scipion8 a écrit :
@Vibe : Fin 2006, juste avant le déclenchement de la crise des subprimes, la prime de risque du marché actions US était proche de sa moyenne de long-terme de 4,2%. Impossible à mon avis d’en tirer la moindre conclusion : à ces niveaux (disons entre 3,5% et 5,5%), ça peut partir violemment d’un côté comme de l’autre.
Donc la prime de risque du marché actions ne fournit pas à mon avis une information "investissable" lorsqu’elle est à ces niveaux moyens (3,5-5,5%) : elle permet juste de dire qu’a priori on n’est pas en bulle, et que les prix ne sont pas non plus particulièrement attractifs. A ces niveaux, on ne peut pas se dispenser d’une analyse fondamentale sur les risques (en l’occurrence, en 2006, l’accumulation d’énormes risques dans le système bancaire mondial).
La prime de risque du marché actions fournit sans doute une information bien plus intéressante à l’investisseur lorsqu’elle s’éloigne beaucoup de sa moyenne de long-terme : par exemple, une prime (aux USA) au-dessus de 6% doit plutôt encourager l’investisseur à augmenter son exposition aux actions, alors qu’une prime en-dessous de 3% doit plutôt l’inciter à la réduire.
Des backtests montrerait sans doute l’intérêt d’une telle stratégie de variation contracyclique de l’exposition aux actions selon les "signaux" envoyés par la prime de risque du marché actions lorsqu’elle s’éloigne trop de sa moyenne de long-terme..
Mais une telle stratégie demande une grande discipline : par exemple, si l’on fixe les "déclencheurs" à 3% et 6% :
- l’investisseur aurait réduit son exposition aux actions dès 1997, loupant ainsi 3 années de très forte croissance des marchés (1997-1999) : pas du tout facile psychologiquement… Mais il aurait pris une revanche spectaculaire dès 2000, quand le bain de sang a finalement commencé ;
- l’investisseur aurait augmenté son exposition aux actions dès fin 2008 : choix très pertinent (le rebond commençant en mars 2009), mais plus facile à dire qu’à faire dans l’ambiance de fin du monde qui régnait fin 2008.
Cette analyse de Scipion8 me semble pertinente. Or, voici, selon la même source, les Equity Risk Premiums de la période jusqu’à août :
J’ajoute par ailleurs que je lisais hier dans un papier d’une grande banque d’investissement daté du 30 août, que la prime de risque actions US était descendue à 3.45%. Soit en dessous des valeurs "moyennes", et bien en dessous de 2009.
- Autre rebond sur un post de Scipion8, dont j’admire les explications et la pédagogie ; les anticipations d’inflation remontent, ce qui devrait tirer les taux des banques centrales et au moins ceux du marché, tirant les actions vers le bas :
Les anticipations des membres FOMC sur l’augmentation des taux US sont passées de celles-ci (mars 2021, post de Scipion) :
… à celles-ci (en juin 2021) :
Les anticipations d’inflation semblant désormais plus favorables à une hausse des taux aux US, on peut penser que la probabilité d’une baisse du marché action en anticipation n’est pas à négliger.
Et pour l’Europe, je ne peux pas m’empêcher de constater que les anticipations d’inflation sont significativement meilleurs en Q2 2021 qu’en Q1 2021 (source ici, inspiration du post #901 de la fil du portefeuille de Scipion8) :
Et quand bien même l’Europe ne suivrait pas immédiatement, par l’intermédiaire des taux interbancaires, la hausse des US viendrait contaminer et rehausser les taux en Europe (cf graphique ci-dessous du message #887 de Scipion8 dans sa file).
- En clair, les anticipations d’inflation remontent aux US et en Europe ; c’est bearish actions ;
- Le Buffet Indicator est à son plus haut sur une plage qui anticipe bien les performances à 5 ans ; c’est bearish actions ;
- Les primes de risques des marchés actions sont bien en dessous de leur moyenne ; c’est bearish actions.
Quels sont les arguments qui viendraient contre-carrer ceux-ci et qui pourraient justifier qu’une hausse soit plus probable dans les années à venir ?
Merci d’avance de vos critiques et réflexions, c’est cela que je cherche et qui nourrit mon raisonnement.
Amicalement,
Ursule
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1 #7131 31/08/2021 14h59
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Ursule a écrit :
Quels sont les arguments qui viendraient contre-carrer ceux-ci et qui pourraient justifier qu’une hausse soit plus probable dans les années à venir ?
Vu le niveau des dettes des pays développés, si vous avez une hausse des taux significative, tout le système s’écroule, pas seulement la bourse.
C’est dans l’intérêt de tous les acteurs que les politiques des banques centrales continuent, avec des taux bas, et idéalement une inflation à 2-4%.
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#7132 31/08/2021 15h04
- Kundera
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L’euthanasie des rentiers pour l’assurance vie en Euros.
(et de l’intérêt de ne rien modifier à ce placement en terme de transmission, pour l’Etat)
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#7133 31/08/2021 15h05
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@Ursule,
félicitations pour vos tableaux, je n’ai pas le temps ni les connaissances pointues en terme de marchés (loin de là) pour tenter d’argumenter dans le sens inverse et de tenter de vous prouver que ma stratégie est meilleure que la votre.
Ceci dit, et à l’inverse de ce que vous argumentez, je ne considère pas que ce soit forcément de la chance d’être aujourd’hui à +8% annualisés sur mon PF. Mes placements sur PEA sont correctement diversifiés, la grosse correction de mars 2020 reste pour moi une anecdote, et je pense que les futures corrections à venir seront transparentes quand je regarderai mon PF dans 10, 15 ou 20 ans…
Alors certes, selon l’année à partir de laquelle j’aurais commencé à investir, je pourrais tout à fait aujourd’hui être à -5% ou même -10% annualisés, mais ça ne m’inquièterait pas plus que ça puisque mon horizon de placement est de 15 ans voire plus, et que les sommes que je place en fonds et en ETF ne sont qu’une petite partie de mon patrimoine total (environ 10%). J’avoue volontiers que ça permet donc de relativiser sur les risques éventuels pour moi d’une grosse chute des marchés.
Parallèlement, mon PEA n’est pas au plafond, loin de là, et je garde en permanence des liquidités pour justement renforcer significativement mes positions le jour où krach il y aura.
Par contre je conçois tout à fait qu’un épargnant qui est investi à 80% de son patrimoine total sur le marché actions (même s’il est diversifié) puisse être méfiant aujourd’hui et pense sérieusement à diversifier ses placements en fonds euro, immobilier, or, obligations, etc… En tout cas c’est ce que je ferais si c’était mon cas ou si je n’avais pas le confort d’avoir un horizon de placement dégagé loin devant moi..
Mais pour ma part, no stress, j’ai encore acheté des fonds Europe et des ETF US hier comme tous les mois depuis quelques années, et je ne changerai pas ma stratégie d’un iota quoi qu’il se passe…
Par ailleurs, vous avez comparé mon cas dans vos tableaux en prenant l’exemple si j’avais investi sur une autre période (à partir de 2009 il me semble), c’est effectivement intéressant et il est vrai que les performances auraient été différentes. Mais il aurait été intéressant également de faire le calcul du même PF si j’avais écouté les pessimistes en 2017 et si j’avais attendu un krach pour me lancer en bourse, tout est relatif et donc tout est discutable.
Chacun a une stratégie différente effectivement, mais chacun a des attentes et un horizon différent, ceci expliquant cela…
Si vous pensez que le krach est proche vendez une bonne partie de vos parts, vous pourrez vous en féliciter dans quelques mois, ou alors à l’inverse peut être que dans 1 ou 2 ans vous vous direz que vous auriez bien mieux fait de rester investi….
Ah si on pouvait prévoir l’avenir…
Aide toi, le ciel t'aidera
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#7134 31/08/2021 15h39
- dangarcia
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Ursule a écrit :
si vous shortez l’indice trop tôt ou trop tard mais que vous captez quand même une partie de la chute, vous gagnerez plus que l’investisseur qui est long.
C’est loin d’être sûr en particulier si vous shortez beaucoup trop tôt.
Exemple : le marché vaut 100, vous shortez, le marché continue de monter tranquillement jusqu’à 130 soit +30% ; vous êtes à 70 ; puis le marché perd subitement 20%, l’investisseur long est toujours gagnant, pas vous.
Ursule a écrit :
ce qui est intéressant c’est d’attraper un peu de performance, pas d’attraper toute la performance (puisque c’est statistiquement très peu probable).
Capter toute la performance du marché est très facile au contraire, il suffit d’acheter le marché et de rester investi.
Ursule a écrit :
je n’arrive pas à voir en quoi être short est plus stressant qu’être long.
Tout simplement parce qu’en étant long votre perte maximale est limitée (au capital investi) et votre gain maximal est illimité. En étant short c’est le contraire.
Ursule a écrit :
Pour autant, vous serez moins critique envers le raisonnement d’un stock-picker qu’envers celui d’un investisseur short.
Pour la même raison.
Ursule a écrit :
Et d’ailleurs… dire qu’à long-terme le marché monte, ce n’est rien d’autre qu’une analyse du passé.
C’est surtout le constat qu’on vit dans un monde orienté vers la croissance (toujours + de tout) les marchés ne font que refléter cet état de fait. Pour que les marchés deviennent chroniquement baissiers il faudrait un changement de paradigme (sobriété, décroissance) on peut croire que ça arrivera… ou pas. Pour ma part je crois que c’est inévitable mais j’anticipe davantage un changement subi que choisi, et surtout je croise les doigts pour que ça n’arrive pas dans les 30 ans qui viennent (après je m’en fous je ne serai plus là, et peut être même bien avant)
Ursule a écrit :
Je pense que cela vaut donc légitimement la peine de se pencher sur la question des valorisations avant d’investir plutôt que de se dire que "de toutes manières on gagne tout le temps".
Encore faut-il être expert en valorisation d’entreprise et être capable d’anticiper les chocs macro économiques et leurs impacts sur les différents secteurs de la cote. Si c’est votre cas c’est très bien vous pouvez mettre vos compétences à l’oeuvre et gagner beaucoup d’argent. Pour ceux qui comme moi n’ont pas ce talent, buy&hold est un pis-aller acceptable.
Ursule a écrit :
De manière générale, vous vous placez dans une logique de très long terme en négligeant mes arguments plutôt moyen terme sous prétexte que "de toutes manières à long-terme on gagne".
C’est surtout que quand on investit à long terme, ce qui compte c’est la performance à long terme.
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#7135 31/08/2021 16h16
- Techio
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Je suis loin d’être aussi bien calé que vous en investissement, cependant il y a une chose que j’ai remarqué.
Avec le krach covid de l’année dernière, les gens (dont moi) ont commencé à s’intéresser aux marchés financiers. Il est facile de croire que la montée aussi rapide des indices soit en partie dû à toutes les personnes qui ont commencé à boursicoter.
La solution des ETF étant la meilleure solution à court terme lorsqu’on n’y connait rien, cela explique donc que toutes les grandes entreprises du marché ont juste vu une montée flamboyante de leurs valeurs : car les marchés boursiers qui étaient considérés comme réservés à une élite beaucoup de personnes se sont rendus compte que non.
Excepté le fait qu’en cas de baisse, la moitié de ces personnes risquent de liquider leurs actions sur le coup de leurs émotions, qu’est-ce qui nous dit que le marché ne va juste pas continuer à monter au lieu de subir une grande répression ? Grâce à ces nouveaux arrivants qui investissent en masse en ETF.
Par ailleurs, j’aurais une question, qui va au-delà de cette analyse de faible valeur: si tout le monde se met à parier sur les ETF, alors quels indices suivront ces ETF ? Car à la base ils suivent le mouvement des investisseurs, mais s’ils se mettent tous à investir sur les ETF (ce qui je pense peut potentiellement arriver à long terme), quelle seraient les conséquences ?
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1 #7136 31/08/2021 17h33
- Trahcoh
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Vous voulez dire quand plus personne ne croira être assez malin pour gagner en bourse avec du stock picking, y compris parmi les professionnels? Je ne suis pas certain que vous le verrez un jour.
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8 #7137 31/08/2021 19h08
- Scipion8
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@Ursule :
1) Aswath Damodaran utilise différentes mesures de la prime de risque du marché actions. Celle dont vous montrez le graphique (calculée sur la base du net cash yield) n’est pas (à ma connaissance) celle qu’utilise principalement Damodaran (ou celle que je cite), i.e. celle dont vous montrez le graphique sur longue période (moyenne 1960-2020 à 4,2%). Celle-ci était à 4,3% début août, sans doute un peu moins maintenant - mais en tout cas elle est proche de sa moyenne de long-terme, dans une zone où elle n’a empiriquement pas vraiment de valeur prédictive (= les marchés peuvent partir dans un sens ou dans l’autre).
2) A mes yeux, le "Buffett indicator" (capitalisation boursière / PIB) est très contestable, car il ignore les tendances structurelles de l’économie.
a) En vertu de quelle règle la part de la capitalisation boursière dans le patrimoine global des ménages devrait-elle être stable ? Ce ratio varie énormément selon les pays, selon différents facteurs structurels, par exemple le développement et l’ouverture des marchés de capitaux, la fiscalité des revenus boursiers, la part des entreprises cotées dans le tissu économique etc.
Dans un monde (i) où il devient plus facile d’investir de façon globale, (ii) où la chaîne de création de valeur connaît de profondes modifications (augmentation de la part de l’immatériel / intellectuel / digital, par exemple), et (iii) où le capitalisme fonctionne sans entraves géopolitiques (guerres), politiques (maintien permanent des partis bourgeois au pouvoir grâce à l’abstention massive des classes populaires), ni sociales (affaiblissement des syndicats) et permet une accumulation accélérée au profit des plus riches, perso je m’attendrais à une croissance structurelle du Buffett indicator. Modulo quelques (grosses) tempêtes boursières, c’est bien ce qu’on observe depuis 40 ans. (D’ailleurs Buffett lui-même le reconnaît quand il dit que les règles politiques/fiscales fonctionnent à l’avantage des ultra-riches.)
b) En vertu de quelle règle le ratio entre le patrimoine global des ménages et le PIB devrait-il être stable ? Ce ratio tend à augmenter depuis 20 ans. Par exemple en France le ratio du patrimoine des ménages sur leur revenu disponible est passé en 20 ans de 5,8 à 8,8 : c’est un enrichissement considérable des ménages français via (i) un effort d’épargne soutenu sur longue période, (ii) des hausses des prix de l’immobilier, (iii) la bourse et autres placements productifs, et (iv) des transferts de la sphère publique vers les ménages (i.e. l’Etat, lui, s’est appauvri en termes nets depuis 20 ans).
En France comme aux USA, le patrimoine net des ménages représente désormais 6,2x le PIB. Pourquoi donc considérer que sur ces 620 points de PIB de patrimoine net, il devrait y avoir une limite intangible de 100 points de PIB pour la bourse ? Quel est le raisonnement derrière cette idée ? A mon sens, il n’y a pas de base solide à cette idée. Perso, j’ai au contraire tendance à penser que la part du matériel (par exemple, l’immo, les matières premières etc.) doit structurellement baisser et que la part de l’intelligence, de la technologie et de la créativité doit structurellement augmenter, dans l’allocation globale du patrimoine des ménages, car cela reflète une tendance multi-séculaire, technologique, économique et politique.
3) La part des placements boursiers dans l’allocation des riches est en ligne avec la moyenne de long-terme - contrairement à 1999-2000. Car les valorisations optiquement "élevées" des actifs boursiers sont largement le résultat d’un environnement monétaire qui fait que "tout est cher" (pas seulement les actions). Selon le World Wealth Report annuel de CapGemini, les HNWI (high net worth individuals = 20,8 millions de personnes qui ont un patrimoine investissable, i.e. hors résidence principale et objets de collection, supérieur à 1 million $) allouent en moyenne 30% de leurs investissements aux actions :
Malgré la hausse des valorisations boursières, les riches n’allouent donc pas plus à la bourse que d’habitude - et bien moins que lors de la bulle internet. Car tout est cher : les ratios de valorisations du private equity, l’immobilier urbain de qualité, les obligations souveraines et d’entreprises investment grade… On voit clairement que "ça déborde", puisque beaucoup sont même prêts à investir des montants significatifs dans des actifs sans valeur intrinsèque (cryptos, NFTs…).
Que les valorisations boursières "brutes" soient élevées, je veux bien, mais vers quels actifs les investisseurs devraient-ils donc se tourner ? Répondre à cette question est beaucoup moins évident aujourd’hui que lors d’une vraie bulle boursière comme en 1999-2000.
4) Dans la mesure où ils sont reflétés dans les anticipations des agents économiques (par exemple sondages, swaps et obligations indexés sur l’inflation etc.), la hausse éventuelle de l’inflation et le resserrement monétaire attendu de la Fed sont déjà pricés par les marchés boursiers. (Sauf à considérer que les marchés sont totalement inefficients, i.e. qu’ils devraient attendre une hausse des taux par la Fed pour l’intégrer dans les cours - ce qui n’est pas le cas.)
La vraie question que vous devriez vous poser c’est : Pensez-vous que le resserrement monétaire par la Fed sera plus rapide et/ou plus important que ce qui est actuellement pricé par le marché ? Si oui, alors c’est éventuellement un argument possible pour prendre une position short sur les indices boursiers. Mais cela suppose que vous ayez une compétence, ou au moins une conviction, macroéconomique supérieure à celle du marché. Ce qui est tout à fait possible, car le marché n’est pas vraiment compétent en termes de prédiction macroéconomique (= empiriquement, il se trompe beaucoup et souvent).
Ce qu’on voit depuis le printemps, c’est un rapprochement des anticipations d’inflation et de politique monétaire, entre celles du marché (très stressé par une inflation excessive au printemps) et la Fed (plus prudente sur son jugement que l’inflation sera "transitoire"). Mais globalement les anticipations d’inflation restent solidement ancrées près de la cible des banques centrales, et d’ailleurs le marché obligataire s’est nettement calmé, avec une baisse d’environ 40 points de base du rendement obligataire à 10 ans américain depuis les pics du printemps.
Vous pouvez légitimement penser que le marché et la Fed se trompent, et que l’inflation dépassera significativement ces anticipations. Moi je n’en sais rien, mais a priori je suis du même avis que la Fed et plutôt confiant sur une inflation bien ancrée près de sa cible. Donc pas de raison pour moi de shorter le marché sur la base d’une thèse macroéconomique.
5) Au final, une position short sur l’indice est davantage une stratégie "périphérique" de spéculation macroéconomique et/ou de couverture, qu’un pilier d’investissement à mes yeux (au contraire d’une stratégie longue diversifiée). De ce point de vue, je ne suis pas d’accord avec la "symétrie" que vous semblez établir entre position short et position longue sur l’indice.
Perso, je pense qu’il faut réfléchir à l’investissement en termes "non-monétaires" (de ce point de vue je ne suis pas du tout un investisseur value). Quand j’achète une action LVMH ou Microsoft, peu m’importe la valorisation (même si c’est évidemment un critère de second rang important, qui va largement déterminer la performance finale de mon investissement) : ce qui m’importe en premier lieu, c’est d’avoir (de façon diversifiée) des entreprises de qualité dans mon patrimoine, car sur le long-terme c’est une stratégie gagnante, au-delà des péripéties macroéconomiques. Et la politique monétaire de la Fed, cela relève bien des péripéties macroéconomiques (et cela vient d’un banquier central !), qui, sur mon horizon d’investissement (30 ans), n’auront que peu d’impact sur le business de LVMH et de Microsoft, donc sur leur valorisation dans 30 ans, donc sur ma performance globale.
En revanche, prendre une position (longue ou short) tactique sur les indices parce que j’ai une conviction macro très différente du marché (parce que celui-ci s’affole, ou au contraire est en pleine bulle euphorique, ou parce qu’il se trompe sur la perspective macroéconomique), oui, pourquoi pas, mais de façon mesurée (= avec un plafond assez bas en % du patrimoine global). Mais sauf périodes particulières où je suis "plus intelligent" que le marché (parce qu’il devient particulièrement bête) c’est un jeu à sommes nulles, voire probablement négatives. Et je préfèrerai toujours allouer mon capital à des jeux à sommes positives, comme l’investissement boursier passif diversifié.
Dernière modification par Scipion8 (31/08/2021 21h38)
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2 7 #7138 31/08/2021 23h11
- corran
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Ursule, 2 points pour nourrir votre réflexion.
1) Sur le ratio valorisation boursière/PIB, celui-ci fait abstraction de la modification considérable de la composition du marché boursier ces 30 dernières années, qui a vu émerger et maintenant dominer des sociétés technologiques à croissance soutenue et très forte rentabilité (sur chiffre d’affaires et sur capitaux). Les capitalisations boursières sont dominées par des sociétés qui alignent des croissances de chiffre d’affaires de 20, 30, 40% par an, tous les ans depuis plus de 10 ans et sans raison que cela s’arrête tant le potentiel est grand, des marges opérationnelles extraordinairement élevées (de 20 à 40% aussi) et des ROE/ROCE indécents.
Comparé à la société cotée typique de la deuxième moitié du XXème siècle, typiquement industrielle ou financière, qui est contente quand la croissance de son chiffre d’affaires dépasse l’inflation, que la croissance de son profit s’approche des 2 chiffres, et sa rentabilité opérationnelle et des capitaux dépasse les 2 chiffres, la valorisation ne peut pas être comparable.
On en a vu un exemple extrême en 2020 : les perdants du covid (restauration, hôtels, services de proximité, malls, industrie du tourisme, automobile dans un premier temps) soit ne sont pas cotés en bourse, soit ne représentaient qu’une part minime de la capitalisation boursière globale, et celle-ci a juste baissé ; les gagnants (numérique dans son ensemble) l’étaient en majorité, et leur valorisation a explosé parce que leur taille et leur rentabilité ont explosé. Pourtant le PIB a reculé de 3.5% aux Etats-Unis, de 4.7% dans l’ensemble des pays développés, de 6.6% dans l’UE et de 3.3% dans le monde.
2) Sur le ratio P/E ; je l’ai écrit pas mal de fois sur ce forum, mais, du fait de l’évolution des normes comptables (comptabilisation des incorporels) et des modes de rémunération (stock-options), qui concernent au premier chef les valorisations les plus élevées (les technologiques) cet indicateur déjà très imparfait ne veut plus rien dire. Je m’étonne d’ailleurs qu’avec votre expérience professionnelle vous le regardiez encore.
Vous avez pléthore de sociétés représentant des centaines de milliards de capitalisation boursière qui ont un P/E proche de l’infini voire négatif, alors que leur P/OCF ou P/FCF est très raisonnable (encore une fois, eu égard à la croissance développée).
Exemple extrême puisqu’ils viennent de publier, Crowdstrike ($64B de capitalisation boursière et bientôt au Nasdaq-100). Résultat comptable négatif, P/E (forward) de -360. Oui mais… la société convertit 40% de son chiffre d’affaires en OCF! De fait, son P/OCF est de 120, ce qui change un peu la donne. C’est bien évidemment monstrueux, mais la société croît de 70% sur le trimestre (en accélération par rapport au trimestre précédent!), et son CA de l’année en cours n’atteindra même pas $1.5B, donc de la croissance il en reste encore pas mal. Et Crowdstrike n’est pas un cas isolé (même si sa rentabilité la place dans le haut du panier), il y en a plein la cote. Comment voulez-vous qu’un P/E de marché veuille dire quoi que ce soit dans ces conditions ?
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5 #7139 04/09/2021 00h07
- Ursule
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Bonsoir à tous,
Merci à tous pour vos contributions que je trouve très qualitatives et enrichissantes.
InvestisseurHeureux a écrit :
Vu le niveau des dettes des pays développés, si vous avez une hausse des taux significative, tout le système s’écroule, pas seulement la bourse.
C’est dans l’intérêt de tous les acteurs que les politiques des banques centrales continuent, avec des taux bas, et idéalement une inflation à 2-4%.
Je ne suis que partiellement d’accord avec vous ; je cite le message de doubletrouble #914 de la file du portefeuille de Scipion8, et la réponse de rasmussen juste au dessous.
doubletrouble a écrit :
@rasmussen : Je ne parlais pas des particuliers (dettes privées) mais de la dette publique. Contrairement au particulier, l’état pratique habituellement ce qu’on appelle vulgairement "la cavalerie" dans le cas du particulier : il emprunte l’argent nécessaire pour rembourser le principal des bonds qui arrivent à maturité. En ce moment c’est particulièrement avantageux car les taux courts sont à 0% :
Yellen says no plans to lengthen maturity of U.S. Treasury issuance | Reuters
Les Treasury Bills représentent environ le quart de la dette américaine (± 5 trillions) et ont une maturité maximale d’un an. Il serait donc très douloureux de les "rouler" avec des taux à la Volcker, mais encore plus douloureux d’en payer "cash" ne serait-ce qu’une partie. Vu les déficits du gouvernements US, cela ne serait même probablement pas possible sans des mesures d’austérité abominables. Rien que 4% d’intérêts sur 5 trillions représenteraient 200 milliards à sortir (la moitié du budget de Medicaid ou le tiers du budget de la défense 2020).
Par ailleurs, beaucoup de particuliers aux USA ont des emprunts à taux variables (ARMs).
1) Les états peuvent pratiquer la cavalerie pour rembourser la charge de la dette qui augmente.
rasmussen a écrit :
Oui, je sais bien cela. Bien sûr je n’imagine pas que l’on passe directement à un taux de 4 %. Mais augmenter de 100 pdb, ce qui est déjà violent, ne coûte que 1 % du quart de la dette au budget, c’est-à-dire 0,25%, autant dire rien ! Du moment qu’il y a du monde pour prêter, ce n’est pas un problème de faire rouler une dette avec un taux plus élevé.
2) Pour un coût raisonnable tant qu’elle n’augmente pas drastiquement. Par ailleurs effectivement, tant qu’il y a du monde pour prêter, cela ne pose pas tant de problèmes que cela.
L’endettement s’envolerait, mais à ce titre je cite le message #839 de Scipion8 dans sa file de portefeuille :
Scipion8 a écrit :
Si ces sujets vous intéressent, je vous recommande la lecture de ce papier par Larry Summers (le père bien connu du concept de "secular stagnation") et Jason Furman (ancien chef économiste de l’Administration Obama) - 2 économistes américains certainement influents sous la nouvelle Administration Biden. Ils remettent en cause la pertinence de la mesure la plus universellement utilisée pour mesurer la soutenabilité de la dette publique : le ratio dette publique / PIB.
Ils considèrent que la baisse structurelle du taux d’intérêt naturel crée un espace immense pour davantage d’endettement public, sans mettre en péril la soutenabilité de la dette. Ainsi les "plafonds" habituels pour le ratio dette publique / PIB (les 60% de Maastricht, ou les niveaux d’alerte habituels de 100% ou 120%) ne seraient plus du tout pertinents dans ce contexte de taux ultra-bas. Ils rejettent néanmoins clairement la MMT.
3) Il semble qu’en restant sur des taux relativement bas, ces niveaux d’endettement puissent être tenus. Cette question est particulièrement traitées à partir de la page 17 du rapport dont je reposte le lien de téléchargement ici.
dangarcia a écrit :
Capter toute la performance du marché est très facile au contraire, il suffit d’acheter le marché et de rester investi.
Dans ce cas, vous ne captez que la hausse du point A au point Z. Capter toute la performance, c’est capter chaque variation. Vous pouvez mesurer la performance d’un trader de court terme sur le long terme en mesurant notamment le % de variations capté dans son P&L. Un investisseur long qui short et réussit son coup puis retourne sur sa position longue captera plus de performance qu’un investisseur long tout court.
dangarcia a écrit :
Tout simplement parce qu’en étant long votre perte maximale est limitée (au capital investi) et votre gain maximal est illimité. En étant short c’est le contraire.
Une perte illimitée sur le S&P500… je ne suis pas d’accord. Sur une option, vous risquez gros parce que la volatilité est très forte proche du strike. En shortant un indice sur 3 ans, la perte est plus que limitée quand on regarde l’historique (voire graphique ci-dessous) :
Comme vous pouvez le voir, le rendement à 3 ans (choix arbitraire, j’aurais pu choisir un an, deux ans, quatre ans…)(non annualisé, donc le rendement après 3 ans) se situait comme le graphique le montre ; la moyenne depuis 1989 était de +30%. Le maximum de 115% entre 1996 et 1999. Le minimum de -44%. Donc sur les 32 dernières années, vous auriez perdu au maximum votre mise +15% + financement. C’est loin d’être illimité ou proche des risques encourus quand on short une option pour empocher le premium.
dangarcia a écrit :
C’est surtout le constat qu’on vit dans un monde orienté vers la croissance (toujours + de tout) les marchés ne font que refléter cet état de fait. Pour que les marchés deviennent chroniquement baissiers il faudrait un changement de paradigme (sobriété, décroissance) on peut croire que ça arrivera… ou pas. Pour ma part je crois que c’est inévitable mais j’anticipe davantage un changement subi que choisi, et surtout je croise les doigts pour que ça n’arrive pas dans les 30 ans qui viennent (après je m’en fous je ne serai plus là, et peut être même bien avant)
Tout à fait d’accord avec votre raisonnement. Ceci étant dit, la théorie de la stagnation séculaire pourrait bien finir par se réaliser. A défaut, celle de l’effondrement pourrait bien arriver plus vite que prévu. Selon le club de Rome et le GIEC… bien avant les 30 ans dont vous parlez. Mais cela devient un tout autre débat et un tout autre raisonnement d’investissement.
Scipion a écrit :
1) Aswath Damodaran utilise différentes mesures de la prime de risque du marché actions. Celle dont vous montrez le graphique (calculée sur la base du net cash yield) n’est pas (à ma connaissance) celle qu’utilise principalement Damodaran (ou celle que je cite), i.e. celle dont vous montrez le graphique sur longue période (moyenne 1960-2020 à 4,2%). Celle-ci était à 4,3% début août, sans doute un peu moins maintenant - mais en tout cas elle est proche de sa moyenne de long-terme, dans une zone où elle n’a empiriquement pas vraiment de valeur prédictive (= les marchés peuvent partir dans un sens ou dans l’autre).
Comme vous, je me suis posé la question ; il y a une différence entre les données mensuelles et les données annuelles dans les fichiers du blog d’Aswath Damodoran. J’ai d’abord pensé que le chiffre à utiliser était de 4.31% (donc la colonne H du fichier mensuel) ; ceci étant dit, en faisant une moyenne des mois pour obtenir des chiffres annuels, je me suis rendu compte que cela ne collait pas. La valeur 4.31% appartient à une série qui corrèle très bien avec votre graphique annuel initial mais est une moyenne mobile sur 12 mois qui ne reproduit les variations duditqu’avec 12 mois de retard. J’ai opté pour la colonne L, qui, à l’exception de l’année 2018, n’est jamais très loin de la vérité.
Voir ci-dessous pour la comparaison des séries (celle que vous suggérez en bleu, celle que j’ai citée en rouge, la ligne en gras en noir étant la série du graphique annuel).
Je pense donc que l’on peut utiliser la valeur 3.45% (qui a d’ailleurs été corrigée à 3.47% pour août). A noter que celle de septembre (mise à jour le 1er par Damodoran) est de 3.81%. Dans tous les cas, si l’on considère cette valeur comme étant exacte, cela nous rapproche de très près de la limite en dessous de laquelle il est raisonnable de penser qu’il n’y a plus d’incentive à investir en actions.
Je vais envoyer un e-mail au professeur pour lui demander sa méthode de calcul pour la courbe annuelle et vous tiendrai informé(s).
Scipion8 a écrit :
a) En vertu de quelle règle la part de la capitalisation boursière dans le patrimoine global des ménages devrait-elle être stable ? Ce ratio varie énormément selon les pays, selon différents facteurs structurels, par exemple le développement et l’ouverture des marchés de capitaux, la fiscalité des revenus boursiers, la part des entreprises cotées dans le tissu économique etc.
Dans un monde (i) où il devient plus facile d’investir de façon globale, (ii) où la chaîne de création de valeur connaît de profondes modifications (augmentation de la part de l’immatériel / intellectuel / digital, par exemple), et (iii) où le capitalisme fonctionne sans entraves géopolitiques (guerres), politiques (maintien permanent des partis bourgeois au pouvoir grâce à l’abstention massive des classes populaires), ni sociales (affaiblissement des syndicats) et permet une accumulation accélérée au profit des plus riches, perso je m’attendrais à une croissance structurelle du Buffett indicator. Modulo quelques (grosses) tempêtes boursières, c’est bien ce qu’on observe depuis 40 ans. (D’ailleurs Buffett lui-même le reconnaît quand il dit que les règles politiques/fiscales fonctionnent à l’avantage des ultra-riches.)
b) En vertu de quelle règle le ratio entre le patrimoine global des ménages et le PIB devrait-il être stable ? Ce ratio tend à augmenter depuis 20 ans. Par exemple en France le ratio du patrimoine des ménages sur leur revenu disponible est passé en 20 ans de 5,8 à 8,8 : c’est un enrichissement considérable des ménages français via (i) un effort d’épargne soutenu sur longue période, (ii) des hausses des prix de l’immobilier, (iii) la bourse et autres placements productifs, et (iv) des transferts de la sphère publique vers les ménages (i.e. l’Etat, lui, s’est appauvri en termes nets depuis 20 ans).
En France comme aux USA, le patrimoine net des ménages représente désormais 6,2x le PIB. Pourquoi donc considérer que sur ces 620 points de PIB de patrimoine net, il devrait y avoir une limite intangible de 100 points de PIB pour la bourse ? Quel est le raisonnement derrière cette idée ? A mon sens, il n’y a pas de base solide à cette idée. Perso, j’ai au contraire tendance à penser que la part du matériel (par exemple, l’immo, les matières premières etc.) doit structurellement baisser et que la part de l’intelligence, de la technologie et de la créativité doit structurellement augmenter, dans l’allocation globale du patrimoine des ménages, car cela reflète une tendance multi-séculaire, technologique, économique et politique.
Scipion8, si je comprends bien votre raisonnement, inutile d’utiliser le "Buffet Indicator" car :
1) La capitalisation boursière dans le patrimoine des ménages peut tout à fait augmenter
2) Le patrimoine des ménages peut lui aussi augmenter par rapport au PIB (pour différentes raisons)
3) La part des actions dans le patrimoine des riches est stable.
Mon raisonnement :
1) et 2), effectivement aucune règle ne stipule que cela ne peut pas ou ne doit pas arriver, j’en conviens. Cependant, il me semble que c’est un raisonnement qui se mord la queue ; dire que "le Buffet Indicator est très contestable" parce que la capitalisation boursière peut varier dans le portefeuille des ménages et que ledit patrimoine peut augmenter par rapport au PIB, c’est en quelques sortes faire le choix d’ignorer que ledit Buffet Indicator montre peut-être que, justement, lorsque ces deux phénomènes se produisent à la hausse (augmentation du patrimoine et augmentation de la part en bourse), une correction s’effectue.
Il me semble que l’on pourrait même dire à l’inverse, avec autant de conviction, que c’est justement parce que ces phénomènes se produisent que le Buffet Indicator monte, et qu’une correction pourrait être à venir. Y a-t-il des éléments historiques qui nous permettent de penser que cette fois, c’est une exception ? Je n’ai pas d’éléments qui montreraient la part des actions dans le patrimoine de manière globale depuis assez longtemps. Notamment, le rapport de CapGemini ne remonte qu’à 1997 et à l’époque, il était bien maigre en informations…
Les rapports de CapGemini sur le patrimoine des HNWI (High Net Worth Individuals) de 1997 à 2020 ici. Pour le rapport de 2021, c’est ici, mais il faudra rentrer un email pour le recevoir.
Par ailleurs, je prends note de votre graphique sur le patrimoine des Français et vous fais confiance pour le patrimoine des américains. Ceci étant dit :
- Quelle est la part du patrimoine privé des ménages dans la capitalisation boursière du principal indice américain ?
- Quelle est celle des capitaux d’autres origines que celle des ménages ?
- Au sein même du patrimoine privé des ménages global, quelle est la part de celui des US ? De la France ?
=> Il me semble que l’argument du patrimoine en augmentation doit être élargi à toutes les nationalités qui composent l’indice en question, et pondéré par l’importance de chaque nationalité dans l’indice. Je ne sais pas si ces statistiques existent, le savez vous ?
Scipion8 a écrit :
3) La part des placements boursiers dans l’allocation des riches est en ligne avec la moyenne de long-terme - contrairement à 1999-2000. Car les valorisations optiquement "élevées" des actifs boursiers sont largement le résultat d’un environnement monétaire qui fait que "tout est cher" (pas seulement les actions). Selon le World Wealth Report annuel de CapGemini, les HNWI (high net worth individuals = 20,8 millions de personnes qui ont un patrimoine investissable, i.e. hors résidence principale et objets de collection, supérieur à 1 million $) allouent en moyenne 30% de leurs investissements aux actions :
Malgré la hausse des valorisations boursières, les riches n’allouent donc pas plus à la bourse que d’habitude - et bien moins que lors de la bulle internet. Car tout est cher : les ratios de valorisations du private equity, l’immobilier urbain de qualité, les obligations souveraines et d’entreprises investment grade… On voit clairement que "ça déborde", puisque beaucoup sont même prêts à investir des montants significatifs dans des actifs sans valeur intrinsèque (cryptos, NFTs…).
Je suis très réservé sur ce graphique pour plusieurs raisons :
1) Il enregistre l’évolution de chaque classe d’actif dans le patrimoine des ménages des HNWI, certes. Mais ceux-ci, au début de l’étude en 1998, étaient 5.9 millions à remplir les critères de HNWI. Soit 0.1% de la population de l’époque. Ils étaient 21 millions en 2020, soit 0.3% de la population de l’époque. Nous comparons donc deux populations différentes. Certes, les plus riches quand même, mais pas le même périmètre : je ne suis pas capable d’affirmer que les 0.1% les plus riches investissent de la même manière que les 0.1 à 0.3% des plus riches. Il me semble que ce serait semblable à comparer les Ultra-HNWI de l’époque aux HNWI d’aujourd’hui.
2) L’étude indique que Q1 2020 fait partie d’une année de crise (ce qui est exact), mais prend des chiffres qui datent d’avant la crise (ladite crise commence en mars, donc fin du Q1). En Q1 2021, donc l’année suivante, le S&P 500 avait déjà rattrapé ses pertes, donc il n’y a pas vraiment de crise visible dans ces chiffres. La "crise" du Covid en fin de Q1 2020 n’était donc pas une crise qui a changé les habitudes des riches. Et c’est là que je trouve l’information intéressante ; voir graphique ci-dessous :
Ce graphique est tiré du rapport de Crédit Suisse suivant ; The Global Wealth Report 2021. Le périmètre du rapport de Crédit Suisse n’a pas les mêmes critères que celui de CapGemini/Meryll Lynch : le premier inclut la résidence principale dans le patrimoine lorsque le second ne la prend pas en compte, ni d’ailleurs les objets de collection. Pour autant, l’information n’en est pas moins pertinente ; le patrimoine entre les mains des plus riches (>1M USD) est sensiblement proche de celui de la catégorie suivante (100k-1M USD).
Une autre manière de le présenter avec le graphique ci-dessous tiré du site internet "Inequality.org" au lien suivant :
Il faut prendre des pincettes parce que lorsque l’on possède moins d’1M USD, on n’a, en proportion, probablement pas la même capacité à investir en bourse que lorsqu’on a déjà payé sa maison et qu’il reste 30M USD à gérer. Néanmoins, cela illustre que les riches ne sont pas les seuls à avoir un impact sur les marchés.
Le rapport de la licorne DriveWealth (plateforme de type RobinHood, je ne prends volontairement pas RobinHood qui pourrait faire figure d’exception) datant de Q2 2021 (téléchargeable ici) est à ce sujet édifiant :
Il n’y a pas d’échelle mais pour information, Q1 2021 (post-Covid) est 4.5x plus élevé que Q1 2020 (pré-Covid) en nombre de trades effectués sur la plateforme.
Les actifs sous gestions suivent une tendance croissante, et dépassent la vitesse de croissance des marchés sous-jacents principaux. Ce qui signifie que les clients de la plateforme augmentent leurs apports plus vite que la vitesse d’augmentation de la valorisation desdits marchés. Le nombre d’ouvertures de comptes "funded" (c’est à dire avec un dépôt d’argent qui accompagne l’inscription) a plus que triplé entre pré et post Covid. Le rapport indique à la page 4 que 73% des nouveaux comptes en Q2 2021 appartiennent à des personnes de moins de 40 ans, et 41% à des personnes de moins de 30 ans. Le trade moyen s’élevait à 250 USD, en augmentation de 15% versus Q2 2020, soit un montant relativement petit.
Page 20 du rapport "DriveWealth Retail Trends 2Q21 a écrit :
Over the past six quarters, DriveWealth’s retail trends reports have shown that global retail investors investing in the brands they know. Trading activity has remained consistently concentrated in global brands and ETFs, with news and current events causing the only variation. Morgan Stanley’s June research reinforced our data, showing that retail investors “…tend to focus on both very large/well-known stocks and tiny, illiquid micro-caps”with a “preference toward cyclicals, high-growth, positive momentum, and high volatility stock”, and “sectors they are likely to be familiar with as consumers…Consumer Discretionary, Tech, and Comm Services.” The report also found that stocks with higher retail buy/sell ratios outperformed stocks with higher sell/buy ratios during the 5-year period ending in June 2021.50» Once again, a few familiar names remained or reappeared as the top-traded symbols in both advised and self directed accounts:
• Big Tech - Apple (AAPL), Amazon (AMZN),
Disney (DIS), and Microsoft (MSFT)
• Electric vehicles - Tesla (TSLA) and Nio
(NIO)
• Reddit-driven meme stocks - Gamestop
(GME) and AMC Ent. Holdings (AMC)
Il me semble que ce n’est pas uniquement la classe la plus riche qui drive le marché, mais bel et bien en partie la classe qui suit (100k-1M) et qui représente une part suffisante du capital mondial pour faire bouger le marché.
3) Vous dites que la part allouées aux actions par les HNWI est dans la moyenne. On peut choisir d’interpréter ce graphique d’une autre manière : sur les 20 dernières années, toutes les fois où les HNWI avaient plus de 30% investis en actions, une crise des marchés actions est venue réduire ce %.
4) Dans ce même rapport, édition 2019 (téléchargeable ici), on trouve ce graphique qui représente la part de chaque classe d’actifs dans le portefeuille des HNWI par région du monde.
Et dans le rapport de 2021, on voit l’augmentation du nombre de HNWI par région depuis 1997 :
Or, si le nombre de HNWI augmente le plus vite en Asie, et que les HNWI asiatiques investissent, en tendance, 15% de moins dans les marchés actions que la moyenne mondiale (la partie bleu ciel, 21.9%/25.7% - 1 = -15%), le % du capital mondial des HNWI alloué aux actions ne devrait-il pas diminuer au fur et à mesure du temps ? Si tel est le cas, il me semble que c’est que les autres augmentent leur participation aux marchés actions plus que la moyenne ou que les asiatiques investissent davantage par rapport au passé.
5) Cette étude commence en 1998 et il n’y a pas de données avant. Il n’est pas impossible qu’avant, la norme ait été de 45% equity et 40% bonds par exemple. Cela semble peu probable, mais illustre mon point ; sans base avant 1998, comment dire si les valeurs sont extrêmes ? D’autant qu’il s’agit de 1998, et pas de 2000. Or c’est en mars 2000 que la bulle a explosé. Je ne sais pas si ce chiffre était aussi élevé à cette période. Il était possiblement déjà plus faible.
Scipion8 a écrit :
Que les valorisations boursières "brutes" soient élevées, je veux bien, mais vers quels actifs les investisseurs devraient-ils donc se tourner ? Répondre à cette question est beaucoup moins évident aujourd’hui que lors d’une vraie bulle boursière comme en 1999-2000.
Instinctivement, sur la base d’un retour à la moyenne et en se basant sur les données des HNWI, bien que non-représentatives ; il semble y avoir la place pour 3-4% d’immobilier supplémentaires, et 7-8% sur le fixed income. Ce qui, en ce qui concerne un mouvement actions vers fixed income, reproduirait la situation de Q1 2006 à Q2 2008 pendant la crise. Pourquoi pas une hausse du cash au niveau de Q1 2019, à 28% ? De manière générale, il me semble étrange qu’on achète quelque chose de cher parce qu’on ne sait pas quoi acheter d’autre (cf. votre références aux cryptos et NFTs qui sont, pour l’instant, très spéculatifs). Certes, le phénomène existe, mais il me semblait que c’était justement là le signe d’une bulle.
Scipion8 a écrit :
4) Dans la mesure où ils sont reflétés dans les anticipations des agents économiques (par exemple sondages, swaps et obligations indexés sur l’inflation etc.), la hausse éventuelle de l’inflation et le resserrement monétaire attendu de la Fed sont déjà pricés par les marchés boursiers. (Sauf à considérer que les marchés sont totalement inefficients, i.e. qu’ils devraient attendre une hausse des taux par la Fed pour l’intégrer dans les cours - ce qui n’est pas le cas.)
La vraie question que vous devriez vous poser c’est : Pensez-vous que le resserrement monétaire par la Fed sera plus rapide et/ou plus important que ce qui est actuellement pricé par le marché ? Si oui, alors c’est éventuellement un argument possible pour prendre une position short sur les indices boursiers. Mais cela suppose que vous ayez une compétence, ou au moins une conviction, macroéconomique supérieure à celle du marché. Ce qui est tout à fait possible, car le marché n’est pas vraiment compétent en termes de prédiction macroéconomique (= empiriquement, il se trompe beaucoup et souvent).
Ce qu’on voit depuis le printemps, c’est un rapprochement des anticipations d’inflation et de politique monétaire, entre celles du marché (très stressé par une inflation excessive au printemps) et la Fed (plus prudente sur son jugement que l’inflation sera "transitoire"). Mais globalement les anticipations d’inflation restent solidement ancrées près de la cible des banques centrales, et d’ailleurs le marché obligataire s’est nettement calmé, avec une baisse d’environ 40 points de base du rendement obligataire à 10 ans américain depuis les pics du printemps.
Je suis partiellement d’accord avec vous ; je crois en l’efficience des marchés à LT, mais pas à moyen ou court terme. Peut-être une déformation professionnelle liée à mon passif de stock-picking, mais il me semble que cette technique exploite les inefficiences. C’est d’ailleurs l’exploitation d’inefficiences (= de possibilités d’arbitrage) qui rendent les marchés efficients à long terme. En d’autres termes, le price discovery. Par ailleurs, dans certains cas, le marché price incorrectement, sur la base d’anticipations, jusqu’à la réalisation desdites anticipations et à l’ajustement du prix.
En ce qui concerne les anticipations actuelles du marché : comme vous l’aviez très justement confirmé à PierreqQuiroule dans le message #877 de la file de votre portefeuille dans lequel il postait le graphique ci-dessous, le marché a une longue histoire de mauvaise anticipation de hausse ou baisse des taux :
Scipion8 a écrit :
Vous pouvez légitimement penser que le marché et la Fed se trompent, et que l’inflation dépassera significativement ces anticipations. Moi je n’en sais rien, mais a priori je suis du même avis que la Fed et plutôt confiant sur une inflation bien ancrée près de sa cible. Donc pas de raison pour moi de shorter le marché sur la base d’une thèse macroéconomique.
Et c’est bien là que le bât blesse ; autant je n’ai pas confiance en le marché, autant pour la FED… je n’en sais rien non plus…
Scipion8 a écrit :
Perso, je pense qu’il faut réfléchir à l’investissement en termes "non-monétaires" (de ce point de vue je ne suis pas du tout un investisseur value). Quand j’achète une action LVMH ou Microsoft, peu m’importe la valorisation (même si c’est évidemment un critère de second rang important, qui va largement déterminer la performance finale de mon investissement) : ce qui m’importe en premier lieu, c’est d’avoir (de façon diversifiée) des entreprises de qualité dans mon patrimoine, car sur le long-terme c’est une stratégie gagnante, au-delà des péripéties macroéconomiques. Et la politique monétaire de la Fed, cela relève bien des péripéties macroéconomiques (et cela vient d’un banquier central !), qui, sur mon horizon d’investissement (30 ans), n’auront que peu d’impact sur le business de LVMH et de Microsoft, donc sur leur valorisation dans 30 ans, donc sur ma performance globale.
Je comprends bien votre raisonnement et suis en phase avec celui-ci. En ce qui concerne cette position, l’horizon d’investissement est bien plus court au final. A LT vous avez raison. Mais si ma position short MT se réalisait positivement, il est probable que je réalise de l’alpha à LT par rapport à votre portefeuille. Encore faudrait-il que j’ai raison, et c’est bien là tout l’objet de ce débat… Les deux optiques me semblent donc défendables.
En revanche, prendre une position (longue ou short) tactique sur les indices parce que j’ai une conviction macro très différente du marché (parce que celui-ci s’affole, ou au contraire est en pleine bulle euphorique, ou parce qu’il se trompe sur la perspective macroéconomique), oui, pourquoi pas, mais de façon mesurée (= avec un plafond assez bas en % du patrimoine global). Mais sauf périodes particulières où je suis "plus intelligent" que le marché (parce qu’il devient particulièrement bête) c’est un jeu à sommes nulles, voire probablement négatives. Et je préfèrerai toujours allouer mon capital à des jeux à sommes positives, comme l’investissement boursier passif diversifié.
Complètement en phase. J’ai alloué environ 5% de mon patrimoine à cette position à ce jour. Un ticket "pour voir".
corran a écrit :
1) Sur le ratio valorisation boursière/PIB, celui-ci fait abstraction de la modification considérable de la composition du marché boursier ces 30 dernières années, qui a vu émerger et maintenant dominer des sociétés technologiques à croissance soutenue et très forte rentabilité (sur chiffre d’affaires et sur capitaux). Les capitalisations boursières sont dominées par des sociétés qui alignent des croissances de chiffre d’affaires de 20, 30, 40% par an, tous les ans depuis plus de 10 ans et sans raison que cela s’arrête tant le potentiel est grand, des marges opérationnelles extraordinairement élevées (de 20 à 40% aussi) et des ROE/ROCE indécents.
Comparé à la société cotée typique de la deuxième moitié du XXème siècle, typiquement industrielle ou financière, qui est contente quand la croissance de son chiffre d’affaires dépasse l’inflation, que la croissance de son profit s’approche des 2 chiffres, et sa rentabilité opérationnelle et des capitaux dépasse les 2 chiffres, la valorisation ne peut pas être comparable.
On en a vu un exemple extrême en 2020 : les perdants du covid (restauration, hôtels, services de proximité, malls, industrie du tourisme, automobile dans un premier temps) soit ne sont pas cotés en bourse, soit ne représentaient qu’une part minime de la capitalisation boursière globale, et celle-ci a juste baissé ; les gagnants (numérique dans son ensemble) l’étaient en majorité, et leur valorisation a explosé parce que leur taille et leur rentabilité ont explosé. Pourtant le PIB a reculé de 3.5% aux Etats-Unis, de 4.7% dans l’ensemble des pays développés, de 6.6% dans l’UE et de 3.3% dans le monde.
C’est un excellent point en effet. La tendance est structurelle de toute évidence. La question demeure néanmoins ; est-ce en partie conjoncturel (CT ou MT) ou uniquement structurel (donc correctement pricé) ? Est-ce que les valorisations sur la base de DCF produisent des anticipations pertinentes, ou sont-elles largement exagérées comme pendant la bulle internet (avec des croissances de cash flows de plusieurs dizaines de % tirées à l’infini par les analystes de l’époque…) ? A l’échelle du marché, c’est bien difficile de répondre, et cela se base sur les anticipations de CF d’une part, mais aussi de ROE/ROCE versus Risk-Free Rate. Autrement dit, sur la base de l’anticipation de prime de risque (Equity premium) dont je discute justement ci-dessus dans mon message. Si celui-ci est au plus bas, j’aurais tendance à penser que les valorisations sont très élevées…
corran a écrit :
2) Sur le ratio P/E ; je l’ai écrit pas mal de fois sur ce forum, mais, du fait de l’évolution des normes comptables (comptabilisation des incorporels) et des modes de rémunération (stock-options), qui concernent au premier chef les valorisations les plus élevées (les technologiques) cet indicateur déjà très imparfait ne veut plus rien dire. Je m’étonne d’ailleurs qu’avec votre expérience professionnelle vous le regardiez encore.
Vous avez pléthore de sociétés représentant des centaines de milliards de capitalisation boursière qui ont un P/E proche de l’infini voire négatif, alors que leur P/OCF ou P/FCF est très raisonnable (encore une fois, eu égard à la croissance développée).
Exemple extrême puisqu’ils viennent de publier, Crowdstrike ($64B de capitalisation boursière et bientôt au Nasdaq-100). Résultat comptable négatif, P/E (forward) de -360. Oui mais… la société convertit 40% de son chiffre d’affaires en OCF! De fait, son P/OCF est de 120, ce qui change un peu la donne. C’est bien évidemment monstrueux, mais la société croît de 70% sur le trimestre (en accélération par rapport au trimestre précédent!), et son CA de l’année en cours n’atteindra même pas $1.5B, donc de la croissance il en reste encore pas mal. Et Crowdstrike n’est pas un cas isolé (même si sa rentabilité la place dans le haut du panier), il y en a plein la cote. Comment voulez-vous qu’un P/E de marché veuille dire quoi que ce soit dans ces conditions ?
Je suis très en phase avec votre argument. Le P/E est une bien piètre mesure pour valoriser un titre. Pour valoriser un marché qui regroupe 500 titres, je pense qu’il fait un peu plus de sens (mais toujours assez peu dans l’ensemble).
Dans les études que je faisais en hedge fund il y a quelques années, nous procédions, en substance, de la sorte :
- nous calculions tout un tas de ratios, les corrigions (parce que les entreprises changent leur périmètre à chaque fois que le chiffre risque de ne pas être très beau pour les analystes)
- attribuions un coefficient à chacun d’entre eux en fonction du secteur ou des corrélations que nous pouvions trouver,
- calculions une note globale à un titre pour chaque publication (trimestrielle, semestrielle…) ; par exemple 6/10 en Q1-2016, 7/10 en Q2/2016, etc…
- nous comparions ensuite la valeur que le marché attribuais au titre étudié en fonction de la note que nous calculions. Par exemple ; le marché priçait 10 euros quand la note était de 6/10, 15 euros quand la note était de 7/10…
- dernière étape, nous calculions un écart type et observions ou ce titre se trouvait versus sa moyenne historique, sa médiane, en termes de fraction d’écart type (par exemple : "prix actuellement 2x l’écart type en dessous de sa moyenne, il faut acheter fort").
Pour chaque titre, nous regardions quand même le P/E et le prenions en compte dans l’évaluation pour une raison simple : il a beau ne pas vouloir dire grand chose… c’est pourtant une composante que le marché regarde. Et cela influence partiellement le mouvement de prix.
Merci à tous encore une fois et s’il-vous-plait, continuez d’apporter de l’eau à ce moulin avec des critiques, contre-arguments et contre-exemples ; la discussion est passionnante.
Amicalement,
Ursule
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1 #7140 04/09/2021 00h29
- dangarcia
- Membre (2015)
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Ursule a écrit :
dangarcia a écrit :
Capter toute la performance du marché est très facile au contraire, il suffit d’acheter le marché et de rester investi.
Dans ce cas, vous ne captez que la hausse du point A au point Z.
Tout à fait, et plus A et Z sont éloignés plus il est difficile statistiquement de gagner davantage avec une autre stratégie. Cela nécessite en tout cas du travail et du talent, comme je suis avare de mon temps et n’estime pas être beaucoup plus malin qu’un autre, je me contente de A .. Z
Ursule a écrit :
dangarcia a écrit :
Tout simplement parce qu’en étant long votre perte maximale est limitée (au capital investi) et votre gain maximal est illimité. En étant short c’est le contraire.
Une perte illimitée sur le S&P500… je ne suis pas d’accord.
Je persiste, auand vous prenez une position short, votre perte maximale, c’est à dire la somme que vous pouvez perdre au maximum, est au moins théoriquement illimitée. En pratique cependant, votre broker coupera vos positions avant que vous soyiez dans le rouge.
Après c’est à vous de décider quel investisseur vous souhaitez être : entre l’investissement passif en tracker world et la gestion active avec ventes á découvert, options, trading intraday etc. il y a l’embarras du choix.
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1 11 #7141 04/09/2021 06h28
- Garfield
- Membre (2012)
- Réputation : 46
Investisseur super passif ici, je suis le « vieux » qui a du 60/40, avec des fonds/etf monde les plus larges possibles. Franchement, si j’ai vraiment peur, mon nouveau cash va en obligation ou reste en cash tout simplement. Cependant, je ne fais jamais de truc « techniques ou compliquées » (call, put, bidule truc machin - se sont pour moi des outils pro pour se couvrir, pas pour faire "plus" d’argent) et je ne vends jamais mes actions pour rebalancer puisque pour l’instant j’ai encore des cash-flows via le travail.
Par essence, plein de personnes feront mieux que moi, devraient faire mieux que moi, ont fait mieux que moi…et pourtant, bizarrement, sur + de 25 ans, je ne trouve plus quasiment personne ayant factuellement fait mieux…Dans mes cercles de connaissance, tous ce qui ont fait autre chose ont des histoires de succès incroyables…suivi de pertes qui écrasent le reste ou de petites pertes ici ou là qu’ils ne voient pas, ou un gros souci de benchmark tout simplement. C’est la nature humaine, il faut être chanceux à la sortie et a la rentrée avec des stratégies qui se veulent plus malines que les stratégies concurrentes.
Avec le bull que nous avons eu depuis quelques temps, les « jeunes » me disent que 100% actions c’est mieux (et un simple 100% SP500 écrase mon indice plus large), comme d’autres me disent que les obligations c’est mort, ou que le truc pour se couvrir marche parce que « mettre la superbe explication ici ». Moi, mon allocation a juste augmenté naturellement en actions durant les phases de bull (là je suis plus proche des 2/3-1/3) et diminuée durant les phases de Bear….Je reste sur mes indices mondes et j’accepte donc que certain ferront mieux (par chance pour beaucoup, par choix pour d’autres, mais evidemment, ils penseront souvent que c’est par intelligence)
La réalité, personne ne sait, je garde mon pivot autour de mes 60/40 (dans les 40, un peu d’or et un peu de cash mais c’est anecdotique) …bref, je suis un « boglehead » de base dans l’esprit. Je sais que plein de personne auront des meilleurs résultats, devraient avoir de meilleurs résultats…et pourtant….
Si j’avais vraiment très peur, je passerais a 50% action monde, 50% le reste (obligation, cash…) par petites touches. Mais bon, a 60/40, j’ai déjà l’impression que je suis en mode « dors comme un bébé »…et sur le long terme, il semble que je sois factuellement dans le peloton de tête en terme de résultat, super bizarre quand on y pense. A la prochaine crise, ça sera la même chose, je lirai des histoires de succès et d’intelligence pour s’être bien couvert où avoir vendu au bon moment…et sur une vie d’investissement, pourtant, ce qui a fait leur réussite hier ferra leur misère demain…
Bref, la plupart des postes sont une réflexion sur la véridique histoire de la bourse: cupidité et peur.
PS: au passage, j’ai eu des moments de cupidité sur ce site, notamment avec l’IF - le discours était beau, trop loin de mes "croyances" ceci etant mais l’histoire était si belle, battre le marché en étant concentré avec une marge de sécurité à chaque fois - Un autre moment avec les fonds H20 - 5 minutes seulement, mais quand même, c’est d’ailleurs super intéressant de relire les arguments de celui qui a ouvert le sujet, on retrouve tous les trucs habituels, avec même des messages qui apparaissent équilibrés, prudent, sage - incroyable comment nous n’apprenons jamais rien, absolument à relire avec la fin de l’histoire -
Les cryptos sont pas mal également pour créer de la cupidité. Quand on voit un des derniers messages du genre « nouveau crypto gratuit à miner… », cool, une promesse de gain avec aucun frais et aucun risque – aujourd’hui on vous rase gratis et en plus on vous donne un billet de loterie, dingue, actuellement des personnes arrivent à y croire…même les bonimenteurs sous chapiteaux de mon enfance n’aurait jamais rêvé de ce genre de truc….Bref cupidité avec plein d’autojustification histoire de ne pas perdre la face - les dogbidule sont quand même un bel exemple, avec les même arguments "sérieux" mais en clairement se foutant de votre gu#%@, on arrive au même resutat…hum - autojustification à plein pour expliquer avec moult détails techniques que non, là ce n’est pas pareil parce que…
Se couvrir en cas de chute…pourquoi pas, même si je doute de connaitre quelqu’un capable de réussir ce truc sur 25 ans sans sous-performance - et bon, la aussi, comment prouver que c’etaient des competences et pas juste un survivant au hasard…plus simple de changer son allocation pour gérer sa peur…tout en évitant de vouloir "battre le marché parce que…".
Bref, au prochain crach, on ne change rien et on espère effectivement que le monde survivera….
indices larges + allocation a l’équilibre entre ma peur et cupidité = succès mais avec toujours d’autres qui ont fait mieux, content pour eux…. Mais se croire plus intelligent, c’est un chemin semé d’embuches.
Bonne chance pour vos 20 prochaines années…
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3 #7142 04/09/2021 12h33
- Ursule
- Membre (2019)
Top 10 Année 2022
Top 10 Finance/Économie - Réputation : 216
Bonjour Garfield,
Garfield a écrit :
Investisseur super passif ici, je suis le « vieux » qui a du 60/40, avec des fonds/etf monde les plus larges possibles. Franchement, si j’ai vraiment peur, mon nouveau cash va en obligation ou reste en cash tout simplement. Cependant, je ne fais jamais de truc « techniques ou compliquées » (call, put, bidule truc machin - se sont pour moi des outils pro pour se couvrir, pas pour faire "plus" d’argent) et je ne vends jamais mes actions pour rebalancer puisque pour l’instant j’ai encore des cash-flows via le travail.
C’est votre approche et je la respecte. Vos propos sont censés. Choisir son appétence au risque et sa stratégie est une histoire toute personnelle, je suis content pour vous que cela vous convienne. C’est à vous qu’elle doit convenir et pas à quelqu’un d’autre.
Garfield a écrit :
Par essence, plein de personnes feront mieux que moi, devraient faire mieux que moi, ont fait mieux que moi…et pourtant, bizarrement, sur + de 25 ans, je ne trouve plus quasiment personne ayant factuellement fait mieux…Dans mes cercles de connaissance, tous ce qui ont fait autre chose ont des histoires de succès incroyables…suivi de pertes qui écrasent le reste ou de petites pertes ici ou là qu’ils ne voient pas, ou un gros souci de benchmark tout simplement. C’est la nature humaine, il faut être chanceux à la sortie et a la rentrée avec des stratégies qui se veulent plus malines que les stratégies concurrentes.
C’est un témoignage très personnel de votre entourage et de votre impression. Il ne faut cependant pas considérer que votre stratégie est la seule qui gagne, ni que tous les autres perdent. Ni que parce que votre stratégie a fonctionné par le passé, elle continuera de fonctionner à l’avenir. Ou encore que comme il n’y a pas de contre exemple dans votre entourage, vous avez raison.
Croyez bien que je suis sincèrement content pour vous et que je ne vous veux aucun mal. Encore une fois, votre stratégie vous convient et vous auriez raison de m’envoyer sur les roses si je vous disais qu’elle était mauvaise pour vous. Je ne sais pas sur quoi se basent vos 60/40 ; mais je suppose que vous avez investi régulièrement sur 25 ans pour faire fructifier votre capital. Sur quoi se basait cette supposition ? Soit c’était une croyance naïve, auquel cas vous avez eu de la chance dans cette spéculation, soit c’était une observation de ce qu’il s’était passé par le passé.
Or, en observant le passé à long terme, sur 25 ans les marchés actions sont statistiquement plus rentables que les marchés obligations. Un investisseur 100% actions dans la même situation que vous aurait battu votre performance de loin. S’il se base sur une approche naïve, il vous a battu par chance. S’il se base sur une analyse du passé, il vous a battu par son analyse. Il n’avait pas besoin d’être très intelligent et ça ne fait pas non plus de vous un idiot.
Les marchés sont (quasiment) un jeu à somme nulle : si votre entourage n’a fait que perdre, soit vous avez capté tout le gain, soit il existe des personnes (morales ou physiques) en face qui ont gagné aussi. Il me semble plus raisonnable de penser que si une multitude d’acteurs font moins bien que le marchés ou perdent, il y a tout autant de gagnants (en valeur) en face.
Garfield a écrit :
Avec le bull que nous avons eu depuis quelques temps, les « jeunes » me disent que 100% actions c’est mieux (et un simple 100% SP500 écrase mon indice plus large), comme d’autres me disent que les obligations c’est mort, ou que le truc pour se couvrir marche parce que « mettre la superbe explication ici ».
Je vous prie de croire que mes propos sans dénués d’animosité mais je tiens à souligner une tendance dans votre message ; vous opposez ici les jeunes aux vieux comme si c’était un conflit générationnel, vous plaçant dans la position du vieux sage raisonnable houspillé par les jeunes cons frivoles. Il y a sur ce site beaucoup d’exemples de jeunes sages raisonnables et vieux cons frivoles. Il n’y a ici pas de conflit générationnel ; vous n’avez pas raison parce que vous êtes, selon vos dires, "vieux", et tous les "jeunes" ne pensent pas comme ceux que vous décrivez.
Garfield a écrit :
Je reste sur mes indices mondes et j’accepte donc que certain ferront mieux (par chance pour beaucoup, par choix pour d’autres, mais evidemment, ils penseront souvent que c’est par intelligence)
Je trouve regrettable que vous considériez que quand les autres ont raison, ce soit majoritairement de la chance. Justifier la réussite des autres par de la chance sans pouvoir en avancer la preuve limite le débat et l’argumentation.
Garfield a écrit :
La réalité, personne ne sait, je garde mon pivot autour de mes 60/40 (dans les 40, un peu d’or et un peu de cash mais c’est anecdotique) …bref, je suis un « boglehead » de base dans l’esprit. Je sais que plein de personne auront des meilleurs résultats, devraient avoir de meilleurs résultats…et pourtant….
… et pourtant… vous ne les voyez pas mais elles existent. Il y a une multitude d’investisseurs de long terme qui ont adopté votre stratégie il y a 25 ans en investissant uniquement en actions. S’ils ont partagé votre rigueur (qui est impressionnante), ils ont simplement pulvérisé votre performance sur 25 ans. Je pense que vous conviendrez que vous n’êtes probablement pas le seul a avoir cette rigueur, et donc qu’une multitude d’investisseurs aura fait mieux que vous en se basant sur l’analyse simple du passé.
Garfield a écrit :
Si j’avais vraiment très peur, je passerais a 50% action monde, 50% le reste (obligation, cash…) par petites touches. Mais bon, a 60/40, j’ai déjà l’impression que je suis en mode « dors comme un bébé »…et sur le long terme, il semble que je sois factuellement dans le peloton de tête en terme de résultat, super bizarre quand on y pense. A la prochaine crise, ça sera la même chose, je lirai des histoires de succès et d’intelligence pour s’être bien couvert où avoir vendu au bon moment…et sur une vie d’investissement, pourtant, ce qui a fait leur réussite hier ferra leur misère demain…
Encore une fois, vous êtes probablement dans le peloton de tête de votre entourage, mais je doute que vous soyez dans le peloton de tête global avec une telle allocation. Qu’elle vous convienne, c’est une chose ; que ce soit l’une des plus performantes, c’est très contestable.
Garfield a écrit :
Se couvrir en cas de chute…pourquoi pas, même si je doute de connaitre quelqu’un capable de réussir ce truc sur 25 ans sans sous-performance - et bon, la aussi, comment prouver que c’etaient des competences et pas juste un survivant au hasard…plus simple de changer son allocation pour gérer sa peur…tout en évitant de vouloir "battre le marché parce que…".
C’est un argument si souvent entendu mais pas vraiment étayé : "l’intelligence n’a (quasiment) rien à voir dans les performances, ce n’est que de la chance (ou en grande partie)". Et pourtant, des multinationales richissimes s’arrachent certains profils pour des millions. Comment expliquer cela ? Ont-elles tort ? N’y a-t-il personne pour battre le marché ou faire de bonnes analyses qui battent une allocation 60/40 simple ? J’ai quelques contre-exemples dans mon entourage et il y en a aussi sur ce forum.
Je suis plein d’humilité face à votre rigueur et à vos performances long-terme, mais je trouve vraiment regrettable que vous rejetiez d’office quelques analyses (les avez-vous lues ?) en jetant par la fenêtre le facteur "intellect" sous prétexte qu’une sur-performance ne viendrait que de la chance, et que de toutes manières on est très bien avec un 60/40. Je serais ravi de lire votre point de vue sur celles-ci et je suis ouvert à la discussion si vous pensez que j’ai tort. Mais lire en filigranes dans votre message que de toutes manières c’est stupide de chercher à battre le marché parce que personne n’y arrive et que cela s’annonce compliqué pour moi dans les prochains 20 ans… cela n’encourage pas beaucoup la participation au forum.
Amicalement et, surtout, sans animosité,
Ursule
Hors ligne
#7143 04/09/2021 13h34
- zeboulon
- Membre (2015)
Top 50 Finance/Économie - Réputation : 90
Bonjour,
Ursule a écrit :
Les marchés sont (quasiment) un jeu à somme nulle
Pourriez-vous développer le point ci-dessus? En particulier pour le marché actions?
Employé, Assistant maternel, Commis de cuisine, Maraîcher, Investisseur
Hors ligne
#7144 04/09/2021 13h36
- Double6
- Membre (2019)
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Les ETF bear ne sont ils pas (au delà du problème du bêta slippage) en fait des ETN avec les risques encourus de contre partie, de suspension et de liquidité ?
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4 #7145 04/09/2021 13h51
- RadioInvest
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Top 50 Année 2022
Top 50 Vivre rentier - Réputation : 204
L’investissement boursier pour la très grande majorité des particuliers n’est pas un métier.
Il vise simplement à se prémunir de risques tels que la perte d’emploi, la baisse probable d’une pension de retraite ou permettre le financement de projets de vie (études des enfants, voyages…).
De ce point de vue là, certains n’ont pas envie d’être investis en actions à 100% et c’est bien légitime.
Ils n’ont que faire de réaliser une performance moins bonne que les autres.
Je trouve justement que les comparaisons n’ont vraiment qu’un intérêt limité.
Lorsque je cours le week-end pour maintenir mon appareil cardio-vasculaire et m’assurer une certaine longévité, je n’ai que faire que mon voisin prépare le marathon de Paris, soit plus sportif que moi et que sa performance soit nettement supérieure à la mienne.
On ne joue tout simplement pas dans la même cour.
C’est exactement la même chose, de mon point de vue, avec l’investissement boursier.
Pourquoi en tant que particulier, je devrais me comparer à des investisseurs semi-professionnels voire professionnels ? Heureusement qu’avec leurs outils et leurs connaissances, ils peuvent prétendre faire mieux que l’investisseur lambda, sinon ils auraient de quoi s’inquiéter.
Que certains soient payés des millions pour cela, tant mieux pour eux mais on a bien vu (cf. 2008) qu’il y avait une asymétrie franche ; pour faire simple nationalisation des pertes (faire appel à l’Etat providence) et privatisation des gains. On peut se permettre beaucoup de choses avec l’argent des autres.
Il serait intéressant de savoir si les traders (pro) payés des millions pour pondre des stratégies de couverture pour leurs clients (avec les risques inhérents mais après tout, ils le font avec de l’argent qui ne leur appartient pas), utilisent ces mêmes outils pour leur investissement boursier personnel.
Il y a des études (que vous devez connaître et facilement accessibles sur internet) qui mettent en évidence que l’investissement boursier sur des actions à faible volatilité ne fait pas moins bien qu’un portefeuille de titres plus volatils. Le particulier peut donc s’y retrouver 25 ans plus tard avec un portefeuille peu risqué et performant en ayant traversé de nombreuses crises boursières.
Par ailleurs, il est probable qu’à force de se comparer (à tel indice, à tel professionnel…), on soit tenté de modifier sa stratégie initiale pour essayer de combler l’écart et in fine à se perdre en conjectures/stratégies perdantes.
Il n’y a aucune honte à vouloir rester simple.
Si d’autres ont des stratégies sophistiquées qui alimentent les discussions dans les dîners mondains, parfait pour eux mais encore une fois, deux salles deux ambiances et il n’y a rien de plus risqué à mes yeux, qu’un particulier qui se prend pour un pro.
"Il faut de la mesure en toutes choses" Horace.
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1 #7146 04/09/2021 14h04
Hello,
L’objectif de l’épargne est de pouvoir différer dans le temps et sans perte de valeur, la consommation de son patrimoine acquis.
Exemple typique : J’épargne une partie de mes revenus issues de mes activités professionnels afin de consommer lorsque je serai à la retraite avec donc une baisse significative de mes revenus. Bien sur, je souhaite que les revenus épargnés il y a 40 ans et que je souhaite consommer aujourd’hui n’aient pas perdus leur valeur. Si mon d’épargne d’il y a 40 ans me permettait d’acheter une boite de 48 œufs, il ne faut pas qu’aujourd’hui je ne puisse acheter que 6 œufs !
Bon, tout cela pour dire que je trouve très intéressant le message de RadioInvest. Je rejoins cette vision des choses.
A ce titre, on pourra se référer à Les placements de l’épargne à long terme ou encore Epargner à long terme et maitriser les risques financiers
A+
Zeb
Tout ce qui peut merder, va inévitablement merder.
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#7147 04/09/2021 23h59
- Ursule
- Membre (2019)
Top 10 Année 2022
Top 10 Finance/Économie - Réputation : 216
Bonsoir,
Merci à tous pour vos retours.
zeboulon a écrit :
Pourriez-vous développer le point ci-dessus? En particulier pour le marché actions?
C’est une grosse simplification de ma part ; j’entends simplement qu’un cours de bourse se forme par la rencontre d’un acheteur et d’un vendeur. Quand l’un achète en pensant faire une affaire, l’autre vend en pensant sortir au bon moment. Si l’un a raison, l’autre a tort ; si l’un est perdant, l’autre est gagnant. A ce titre, si Garfield est gagnant, il y a un/des perdants en face. Et si tout l’entourage de Garfield est perdant sauf lui, c’est soit que Garfield a virtuellement gagné toutes les pertes des autres, soit qu’il n’est pas le seul à avoir gagné, et donc qu’il n’est pas le seul à être dans "le peloton de tête".
@RadioInvest, je pense que vous vous méprenez sur mes intentions. En substance, je dis la même chose que vous à propos de la stratégie de Garfield.
RadioInvest a écrit :
L’investissement boursier pour la très grande majorité des particuliers n’est pas un métier.
Il vise simplement à se prémunir de risques tels que la perte d’emploi, la baisse probable d’une pension de retraite ou permettre le financement de projets de vie (études des enfants, voyages…).
De ce point de vue là, certains n’ont pas envie d’être investis en actions à 100% et c’est bien légitime.
Ils n’ont que faire de réaliser une performance moins bonne que les autres.
Je trouve justement que les comparaisons n’ont vraiment qu’un intérêt limité.
J’ai commencé mon message par la citation ci-dessous :
Ursule a écrit :
C’est votre approche et je la respecte. Vos propos sont censés. Choisir son appétence au risque et sa stratégie est une histoire toute personnelle, je suis content pour vous que cela vous convienne. C’est à vous qu’elle doit convenir et pas à quelqu’un d’autre.
J’ai donc précisément dit la même chose que vous.
RadioInvest a écrit :
Pourquoi en tant que particulier, je devrais me comparer à des investisseurs semi-professionnels voire professionnels ? Heureusement qu’avec leurs outils et leurs connaissances, ils peuvent prétendre faire mieux que l’investisseur lambda, sinon ils auraient de quoi s’inquiéter.
Ce n’est pas ce que je suggère. J’illustrais qu’avec une analyse très simple obligations versus actions, couplée à la rigueur de Garfield, la suggestion 100% action était accessible.
Ce que je disais, c’est qu’il n’y a pas besoin d’être un grand professionnel et on peut vouloir ne pas se compliquer la vie (par exemple parce que les marchés ne sont pas notre cœur de métier), mais qu’il est dommage de balayer d’un revers de main les arguments que je cite dans mes messages #7119, #7131 et #7140 au motif qu’une simple allocation 60/40 convient bien à Garfield. Ce qui est bien pour Garfield, pour vous, n’est pas nécessairement bien pour tout le monde. Nous tenons donc les mêmes propos vous et moi.
RadioInvest a écrit :
Que certains soient payés des millions pour cela, tant mieux pour eux mais on a bien vu (cf. 2008) qu’il y avait une asymétrie franche ; pour faire simple nationalisation des pertes (faire appel à l’Etat providence) et privatisation des gains. On peut se permettre beaucoup de choses avec l’argent des autres.
Il serait intéressant de savoir si les traders (pro) payés des millions pour pondre des stratégies de couverture pour leurs clients (avec les risques inhérents mais après tout, ils le font avec de l’argent qui ne leur appartient pas), utilisent ces mêmes outils pour leur investissement boursier personnel.
Votre avis vous est propre et vous avez probablement vos raisons de penser cela, mais il me semble que vous mettez tout le monde dans le même panier ; tous les investisseurs, tous les traders, tous les gérants de fonds de pension, de hedge funds etc… ne sont pas mouillés dans les gros scandales ou épisodes dramatiques auxquels vous pensez.
Ce n’est pas parce que quelqu’un est intelligent et qu’il performe sur les marchés qu’il contribue activement à provoquer des crises. Certains fonds ne font que du stock picking, qui est par ailleurs une activité répandue sur le forum. Le lien entre la crise et des professionnels qui performent mieux que le marché me semble assez lointain.
RadioInvest a écrit :
Il y a des études (que vous devez connaître et facilement accessibles sur internet) qui mettent en évidence que l’investissement boursier sur des actions à faible volatilité ne fait pas moins bien qu’un portefeuille de titres plus volatils. Le particulier peut donc s’y retrouver 25 ans plus tard avec un portefeuille peu risqué et performant en ayant traversé de nombreuses crises boursières.
Si vous y avez accès, je suis preneur de telles études. Un investisseur qui investit dans des options vous dirait le contraire. Un stock-picker aussi au demeurant ; une volatilité plus forte veut dire que la réalisation du potentiel d’une action sous-évaluée est plus rapide, et donc plus fréquente, donc plus profitable. J’ai bien compris que vous ne souhaitiez pas faire ceci, mais encore une fois ; ce qui vous convient et que vous acceptez n’est pas nécessairement pertinent pour d’autres.
RadioInvest a écrit :
Il n’y a aucune honte à vouloir rester simple.
Entièrement d’accord, je n’ai jamais écrit ni sous-entendu cela.
RadioInvest a écrit :
Si d’autres ont des stratégies sophistiquées qui alimentent les discussions dans les dîners mondains, parfait pour eux mais encore une fois, deux salles deux ambiances et il n’y a rien de plus risqué à mes yeux, qu’un particulier qui se prend pour un pro.
Visiblement, dans votre message, vous insinuez que les stratégies autres qu’un 60/40 ou un full ETF World sont sophistiquées et réservées aux diners mondains, ou que les pros ne sont au final pas si bons puisqu’ils provoquent des crises. C’est bien dommage, je pense que vous cous trompez. Il existe de multiples stratégies gagnantes, pour des professionnels comme pour des particuliers.
Amicalement,
Ursule
Dernière modification par Ursule (05/09/2021 02h27)
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#7148 05/09/2021 07h26
- JulienIH
- Membre (2018)
- Réputation : 28
Bonjour à tous,
Garfield, après des années d’essais peu fructueux je mets en place une répartition similaire à la vôtre (inversée 60% actions et 40% obligations).
J’utilise le fonds Vanguard LifeStrategy qui présente plusieurs répartitions et permet d’être lazzy tout en utilisant les Etf Vanguard : Vanguard LifeStrategy Funds | Vanguard
Le schéma est en bas de page, en anglais mais clair.
Peut-être cela pourra-t-il vous être utile.
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.
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#7149 05/09/2021 07h55
- Garfield
- Membre (2012)
- Réputation : 46
Ursule a écrit :
Il existe de multiples stratégies gagnantes, pour des professionnels comme pour des particuliers.
Je ne peux pas vous prouver l’inverse et vous avez donc peut-être raison, mais effectivement, je ne suis pas en accord avec vous ;-)
Si vous avez raison et vous y arrivez (!), vous êtes dans le top 5-7% sur 25 ans des investisseurs mondiaux et éventuellement dans le top 0.001. Si vous avez tort, vous n’êtes pas dans le top 5-7% et en plus, vous avez un gros risque de perdre beaucoup. (je fais référence aux études fond actifs/passif et/ou passif/investisseurs particuliers…)
Dans mon cas, l’équation cupidité-peur apparaît dans ce choix de faire l’un (passif) ou d’essayer l’autre (actif). Gain "moyen" quelle que soit cette moyenne (et top 7-10%), ou espoir de gagner gros avec risque de perdre beaucoup plus.
À ce sujet, mon plus gros souci a été d’accepter que systématiquement, je trouverai de nombreuses personnes faisant mieux (et parfois extraordinairement) mieux - bref, faire taire ma cupidité et en même temps accepter que ma moyenne puisse même être négative (scénario Japon au niveau mondial - et avec le recul la fameuse décennie perdue) - bref faire taire ma peur également.
Ça explique pourquoi mon 60/40. Après, effectivement, oui, j’aurais aimé (En fait, mes héritiers aimeraient, j’imagine ;-)) avoir les c&^% pour avoir du 100/0 sur la même période, mais sur des événements du genre 1929-1937, je crois vraiment que ferrai des bêtises, ma peur étant trop forte et l’attente nécessaire pour revenir à un point zéro trop longue. Si un jour mes enfants demandent conseil, ce serait d’ailleurs 90/10 au max, histoire de s’habituer aux obligations, mais pas 100%. De plus, je crois tellement en la notion de diversification - car personne ne sait rien - qu’il me semble évident d’avoir un peu d’obligations.
PS: sur le stock picking, les arguments de l’IF (concentration) étaient parfaits, et ces arguments le sont toujours d’ailleurs, ils sont valables, je ne peux pas prouver l’inverse (un peu comme quand on parle de Graham ou autres investisseurs légendaires), je comprends les arguments et ils sont valables, soit. Ça ne répond pas aux doutes sur le "pourquoi moi, je peux y arriver" surtout que les exemples connus sont super limités (quelques légendes) et que je ne peux pas prouver non plus que finalement ce ne sont pas juste ceux qui ont survécu par chance. Le prix à payer si on se plante, ce sont des pertes colossales. Ceux qui veulent suivre laissent leur cupidité parler et n’écoutent plus leur peur (grâce à cette fameuse phrase "marge de sécurité" par exemple). On retrouve les mêmes discours à chaque fois, un upside de malade et des risques qui n’existent pas… Peut-être, mais sur 25 ans, il ne reste absolument personne, ceux qui ont gagné rejouent et perdent plus tard, c’est comme cela…Mais on oublie.
Achetez des actions en direct avec diversification (un peu ce que propose l’excellent livre de notre hôte) ça fonctionne par contre, on peut recopier à la grosse un indice et c’est une garantie supplémentaire par rapport aux risques spécifiques des etf (et c’était une des rares options facilement disponible il y a plus de 20 ans de toute façon.) mais bon, je suis plutôt confiant sur l’industrie concernant la sécurité des etf. Tilter vers un secteur ou un autre, j’ai déjà beaucoup plus de doute, c’est vraiment essayer de battre le marché, et donc être plus intelligent (!). Je n’y crois effectivement pas sauf si c’était mon boulot (et évidemment, comme je n’y crois pas, pas de risque que ça le soit)…Sur les trucs plus exotiques, j’achète l’idée des stratégies du genre option type "Big Ern" mais c’est évidemment du boulot pour des gains en réalité assez faibles et une discipline sans failles nécessaire. C’est tout sauf une martingale, juste un complément pour passionés semi-pro et qui à aucun moment ne "vendent" le truc comme un truc simple pour être riche, mais plus, une activité pour se diversifier, pourquoi pas…
Par contre, je ne crois effectivement pas que l’on puisse gagner grand-chose en essayant de "timer" le marche/detecter la prochaine crise… Et/ou la prochaine…Et/ou la prochaine. Y arriver, quelle martingale.
Quelques info pour répondre à des questions posées.
- "40% qui ne rapportent rien, prix de la tranquillité" : intellectuellement, je considère que c’est mon portefeuille global qui rapporte, pas une partie de celui-ci, essayer de trouver les trucs qui rapportent le plus c’est l’inverse d’essayer de diversifier. Donc oui, prix pour être (dans mon cas) certains de ne rien vendre à la prochaine crise, de ne jamais donner de grands coups de volant dans mon allocation, de dormir tranquille. À l’usage, il semble que 70/30 touche ma limite, voire même 75% dans mon cas perso. Ceci étant, n’étant pas en France, ma retraite est à capitaliser et ayant une carrière professionnelle qui consiste toujours à aujourd’hui de contrats courts (3 à 5 ans.), ça fait partie de mon horizon programmable depuis évidemment plus longtemps que 5 ans - casse-tête. Du coup, pour éviter la fameuse "sequence risk of return" j’ai toujours hésité à pousser mon allocation au-delà, des fois que ce soit mon dernier contrat et que je sois obligé de vivre sur mes investissements au pire moment d’un crach - bon, c’est un autre sujet.
- "diversifiez-vous en devise étrangère ou cela reste quelque chose à votre avis pour les pros": au long cours, gagner de l’argent sur la devise me semble simplement impossible (IH avait un poste avec des liens et des études sur le sujet.), comme outil pour les "entreprises" qui ont besoin de se couvrir, ok, mais pas pour gagner de l’argent dessus. Par contre, j’ai des dollars et des euro - les hasards de la vie. Pour les actions, ça n’a aucune importance, ça reste des morceaux d’entreprises. Pour les obligations et le cash, c’est effectivement un peu plus délicats. Je re-balance avec le taux du moment en considérant un seul portefeuille. Il faudra un jour que je me décide à savoir si je vais vivre dans une zone euro ou dans une zone dollars et passer toutes mes obligations dans cette monnaie… C’est une des limites de l’allocation passive des assets, faut-il encore savoir dans quelle monnaie on veut stabiliser le portefeuille, notre monnaie de dépense. Bon, pas de solution miracle de toute façon, je serai au hasard gagnant ou perdant par rapport à quelqu’un qui savait déjà où il va vivre et au moment ou je ferrai effectivement un transfer…c’est la vie
@JulienIH: je n’y ai pas encore accès (je suis hors des USA, et pour des aspects "estate taxes", je ne veux plus acheter directement aux states). Vous les prenez où?
Dernière modification par Garfield (05/09/2021 08h12)
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1 #7150 13/09/2021 19h50
Je vous transmets de nouveau la note stratégique de Bnp Paribas car a priori c’est consultable au public hors client de la banque (voir source)
BNP Paribas a le plaisir de vous faire parvenir notre synthèse de l’actualité des marchés financiers au cours de cet été, ainsi que nos orientations en termes de stratégie d’investissement pour le mois de septembre 2021.
Cet été, la tendance haussière des marchés d’actions s’est confirmée, malgré quelques secousses liées au durcissement règlementaire imposé par les autorités chinoises.
Depuis le début de l’année, les performances des principaux indices boursiers sont exceptionnelles : le MSCI World est en hausse de 14,70% et le S&P 500 progresse de 20,06%. En Europe, la hausse est de 17,97% pour l’Euro Stoxx 50 et de 20,36% pour le CAC 40.
Depuis mi-2020, la reprise économique mondiale est rapide, avec beaucoup d’ampleur. Même si cette croissance tend à ralentir, en particulier en Chine et aux Etats-Unis, elle reste solide et pourrait même trouver de nouveaux catalyseurs.
Les craintes que le variant Delta pourrait à nouveau affecter la croissance mondiale nous semblent exagérées. Le plus grand risque à court terme pour l’économie mondiale reste un resserrement excessif de la politique monétaire par la Réserve fédérale américaine, alors que l’économie américaine ralentit déjà. La croissance mondiale de l’industrie manufacturière et des investissements devrait bénéficier du maintien du nombre de commandes; les effets multiplicateurs et de richesse stimulant les dépenses des ménages.
Dans cette dynamique de croissance et de rendements obligataires au plus bas, nous maintenons notre positionnement positif à l’égard des actions et de l’immobilier de bureau.
ANALYSE
01. Évolution des marchés financiers cet été
Cet été, la tendance haussière des marchés d’actions s’est confirmée, malgré quelques secousses liées au durcissement règlementaire imposé par les autorités chinoises.
Depuis le début de l’année, les performances des principaux indices boursiers* sont exceptionnelles : le MSCI World** est en hausse de 14,70% et le S&P 500 progresse de 20,06%. En Europe, la hausse est de 17,97% pour l’Euro Stoxx 50 et de 20,36% pour le CAC 40.
Au cours de l’été, les investisseurs ont été surpris par les excellents résultats trimestriels des entreprises. Aux États-Unis, par exemple, plus de 80% des sociétés ont publié des résultats au 2ème trimestre supérieurs aux prévisions. L’Europe n’est pas en reste, avec des bénéfices supérieurs aux prévisions dans 62% des cas.
Cette reprise, qui a profité aux entreprises, reste néanmoins désynchronisée entre les zones géographiques : alors que la dynamique de croissance est soutenue en Europe, l’Europe étant sortie des périodes de confinement plus tardivement, le rythme de la progression aux Etats-Unis semble commencer à ralentir. Par ailleurs, le niveau d’inflation reste élevé Outre-Atlantique, à 5,4% sur un an à fin juillet, mais il tend à se stabiliser. Enfin, en Chine, les dernières statistiques économiques parues au cours de l’été montrent que la croissance ralentit, le pic de la reprise chinoise post-Covid étant désormais bien derrière eux.
*Au 31/08/2021, en devises locales (S&P500, MSCI World : en USD).
**L’indice MSCI World All Countries: indice boursier mesurant la performance des marchés boursiers des pays économiquement développés et des pays émergents.
02. Zoom sur la Chine
En Chine, le rebond post-Covid19 de la production industrielle et des exportations a atteint son pic en début d’année et les taux de croissance se sont normalisés. Le ralentissement de l’activité a cependant été plus marqué que prévu pendant l’été, et généralisé à l’ensemble des secteurs.
Aux effets du resserrement budgétaire et des conditions de crédit déjà engagé par les autorités monétaires en début d’année suite à la forte reprise, se sont ajoutés ceux du durcissement règlementaire et des nouvelles restrictions imposées face à la résurgence épidémique.
Coté durcissement règlementaire, Pekin cherche en effet à réguler davantage ses entreprises, notamment dans le secteur technologique pour garantir une concurrence plus loyale et dans le secteur de l’éducation privée afin de mieux redistribuer les richesses.
À court terme, la campagne vaccinale devrait continuer d’accélérer et les autorités pourraient assouplir la politique monétaire pour soutenir la croissance, tout en maintenant le cap du durcissement réglementaire.
03. Perspectives pour les actions et l’immobilier
Depuis mi-2020, la reprise économique mondiale est rapide, avec beaucoup d’ampleur. Même si cette croissance tend à ralentir, en particulier en Chine et aux Etats-Unis, elle reste solide et pourrait même trouver de nouveaux catalyseurs. Dans cette dynamique de croissance et de rendements obligataires au plus bas, nous maintenons notre positionnement positif à l’égard des actions et de l’immobilier de bureau.
La croissance américaine pourrait bénéficier d’un nouvel effet : s’il est approuvé par le Congrès, le plan de dépenses d’infrastructures de 1 200 milliards de dollars devrait stimuler la dynamique américaine qui semble ralentir ces derniers mois.
Les marchés attendent les directives de la Réserve fédérale américaine (Fed) : les marchés financiers attendent l’annonce d’un «tapering» par la Réserve fédérale (réduction de ses achats en obligations), et prévoient une baisse des achats mensuels d’obligations d’ici la fin de l’année. L’essoufflement récent de la reprise américaine complique la décision de la Fed.
L’Europe a toujours le vent en poupe : les indicateurs d’activité restent solides en Europe avec, notamment, des chiffres d’activités robustes et une confiance des ménages proche de son plus haut niveau historique. Le secteur manufacturier européen devrait, avec la reprise des dépenses d’investissement au niveau mondial, se renforcer à l’horizon 2021-22.
Stocks limités, carnets de commandes pleins: la reprise de l’emploi, l’épargne excessivement élevée et les niveaux extrêmement bas des stocks des secteurs manufacturier et de la distribution soutiendront la croissance économique jusqu’en 2022. Les effets multiplicateurs positifs résultant du niveau élevé de l’épargne et des richesses, du plein emploi et de la hausse des salaires pourraient conduire à une consommation étonnamment solide aux États-Unis et en Europe jusqu’à l’an prochain.
L’énigme chinoise : En raison de la répression règlementaire, le sentiment des investisseurs pourrait rester fragile à court terme. Ce n’est pas la première fois que la conformité règlementaire pèse sur les actions chinoises. Suite à ces pressions, les marchés se sont généralement repris pour atteindre de plus hauts niveaux historiques. Nous estimons que l’épisode actuel et la volatilité du marché associée restent des signes classiques de l’arrivée à maturité d’un marché émergent. Pour un horizon de long terme, les actions chinoises restent attractives.
Le « There Is No Alternative » (TINA) fonctionne : Dans ce contexte de rendements obligataires au plus bas, à des niveaux à nouveau négatifs pour les dettes souveraines françaises et allemandes à 10 ans, les actions et l’immobilier conservent le potentiel de rendement le plus attractif. Nous privilégions un positionnement défensif dans nos allocations (gestions actions à faible volatilité…), dans l’attente de la confirmation de la poursuite du rebond de la croissance économique.
Les craintes que le variant Delta pourrait à nouveau affecter la croissance mondiale nous semblent exagérées. Le plus grand risque à court terme pour l’économie mondiale reste un resserrement excessif de la politique monétaire par la Réserve fédérale américaine, alors que l’économie américaine ralentit déjà. La croissance mondiale de l’industrie manufacturière et des investissements devrait bénéficier du maintien du nombre de commandes; les effets multiplicateurs et de richesse stimulant les dépenses des ménages.
Source: Point Marchés Septembre 2021
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