al2020, le 22/06/2022 a écrit :
Si toute la flotte du Royaume-Uni était convertie à l’électrique il faudrait en supposant qu’ils utilisent les batteries de nouvelle génération les plus économes en ressources : environ le double de la production mondiale annuelle de cobalt ; les trois quarts de la production mondiale de carbonate de lithium ; la quasi-totalité de la production mondiale de néodyme ; et plus de la moitié de la production mondiale de cuivre en 2018. C’est un professeur qui le dit cité par Forbes. On voit donc tout le problème des VE à moyen-terme et le potentiel de gain pour les producteurs de ces ressources du fait de cette mode électrique poussée par les médias et politiques (voir Le sale secret des véhicules électriques).
Le neodyme est principalement utilisé dans les aimants des éoliennes en mer. Comme la plupart des terres rares, il n’est pas si rare ni indispensable.
L?ADEME fait le point sur les terres rares liées aux ENR | Techniques de l’Ingénieur
Les Tesla contiennent du neodyme dans leur moteur, pas dans les batteries. D’autres constructeurs font des moteurs sans neodyme :
Voiture électriques: Le mythe des terres rares - Blick
Le lithium n’est pas non plus une limite pour le moment. J’ai oublié Eramet dans la liste d’investissements : beaucoup moins valorisé que les spécialistes américains, il a un projet en Argentine en train de se concrétiser :
Eramine, un projet de production de lithium de classe mondiale | Eramet
et un en Europe :
Projet EuGeLi : du lithium européen pour les futures batteries des véhicules électriques | Eramet
Quand les besoins augmentent, il "suffit" de creuser . La principale mine de terres rares des Etats-Unis, Mountain Pass, a fait faillite dans les années 90 à cause de la concurrence chinoise. Elle a rouvert en 2021, va fournir 15 % de la production mondiale dès cette année. Elle est exploitée par MP Materials que je citais.
Les États-Unis relancent la production de terres rares, sur fond de tensions géopolitiques avec la Chine
L’australien Lynas Corp, que je citais également, ouvre une usine de séparation des terres rares au Texas :
Le Pentagone finance une usine de séparation de terres rares aux Etats-Unis
Un projet est en cours au Groenland, qui a fini par se résigner à "se vendre" pour moins dépendre des subventions danoises. Bluejay Mining peut s’acheter à la bourse de Londres, avec une bonne décote sur le prix d’introduction. Mais attention c’est du long terme, aucun résultat avant 2026.
La Relève et La Peste
Il y a aussi des débuts de prospection au large de la Norvège…
Le cobalt est l’élément le plus problématique. Mais sachant qu’il y avait 112 ans de réserve pour notre consommation actuelle, principalement en Afrique, exploitées "gratuitement" par des enfants, on s’est pas encore trop cassé la tête pour lui trouver un remplaçant. De nombreuses recherches sont actuellement faites sur les batteries, et ce n’est que le début : sodium-ion, fer-air… je ne suis pas inquiet quant à la possibilité de trouver une solution fonctionnant avec des métaux suffisamment abondants.
Le principal facteur limitant, c’est l’énergie. Pour creuser, il en faut beaucoup. Pour rouler, toujours beaucoup (1/2 * masse de la voiture * vitesse au carré, si par miracle je supprime toutes les pertes et frottements). Sur le cycle de vie, la consommation d’énergie reste moindre qu’avec une voiture thermique, mais ce n’est qu’un facteur 2 à 3. En face, il y a une demande de voitures supérieure au facteur 2 : le taux d’équipement automobile est encore 6 x moindre en Inde et en Chine que dans les pays occidentaux. Aucune chance donc que la voiture électrique ne permette de diminuer la demande d’énergie.
Le secteur automobile n’est pas le seul à vouloir remplacer un combustible fossile par de l’électricité. et 70 % de l’électricité mondiale est produite avec des combustibles fossiles… aucune chance de résoudre cette équation rapidement autrement qu’en brûlant du charbon : le déploiement des autres moyens de production d’électricité est beaucoup trop lent. Panne de gaz, que fait l’Allemagne, tellement branchée renouvelables ? Elle relance des centrales à charbon.
Je ne suis donc pas favorable aux voitures électriques. Cependant, je n’ai aucun doute quant au remplacement de l’industrie de la voiture thermique par celle de l’électrique. D’une part c’est une stratégie plus flexible : là où le thermique ne fonctionne qu’au pétrole, l’électrique accepte également le gaz et surtout le charbon. D’autre part, cela permet un story-tailing, et de nos jours le commerce vit beaucoup de cela : les consciences bienpensantes seront cajolées par la croyance de détenir un "véhicule propre".
Le nombre de voitures thermiques part de 1 pour tendre vers 0. Le nombre de voitures électriques part d’un peu plus de 0 pour tendre probablement vers 2, peut-être un peu plus si on fait de la magie avec les capacités électriques, ou un peu moins si on décide de s’occuper du problème climatique en passant au vélo électrique. Dans tous les cas, même si ça ne va qu’à 0,5, ce "grand remplacement" est une opportunité à saisir pour l’investisseur, sans besoin de croissance du PIB.