2 #151 30/08/2022 14h11
- Bernard2K
- Membre (2015)
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rylorin a écrit :
Il y a contrat dès lors qu’il y a accord sur la chose et le prix.
…et sur les éléments essentiels du contrat.
Vous trouverez toujours des gens pour écrire "vendeurs, vous êtes tenus par la première offre au prix"
Et même des avocats, ici :
Immobilier : vendeurs, vous êtes tenus par la première offre au prix ! Par Louise Bargibant, Avocat.
Personnellement, je trouve cet article très très optimiste… au point d’être irréaliste et donc trompeur.
Vous voulez l’antidote ? Le voici, un article beaucoup plus réaliste, écrit par un avocat aussi, mais basé sur la jurisprudence et non pas seulement des beaux et grands principes :
"L’accord sur la chose et le prix", Me Caroline Dubuis Talayrach, avocat - Journal de l’Agence
Vous voulez un exemple bien concret de comment fonctionne la justice dans un tel cas ?
https://www.journaldelagence.com/wp-con … 0724-2.pdf
Lisez le attentivement, s’il vous plaît. Voici donc le cas où des acquéreurs, les époux Z, avaient fait une offre sous le prix, les vendeurs (époux B) avaient fait une contre-offre, puis l’accord sur le prix de cette contre-offre avait été matérialisé par des mails très clairs via l’agent immobilier. Le compromis était prêt à signer et les époux B avaient écrit au notaire leur accord sur les termes de ce compromis. A ce moment-là, les vendeurs acceptent une nouvelle offre plus élevée issue d’autres acheteurs (les époux A) et se désistent donc de la vente aux époux Z.
Les époux Z assignent donc les vendeurs en disant que la vente était parfaite (sûrement très bien conseillés par un avocat qui récitait le code civil : "accord sur la chose et le prix").
Et… les époux Z gagnent ! Le TGI dit que la vente était parfaite, ordonne aux époux B de se présenter devant notaire pour régulariser, et à défaut le jugement vaut vente. Les époux Z ont gagné sur toute la ligne ! Champagne !
Puis, ça va devant la cour d’appel, qui dit :
Pour autant, il apparaît que les échanges de courriels
intervenu par le truchement de l’agence immobilière,
ne remplissent pas les conditions de validité d’une
offre acceptée en bonne et due forme compte tenu de
leur imprécision.
En effet, il n’est pas fait mention d’éléments essentiels
du contrat projeté tels que l’état civil des acquéreurs,
la désignation cadastrale du bien, la ventilation du
prix entre meubles et immeuble, les modalités de
paiement du prix et la condition suspensive de
l’obtention d’un prêt, le montant du dépôt de garantie,
éléments qui ont fait l’objet d’échanges ultérieurs en
vue de leur mention dans le compromis de vente en
cours d’élaboration ce dont il résulte que les parties
étaient toujours en pourparlers en vue de la signature
d’un compromis de vente.
Il se déduit ainsi de ces éléments que les parties
avaient d’un commun accord subordonné la rencontre
de leur volonté respective d’acquérir et de vendre à la
signature d’un avant-contrat de vente de sorte que la
vente n’était pas parfaite.
Dès lors, le jugement déféré qui a considéré que la
vente était parfaite avec les conséquences en
découlant, sera infirmé
Les époux Z ont donc perdu sur toute la ligne. Malgré ce que leur a dit leur avocat, malgré ce que leur a dit le premier jugement, ils ont perdu. Ils ont perdu beaucoup de temps (première offre 2017, cour d’appel 2020), beaucoup d’argent. Qui est le seul qui a gagné quelque chose ? Leur avocat.
Une fois que vous avez lu tout cela, avez-vous vraiment envie de suivre le même parcours judiciaire que les époux Z ? Pensez-vous que les offres comportent souvent l’ensemble des éléments essentiels du contrat, qui sont, nous dit la cour d’appel : "l’état civil des acquéreurs, la désignation cadastrale du bien, la ventilation du prix entre meubles et immeuble, les modalités de paiement du prix et la condition suspensive de l’obtention d’un prêt, le montant du dépôt de garantie" ?
Une fois que vous avez lu tout cela, avez-vous encore envie de répéter : "accord sur la chose et le prix" ?
Pourtant, dans le cas jugé, il y avait accord écrit, et le compromis était prêt à signer. Alors que Dicci nous interroge sur une simple offre d’achat qui n’a pas été acceptée, ce qui est encore bien plus léger.
Certes, vous pouvez tout de même dire que le cas des époux B était sous le prix, alors que là c’est une offre au prix. Mais, dans la mesure où l’annonce est de plus en plus souvent considérée comme une "invitation à entrer en pourparlers", et non pas comme une "pollicitation", on ne peut pas maintenir l’argument comme quoi la volonté de l’acquéreur rencontrerait celle du vendeur manifestée par l’annonce, et donc la vente serait parfaite.
La seule chose réaliste et pragmatique à dire à Dicci est : "Si vous cherchez à contraindre le vendeur à vous vendre à vous, vous avez une probabilité très élevée de perdre, après y avoir passé beaucoup de temps et d’argent. Alors oubliez ce bien et partez tout de suite à la recherche d’un autre."
Pour établir le contenu de ma formation, j’ai étudié très attentivement qui du vendeur et de l’acquéreur peut contraindre l’autre, selon les stades de la négociation, la nature des parties (particulier ou professionnel) et le type de bien vendu. Sans rentrer dans les détails (car c’est complexe), je peux vous dire qu’il est rarement possible de contraindre vraiment avec de bonnes chances de réussite.
Dernière modification par Bernard2K (30/08/2022 14h27)
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