Désolé pour le -1, je me suis trompé de bouton ! C’est signalé et ça va être corrigé !
Sur le fond : alors que le profane voit une grande entreprise comme étant un monolithe, les gestionnaires la découpent en unités, et ils analysent la performance de chaque unité de façon individualisée, pour savoir combien elle coûte et combien elle rapporte. Ainsi, chaque agence ou chaque direction régionale est considérée comme un "centre de profit" qui doit faire de l’argent. Le terme "centre de profit" renvoie à une analyse de type comptabilité analytique, mais aussi stratégie d’entreprise, où l’on regarde combien chaque sous-ensemble de l’entreprise coûte et rapporte.
L’explication de Caine est très précieuse. Traditionnellement, la question de l’attribution d’un crédit est seulement celle de la solvabilité du client : est-il capable de rembourser, et est-ce que son taux d’endettement va rester sous les plafonds ?
Là, le directeur, ou le directeur commercial, doit se poser une question très différente : faut-il vendre à perte ? C’est un peu comme le directeur d’une filiale d’un grand réseau de garages, qui se trouverait obligé de vendre les pneus à 70 € (par un plafonnement national du prix des pneus), alors que ces pneus lui reviennent 75 €. Sa question va être : est-ce que j’ai intérêt à vendre des pneus à ce client, parce que je lui vendrai aussi des vidanges, de l’entretien, etc ? Et plus encore : est-ce que je vais vendre suffisamment de vidanges, entretien, voitures neuves, etc. dès cette année et même dès ce mois-ci, pour équilibrer la perte sur les pneus, et que mes chiffres restent dans le vert ? A la rigueur, un garagiste indépendant peut prendre cette décision au feeling "je veux garder mes clients fidèles, donc tous ceux que je connais, j’accepte de leur vendre des pneus, et tant pis si je passe temporairement en déficit, je m’y retrouverai au long terme". Mais le directeur d’une filiale ne peut pas raisonner au feeling. Il sait que le grand chef va lui demander des comptes. Il sait que le profit dégagé par son agence ou sa direction doit rester constant ou augmenter, s’il veut garder sa place et toucher ses bonus.
Avec un raisonnement poussé à l’extrême, un tel directeur d’une filiale de garage, dans cette situation, devrait arrêter de vendre des pneus. Ne plus vendre que des voitures et de l’entretien, mais renvoyer les clients qui viennent pour des pneus. Pourquoi irait-il vendre à perte ? Transposé à la banque, un tel raisonnement voudrait dire un assèchement total de l’accès au crédit, tant qu’il n’est pas redevenu rentable de vendre du crédit.
D’où le fait que je peux en ce moment me faire refuser un crédit, non pas parce qu’il y a un problème avec mon dossier à moi, mais parce qu’il n’est juste plus rentable de vendre des crédits en ce moment. Et c’est ce raisonnement très inhabituel que Caine a pris la peine de nous expliquer, ce qui vaut bien un +1 !
Dernière modification par Bernard2K (05/01/2023 10h21)