Nicofil a écrit :
Sur ce point Royal souligne l’absence de jurisprudence interdisant le don manuel-partage tel qu’il le conçoit :
Tout est là. Tel qu’il concoit la loi.
Reprenez la décision de Versailles sur le don manuel de parts sociales. Le jugement est clair : les parts de sarl ne peuvent faire l’objet d’un don manuel.
Pensez procédure : Royal donne sa lecture du don de parts sociales, le juge, qui tranche a posteriori, dit le contraire. Qui a raison, en terme de procédure ?
Je suis un praticien du conseil et je m’appuie sur la loi et la jurisprudence, pas sur la doctrine (hormis fiscale), les avis ou opinions.
Comme l’indique la vidéo, la jurisprudence autorise le don manuel de créances, donc de parts sociales.
La loi dit qu’une donation se fait par écrit. La loi dit qu’un don manuel se fait de la main à la main … C’est une image, il s’agit d’être en mesure de transférer un bien aussi simplement qu’en le tendant vers son destinataire. Le billet de banque, le chèque, le titre au porteur, etc … Un montant numérique ne nécessite pas d’être retiré en cash pour être réellement donné de la main à la main, un simple virement suffit Mais le virement est un transfert simple, ne nécessitant pas de démarche.
Mais là, il se contredit lui même : il suit la jurisprudence, la jurisprudence autorise le don manuel de créance donc de parts sociales … alors qu’il cite lui même une décision post 2006 le contredisant au moins partiellement : une part sociale qui nécessite des formalités, comme les parts de Sarl dans cette décision, mais cela de fait touche toute part qui nécessite une formalité, ne peut faire l’objet d’un don manuel.
Il invente un concept de donation partage par don manuel … Là, il ne s’appuie plus sur la loi, il légifère par lui même, en laissant l’auditeur ou le conseillé prendre le risque juridique.
Hors sujet, mais pour expliciter
Noël Mamère, en juin 2004, célèbre le premier mariage de deux hommes. Il considère s’appuyer sur le droit, en citant le code civil (titre V). Et en particulier sur le 144 en vigueur en 2004 (depuis 1803, code Napoleon) : L’homme avant dix-huit ans révolus, la femme avant quinze ans révolus, ne peuvent contracter mariage. (oui oui, jusqu’à 2006, l’épouse de 15 ans était un concept légal, étonnant, non ?)
Il considère que la loi n’impose pas qu’un mariage soit entre un homme et une femme, mais fixe uniquement l’âge à partir duquel un individu est autorisé à contracter mariage.
Mamère fait alors exactement ce que propose Royal : il prend un texte dans sa forme brute, l’analyse en logique extrème, et en tire qu’il a le droit pour lui.
9 ans avant la loi Hollande, le tribunal ne peut que casser ce mariage. En Cassation (2007), la cour indique que seul le législateur peut modifier l’esprit de la loi, et que la cour, par principe de séparation, ne peut autoriser cette lecture ce qui l’amènerait à légiférer.
La CEDH en 2016 confirme.
Quel a été le coût de ces procédures pour les deux non époux de ce mariage qui ont 1) accepté cette lecture de la loi (donc le conseil) et 2) ont tenu à faire respecter "leurs droits" (fonction de cette lecture).
Là. c’est une évolution sociale inscrite dans la loi en 2013, mais pour revenir aux donations, la question est valide : si vous suivez le conseil don manuel vaut donation partage, et qu’il y a contestation par la suite …
Quel coût induit pour quelle économie initialement réalisée ? économie à vérifier d’ailleurs, si le conseiller vous facture sa prestation, êtes vous certain que cela sera moins que le tarif réglementé du notaire en la matière ?