carpediem a écrit :
Le globe trotter a 0 donc on considère qu’il a reçu 0
Je pense qu’on retient au contraire la valeur de la somme qu’il a reçu (par exemple 100 k€) et non pas 0. Et j’avoue que je suis étonné de voir quelqu’un de votre calibre commettre une erreur aussi basique.
Article 860 du code civil : "Le rapport est dû de la valeur du bien donné à l’époque du partage, d’après son état à l’époque de la donation.
Si le bien a été aliéné avant le partage, on tient compte de la valeur qu’il avait à l’époque de l’aliénation."
et l’article 860-1 : "Le rapport d’une somme d’argent est égal à son montant".
Donc, supposons que le bien ait été donné en indivision, puis vendu (aliéné), ce qui a rapporté disons 100 k€ à chacun des enfants. Ce sont bien ces 100 k€ qui doivent être rapportés, en tout cas pour le fils prodigue. Qu’il l’ait dilapidé ou non ne change rien à l’affaire.
On entend souvent ces histoires d’argent dilapidé pour justifier l’intérêt d’une donation-partage. On évoque classiquement le tour du monde, ou l’achat d’une voiture de sport neuve, qui finit à la casse.
Or, à mon humble avis, ces fables ne tiennent pas la route, car, si j’ai tout bien suivi, voilà le rapport dû par le fils prodigue sur les 100 k€ initiaux suivant ce qu’il en a fait :
- 100 k€ entièrement consommés par la réalisation d’un tour du monde : rapport 100 k€
- 100 k€ entièrement consommés par l’achat d’une voiture de sport qui a fini à la casse : rapport 100 k€ (voire plus, car valeur d’aujourd’hui, d’après son état d’alors : on pourrait rapporter la valeur de la même voiture de sport neuve, mais au prix d’aujourd’hui)
- 100 k€ placés sur un compte en banque, donc maintenus exactement à 100 k€ : rapport 100 k€
Quoi que fasse le fils prodigue de ces 100 k€, il n’arrive pas à en annuler la valeur de rapport.
Donc, si je comprends bien, l’injustice du rapport ne vient pas du fait que le fils prodigue ait diminué (ou maintenu à l’identique) la valeur de la donation puisque c’est forcément rapporté au moins pour sa valeur d’alors (100 k€) ; elle vient du fait que le fils industrieux, lui, a donné davantage de valeur à sa part !
Le fils qui reçoit 100 k€ et les fait fructifier devra faire un rapport pour une valeur élevée ; et son frère prodigue bénéficiera donc de l’augmentation de valeur apportée par son frère industrieux. Encore que, même cette fable de l’augmentation de valeur qui doit être partagée avec le frère prodigue est à relativiser. Il faut distinguer selon si l’augmentation de valeur est de son fait ou non puisque, article 861 :
"Lorsque le rapport se fait en nature et que l’état des objets donnés a été amélioré par le fait du donataire, il doit lui en être tenu compte, eu égard à ce dont leur valeur se trouve augmentée au temps du partage ou de l’aliénation.
Il doit être pareillement tenu compte au donataire des dépenses nécessaires qu’il a faites pour la conservation du bien, encore qu’elles ne l’aient point amélioré."
Donc, si j’ai tout bien suivi, voilà le rapport dû par le fils industrieux sur les 100 k€ initiaux, suivant ce qu’il en a fait ensuite :
- achat d’un immeuble qui s’est valorisé à 200 k€ du seul fait de l’augmentation du marché immobilier : rapport 200 k€
- - achat d’un immeuble qui s’est valorisé à 200 k€ du seul fait des travaux d’amélioration réalisés par le fils industrieux, tandis que le marché immobilier n’augmentait pas : rapport 100 k€
- achat d’une société à 100 k€ qui s’est valorisée à 1000 k€ grâce au travail du fils industrieux : rapport 100 k€
- achat pour 100 k€ d’actions de la société Mamazon, qui s’est valorisée à 1000 k€ sans nécessiter le travail du fils industrieux : rapport 1000 k€.
Il me semble qu’il ressort de ces exemples :
- que le fils prodigue ait dilapidé ou tout juste conservé la somme, elle est forcément rapportée à 100 k€.
- si le fils industrieux a apporté de la valeur par son travail, il ne doit rapporter que les 100 k€ initiaux.
- si le fils industrieux a apporté de la valeur en ayant le nez creux (achat d’un immeuble ou d’une action qui augmente du seul fait du marché, sans le travail du fils industrieux), il doit rapporter la valeur actuelle.
En résumé :
- que le fils prodigue dilapide ou maintienne à l’identique, le rapport est le même
- le fils industrieux doit partager les fruits de son "nez creux" mais pas les fruits de son travail.
S’il y a une erreur dans ce raisonnement, je veux bien qu’on me l’explique !
Dernière modification par Bernard2K (14/04/2023 12h09)