sissi a écrit :
Roudoudou
D’abord de ce que j’ai lu…Chypre a contribue au sauvetage des autres pays aussi. Et tous les "chefs" savaient que leurs banques avaient majoritairement des obligs grecques en portefeuille, leur voisin auquel ils sont rattaches …versus Chypre Nord et la Turquie….assez comprehensible quand on lit l’histoire du pays.
Des obligations grecques extrêmement lucratives. Relisez cet article du New York Times (histoire de ne pas citer que ZeroHedge), qui discutait il y a deux mois du plan de taxation des dépôts dans le cadre du renflouement des banques chypriotes (personne ne peut vraiment dire que c’est surprenant, du coup, vu que c’était évoqué dans des journaux grand public…)
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People in favor of forcing depositors to share the cost of the bailout make this argument: It was an unusually high, $14.4 billion spike in Cypriot bank deposits in 2010 — as much as half of it from Russia — that prompted the banks to make the bad lending decisions that led to their collapse. The banks put much of the money into Greek government bonds, only to absorb big losses when those bonds were restructured last year.
Mettons de côté le fait que ce soit de l’argent russe : placer massivement dans la dette grecque en 2010, c’est quand même une activité particulièrement spéculative (le spread était déjà élevé)… Si la Grèce avait honoré sa dette, les banques chypriotes n’auraient eu aucun problème et auraient pu continuer à servir les taux élevés de rémunération des dépôts qui les caractérisent (3,7% au dessus de ce que font les banques françaises, d’après la comparaisons des statistiques des banques centrales française et chypriote).
Toujours dans le New-York Times :
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y the way, if you’re wondering why investors left so much money in troubled Cypriot banks, here’s a trivia question: Would you have been better off leaving your money in a bank in the United States or in Cyprus over the last five years?
The answer: You would have been better off in Cyprus, even after the bailout, when your money was “confiscated.” If you had 100,000 euros in a Cypriot bank account over the last five years, where the interest rate has averaged about 5 percent, you would have about 127,600 euros today. Even after the bailout, which would require you to give up 10 percent of your deposit — 12,760 euros — you would be left with 114,840 euros. The American bank? The $100,000 you deposited at Bank of America five years ago is about $105,100, at the going rate of about 1 percent interest a year.
Lorsque des banques pratiquent une activité aussi spéculative, le régulateur est sensé intervenir. Evidemment, à Chypre, le régulateur est notoirement laxiste et n’a rien fait pour empêcher cela. Et je dirais même que la population, très contente de bénéficier de rendements attractifs, n’a pas beaucoup fait pression sur ses représentants pour qu’il encadre l’activité d’investissement.
Lorsque les banques sont confrontés à la réalisation du risque (la répudiation partielle de la dette grecque), risque pour lequel elles étaient rémunérés par des taux plus attractifs que les emprunts allemands), elles essayent de demander l’aide de l’état chypriote.
Alors, on peut toujours discuter des points de détail de la fiscalité française et de la fiscalité chypriote. Toujours est-il que la fiscalité chypriote n’a pas permis à cet état de constituer de quoi faire face aux besoins de recapitalisation de son secteur bancaire. Il n’est pas question de comparer les taux, simplement de se dire que si le moindre souci dans la politique de gestion du risque des banques du pays aboutit à un besoin de recapitalisation égal à 100% du PIB, c’est probablement qu’il fallait soit taxer et se constituer un matelas de liquidités pour le cas où, soit interdire (et réguler le secteur financier pour que les risques soient davantage contenus).
Alors faut plutot blamer - si on doit blamer- ceux qui ont pris ces decisions a la legere il y a pas mal de temps…
Le peuple chypriote ? On ne le blâme pas, il n’est pas question de moralité ici. Seulement, il a 15 milliards d’euros à trouver. Il aurait dû les prélever progressivement, les années passées, à hauteur mettons de 2 milliards par an depuis 7 ans. Il ne l’a pas fait. Il peut les trouver en taxant de 15 milliards d’un coup. Ce sont deux méthodes qui se valent. Mais c’est sûr que la deuxième nécessite de bloquer les dépôts pour éviter qu’ils ne s’évaporent avant qu’ils ne soient taxés.
Soit trouver un juste milieu et négocier l’obtention d’une aide de ses voisins, soit le secteur bancaire faire faillite et se contenter d’exercer sa garantie des dépôts (dans ou hors de l’euro). Deux scénarios dont on peine à croire qu’ils soient meilleurs que la fiscalité accrue pour le peuple chypriote.
@GBL
Quel droit individuel Européen a été perdu ? Et si des individus estiment en avoir perdu un, les recours habituels au niveau juridique existent tous toujours, non ?
Généralement, l’argument retenu est que le droit de propriété fait obstacle à la fiscalité, et que soit le droit de propriété aurait été perdu à Chypre, soit le droit individuel à consentir à l’impôt (au lieu d’accepter la décision souveraine populaire comme s’imposant à tous). C’est assez nébuleux, je vous l’accorde… Les plus furieux détracteurs de la mesure parlent également de violations de la constitution (sans jamais préciser clairement quel article) et de la souveraineté (alors qu’ils viennent de voter, ce qui illustre bien que leur souveraineté est entièrement respectée…) Nébuleux, je vous dis…
Enfin, on assiste également à des associations simplistes du type (toujours dans le New York Times, qui est à l’honneur puisqu’on parle beaucoup de réactions de la presse américaine…)
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“Today, Germany is engaging in Nazism again, not with the weapon of force, but with money,” said a pensioner, Dimitris, 67, who would give only his first name.
Apparemment, l’homme de la rue trouve qu’il est judicieux de traiter de nazi le groupe de gens à qui on demande une année de PIB parce qu’il conditionne cela à un apport personnel d’un tiers du montant total de l’opération ?
Les réactions de ce type sont essentiellement faite par des gens qui n’ont probablement pas idée des conséquences qu’auraient la faillite des banques chypriotes : d’ailleurs, il ne refuse pas seulement de donner son nom, il refuse aussi de donner sa solution au besoin de financement de 15 milliards.
Ceci dit, je ne le blâme pas non plus. C’est normal d’être en colère dans sa situation, et de ne pas garder de raisonnement lucide face à un impôt imprévu. Et ce d’autant plus qu’il ne pouvait pas se douter que les banques prenaient des risques avec ses dépôts. D’où la nécessité de protéger les plus petits déposants, ceux qui n’avaient pas forcément assez pour s’intéresser à leur patrimoine, et donc comprendre le risque de ces dépôts dans les banques chypriotes dont la situation était particulière…
Dernière modification par Hermann (20/03/2013 01h52)