xa a écrit :
BrunoIIC a écrit :
- Soit il vend en demandant au locataire d’évacuer et dans ce cas il doit proposer PRIORITAIREMENT à ce dernier s’il veut acheter le bien
Si droit prioritaire du locataire, vous vous mettez dans l’hypothèse Congé pour vente, congé qui ne peut prendre effet qu’à la fin du bail en cours, donc dans 6 ans.
Tout à fait. L’hypothèse "congé pour vente" donné par le propriétaire actuel n’est pas une solution, parce que ce congé ne peut prendre effet qu’à l’échéance du bail en cours.
Pour ce qui est de lui proposer une somme d’argent pour partir : dans la mesure où la rupture du bail sera illégale, il peut la contrer d’une façon ou d’une autre, par exemple :
- il promet oralement qu’il acceptera ; et puis, une fois la vente faite, il refuse. Simple et efficace !
- accepter (théoriquement) de partir, encaisser l’argent, puis attaquer la rupture du bail en justice, quelle que soit la forme qu’ait pris cette rupture (même si c’est le locataire qui a donné un congé !). Il a de très bonnes chances de gagner, donc que le bail soit rétabli pleinement. Sans compter d’éventuels dommages et intérêts.
Dans tous les cas, ça me paraît très hasardeux.
Pour ce qui est de la reprise pour habiter (c’est à dire acheter le bien, puis donner congé pour y habiter) : puisque c’est le bail précédent qui est transféré, et que cette reprise avant la fin du bail ne peut s’effectuer que si elle prévue au bail, il faut lire attentivement le bail actuel pour voir si cette clause est prévue ; clause qui ne serait légale que si le proprio actuel est une personne physique. De plus, depuis la loi ALUR, cette clause de reprise ne peut pas être activée dans les 2 premières années après l’achat. Donc la reprise pour habiter, après achat, est compliquée et aléatoire.
Sur cette question des conditions et délais de congé, cf; : LOI ALUR et location immobilière : le congé pour reprise et le congé pour vendre | Chambre de Paris
Enfin, pour les 6 ans dont il se prévaut : c’est peut-être un bail de 3 ans, auquel s’ajoute l’interdiction de donner congé par le nouveau propriétaire à la première échéance (cf citation de tom 76). C’est pour ça qu’il faut vérifier soigneusement la nature du proprio et lire très attentivement le bail.
C’est pourquoi la solution la plus adaptée me semble être :
1) acheter avec transfert du bail (dans ce cas, a priori, le locataire n’a pas de droit de préemption ; à confirmer quand même, car si le vendeur est le marchand de bien qui a scindé l’immeuble pour le vendre, je crois que le droit de préemption s’applique quand même). Dans cette hypothèse, puisque vous n’êtes pas en concurrence avec le locataire pour l’achat, vous pouvez faire baisser le prix de vente en arguant du manque à gagner sur les loyers à venir.
2) avant l’échéance du bail, appliquer la procédure de révision de loyer pour loyer manifestement sous-évalué. Mais :
- vérifier soigneusement la durée du bail et cette prétendue interdiction de réviser le loyer avant 6 ans. Si c’est vraiment écrit, vous êtes mal.
- respectez scrupuleusement la procédure.
- attendez-vous à ce que ce locataire conteste cette augmentation, probablement en justice. Il s’y trouve bien et, vu ça a l’air d’être un procédurier, attendez vous à ce qu’il vous fasse ch..r jusqu’au bout.
- il peut aussi faire la grève des loyers. S’il n’y a pas de caution, évacuer un locataire qui ne paie plus prend 1 à 2 ans et est un parcours du combattant.
Autrement dit : ça me semble être une situation bien tordue. Il n’y a pas de solution pour évincer rapidement le locataire. La seule solution en restant dans les clous me semble être : acheter avec les conditions actuelles du bail, puis faire des pieds et des mains pour augmenter le loyer, à l’échéance du bail. Mais s’attendre à ce que le locataire résiste par tous les moyens !
s’il s’avère que le locataire a vraiment tout blindé pour 6 ans, la valeur du bien est à diminuer de la différence entre le loyer normal et le loyer qu’il paie, cumulé sur 6 ans. Et encore, il faudrait ajouter les probables frais d’huissier, d’avocat etc. que ça va très probablement générer. Autrement dit encore : c’est un bien immobilier "vérolé" à cause du loyer minoré et des frais à venir.
Si vous voulez poursuivre ce projet, je pense qu’il faut obtenir tous les documents (bail etc.) et étudier cela très attentivement avec l’aide d’un professionnel du droit. Ses honoraires pour blinder la stratégie avant l’achat ne seront probablement que très modiques, à comparer du manque à gagner et des frais qui vous arriveront si cette stratégie n’est pas blindée.
Dernière modification par Bernard2K (24/09/2015 13h53)