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Favoris 1    7    #1 04/09/2024 10h22

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Bonjour,

Suite à mon message sur la file de Faith, j’ai reçu des demandes en mp concernant l’opportunité (ou pas) de devenir prof dans l’enseignement supérieur privé. Plutôt que de répondre à chacun et me répéter, j’ai choisi de faire un post dédié à cette thématique.

En introduction, je suis prof depuis 2007 (même si je suis à la retraite aujourd’hui) d’abord en temps que salarié en CDI + micro entrepreneur, maintenant micro entrepreneur seulement depuis le 1er janvier.
J’enseigne la finance, la fiscalité et l’entreprenariat dans différentes écoles, en français et en anglais.

Dans le cadre d’une vie de "semi-rentier", cette activité peut être intéressante car elle permet de travailler moins (2 ou 3 jours par semaine), de cotiser à sa retraite et de dégager des revenus allant généralement de 20 000 € brut à 40 000 € brut.

Intellectuellement, c’est un métier qui donne à réfléchir et à imaginer. Construire ses cours, élaborer des exercices, travailler sur les corrections permet de maintenir son cerveau en "éveil". Etre prof, c’est aussi être curieux, lire beaucoup sur ses matières enseignées mais pas que…

Socialement, c’est l’opportunité d’échanger avec la jeunesse, parfois de tous les pays. Etant maintenant relativement âgé (63 ans), je me rends compte combien, par rapport à des connaissances de ma génération, je suis resté "plus jeune dans ma tête". Les étudiants vous challengent, vous poussent dans vos retranchements mais vous font aussi découvrir leur mode de vie et leurs aspirations.

Financièrement, comptez entre 40 et 80 € de l’heure, en fonction des écoles et des matières enseignées. Il faut certes compter les heures de correction et de préparation de cours mais j’y reviendrai.

Enfin, les écoles ont des besoins croissants et trouver un job n’est dans l’ensemble pas trop difficile. Si vous pouvez enseigner en anglais, c’est un plus (mais pour enseigner correctement, il ne suffit pas de baragouiner 3 phrases).

A noter qu’une telle activité est compatible avec un autre emploi (à temps partiel) et que, contrairement au jeunisme ambiant des entreprises en général, l’expérience est fortement recherchée; les profs de 30 ans sont plutôt rares, nous sommes plutôt dans la tranche 45/ 65 ans. Donc des possibilités de reconversion en cas de licenciement ou de démission.

Maintenant, la première année d’enseignement est difficile car il faut préparer tous ses cours. Comptez au minimum 1h30 de préparation pour 2 h de cours. Et oui! Mais rassurez vous, on ne refait pas ses cours chaque année. On les fait évoluer, on les actualise, on les enrichit au fil des mois par la suite. Par exemple, avec mes presque 20 ans d’expérience, 80% de mes cours sont prêts. Je ne mets à jour que la fiscalité. Sinon, un cours sur le seuil de rentabilité n’a guère besoin d’être revu de fond en comble, juste enrichi d’un ou deux nouveaux exercices une fois par an.
Attendez vous donc à en baver un peu au démarrage et c’est pourquoi il est important de ne pas prendre trop d’heures la première année. Une journée et demi de cours par semaine est idéal pour un début.

Mise en garde: on n’enseigne pas pour avoir plus de vacances! On enseigne car on souhaite transmettre un savoir, un savoir faire, une somme d’expérience. Se pointer les mains dans les poches, éluder les questions risque de vous conduire directement à la porte de l’établissement sous la pression….des étudiants.
Vous verrez qu’il n’est pas facile de s’exprimer en public, devant des étudiants pas toujours très motivés. Les premiers cours risquent d’être un peu ardus mais c’est normal. Cela ira mieux après quelques semaines. Soyez souriants, attentifs et bienveillants. Bref, vendez vous!

Par où commencer?
Vous pouvez lister les écoles de votre coin et envoyer une candidature spontanée. C’est ce que j’ai fait entre 2007 et 2015 environ. Postulez vers le mois de mai pour une rentrée en septembre. Comme toutes les candidatures spontanées, aucun résultat garanti (mais pour moi, ça a relativement bien fonctionnée).
Sinon, les petites annonces. Je vous recommande le site internet Ténors qui met en relation écoles et intervenants. Pour avoir accès aux rémunérations, il faut vous inscrire mais ça ne prend que quelques minutes.
La rubrique "emplois" de Linkedin est assez fournie en matière de formation. Tapez "formation" ou "enseignement", votre spécialité et éventuellement le lieu. J’ai déjà trouvé du travail par ce moyen là.
Sinon, les sites d’annonces habituelles..
Parfois, les écoles se regroupent et organisent une soirée recrutement, souvent dans un cadre sympa. Une vingtaine d’écoles à Montpellier organise un tel évènement en juin chaque année. Cela existe peut être dans d’autres villes, je ne sais pas.

L’enseignement, c’est avant tout du contact humain. Lors d’un entretien, parlez de vous non pas en terme de performance, mais en terme de qualités humaines. Votre expérience, c’est certes votre savoir faire technique mais aussi votre capacité à communiquer, à entrainer, à fédérer! Si vous avez déjà encadré une équipe, n’hésitez pas à en parler.
L’ouverture d’esprit est aussi une qualité recherchée. A ce titre, parlez de vos voyages par exemple.

Vous habitez au fin fond de la Creuse et vous lisez ce message avec désespoir? pas de panique! l’e-learning est en plein développement, surtout depuis la crise COVID. Vous pouvez enseigner à partir de chez vous, avec un simple ordinateur et une bonne connexion internet.

Bref, comme vous l’avez deviné, j’adore mon métier? On dit parfois que c’est le plus beau métier du monde. J’en suis persuadé!

Mafo

Mots-clés : enseigenement, formation, rentier

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#2 04/09/2024 10h46

Membre (2015)
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Très intéressant : merci pour ce partage d’expérience.

Pour les personnes intéressées, il est à noter que les débouchés ne se limitent pas au seul enseignement supérieur privé.

Des possibilités existent en effet au sein d’établissements publics qui peuvent être amenées à chercher des vacataires (un membre du forum exerçait d’ailleurs, parallèlement à son métier d’expert-comptable,  une activité d’enseignement à l’université).

A condition d’être très pointu, des possibilités existent aussi au sein d’organismes de formation professionnelle (mais le public n’est alors pas le même : il va s’agir d’adultes en activité et non de jeunes en formation initiale).

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#3 04/09/2024 13h08

Membre (2013)
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Il ne faut pas non plus oublier qu’on a besoin de formateurs dans tous les secteurs d’activités.
Votre banquier,  votre plombier, votre carrossier ou votre notaire a été formé.

Un de mes oncles, plombier à son compte pendant 30 ans, a terminé sa carrière en tant que formateur.

Mafo

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#4 04/09/2024 13h11

Membre (2011)
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Bonjour,
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec Malo. Au passage, je suis le membre du forum qui exerçait ( je suis en retraite) une activité d’enseignement et d’expert comptable…
Sur le fond du métier, je suis d’accord avec Malo. Mais je dois mettre en garde des jeunes qui voudraient, sauf à avoir une compétence reconnue ailleurs, exercer comme enseignant vacataire. Car c’est bien de cela qu’il s’agit: très rares sont les enseignants titulaires d’un contrat de travail qui permet de vivre correctement dans l’enseignement supérieur privé. Car généralement, vous êtes payés à l’heure ( d’accord avec les taux mentionnés plus haut): en juin ( étudiants en stage), en juillet, en août, et parfois une partie de septembre vous n’êtes pas payés. Quand j’étais vacataire à Paris ( INTEC, ESG, Paris 5) pour une quinzaine d’heures de cours  par semaine, devant des classes de parfois 50 étudiants, je ne sortais guère plus  d’un SMIC mensuel ( 7000 francs en 1996 environ), c’est le jour ou j’ai eu l’agrégation d’économie gestion que j’ai commencé à respirer…Après , j’ai fais ma double carrière ( prof et expert comptable).
Donc, problème financier quasi certain pour le vacataire..
Mais le principale n’est pas la..car l’enseignement non titulaire est une voie de garage : vous perdez toutes vos compétences à exercer un métier technique dans le privé. Comme le disais Woody Allen: ceux qui n’arrivent pas dans la vie deviennent professeurs et ceux qui n’arrivent pas à devenir professeurs deviennent professeurs de gymnastique..C’est dure, mais pas totalement faux…
Donc, grand danger pour le jeune diplôme qui se lance dans l’enseignement!
Les enseignants du supérieur vacataires heureux sont ceux : à très haute compétence enseignants à HEC , X, USA etc.., ceux qui n’ont pas de contrainte financières ( rentier, conjoint cadre..) et des personnes en fin de carrière en reconversion ou qui travaillent pour le plaisir..
Cela dit, l’enseignant a une satisfaction intellectuelle et un confort ( pas ou peu d’objectif chiffré à atteindre) incomparable

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#5 04/09/2024 13h58

Membre (2020)
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Intéressant,

Je vais rajouter quelques élements pour avoir exercer plusieurs années comme enseignant vacataire (dans l’informatique précisement) en plus de mon métier de base dans l’enseignement supérieur public.

Les tranches de rémunérations étaient un peu plus faible que le message présenté plus haut : comptez 30€/h pour des TP, 50€/h pour des TD, 70€/h pour des cours magistraux. Il s’agit de salaire brut. Dans le public, pour moi mais je pense que c’est le cas de tous les vacataires dans toutes les universités publiques, vous êtes payés en général 2 à 3 mois après la fin du semestre des cours que vous avez donné (en avril pour le premier semestre par exemple), il faut donc pas attendre cette paye pour vivre très clairement.

Pour ma part, j’avais été directement recontacté par des enseignants qui dirigeaient des unités d’enseignements specifiques et qui savaient que j’avais les compétences pour apporter de la connaissances la dessus. Après par engrenange, j’ai récuperé d’autres cours. Lorsqu’on vous reconnait une compétence dans un domaine et une envie, vous pouvez aisément accéder aux cours magistraux (et gérer les TP/TD si vous le souhaitez où les déléguer à d’autres vacataires) : dans l’université où j’ai exercé, beaucoup d’enseignants chercheurs sont plutot contents de lacher l’enseignement au profit de vacataire pour se concentrer sur leur recherche : il n’y a donc pas trop de dificulté à récuperer certains TD/TP par exemple pour peu d’avoir les connaissances sur le sujet (et il y a beaucoup de cours qui ne demandent pas de grandes connaissances, mais jute de l’experience dans le domaine) : d’autant que pour les TD/TP, en vous arrageant bien, le responsable de l’UE gère les exos, et vous n’avez qu’à accompagner les étudiants et répondre aux questions sans besoin d’avoir écrit les cours à proprement parlé.

Petit bémol à prendre en compte, il n’est pas possible d’exercer ce travail d’enseignement à temps plein dans le public, vous devez justifier d’une activité professionnel représentant au moins 900h par an.

A mon sens, c’est une experience interessante et très enrichissante de transmettre de la connaissance et cela apporte un petit cheque deux fois par an qui fait plaisir : mais je ne pense pas que l’on puisse atteindre 20-40k€/an dans le public comme évoqué dans le premier message pour le secteur privé

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#6 04/09/2024 14h09

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En effet.

Il est bien évident que vacataire n’est pas un métier dont on peut vivre (sauf quand on fait sa thèse:).

Après avoir il y a bien longtemps bifurqué de la carrière universitaire vers le privé (hors enseignement ou recherche), j’ai continuer d’enseigner comme vacataire (écoles de commerce, une d’ingénieur et un peu à la Fac). Par plaisir uniquement (Mafo a bien raison quand il évoque les aspects hors financiers mais positifs de cette activité) et dans les 1-2 jours par mois max en période haute.

J’ai arrêté au bout de quelques années :
- Trop prenant pour moi (déplacements, préparation, répondre aux sollicitations des étudiants)
- Pour la Fac : en plus du point ci-dessus, les démarches administratives m’ont pris la tête (paperasse kafkaïenne - au point que certains vacataires, dont moi, ne se faisaient parfois pas payer…).

Maintenant et en job d’appoint  pour quelqu’un qui n’a pas une activité pro (hors enseignement) à temps plein (genre semi-rentier, pré retraité, retraité etc), le post et les conseils de Mafo prennent tout leur sens.

Dernière modification par carignan99 (04/09/2024 14h38)

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Favoris 1    #7 04/09/2024 14h44

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INTJ

En ce qui me concerne je suis enseignant vacataire pour quelques dizaines d’heures par an. J’interviens par journée ou demi journée et uniquement dans une zone où cela me donne un taux horaire que j’ai défini comme acceptable.
J’enseignai au début des modules techniques (programmation, base de données), aujourd’hui des thématiques autour de la gestion plutôt (gestion de projet, méthodes agiles, entrepreneuriat de base)

Cela me convient très bien :
- Respiration bienvenue dans les activités quotidiennes
- Travail stimulant intellectuellement et remise en question de certaines pratiques quotidiennes
- les étudiants sont généralement intéressés curieux et volontaire (sauf une exception où j’ai eu un groupe catastrophique)

En terme de revenu cela me fait un treizième mois ce qui ne fait pas de mal

Pour un module donné en général la rentabilité est médiocre en année 1 mais ensuite quand les contenus sont rôdés il suffit de faire de nouveaux exercices et cela deviens acceptable.
J’apprécie d’avoir une source de revenu supplémentaire, en plus de mon activité de chef de projet indépendant, des activités dont je suis associé et de l’immobilier permettant d’atténuer l’éventuelle disparition d’une des trois autres un jour

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#8 04/09/2024 17h44

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Les deux groupes où j’enseigne ponctuellement la Finance en M1 et M2, rémunèrent sous forme d’honoraires l’heure à 95 et 110 euros TTC.
J’ai été approché à l’automne dernier par une école formant au niveau BTS et m’offrant CDD ou honoraires pour un nombre d’heures quasi-illimité (cela aurait pu être du temps complet), pour 60 euros TTC de l’heure et ce après 20mn d’entretien. J’ai décliné n’ayant  plus le temps disponible, mais les besoins semblaient importants et urgents.

Il y a une dynamique intéressante avec une transhumance majeure vers l’alternance au sein d’établissements privés, et des dispositions réglementaires qui autoriseraient désormais les BTS à accepter des élèves alternants, plus seulement les M1 et M2.
Les décisions relatives à l’emploi d’alternants et les budgets pharaoniques alloués à l’échelle de l’Etat, sont la clef de voute de la baisse du chômage (qu’Hollande a été incapable de faire). Il y a un nombre d’acteurs importants qui suivent de près ces décisions et sont très réactifs dans la création d’établissements qui seront financés par les entreprises prenant en charge les frais de scolarité des jeunes. Phénomène discret: les fonds de Private Equity sont venus s’inviter dans ce secteur et entendent monétiser leurs LBO à coups de hâche (en sacrifiant le niveau académique sur l’autel de la rentabilité: une alternance=une place à l’école=un client).

Avec un Baccalauréat donné en pochette surprise et parcoursup ne pouvant absorber dans les filières classiques tous les (pseudos) bacheliers, ce sont des dizaines de milliers de jeunes à la recherche de formations (rarement très sélectives) qui sont absorbés par ces écoles: la demande d’enseignants a suivi une courbe exponentielle; les titulaires de doctorat et professionnels font monter le score de l’école et trouvent assez facilement. Enseigner en anglais est aussi un plus aussi.

Il y a un fossé gigantesque entre les élèves à qui j’enseigne qui viennent de CPGE et obtiennent une école bien classée, avec ceux qui n’ont jamais eu de sélection et sont perdus avec des notions quantitatives de base ou un enseignement en anglais. Dans la Finance, les Masters "Trading salle des marchés" ont laissé la place au Real Estate, Wealth Management, et surtout: Green Finance.

Je confirme le plaisir de prendre le pouls de cette génération à qui nous confierons les clefs prochainement…

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