Attention, je connais ce site de Genesta depuis plusieurs mois, dont il convient de consulter le contenu avec au mieux beaucoup d’esprit critique et au pire beaucoup de méfiance.
Certes Genesta est une des rares sociétés à laisser ses notes d’analystes accessibles gratuitement au grand public, alors que les banques et brokers, type BNP Paribas, Exane, Oddo, les réservent à leurs clients.
Méfiance à cause des éléments suivants:
Hervé Guyot, le fondateur de Genesta a travaillé de vers 2002 à début 2008 pour Euroland Finance (société financière d’une vingtaine de personnes, qui a pignon sur rue, mais dont la réputation a été entachée par plusieurs condamnations par l’AMF pour des faits relatifs à cette même période - attention je ne suis pas en train de dire que cette personne, qui n’était que salarié, est malhonnête. Et je ne me souviens plus si les faits pour lesquels Euroland a été condamnée étaient graves ou non).
Il a créé ensuite début 2008 Genesta , une petite société de 4 personnes lui-même compris, qui d’après son site vit de prestations rendues à des small caps généralement cotées en bourse:
1- Conseil pour des levées de dette ou de fonds propres, généralement en bourse
2- Préparation pour ces sociétés cotées du "Document de Référence" (sorte de Rapport Annuel étendu, enregistré auprès de l’AMF)
3- Rédaction de note d’analystes pour certaines de ces sociétés, moyennant parfois des honoraires.
Bref, les notes d’analystes de Genesta sont payées :
- directement par la société concernée (comme c’est le cas de SIIC de Paris), ce qu’une banque ou un broker sérieux ne ferait jamais. Mais même ainsi, ce dernier ne sera d’ailleurs pas toujours objectif, pour plusieurs raisons
- ou à terme indirectement, par exemple pour Dreamnex, où la note d’analyste de Genesta ne signale pas un paiement direct par Dreamnex - mais à l’évidence, Genesta espère que Dreamnex deviendra client comme les autres.
On voit là le manque d’indépendance et donc forcément de crédibilité de Genesta, petite société nouvelle et probablement fragile (4 personnes, CA 2009: 300 K€ seulement - source www.societe.com):
- fortement dépendante de ses clients (contrairement aux grandes banques et brokers, qui ont des sources diversifiées de revenus)
- et qui certainement doit absolument convaincre les small caps de s’adresser à elle pour des prestations de type 1 et 2, mieux rémunérées que le type 3. Ce n’est pas en déconseillant l’action que Genesta pourra convaincre la small cap de travailler avec elle!
Exemple pour illustrer:
Depuis plusieurs années, d’après le site de Genesta, Genesta rédige, moyennant finance, le Document de Référence de SIIC de Paris, pour le compte de cette dernière.
SIIC de Paris, ayant engagé il y a plusieurs mois des pourparlers avec Foncière Lyonnaise pour une opération financière publique et décrite dans la presse, avait besoin de bien "soigner" son cours de bourse.
Comme par hasard, Genesta a sorti une première note avec "Achat Fort de SIIC de Paris" (rémunérée par SIIC de Paris!), suivie quelques semaines plus tard d’une autre note conformant l’achat fort. La question suivante mérite donc d’être posée: st-ce une situation saine?
Au fait, vous comprenez maintenant pourquoi Genesta diffuse gratuitement ses notes. Ce n’est pas par altruisme. SIIC de Paris, qui paie, ne voulait bien sûr pas d’une note confidentielle, restant dans un tiroir ou envoyée à quelques rares abonnés, mais au contraire diffusée au maximum pour espérer soutenir le cours de bourse!
Enfin, les seules analyses indépendantes et dignes d’être lues sont:
- celles émanant de sociétés totalement indépendantes, ne faisant que des prestations de type 3, avec donc absence de conflit d’intérêts avec les sociétées qu’elles analysent et vivant notamment des abonnements payés par les investisseurs. On en trouve aux Etats-Unis, bien moins en France.
- ou (même si c’est moins bon) des banques et brokers de taille mondiale, qui lorsqu’ils écrivent sur une small cap de la part de qui ils n’ont jamais rien touché, peuvent moins être soupçonnées de chercher avec cette small cap des deals financiers futurs, qui de toute manière ne pèseront pas lourd dans le compte de résultat de ces brokers.
Pour conclure, je voudrais insister que je n’ai pas de preuve que les notes de Genesta sont trompeuses (et je n’ai d’ailleurs pas cherché pour en trouver), loin de là. Je n’ai pas lu ces notes , à part le début et la fin de certaines. Mais vu le contexte ci-dessus exposé, il me parait prudent de ne pas prendre très au sérieux leurs recommandations, et de faire soi-même sa propre analyse détaillée.
Dernière modification par zirk (11/12/2010 14h46)