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1    #1 09/09/2013 09h47

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Je pense que tout est complètement faux dans votre analyse, à commencer par l’orthographe de La Libye, à suivre par le fait que les Islamistes se souviennent de quoi que ce soit et pour finir par le fait que si elle était exacte la France qui en est restée aux idées de 1789 n’y serait pas impliquée.

Franchement comment peut on dire que les choses seront stables grâce à la nouvelle République islamique de Syrie ? C’est du second degré j’espère ? Parlez-en aux israéliens…

Si un bombardement US fait baisser le marché de 6% ca sera une bonne occasion pour acheter voilà tout ce que je pense… Ce n’est pas du cynisme, mais malheureusement il n’y a rien d’autre à faire.

Mots-clés : guerre baisse action prix énergie bourse gaz pétrole gdf total cgg


Qui n’a pas vécu dans les années voisines de 1780 n’a pas connu le plaisir de vivre

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1    #2 09/09/2013 11h21

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Bistouky a écrit :

Ma réflexion posait surtout la question de la baisse du prix de l’énergie aprés.

Un Gazoduc est un projet à très long terme avec des aléas techniques et geopolitiques importants pour prendre une position d’ici 1 an voire 3.

Un Gazoduc n’augmente pas structurellement le "volume" de Gaz disponible. Par conséquent, a mon avis, cela n’a pas d’impact sur le cout structurel du gaz et donc de l’énergie. De manière conjoncturelle oui; mais quand ? cela reste très aléatoire.

L’exploration du Gaz en méditérannée a un impact sur le prix, par l’augmentation des volumes disponibles. La situation en syrie n’a pas d’impact sur le volume, mais sur qui peut en profiter de la manne derrière (des alliés ou non).

Enfin, pour montrer à quel point cela est aléatoire, la guerre d’Iraq avait pour objectif de diversifier les sources d’approvisionnement en énergie. On connait le résultat. Entre temps, les USA exploite le gaz et le pétrole de schiste ce qui diversifie les sources d’appro et surtout assure une indépendance energetique.

Ma conclusion, qu’il est très risqué et aléatoire de parier aujourd’hui sur les conséquences à long terme des évènements en Syrie. On peut à la limite spéculer sur des conséquences à 1 mois, 6 mois, 1 an, voire 3 ans si on est vraiment visionnaire et chanceux. Pour le reste je ne suis pas sur que cela ait un sens.

Par ailleurs, rien n’empeche d’avoir une réflexion geopolitique et stratégique pour se donner l’impression de mieux comprendre le monde ce qui procure une satisfaction certaine et contribue au degré du bonheur de l’IH ;-)

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1    #3 09/09/2013 12h31

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Koldoun, pour répondre à vos doutes, ( et à bifidus pour l’esprit de 1789, qui n’est pas intervenu en Chine en 1989 suite à Tian’anmen ) je vous laisse lire la lettre de Mr Charasse à Mr Hollande.
source médiapart

Mexico, le 2 septembre 2013

Monsieur le Président de la République,

Dans l’épreuve que subit actuellement l’humanité du fait de la présence d’armes chimiques en Syrie, vous avez pris la tête d’un grand mouvement mondial au nom de « l’obligation de protéger » les populations civiles menacées. Vous avez très bien expliqué dans votre discours du 27 août devant vos Ambassadeurs que c’était là la vocation de la France, comme elle l’a fait en Libye récemment, et qu’elle ne manquerait pas à son devoir. Votre détermination exemplaire devrait rapidement convaincre vos partenaires européens flageolants et les opinions publiques pleutres, en France, en Grande Bretagne, aux Etats-Unis et partout dans le monde, du bien-fondé d’une  intervention militaire chirurgicale en Syrie.

Naturellement, comme vous l’avez rappelé le 27 août, « l’obligation de protéger » s’inscrit dans une démarche très réglementée par les Nations Unies et incombe en premier lieu aux Etats concernés : protéger leur propre population. En cas de défaillance de leur part, c’est au Conseil de Sécurité qu’il appartient de décider des modalités de mise en œuvre de ce principe. Sous votre conduite, la France s’honorera si elle fait respecter à la lettre cette avancée importante du droit international. Je suis sûr que le Président Poutine sera sensible à vos arguments tout comme le Président Xi Jiping et qu’ils ne feront pas obstacle à vos projets en opposant un veto au Conseil de Sécurité. Peu importe que l’objectif final soit encore un peu flou, ce qui compte c’est la défense énergique de principes clairs.

De même, je suis sûr que d’autres pays suivront la France dans son intention de livrer des armes aux rebelles syriens, malgré les risques que cela comporte. M. Laurent Fabius, Ministre des Affaires Etrangères, a annoncé qu’il exigerait des destinataires des armes françaises qu’ils signent un « certificat d’utilisateur final ». Avec une telle fermeté nous aurons l’assurance que nos armes ne tomberont pas entre les mains des combattants Jihadistes du Front Al Nusra-Al Qaeda, qui font partie de la Coalition rebelle (encore très hétéroclite mais que avez le mérite de vouloir unifier, bon courage !) et ne se retourneront pas contre les pays occidentaux qui les ont aidé ou leurs rivaux au sein de la Coalition, voire des populations civiles.

Nous voilà rassurés. Al Qaeda devrait comprendre le message fort que vous lui envoyez. Il est important de bien expliquer que notre ennemi reste le Terrorisme International, même si de temps en temps il faut se montrer pragmatique, comme disent nos amis anglo-saxons, et tendre la main à ceux qui veulent notre perte. Ceux-ci  ne devraient pas être insensibles à nos gestes amicaux. Vos services devraient pouvoir sans peine démentir l’information diffusée par l’agence Associated Press selon laquelle des armes chimiques livrées par notre allié l’Arabie Saoudite (le Prince Bandar Bin Sultan, chef des services saoudiens de renseignement) au Front Al Nusra-Al Qaeda auraient été manipulées maladroitement par ces apprentis-sorciers.

Une fois ce point éclairci vous aurez les mains libres pour agir sur la base des informations fournies par les Etats-Unis et Israël qui ont toute votre confiance. Toutefois il ne serait pas inutile d’éviter que se reproduise le scénario de 2003 aux Nations Unies lorsque Colin Powell a exhibé des photos truquées et un flacon de poudre de perlimpinpin comme preuves irréfutables de la présence d’armes de destruction massive en Irak ! Principe de précaution élémentaire. On vous fait confiance, c’est la crédibilité de la France qui est en jeu.

Quand aux objectifs militaires de cette opération, il paraît évident qu’ils doivent être en priorité de détruire par des moyens aériens les dépôts d’armes chimiques sans les faire exploser au nez de la population civile, ce qui serait un véritable désastre,  et de neutraliser tous les engins qui permettent leur utilisation (missiles, chars, lance-roquettes etc.), sans mettre en péril la vie de nos soldats sur un terrain incertain. Si les Américains ont du mal à identifier les cibles, les services français de renseignement se feront un plaisir de leur fournir toutes les informations dont ils disposent, de telle sorte que l’opération soit courte et cinglante et que grâce à vous les armes chimiques soient définitivement éradiquées de la planète.

Les populations que nous allons protéger auront un prix à payer pour le service rendu et doivent accepter d’avance les quelques centaines ou milliers de morts que peuvent provoquer les effets collatéraux de cette opération et leurs conséquences en cascade. Mais c’est pour leur bien. Si vous prenez la tête de la manœuvre à la place de vos collègues Obama et Cameron, qui semblent rétropédaler avant même que le coup d’envoi ait été donné, Bashar Al Assad comprendra très vite à qui il a affaire. L’Occident ne doit pas de mollir, ce serait un mauvais signal au reste du monde, on compte sur vous pour tenir la barre fermement.

Lorsque cette mission humanitaire sera terminée et que Bashar Al Assad aura fait amende honorable après la tripotée qu’on va lui mettre tout en le laissant au pouvoir, vous aurez la satisfaction d’avoir contribué à appliquer en Syrie la théorie du « chaos constructif » élaborée par des « think tanks » américains à l’époque de George Bush, en espérant que les grandes entreprises américaines, principales bénéficiaires du chaos, auront  la bonté de laisser  aux entreprises françaises la possibilité de tirer quelques avantages du désordre institutionnalisé qui a désormais vocation à se substituer à des Etats forts comme c’est le cas en Irak ou en Libye. Quelques contrats pétroliers feraient bien l’affaire de nos grands groupes.

Après cette victoire  pratiquement acquise d’avance, il vous appartiendra de porter ailleurs le message humanitaire universel de la France. Les crises sont nombreuses dans le monde, la liste des dictateurs sanguinaires est longue, et des millions d’hommes, de femmes et d’enfants attendent avec joie que la France puisse les protéger comme elle s’en est donnée la mission. On pense toujours à l’Afrique qui arrive au premier rang de nos préoccupations. Mais il y a le feu dans de nombreuses régions du monde. Une intervention humanitaire en Palestine serait la bienvenue, vous y songez certainement.

Au Mexique, on estime à 70.000 les morts provoqués par  la violence des groupes criminels et des forces de sécurité et 26.000 disparus durant de sexennat du Président Calderón (2006-2012). Après la première année  du mandat du Président Peña Nieto, on dénombre déjà 13.000 morts. En toute logique avec de tels chiffres la population civile mexicaine devrait être éligible aux bénéfices du programme  « obligation de protéger » concocté par la « communauté internationale », même si celle-ci se réduit aujourd’hui à la France seule. Au point où nous en sommes, il faut bien qu’un pays  se dévoue pour être l’avant-garde agissante d’une communauté internationale amorphe et irresponsable, « ensemble gazeux et incertain » comme a dit Hubert Védrine à propos de l’Union Européenne. Mieux vaut être seul que mal accompagné. S’agissant du Mexique, on pourra tirer les leçons de l’intervention militaire française de 1862 et ne pas répéter l’erreur qui a conduit à la déconfiture les armées de Napoléon III : déclencher des opérations militaires injustifiées et lointaines qui dépassent nos forces.

Pour cela il faudra, mais vous l’avez évidement prévu, programmer davantage de  moyens budgétaires, par exemple pour la construction de nouveaux porte-avions nucléaires, les avions et missiles qui vont avec. Le « Charles de Gaulle » rend de brillants services lorsqu’il n’est pas immobilisé dans nos arsenaux pour de trop longues périodes de révision, mais il aura du mal à répondre seul à toutes les demandes d’intervention surtout lorsqu’il devra croiser dans des mers lointaines, exotiques et dangereuses.  Je suis sûr que vous saurez persuader nos compatriotes que dans les circonstances actuelles, le monde occidental, pour poursuivre sa mission civilisatrice, pilier de la globalisation, devra s’en donner les moyens budgétaires.

On se souvient des contraintes qui ont empêché les forces françaises de frapper encore plus massivement la Libye. Leurs stocks de missiles se sont rapidement épuisés et le budget de la Défense n’avait pas prévu que l’abominable Khadafi, pourtant ami intime de votre prédécesseur,  serait aussi peu sensible à nos problèmes budgétaires en opposant une résistance aussi farouche qu’inutile. La population, si elle est  bien informée, acceptera certainement de bon gré l’augmentation des impôts et les coupes dans les dépenses publiques, notamment sociales, comme les bourses scolaires pour les français de l’étranger, ainsi que la réduction  des moyens  du réseau diplomatique, consulaire, éducatif et culturel français dans le monde si c’est le prix à payer pour que la France garde son statut de grande puissance mondiale. Tout est question de pédagogie.

Monsieur le Président, vous n’êtes pas sans savoir que nos amis et alliés américains n’ont pas toujours une très bonne image dans le monde. La France, avec les Présidents De Gaulle, Mitterrand et Chirac, a joui d’un grand prestige international, justement parce ce qu’elle parlait d’une voix différente de celle de ses alliés occidentaux. Le Président Sarkozy a mis fin à cette tradition diplomatique, pensant que la France avait tout intérêt, dans le contexte de la mondialisation et face à la montée en puissance de nouveaux acteurs, à se fondre dans « la famille occidentale » et à réintégrer l’appareil militaire de l’OTAN, c’est à dire à mettre ses forces conventionnelles sous le commandement américain.

« O tempora ! O mores ! » comme a dit Ciceron en son temps. Mais vos Ambassadeurs ont déjà du vous signaler  que dans de nombreux pays la France est désormais perçue comme un relais servile de la politique américaine. Des épisodes récents, comme l’affaire Snowden avec l’interception du Président Evo Morales lors de son survol de l’Europe, ont pu donner cette impression fâcheuse, mais je suis convaincu que vous n’aurez  aucun mal à persuader vos interlocuteurs du monde entier que cette perception est erronée, car c’est en toute indépendance que vous avez confirmé l’ancrage de la France dans sa « famille occidentale ».

Enfin, je pense que vous avez réfléchi à la meilleure manière de protéger les populations mondiales des catastrophes humanitaires provoquées  par le capitalisme mafieux et prédateur à l’origine des dernières crises économiques et financières. Il est probablement dans vos intentions de proposer à vos collègues du G7 et du G20 que vous allez rencontrer au Sommet de Saint Pétersbourg de changer de cap pour  mettre fin à l’économie-casino et à l’empire de la finance sans contrôle. L’opinion publique mondiale, les chômeurs en Grèce, au Portugal, en Espagne, en France et ailleurs, apprécieraient vraisemblablement des frappes chirurgicales sur le FMI, la Banque Centrale européenne, la City de Londres, quelques paradis fiscaux « non-coopératifs » ou d’improbables agences de notation qui font plier les gouvernements.

Une telle cohérence dans l’application de « l’obligation de protéger » honorera la France et son Président. En continuant sans relâche sur cette voie et en défendant comme vous le faites le droit international et les normes fixées par les Nations Unies, il ne fait aucun doute qu’avant la fin de votre mandat vous rejoindrez votre collègue et ami Barack Obama dans le club très sélect des Prix Nobel de la Paix. Vous l’aurez bien mérité.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de ma très haute et respectueuse considération.

Pierre Charasse, Français de l’étranger, contribuable et électeur
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1    #4 09/09/2013 12h56

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Quelques refléxions, à la volée:

1/ La Syrie n’est ni un pays, ni une nation; c’est un territoire dont les frontières, grossières,
ont été héritées de la décolonisation britannique. Les différentes communautés se regardent en chien de faïence depuis des siècles; exactement comme en Irak, il aura fallu un régime policier et tyrannique pour faire marcher tout le monde au pas. Si le régime cède, la Syrie implosera, et plusieurs nouveaux états se partageront les ruines de l’utopie passé.

2/ Quiconque est déjà allé en Syrie (j’y suis allé deux fois, il y a longtemps) sait que la chute de Bachar est, en quelque sorte, un mal pour un bien. Tant que le Baas et la clique d’espions qui le patronnent conservent la main-mise sur le pays, ce dernier est condamné à la relégation au ban des nations.

3/ L’hypothèse d’une prise des Islamistes relève de la science-fiction. D’abord, parce que l’essentiel de la population syrienne est laïque, affairiste et très éduquée; ensuite, parce que
jamais les anciennes structures de pouvoir (armée et police en tête) n’accepteront de céder ainsi la main aux religieux; enfin, parce que comme l’ont prouvé les expériences tunisiennes et egyptiennes, les islamistes sont incapables d’assurer une conduite sérieuse des affaires d’un état moderne. (La Turquie est un cas à part où, malgré les apparences, c’est l’armée qui tire toutes les ficelles).

4/ Il n’y aura pas d’interventions en Syrie (peut-être quelques tirs de missiles?); un engagement dans le conflit syrien serait un suicide politique, tant les opinions publiques occidentales refusent toute ingérence.

5/ Si Bachar tombe, Israel profitera de la première occasion qui se présentera pour faire la peau au Hezbollah. Mon avis est que les jours de ce dernier seront alors comptés.

6/ Si Bachar tombe, une nouvelle guerre éclatera entre un Kurdistan auto-proclamé et l’Irak.
Toutefois, les Américains sont ici en position de rapidement étouffer les tensions.

7/ Malgré les gesticulations et les pantalonnades, l’affaire syrienne illustre l’absolue impuissance de la Russie et de la Chine à assumer leurs statuts de grande puissance. La Russie, en particulier, semble s’enfoncer un peu plus chaque année; le délabrement de son armée et le degré de pourriture de son économie sont stupéfiants.

8/ J’ai la facheuse impression que les Occidentaux sont devenus les mercenaires des monarchies du Golfe. On dirait - c’est assez net - qu’il y a eu un deal, à l’époque des crises souveraines; l’Arabie avec les Etats-Unis, le Qatar avec la France, les autres émirats avec le Royaume-Uni. Le deal est simple: "nous rachetons votre dette, conservant ainsi votre cout d’emprunt à un niveau bas, garantissant que vous puissiez continuer à fonctionner; en retour, vous nous assurez une protection militaire complète contre l’axe Iran/Syrie/Hezbollah et vous nous offrez d’avantageuses conditions d’investissements dans vos beaux et riches pays".

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1    #5 09/09/2013 13h39

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YP a écrit :

L’histoire de l’Humanité est l’illustration vivante que les dictateurs violents et obtus ne gagnent jamais.

J’aurai plutot envie de dire que les dictateurs violents et obtus n’ont que très rarement du rendre compte de leurs crimes tout au long de l’histoire…

Seuls ceux qui se mettent à dos le reste du monde (ou plutot les USA) risquent peut-être de devoir le faire.

Et s’ils se mettent le reste du monde à dos, c’est plus souvent pour des affaires de pognon qu’à cause de leurs crimes…

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1    #6 08/04/2017 21h24

Exclu définitivement
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Bonsoir,

L’orient c’est compliqué et il est bien difficile de se faire une religion sur les derniers évènements.

1 Aucune preuve n’a été apportée quant à la responsabilité du gouvernement syrien dans les massacres commis au gaz sarin.

2 La frappe américaine semble avoir été calibrée pour faire le moins de dégâts possibles : les russes ont été prévenus et la piste est demeurée intacte.

Tout cela donne le sentiment que chacune des parties a envie de montrer ses muscles, mais que tout reste sous contrôle pour éviter une escalade.

Ce qui est en revanche pour le moins cocasse, c’est de voir ces pitoyables dirigeants européens, ceux-là même qui prenaient des airs dégoûtés  et se bouchaient le nez devant l’éventualité de l’élection de Trump, désormais applaudir à tout rompre une agression sur un pays souverain sans le moindre mandat de l’ONU.

Parmi les candidats à notre élection présidentielle, tout le monde aura pris acte de la surexcitation de "petit Benoît", désormais au 1er rang des groupies "trumpistes", enthousiasme partagé par Emmanuel "Rotschild" Macron.

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1    #7 08/04/2017 21h31

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Stokes, il faut connaître ses ennemis: Rothschild avec un H.


Le train de la vie ne s'arrête jamais deux fois à la même gare.

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1    #8 17/04/2018 21h26

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TyrionLannister a écrit :

Bien que j’admire le leadership de Poutine, je pense qu’il est important de lui tenir tête, de lui montrer les dents une fois de temps en temps et je pense que cette intervention allait dans ce sens.

Lui tenir tête à quel sujet exactement ?

On a étendu l’UE et/ou l’OTAN au voisinage des frontières russes ou de leurs zones d’influence "naturelle", et après on dit regardez des chars russes ici. Bah oui, ça n’a rien d’étonnant, on est à deux doigts d’aller installer des bases directement sur leur territoire.

Si l’on regarde les brillantes interventions US/UK/FR ces dernières années du même type : Irak, Libye, et qu’on regarde un tout petit peu dans le rétroviseur, jsuqu’à ce que Poutine prenne les choses en main, la situation syrienne ne plaidait pas vraiment pour une poursuite de la ligne atlantiste.

Ce que je me demande, c’est qu’a à gagner la France et l’UE par extension à entrer en confrontation avec la Russie ?

Pour revenir à des sujets plus proches du forum, l’histoire des sanctions économiques vers la Russie n’a servi en rien les intérêts de l’UE. La Russie a les moyens de couper le chauffage des 3/4 de l’europe.
Alors pourquoi à ce point vouloir rentrer en confrontation avec un pays qui devrait logiquement être un partenaire commercial ?

On a bien compris que la tête de Poutine ne revenait pas aux dirigeants US (quel volte face de Trump à ce sujet d’ailleurs), mais qu’a-t-il fait aux pays d’Europe de l’ouest dans les 20 dernières années (de l’ouest car ce sont bien eux qui dictent la politique UE) ?

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2    #9 17/04/2018 22h12

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Igorgonzola a écrit :

On a bien compris que la tête de Poutine ne revenait pas aux dirigeants US (quel volte face de Trump à ce sujet d’ailleurs), mais qu’a-t-il fait aux pays d’Europe de l’ouest dans les 20 dernières années (de l’ouest car ce sont bien eux qui dictent la politique UE) ?

Alors, quelques exemples rapides :
- Le coup de force en Crimée en réaction à l’accord entre l’Ukraine et l’UE.
- Les assassinats commis au Royaume-Uni (de façon spectaculaire, pour bien faire passer le message que les opposants de Poutine ne sont à l’abri nulle part).
- La partie de cache-cache de sous-marins russes au large de Stockholm.
- Les menaces réitérées contre les pays baltes, nos alliés (comme membres de l’UE et de l’OTAN), parfois combinées avec des attaques électroniques.
- Les attaques directes et vexations arbitraires contre les intérêts européens en Russie : citons par exemple le PDG de la filiale russe de BP, ou plus récemment l’agent culturel français à Vladivostock, contre lequel a été montée de toute pièce une charmante affaire de pédophilie, façon KGB.
- L’obstruction systématique à toute résolution du Conseil de Sécurité pour régler la crise syrienne, avec des conséquences dramatiques pour l’UE (crise migratoire, terrorisme).
- Les manoeuvres agressives de l’aviation russe (du genre bombardiers stratégiques flirtant avec l’espace aérien britannique).
- La diffusion de fake news par les "médias" RT et Spoutnik, particulièrement en période électorale dans les pays occidentaux (ils ne se sont pas fait virer de la couverture de la campagne de Macron pour rien).
etc. etc. : la liste est très longue.

Il faut être sourd, aveugle et amnésique pour avoir manqué ces nouvelles. Je m’étonne de la faculté de certains à admirer quelqu’un qui nous crache à la figure avec une grande régularité, qui oeuvre sans relâche à diviser et affaiblir l’Europe. Peut-être une tendance inconsciente au masochisme, du genre "fais-moi mal Poutine, humilie-moi encore". Vraiment je ne comprends pas cette poutinophilie… Ce Monsieur a été formé au KGB, il en garde toutes les habitudes et les pratiques, on peut l’observer chaque jour. Pour ma part je trouve assez écoeurant de faire les louanges d’un régime autoritaire (euphémisme), depuis la tranquillité de notre démocratie.

S’agissant de l’efficacité des sanctions : il est évident qu’elles ne nous rapportent rien économiquement, mais elles font mal à l’économie russe, et derrière elle au régime - ce qui est l’objectif recherché.

En 2014, en plein coeur de la crise ukrainienne, l’institution européenne pour laquelle je travaillais m’a envoyé en mission à Moscou, dans le cadre d’une rencontre annuelle avec la Banque Centrale de Russie (d’excellents collègues, d’ailleurs) : avec les sanctions, l’institution européenne ne pouvait plus faire une visite de haut niveau, mais ne pouvait pas annuler par crainte d’un incident diplomatique : dans ces cas-là, on envoie juste une mission technique avec un sous-fifre (moi). L’impact sur la liquidité des banques russes était sévère, mes collègues russes étaient inquiets.

Il suffit de voir la réaction des actions russes il y a une semaine (-10% + chute du rouble) lors de l’adoption des dernières sanctions occidentales. Perso je pense que ces sanctions sont efficaces si elles sont appliquées avec constance sur longue durée : on l’a vu avec l’Iran, qui a finalement décidé de négocier sur le nucléaire en contrepartie d’une levée des sanctions.

S’agissant des représailles occidentales après les massacres commis à l’arme chimique contre des civils (des femmes et des enfants, sans nul doute des "bandes terroristes armées"), c’est l’honneur de la France et de ses alliés d’être intervenus pour mettre fin à ces agissements. Et ils l’ont fait sans tuer, en attendant le vendredi soir pour frapper les installations où ces armes chimiques sont préparées. Là encore, je ne comprends pas la sympathie apparente de certains pour Assad : combien de victimes innocentes faut-il pour que tous comprennent que c’est un meurtrier de masse (comme son père) ? La très grande majorité des victimes civiles du conflit syrien est le fait du régime.

Cela n’empêche pas certains de tresser des louanges à ce boucher, comme ils l’avaient fait sans doute par le passé pour les Milosevic, Hussein et autres Kadhafi. Heureusement, tout le soutien russe à ces tyrans n’a pas empêché leur chute (de façon parfois très douloureuse), un sort également promis à Assad, on peut l’espérer.

Dernière modification par Scipion8 (17/04/2018 23h01)

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1    #10 18/04/2018 07h59

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C’est non seulement manichéen mais c’est surtout d’une candeur !
Le dirigeants se moquent éperdument des femmes et enfants massacrés, c’est juste un prétexte pour justifier une action qui bien sûr a un tout autre objectif que de rétablir l’arc-en-ciel dans le monde de Oui-Oui.
Il faut être d’une naïveté incroyable pour encore croire en ces fables que nous assènent les médias !


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2    #11 18/04/2018 09h31

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Scipion8 a écrit :

Alors, quelques exemples rapides :
- Le coup de force en Crimée en réaction à l’accord entre l’Ukraine et l’UE.

Hum hum. Je ne veux pas défendre les méthodes de Poutine, mais qui a commencé dans cette histoire ? Il ne me semble pas que ce soit les Russes.
C’est ce que je disais dans mon précédent message, on est allé chasser sur leurs terres et on s’étonne ensuite qu’ils montrent les dents.
Un parallèle qui vous frappera peut être, que s’est-il passé quand les Russes ont voulu mettre des missiles sous le nez des US, à Cuba ? Depuis 15 ans, c’est à cela qu’on joue avec les Russes, chaque fois un peu plus loin pour voir jusqu’où on peut aller.

Scipion8 a écrit :

Il faut être sourd, aveugle et amnésique pour avoir manqué ces nouvelles.

J’essaie justement de ne pas être amnésique et replacer les faits dans le bon ordre logique. Ce que les média occidentaux ne font pas.

Scipion8 a écrit :

S’agissant des représailles occidentales après les massacres commis à l’arme chimique contre des civils (des femmes et des enfants, sans nul doute des "bandes terroristes armées"), c’est l’honneur de la France et de ses alliés d’être intervenus pour mettre fin à ces agissements. Et ils l’ont fait sans tuer, en attendant le vendredi soir pour frapper les installations où ces armes chimiques sont préparées. Là encore, je ne comprends pas la sympathie apparente de certains pour Assad : combien de victimes innocentes faut-il pour que tous comprennent que c’est un meurtrier de masse (comme son père) ? La très grande majorité des victimes civiles du conflit syrien est le fait du régime.

La très grande majorité des victimes vient du fait que le pays est en guerre, car un paquet de pays ont soutenu des groupes se battant les uns contre les autres, et se sont servis de la Syrie comme terrain de jeu. Que la France ait participé à ça me révulse personnellement.

Appelez moi complotiste, mais je ne vois pas bien pourquoi Assad utiliserait des armes chimiques au moment où il gagne la guerre. C’est comme si Macron ordonnait une bavure pour virer le dernier zadiste, pour prendre un parallèle plus proche de chez nous. Aucun gain, juste de la "mauvaise publicité".
Le cas c’était d’ailleurs déjà produit il y qqs mois, dans la même configuration (les rebelles se prenait une raclée monumentale), et on attends toujours les preuves.

Que les US envoient des missiles, c’est classique, c’est la politique internationale qui s’est in fine toujours retournée contre eux. Qu’on leur emboîte le pas n’est pour moi ni honorable ni souhaitable. La France a des millénaires de politique étrangère et d’habitude nous sommes un peu plus fins.

Je n’ai rien pour ou contre Assad. Mettre le pays à feu et à sang ne nous a rien apporté, à nous la France. De même que mettre la Lybie a feu et à sang non plus. Ni l’Irak. Et demain l’Iran non plus.

Nos intérêts diplomatiques et économiques me semblent justement de plus en plus divergents de ceux des Etats-Unis.

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1    #12 18/04/2018 12h23

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On mélange pas mal de choses parce que beaucoup d’évènements et intérêts s’entremêlent en effet. Peut-être me le reprochera t-on mais n’étant pas particulièrement au fait de la chose militaire ou géopolitique, je préfère m’en tenir à des faits :

1. La Russie n’a pas agressé militairement mon pays,
2. La Syrie n’a pas agressé militairement mon pays,
3. M. Bachar al-Assad n’est pas un ange mais il combat par ailleurs des excités qui au nom d’une religion assassinent mes concitoyens,
4. La dernière fois qu’on avait des ’preuves’ sur la possession et l’usage d’agents chimiques, ça a donné l’Irak et le chaos qui s’en est ensuivi,
5. S’attaquer bille en tête à des dictateurs peut avoir des conséquences funestes et contreproductives - cf. par ex. le soutien (involontaire certes mais soutien quand même) de la France au génocide rwandais dans les années 90 ; ou encore les conséquences hallucinantes de la seconde invasion de l’Irak etc.
6. La France continue à jouer les gendarmes du Monde, au nom d’un Droit de l’hommisme franchement arrogant. De quel droit va t-on bombarder un pays qui ne nous a pas agressé? Et surtout quel intérêt stratégique ou tactique avons-nous à le faire?

Dernière modification par carignan99 (18/04/2018 22h25)

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3    #13 18/04/2018 12h31

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BriochePainPerdu a écrit :

C’est quand même une façon très manichéenne de voir les choses

Surin a écrit :

C’est non seulement manichéen mais c’est surtout d’une candeur !
Le dirigeants se moquent éperdument des femmes et enfants massacrés, c’est juste un prétexte pour justifier une action qui bien sûr a un tout autre objectif que de rétablir l’arc-en-ciel dans le monde de Oui-Oui.
Il faut être d’une naïveté incroyable pour encore croire en ces fables que nous assènent les médias

Trois observations :

1) Parfois, oui, il faut être manichéen. Plutôt que de faire des rappels historiques qui nous amèneraient rapidement au point Godwin, une parabole :

Quelque part dans le monde, un dictateur tue un enfant. Le naïf, le manichéen, s’émeut, se révolte : il demande justice pour l’enfant tué, il exige que cela cesse. L’esprit fin, lui, s’interroge sur les responsabilités respectives du dictateur et de l’enfant…

2) Oui, les Etats sont des monstres froids qui agissent pour leurs intérêts, mais oui, les démocraties sont plus "morales" que les autres régimes. Pour le comprendre :

- Mme (ou M. !) Michu regarde tranquillement le journal de JP Pernaut quand, juste avant le fromage, on lui montre des images d’enfants morts, gazés (alors que ce qu’elle aime, elle, ce sont les reportages sur le dernier luthier artisanal de France, dans le Jura). Cela la choque, l’émeut, la révolte. Elle est comme ça, Mme Michu : elle ne comprend rien à la géopolitique, par contre, elle, elle sait que tuer un enfant, c’est mal (elle est manichéenne, elle aussi, elle n’a pas l’esprit fin qui peut conduire à justifier le meurtre d’un enfant).

- Il se trouve que Mme Michu, elle vote, et elle est largement majoritaire dans le pays. Le Président démocratiquement élu, quand bien même il n’en aurait rien à faire des enfants morts, ne peut faire abstraction de l’émotion de Mme Michu. Et là, il a un choix avec 3 options : (1) ne rien faire l’exposerait à la critique d’indifférence, surtout si Mme Michu voit des images d’enfants morts à chaque JT (c’est vrai qu’en Syrie, cela ne dure que depuis 7 ans) ; (2) faire un beau discours exprimant sa révolte (aka la stratégie Obama) peut fonctionner si on est éloquent, mais pour un temps seulement ; (3) agir pour mettre fin aux tueries, de façon plus ou moins brutale ou symbolique.

- Pour la Syrie, Macron et Trump ont choisi la 3e option. Certainement pas pour le plaisir, pas pour des intérêts cachés (du genre attaquer les Illuminati qui se cachent en Syrie ou montrer leur virilité à Brigitte et Melania), mais parce qu’en démocratie, une action morale ou immorale d’un dirigeant a un impact politique immédiat. (Il est vrai, toutefois, qu’avec la montée en puissance des adeptes de la théorie du complot dans l’électorat occidental au détriment de la gentille et naïve Mme Michu, cet impact devient peu à peu moins net.)

3) Le relativisme, ça se soigne :

- Non, on ne peut pas mettre Le Monde et RT/Spoutnik sur le même plan. Dans une démocratie et une économie de marché, le succès commercial d’un média d’informations doit dépendre, sur le long terme, de sa crédibilité. Je peux lire des tribunes d’opinion de temps en temps, mais j’ai surtout besoin d’informations réelles, vérifiées de façon crédible, et si possible accompagnées d’une analyse qui me permet de mieux comprendre les événements. C’est ça qui me conduit à payer pour un média. En revanche, dans un régime autoritaire (par exemple la Russie), des médias comme RT ou Spoutnik n’ont qu’un rôle de propagande : leur existence ne dépend pas de la qualité de leur travail de "journalistes", ou de leur crédibilité, mais de leur productivité en termes de "fake news". Il est intellectuellement malhonnête de disqualifier systématiquement toute information rapportée par nos médias (de façon unanime), et de préférer la propagande éhontée de Poutine.

- Non, on ne peut pas mettre Macron et Poutine/Assad sur le même plan. Je trouve étonnant que ceux qui se plaignent du niveau excessif des impôts en France et du caractère parfois trop personnel ("Jupiter") du pouvoir actuel en France fassent l’éloge de Poutine (laissons Assad de côté)… C’est sûr, Poutine aurait des solutions assez radicales et efficaces à la grève de la SNCF et à la ZAD. Perso, je suis très attaché à la liberté : la mienne, celle de mes concitoyens, mais aussi celle de tous les humains (oui, c’est idéaliste).

[Je précise que je dis cela tout en étant très critique à la fois des médias dominants en France et de Macron, dont je suis un opposant résolu.]

Le relativisme systématique et absolu dont témoignent certains messages conduit à ne plus croire en rien, à se désintéresser de tout, à accepter la barbarie du monde comme une fatalité, et au bout du compte, à se réfugier tout seul sur son Aventin ou sur son île - ce qui est finalement assez cohérent, Surin ;-) (je vous taquine, moi-même je n’exclus pas de me réfugier un jour dans mon "île" aveyronnaise, abritée du tumulte du monde)

Igorgonzola a écrit :

on est allé chasser sur leurs terres et on s’étonne ensuite qu’ils montrent les dents.

Qui définit à qui appartient telle ou telle "terre" ? C’est vous, c’est Poutine, on tire à pile ou face ? Parce que le peuple ukrainien, auquel justement ces "terres" appartiennent, il s’est exprimé à de nombreuses reprises, par les urnes et par des révoltes populaires, pour un rapprochement avec l’Europe (pas très étonnant : un choix entre une dictature impériale pauvre et un espace démocratique prospère). On leur dit quoi ? "Désolé, on ne peut rien pour vous, votre pays est sur les terres de Poutine" ?

Il y a deux façons de voir les choses, le droit et la force :
- La logique du droit, c’est que le peuple ukrainien seul - et non Poutine - devrait décider de son destin.
- La logique de la force (celle que vous semblez prôner - et c’est vrai que c’est souvent celle qui prévaut), c’est que l’économie russe pèse un pouillième des économies occidentales, que les Russes ont besoin économiquement des Occidentaux et non l’inverse, et que le rapport de forces militaire (budgets militaires, rapports de forces quantitatifs et surtout qualitatifs) est de façon écrasante favorable aux Occidentaux.

Dans les 2 cas, cela conduit à considérer que l’Ukraine compte désormais parmi les "terres" occidentales - ce qui doit être assez insupportable pour Poutine, je le comprends bien.

Mon ressenti personnel est marqué par mes liens personnels avec certains pays d’Europe centrale et orientale (j’ai de nombreux amis dans ces pays, ma copine est lituanienne) : dans ces pays, on aime la liberté, et on s’est senti "abandonnés" (et même trahis) par les Occidentaux lorsqu’ils sont passés sous domination soviétique après la Seconde Guerre Mondiale. Si on se sent un peu Européen, il est de notre devoir d’être à leurs côtés pour les protéger d’une nouvelle tentative de domination impériale sous le "Tsar" Poutine (la protection la plus efficace étant une double appartenance à l’UE et à l’OTAN).

Pour revenir à la Syrie, si on adopte votre approche de la logique des "terres", vous observerez que la Syrie est bordée, (1) au Nord, par la Turquie (membre de l’OTAN), (2) à l’Est, par l’Irak (pays ami des Occidentaux, qui l’ont aidé dans sa lutte contre le terrorisme), (3) au Sud, par la Jordanie (allié des Occidentaux), (4) à l’Ouest, par Israël (allié des Occidentaux), le Liban (également proche des Occidentaux et de l’Arabie Saoudite, un allié), et la Méditerranée (une mer dont à peu près tous les Etats riverains sont membres de l’OTAN ou alliés). Donc je propose qu’on applique votre logique des "terres", et qu’on dise que la Russie n’a rien à faire en Syrie, et qu’ils rapatrient leurs avions et leurs troupes, sans oublier leur valet sanguinaire Assad. Cela simplifierait vraiment les choses pour tout le monde. Il ne reste plus qu’à convaincre Poutine.

Plus sérieusement, si on applique à nouveau les 2 logiques, le droit et la force, rien ne justifie le maintien au pouvoir d’Assad (et en tout cas tout justifie les récentes représailles occidentales).

Igorgonzola a écrit :

Appelez moi complotiste, mais je ne vois pas bien pourquoi Assad utiliserait des armes chimiques au moment où il gagne la guerre. C’est comme si Macron ordonnait une bavure pour virer le dernier zadiste, pour prendre un parallèle plus proche de chez nous. Aucun gain, juste de la "mauvaise publicité".

C’est une question légitime. Je n’ai évidemment pas la réponse, mais il y a des explications possibles :
1) une "erreur", une "bavure" au niveau opérationnel (un général qui n’a pas bien compris qu’on n’a plus le droit d’utiliser les armes chimiques - par contre l’artillerie lourde, les tapis de bombes, les exécutions et les viols, ça c’est toujours OK) ;
2) un ordre délibéré d’Assad pour "tester" les dirigeants occidentaux (voir où sont les nouvelles lignes jaunes, oranges et rouges - avec le renouvellement des dirigeants occidentaux, il faut des mises à jour de temps en temps) ;
3) une provocation délibérée d’Assad pour dire aux Occidentaux : "vous voyez, j’ai gagné la guerre, maintenant je fais ce que je veux, je peux même gazer des civils, et je vous em…"

Perso je penche pour la 3e interprétation, mais c’est secondaire, dans les 3 cas des représailles étaient indispensables.

Surtout, je pense que vous vous méprenez complètement sur le rapport du régime Assad à l’usage de la violence. Ce n’est pas une démocratie ! La violence est consubstantielle à ce régime, depuis 1970. Assis sur une base démographique très restreinte (les Alaouites, 11% de la population), il ne se maintient au pouvoir que par la violence. Sans cette violence, le régime ne serait plus craint et il tomberait immédiatement sous la pression du peuple. De ce point de vue, le gazage de civils n’est pas pour le régime une "mauvaise publicité", mais exactement le contraire : une démonstration éclatante de sa puissance, par le massacre de tous ceux qui s’opposent à lui (femmes et enfants compris).

PS : Désolé pour le hors-sujet partiel dans ce message, mais au vu de la prolifération sur les forums (sur celui-ci moins que sur d’autres, heureusement) du cynisme, du relativisme, de la théorie du complot, et de l’admiration idiote (désolé, mais c’est vraiment le cas) pour des tyrans (particulièrement dans mon camp politique, ce que je déplore profondément), je pensais utile d’apporter un contrepoint par ces messages.

Dernière modification par Scipion8 (18/04/2018 13h19)

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1    #14 18/04/2018 12h53

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Scipion8 a écrit :

2) Les intérêts des Occidentaux : Les théories du complot, c’est super, mais il faut au moins démontrer les motivations des "complotistes". Si vous pouvez m’expliquer quel intérêt Macron pourrait avoir à effectuer des frappes en Syrie, ce serait cool. Moi, je ne vois pas. Ces frappes n’ont pas de portée économique ou même militaire : il s’agit simplement de représailles visant à faire cesser des agissements horribles. Mon interprétation, c’est qu’Assad a (encore) franchi la ligne rouge, et que Trump et Macron, face au massacre insoutenable de femmes et d’enfants au gaz, n’ont eu d’autre choix que d’intervenir. S’ils avaient pu ne pas intervenir, rester tranquilles à jouer au golf ou au réformateur (respectivement), ils l’auraient fait, et ils auraient été bien contents.

Effectivement quel est le mobile?

Tout d’abord j’ai le sentiment (C’est un sentiment) que contrairement à ce que j’ai pu lire sur ce fil, on ne suit pas les américains sur ce coup….ce sont les américains qui nous suivent. Avec l’exploitation du gaz de schiste aux USA, au vu de la relation privilégiée USA-Arabie Saoudite et de leur capacité à offrir une protection militaire à tout pays désireux de rentrer dans un marché Pétrole contre Protection, leurs sources d’énergie sont plutôt sécurisées.
Ce n’est pas le cas de l’Europe qui reste extrêmement dépendante des Russes notamment pour son gaz.

Sur le mobile Francais je propose donc le suivant, plutôt classique : Sécuriser l’approvisionnement de l’Europe en Pétrole et Gaz ce qui implique de ne pas laisser cette zone au mains des Russes. La position de Macron est d’ailleurs celle d’Hollande, qui voulait frapper dés 2013. La frappe est menée conjointement avec les Anglais. On a donc réuni les deux grandes puissances militaires de l’Europe sur un projet de frappe commun (Comme en Lybie).

Sur le mobile Israélien il est plutôt clair, lutter contre l’influence de l’Iran dans la région. (Les deux pays sont en situation de Guerre Froide)
Sur le mobile des USA, j’ai le sentiment qu’ils y vont à reculons pour faire plaisir à leur alliés (Europe-Israël-Arabie Saoudite), ils n’ont pas les mêmes visées que nous, leur approvisionnement à eux étant sécurisé. Trump ne veut pas s’engager dans un bourbier.

L’intervention se résume donc à tenter de briser l’avancée de l’arc Chiite qui se forme de l’Iran jusqu’en Syrie en passant par l’Irak. La particularité Européenne c’est de laisser la porte ouverte aux iraniens s’ils souhaitent quitter le giron Russe et passer sous un giron, plus Pro-Européen. Voila peut être une des raisons expliquant que Macron défende l’accord nucléaire Iranien.

Les occidentaux vont donc chercher à faire chuter Assad (Chiite), les Russes et les Iraniens vont tenter de le maintenir. Peut être que les deux blocs trouveront un compromis et nous verrons alors un nouveau dirigeant qui appliquera une politique équilibrée entre les deux puissances. (Moscou ne semble pas complètement fermée à un remplacement d’Assad qui est devenu encombrant, mais n’est pas prête non plus à laisser le pays aux mains d’un gouvernement complètement acquis aux occidentaux.)

Scipion8 a écrit :

Défendre des tyrans, c’est se mettre du mauvais côté de l’histoire, car en fin de compte aucune barbarie ne peut vaincre l’irrépressible désir de liberté des peuples, en Europe, en Russie, comme en Syrie.

J’admire (sincèrement) votre idéalisme Scipion8, malheureusement les occidentaux ne veulent pas apporter la démocratie, la justice, la liberté partout. Ils veulent l’apporter dans ces endroits bien précis et à des moments bien précis, en gros quand ça sert leurs intérêts. (Le volte face diplomatique Sarkozy-Khadafi est impressionnant de rapidité sur ce point).

Sur la thèse d’une attaque chimique qui n’aurait pas eu lieu (Ou pas exactement comme c’est raconté) comme certains peuvent le croire…je ne sais pas…. mais je préfère douter « Le premier ennemi de la connaissance n’est pas l’ignorance, c’est l’illusion de la connaissance » Stephen Hawking

J’ai toujours en tête (Entre autres) la manière dont a débuté la guerre du Vietnam, où la aussi le pays semblait avoir besoin de démocratie…. Incidents du golfe du Tonkin


Dear Optimist, Pessimist and Realist. While you were arguing about the glass of water. I drank it. -The opportunist

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1    #15 18/04/2018 15h41

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1) Parfois, oui, il faut être manichéen. Plutôt que de faire des rappels historiques qui nous amèneraient rapidement au point Godwin, une parabole :

Quelque part dans le monde, un dictateur tue un enfant. Le naïf, le manichéen, s’émeut, se révolte : il demande justice pour l’enfant tué, il exige que cela cesse. L’esprit fin, lui, s’interroge sur les responsabilités respectives du dictateur et de l’enfant…

Depuis que Kadhafi est mort je n’ai pas l’impression que les enfants soient plus en sécurité qu’avant, les noirs réduits à l’esclavage ne le sont pas non plus d’ailleurs, le manichéen bombarde puis réfléchit, l’esprit fin pense aux conséquences, au vu du résultat en Irak et en Libye il serait temps d’apprendre de nos erreurs (a moins que ça n’en soit pas réellement)

2) Oui, les Etats sont des monstres froids qui agissent pour leurs intérêts, mais oui, les démocraties sont plus "morales" que les autres régimes. Pour le comprendre :

- Mme (ou M. !) Michu regarde tranquillement le journal de JP Pernaut quand, juste avant le fromage, on lui montre des images d’enfants morts, gazés (alors que ce qu’elle aime, elle, ce sont les reportages sur le dernier luthier artisanal de France, dans le Jura). Cela la choque, l’émeut, la révolte. Elle est comme ça, Mme Michu : elle ne comprend rien à la géopolitique, par contre, elle, elle sait que tuer un enfant, c’est mal (elle est manichéenne, elle aussi, elle n’a pas l’esprit fin qui peut conduire à justifier le meurtre d’un enfant).

- Il se trouve que Mme Michu, elle vote, et elle est largement majoritaire dans le pays. Le Président démocratiquement élu, quand bien même il n’en aurait rien à faire des enfants morts, ne peut faire abstraction de l’émotion de Mme Michu. Et là, il a un choix avec 3 options : (1) ne rien faire l’exposerait à la critique d’indifférence, surtout si Mme Michu voit des images d’enfants morts à chaque JT (c’est vrai qu’en Syrie, cela ne dure que depuis 7 ans) ; (2) faire un beau discours exprimant sa révolte (aka la stratégie Obama) peut fonctionner si on est éloquent, mais pour un temps seulement ; (3) agir pour mettre fin aux tueries, de façon plus ou moins brutale ou symbolique.

- Pour la Syrie, Macron et Trump ont choisi la 3e option. Certainement pas pour le plaisir, pas pour des intérêts cachés (du genre attaquer les Illuminati qui se cachent en Syrie ou montrer leur virilité à Brigitte et Melania), mais parce qu’en démocratie, une action morale ou immorale d’un dirigeant a un impact politique immédiat. (Il est vrai, toutefois, qu’avec la montée en puissance des adeptes de la théorie du complot dans l’électorat occidental au détriment de la gentille et naïve Mme Michu, cet impact devient peu à peu moins net.)

Pour la théorie du complot quand les USA créaient des fausses preuves pour attaquer l’Irak au détriment du droit international, et quand la France est très grandement soupçonné (pas par des complotistes mais par la justice et des journalistes du monde) d’avoir attaqué Khadafi pour le faire taire sur le financement de la campagne électoral de Sarkozy, on est quand même en droit de se poser des questions sans être traité de complotiste, surtout que les journaux qui vous informe sont détenus par les même personnes qui vendent des armes aux différents protagonistes et qui se partageront ensuite les marchés dans ses territoires sans gouvernement.

- Non, on ne peut pas mettre Le Monde et RT/Spoutnik sur le même plan. Dans une démocratie et une économie de marché, le succès commercial d’un média d’informations doit dépendre, sur le long terme, de sa crédibilité. Je peux lire des tribunes d’opinion de temps en temps, mais j’ai surtout besoin d’informations réelles, vérifiées de façon crédible, et si possible accompagnées d’une analyse qui me permet de mieux comprendre les événements. C’est ça qui me conduit à payer pour un média. En revanche, dans un régime autoritaire (par exemple la Russie), des médias comme RT ou Spoutnik n’ont qu’un rôle de propagande : leur existence ne dépend pas de la qualité de leur travail de "journalistes", ou de leur crédibilité, mais de leur productivité en termes de "fake news". Il est intellectuellement malhonnête de disqualifier systématiquement toute information rapportée par nos médias (de façon unanime), et de préférer la propagande éhontée de Poutine.

Quand on regarde la campagne présidentielle Française et le soutient total de TOUS les médias envers Macron, spoutnik et RT n’ont pas de leçon à recevoir, mention spéciale pour libération et son titre, "faite ce que vous voulez, mais votez macron", voila ceux qui donnent des leçons de journalisme a RT.

Vous devriez lire "les petits soldats du journalisme" et "la pensée en otage"

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1    #16 18/04/2018 16h55

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INTJ

Je plussoie les analyses de GreenLock et Scipion8.

Je nuancerais toutefois le paragraphe sur Mme Michu avec le fait que la provenance des vidéos d’enfants morts n’est pas choisie au hasard. On attend toujours de voir des cadavres Yéménites pendant le déssert, pour ne mentionner que l’un des absents les plus notables. L’indignation est voulue sélective ; ce n’est pas un complot, chaque publication ayant sa ligne éditoriale… Les nouvelles du Yémen sont disponibles pour celui que ça intéresse, mais simplement ne sont pas mises au premier plan. C’est là où le bât blesse : Mme Michu ne recherche pas spécialement l’information, elle lui arrive en bruit de fond quand elle écoute la radio sur le trajet pour emmener Dylan au foot ou bien lorsque la TV est allumée pendant le repas. Seule une minorité de citoyens votants vont chercher à s’informer, et une bonne partie de ceux-ci vont s’arrêter à d’autres sources biaisées simplement de manière différente. Et c’est bien normal, les gens ont une vie et elle ne consiste généralement pas à croiser frénétiquement les infos dans l’espoir de comprendre les tenants et aboutissants de lointains conflits. C’est là où intervient notre ami Karl Rove.

Et c’est aussi pour cela que Bannon dit très justement que désormais le parti d’opposition, ce sont les médias (et les moguls qui les controlent). Et le moyen trouvé par Trump et dans une certaine mesure Macron pour le neutraliser, c’est de remplir le cycle d’actualité de bullshit. Il n’est pas aisé/souhaitable d’influencer trop directement ce sur quoi va porter le bruit de fond des médias, mais on peut le tourner à son avantage en le forçant à disserter sur des non-évènements "bruyants" : il s’agit de mettre des évènements graves et sérieux sur le même plan que d’autres frivoles, voire carrément les éclipser ; ou bien de déplacer la "fenêtre d’Overton" sur des sujets qui intéressent le parti.

Qu’on les aime ou pas, le GOP et les figures qui l’entourent comme Frank Luntz sont passés maître dans l’art subtil d’exploiter jusqu’à la dernière goutte le maigre temps d’attention accordé par le "low information voter".

Si l’on veut une politique de meilleure qualité, il faut que l’ensemble de la populace s’y intéresse passionément et y accorde du temps. Si vous vous amusez à lire des discours politiques ou la presse du XIXème ou début XXème siècle, l’appauvrissement terrible de la communication moderne est cruellement visible. Donc bon, les ficelles vont être de plus en plus grosses et le niveau de plus en plus faible tant que Mme Michu ne deviendra pas une policy wonk… autant dire que c’est mal parti.

Pour conclure ce message trop long que personne ne lira jusqu’au bout, je dirais bien "vive le café du commerce", dans le sens où même si l’on y trolle ou qu’on y échange des théories du complot, au moins on discute politique et on échange des points de vue variés. Mais avec la mode actuelle de tout relativiser ("je ne juge pas") et de ne pas offenser etc, même ça risque de tendre à se raréfier.


✯ Mangia bene, caca forte, e non aver paura della morte.

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1    #17 18/04/2018 23h52

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carignan99 a écrit :

On mélange pas mal de choses parce que beaucoup d’évènements et intérêts s’entremêlent en effet. Peut-être me le reprochera t-on mais n’étant pas particulièrement au fait de la chose militaire ou géopolitique, je préfère m’en tenir à des faits :

1. La Russie n’a pas agressé militairement mon pays,
2. La Syrie n’a pas agressé militairement mon pays,
3. M. Bachar al-Assad n’est pas un ange mais il combat par ailleurs des excités qui au nom d’une religion assassinent mes concitoyens,
4. La dernière fois qu’on avait des ’preuves’ sur la possession et l’usage d’agents chimiques, ça a donné l’Irak et le chaos qui s’en est ensuivi,
5. S’attaquer bille en tête à des dictateurs peut avoir des conséquences funestes et contreproductives - cf. par ex. le soutien (involontaire certes mais soutien quand même) de la France au génocide rwandais dans les années 90 ; ou encore les conséquences hallucinantes de la seconde invasion de l’Irak etc.
6. La France continue à jouer les gendarmes du Monde, au nom d’un Droit de l’hommisme franchement arrogant. De quel droit va t-on bombarder un pays qui ne nous a pas agressé? Et surtout quel intérêt stratégique ou tactique avons-nous à le faire?

1. Ca pourrait bien dépendre de ce que vous appelez "militairement" (par ex : une attaque informatique, pour vous, ça peut être considéré comme militaire ?). En envoyant quelques missiles sur des installations en Syrie, faisant 0 victime,la France n’a pas plus "agressé militairement" la Russie.
2. (et 1.) Et donc pour vous ceci signifie que, tant qu’un pays n’a pas "agressé militairement mon pays", mieux vaut ne jamais réagir, ceci quoi que fasse les dirigeants de ce pays ?
3. Je ne crois pas qu’il combatte quiconque d’autre que ceux qu’il considèrent comme ses opposants. Parfois ce sera des gens nuisibles pour nous aussi, parfois pas, mais c’est juste 2 caractéristiques peu ou non corrélées.
4. D’une part le "track record" d’Assad (depuis l’arrivée de son père au pouvoir) semble bien plus crédibiliser ce qu’on lui attribue, d’autre part l’action que ces "preuves" justifient n’est pas du tout de la même nature (que la 2è guerre d’Irak).
5. Votre raisonnement me semble bancal. Avec un tel raisonnement, aucun chirurgien ne se lancerait dans une opération qui ne serait pas quasiment sans risque. Il y a des situations (nombreuses en politique étrangère et ailleurs) où il n’existe pas de stratégie facile à déterminer, et conduisant au résultat voulu sans aucun risque.
6. Il n’existe pas une "Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC)" signée à Genève en 1993, et ratifiée par quasiment tous les pays (et même par la Syrie en 2013 !) ? Quels pays peuvent être en mesure de réagir dans une situation comme celle-ci en Syrie (sinon les 3 seuls pays membres permanents du du Conseil de Sécurité de l’ONU qui n’ont pas une optique bien différente dans ce dossier) ? Pour l’intérêt stratégique et tactique aussi, il y a divers arguments à avancer (que ce soit crédibiliser notre parole, notre diplomatie, notre force militaire, etc. autant d’aspects qui nous servent dans de multiples circonstances), même si ça reste à notre niveau (pas au même que les USA par ex).


J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)

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1    #18 19/04/2018 12h01

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@ Captain Trips

Je crois qu’il ne faut pas choisir son camp, chiites vs sunnites, USA vs Russie, toutes ces armées, sous prétexte de combattre "le terrorisme et les ennemis de la nation" (on connait la chanson, c’est la même depuis des siècles) nourrissent le terrorisme et font bien pire que lui, bien plus de victimes, bien plus de souffrances, bien plus de destruction. Ce sont tout simplement ceux qui disposent de la puissance militaire qui créent le plus de troubles, le mot est faible, au delà de l’idéologie. Les idées ne tuent pas, les armes si, pour le plus grands bonheur des Lockheed Martin , Boeing et consorts qui font leur business de la guerre, pardon, de la "sécurité" et de la "défense".

J’ai toujours du mal avec ce genre de discours relativiste de condamnation morale indifférenciée qui ne cherche pas à établir l’histoire ni la genèse des conflits.
Tout le monde sera effectivement d’accord pour dire que la guerre est une abomination et un fléau (exceptés les marchands d’armes nous sommes d’accord sur ce point).
Cependant, si vous vous penchez sérieusement sur toutes la documentation de wikileaks, notamment, mais il y a bien d’autres sources, vous comprendrez que les milices djihadistes en Syrie ont été armées et financées par l’Arabie Saoudite et le Qatar, formées par les USA et leurs alliés dans le but de renverser le régime d’Assad.
Un rapport officiel de la DIA de 2012 commandé par Michael Flynn, montrait déjà que les groupes financés et soutenus par les US et leurs alliés appartenaient à la mouvance salafiste et que leur but était d’établir une principauté salafiste en Syrie. Cela a été fait en toute connaissance de cause :
https://www.rts.ch/info/monde/6803923-l … mique.html
Ce chaos meurtrier a été provoqué par la coalition occidentale. Même la France a armé des groupes "rebelles" salafistes et a dépêché des conseillers militaires. Ces milices sont des groupes salafistes qui partagent la même idéologie que Daesh, certains les ont rejoint ou ont rejoint le front al-nosra. S’il y a bien eu des groupes rebelles "modérés" au tout début du conflit, ils ont très vite ont été supplantés par les salafistes.
Qu’Assad soit un dictateur c’est une chose, que l’on finance et soutienne des groupes djihadistes pour le renverser, qu’on crée le chaos en Syrie, c’en est une autre.
Du reste, Assad bénéficie toujours d’un large soutien de la population, qui a vite choisi son camp entre les djihadistes et l’armée régulière. Le bilan humain est sans conteste très élevé mais il faut faire très attention aux sources avancées. Aucune donnée fiable n’est pour l’instant disponible, les sources telles que l’OSDH étant parties prenantes du conflit.
En août 2016, un bilan de l’OSDH faisait état de près de 300 000 victimes, 84 000 civils, 50 combattants "rebelles" et de l’alliance arabo-kurde, 50 000 djihadistes, et pus de 100 000 hommes des forces gouvernementales de Bachar al-Assad. Vous voyez donc que même en prenant une source proche des djihadistes comme l’OSDH, c’est l’armée syrienne qui payait le  plus lourd tribu dans cette guerre. On peut penser qu’avec les bombardements menés par la Russie, les pertes djihadistes sont aujourd’hui plus importantes, ainsi que les pertes civiles. Il faut en effet savoir que les djihadistes utilisent intentionnellement les  populations civiles comme bouclier humain dans les zones urbaines qu’ils contrôlent.
Au niveau des armes chimiques, le stock de Damas a été démantelé sous la supervision de l’OIAC, on ne peut toutefois pas exclure que l’armée les ait utilisé auparavant. Cependant, là aussi, la documentation à disposition montre que les groupes djihadistes ont fait un usage systématique des armes chimiques tout au long du conflit,comme le montre cet article du NYT :
https://mobile.nytimes.com/2016/11/21/w … .html?_r=0
Ma position sur ce conflit, comme sur beaucoup d’autres, est que ce n’est pas à une coalition de pays occidentaux de décider à la place des populations quel dictateur doit être renversé ou non, c’est de l’ingérence pure et simple. Nous n’avons pas ces scrupules avec les dictateurs africains de la françafrique. Lorsque, pour aboutir à ce résultat, nous nous plaçons du côté d’al-qaïda et de groupes djihadistes pour provoquer la guerre et le chaos c’est tout simplement criminel.

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2    #19 19/04/2018 14h11

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Bonjour !

La Syrie, c’est TRÈS compliqué. Alors, discuter sur les intentions réelles ou affichées, de divers dirigeants, c’est comme vouloir faire un trou dans l’eau.

Dans le conflit syrien, on a :
- Un régime pro-chiite qui est en guerre contre des factions sunnites, mais ces factions ne sont pas unies, et se battent à l’occasion entre elles.
- Du point de vue religieux, la Syrie a deux gros alliés : l’Irak et l’Iran. Mais, du coup, les ennemis de l’Iran, Arabie Saoudite en tête, soutiennent les rebelles contre le régime Assad.
- Israël, aussi ennemi de l’Iran est habituellement ennemie de l’Arabie Saoudite ; mais les ennemis de mes ennemis étant ce qu’ils sont, il y a des discussions entre l’Arabie Saoudite et Israël pour contrer le régime d’Assad. Et Israël a utilisé des armes pour le compte de l’Arabie Saoudite, mais sans le dire.
- Les Kurdes tentent de profiter de la confusion pour se tailler un territoire en bordure de leur région autonome d’Irak.
- DAESH a essayé, par une démarche similaire de se créer un territoire, mais avec une optique religieuse très marquée, et une internationalisation du recrutement et des ressources financières.
- La Turquie, quasi-ennemie des Kurdes, alliée des USA (membre de l’OTAN) et alliée de Moscou, souhaite, sans le dire, une décrépitude de son voisin syrien ; ce qui laisserait la Turquie comme la plus grande puissance régionale. Mais les Kurdes et la Turquie, bien qu’ayant les mêmes ennemis en Syrie, ne peuvent pas se voir, et se tapent dessus …dans l’espace syrien.
- Les USA, alliés de l’Arabie Saoudite, ont commencé par soutenir les rebelles syriens, contre le régime d’Assad ; puis avec l’arrivée de DAESH, ils ont changé leur fusil d’épaule, et ont combattu DAESH à partir de l’Irak, soutenant ainsi, sans le dire, le régime.
- La Russie, alliée depuis longtemps de l’Iran (il existe un pacte d’assistance militaire mutuelle : pour toute agression militaire d’un des deux pays, l’autre le soutiendra militairement) aide le régime Assad, en espérant asseoir son influence sur une grande zone pétrolière.
- Mais l’Iran, bien qu’alliée de la Russie, pousse ses cartes en Syrie, et espère aussi obtenir beaucoup en Syrie, et il y a une sorte de concurrence entre ces deux alliés sur les zones à dominer.
- Les USA voient d’un très mauvais œil cette double contagion russe et iranienne. Leur influence est de plus en plus réduite à l’Irak, et encore, en forte diminution. Ils voudraient bien lutter contre la Russie, mais ne peuvent pas le dire ni le faire.

Bref, je ne vais pas vous saouler avec de nombreuses autres considérations. Sachant que les dirigeants, et leurs stratèges, ont beaucoup d’autres informations, qu’ils ont leurs propres démarches et leurs propres calculs, et leurs propres soucis (dont celui de bien manipuler les opinions publiques pour être réélus), il me semble illusoire de chercher à solutionner ce panier de crabes.

Macron, Trump, Poutine, Assad, MBS, Erdogan, Rohani, et bien d’autres dirigeants ont des considérations que nous ne connaîtrons jamais. Et il ne faut pas se faire d’illusion : les informations dont nous disposons sont filtrées, travaillées, présentées dans un but que nous ignorons, même si, parfois, elles contiennent une part de vérité.

Conclusion : arrêtez de vous battre sur des sujets dont on sait seulement qu’on ne sait pas grand chose.


M07

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