@naphto : Dans vos arguments sur l’attaque chimique d’Assad contre des civils, vous oubliez juste 2 petits détails - qui rendent votre raisonnement totalement fallacieux :
1) L’historique (le "track record") du régime Assad : La réputation de ce régime en termes de violences contre les populations civiles, depuis des décennies, n’est plus à démontrer. Je vous invite à vous intéresser à l’histoire de la Syrie depuis que le clan Assad en a pris le contrôle en 1970 (48 ans au pouvoir, remarquable et enviable stabilité, sans doute ?). Par exemple le massacre de Hama en 1982.
Depuis le début de la guerre civile en 2011, environ 106 000 civils ont été tués, l’écrasante majorité par le régime. Et puis 70 civils de plus ont été tués, à Douma, le 7 avril 2018. Et là, Naphto s’exclame : "on n’a pas de preuve que c’est le régime !" Vous voyez le problème, ou pas ? De 0 à 106 000 civils tués, on sait que c’est le régime. Mais quand on passe de 106 000 à 106 070 morts, là, Naphto a un doute et demande des preuves…
Assad n’est pas le gentil voisin de palier, c’est un meurtrier de masse, qui s’est déchaîné contre sa population ces dernières années : ou bien vous pensez que tous ces morts n’existent pas ? Sérieusement, je vous invite à vous interroger sur les mécanismes psychologiques qui vous conduisent à défendre un tel bourreau.
Le régime Assad a aussi un historique en termes d’armes chimiques, ce qui a justifié un programme de démantèlement sous la pression de la communauté internationale en 2014 : des dizaines de sites concernés. Vous avez loupé l’info ? Ou peut-être pensez-vous que ces armes chimiques étaient développées à des fins humanitaires ?
Quant à l’idée que les "rebelles" peuvent utiliser des armes chimiques : on parle d’une enclave totalement assiégée depuis des années. Franchement, si vous pesez les probabilités de façon rationnelle, ça vous conduit à penser qu’Assad est innocent ?
2) Les intérêts des Occidentaux : Les théories du complot, c’est super, mais il faut au moins démontrer les motivations des "complotistes". Si vous pouvez m’expliquer quel intérêt Macron pourrait avoir à effectuer des frappes en Syrie, ce serait cool. Moi, je ne vois pas. Ces frappes n’ont pas de portée économique ou même militaire : il s’agit simplement de représailles visant à faire cesser des agissements horribles. Mon interprétation, c’est qu’Assad a (encore) franchi la ligne rouge, et que Trump et Macron, face au massacre insoutenable de femmes et d’enfants au gaz, n’ont eu d’autre choix que d’intervenir. S’ils avaient pu ne pas intervenir, rester tranquilles à jouer au golf ou au réformateur (respectivement), ils l’auraient fait, et ils auraient été bien contents.
S’agissant des Américains, je suis d’accord avec vous sur le fait qu’ils défendent sans vergogne leurs intérêts. Parfois leurs intérêts convergent avec les nôtres (sur l’essentiel, heureusement, comme sur les questions de sécurité internationale) ; parfois, ils divergent et ils nous font une concurrence sans merci. Les Européens défendent aussi leurs intérêts avec acharnement. (Sur vos arguments, vous mélangez un peu tout : par exemple Obama, président en exercice, s’était exprimé sans ambiguïté contre le Brexit. Evidemment les positions peuvent changer d’un président à l’autre.)
La différence avec la Russie, c’est qu’au Wisconsin comme en Limousin on ne massacre pas femmes et enfants au gaz : en démocratie, un dirigeant qui serait coupable (ou qui soutiendrait) de tels faits aurait quelques problèmes de popularité. En Russie, Poutine peut commettre tous les méfaits, y compris soutenir un régime criminel comme celui d’Assad, en toute impunité.
Défendre des tyrans, c’est se mettre du mauvais côté de l’histoire, car en fin de compte aucune barbarie ne peut vaincre l’irrépressible désir de liberté des peuples, en Europe, en Russie, comme en Syrie.
Dernière modification par Scipion8 (18/04/2018 00h56)