Bonjour,
après avoir bien lu les différents exemples et calculs, je me fais les réflexions suivantes :
- la SCI IS est défavorable dans la plupart des cas. Dès qu’on fait une plus-value à la revente après un temps prolongé, cette plus-value est très fortement taxée (parfois à plus de 100 %), parce que la valeur initiale du bien a été effacée par l’amortissement. Il y a donc un côté "bombe à retardement".
- la SCI IS permet de payer moins d’impôts, mais elle gomme les revenus presque aussi efficacement que les impôts ! En effet, tant qu’elle est en déficit comptable (par le mécanisme de l’amortissement), il n’est pas possible de verser des dividendes. Or, pour le particulier qui chercher à se construire un patrimoine immobilier et qui doit recourir à l’emprunt, il est important de pouvoir ajouter, à ses revenus salariés, les revenus locatifs, pour convaincre le banquier qu’il doit financer aussi le 2e, le 3e et le 4e investissement. Là, les revenus locatifs sont coincés dans la SCI, et il est probable que le banquier renâcle dès le 2e ou le 3e investissement.
Puisque la valeur comptable du bien diminue par l’effet des amortissements, l’idéal serait, pour une SCI à l’IS, d’avoir une valeur du bien qui diminue aussi vite. Il faudrait utiliser une SCI IS pour un bien très rentable à louer, mais dont la valeur de revente baisse rapidement. De l’immo jetable en quelque sorte. Par exemple, des bureaux en préfab ? On les loue cher par rapport à l’investissement initial, mais au bout de 20 ans ils sont bons à mettre au rebut. Si le bien immobilier s’apprécie fortement, c’est une malédiction avec une SCI IS. Il faudrait donc spécifiquement de l’immo à fort rendement mais dont la valeur baisse avec le temps. Pas facile de calibrer ses opérations immobilières sur ces critères !
L’autre remarque que je me fais, c’est : tant qu’à être à l’IR, quelle est l’intérêt de faire une SCI ?
Avantages :
- pouvoir investir à plusieurs de façon formalisée, avec une porte de sortie, pour celui qui veut reprendre ses billes, plus facile à mettre en oeuvre que dans le cas de l’indivision,
- faciliter la transmission patrimoniale.
Inconvénients :
- lourdeur administrative (faire des comptes annuels, tenir une AG annuelle)
- coût de l’expert comptable.
Pour le particulier qui veut investir dans l’immobilier locatif, je me demande si, dans beaucoup de cas, il n’est pas préférable de le faire en nom propre plutôt qu’au travers d’une SCI.
L’une des difficultés du particulier qui veut investir massivement dans l’immo locatif, c’est qu’il va vouloir revendre des biens. Or, il risque d’être requalifié de marchand de biens au-delà de 2 ou 3 opérations de revente. Est-ce que la SCI est une solution à cela ? Non, car la SCI ayant un objet civil, elle n’est pas adaptée à l’achat-revente, et risque d’être requalifiée en marchands de biens, tout autant qu’un particulier en nom propre.
Ce que j’en déduis, pour conclure :
- dans le cas général du particulier qui veut investir de façon conséquente dans l’immo locatif pour constituer une rente, il peut très bien le faire en nom propre. La SCI IR apporte quelques facilités de gestion du patrimoine, mais ne diminue pas la fiscalité et ne résoud pas le risque d’être requalifié en marchands de biens. La SCI IS n’est pas désirable non plus, car elle diffère ses revenus locatifs, et le place dans la situation où une augmentation de la valeur du bien se transforme en malédiction.
- puisqu’il y a cette épée de Damoclès de la requalification en marchands de biens, ça veut dire qu’il faut vendre aussi peu que possible. Ca veut dire qu’il ne faut pas acheter de canards boîteux. Ca veut dire qu’il faut bien bien choisir ses investissements (rentables, dans un secteur qui ne va pas se dégrader) : on constitue la rente en achetant des bien fortement rentables, qu’on n’aura pas envie de revendre.
On retrouve là la stratégie de plusieurs foremeurs qui ont du succès dans l’immobilier : faire les opérations en nom propre, en achetant un bien ou un immeuble tous les 1 à 3 ans, en concentrant ses efforts sur la recherche de super affaires à haut rendement, qu’on n’aura pas à regretter et qu’on ne sera pas tenté de revendre.