@PoliticalAnimal : il faut me comprendre, j’ai vu vos liens : NY Times, Washington Post, CNN… En bon soldat de Trump je n’y vois que des fake news ! ;-)
Je plaisante… J’avais bien vu votre premier lien recensant les insultes de Trump sur Twitter : mon observation c’est que ces insultes ciblent principalement (i) des opposants politiques, (ii) des médias, et à un moindre degré (iii) des people, et (iv) des pays étrangers. En revanche je n’y ai pas vu des attaques globalisantes contre les femmes, les "Noirs", les "Latinos", les handicapés etc. Il serait un bien piètre politique s’il se permettait cela…
Dans la couverture médiatique de Trump par les médias que vous citez (et dont l’objectivité est bien sûr en toute occasion irréprochable, comme le montre leur totale neutralité, campagne après campagne), il y a toujours la tentation de globaliser les attaques personnelles de Trump : Trump insulte une femme donc il est misogyne, il attaque un "Noir" donc il est raciste etc. Ca aussi, c’est une tactique vieille comme le monde : mais on n’est pas obligé d’être dupe, hein.
Je précise que je suis abonné à The Economist et au New York Times (et même actionnaire de ce dernier !), donc vous voyez que malgré mes préjugés, je suis ouvert sur mes sources d’informations.
@IH & PoliticalAnimal : Très loin de moi l’idée d’excuser les outrances verbales de Trump (même si elles ont parfois un caractère réjouissant quand elles ciblent certains pouvoirs jusqu’alors intouchables). J’ai déjà écrit sur cette file que je considère Trump comme un narcisse pénible, vulgaire, aux manières de butor.
En revanche, je refuse l’hystérisation et la caricature auxquelles se livrent beaucoup d’opposants de Trump, et la plupart des médias et commentateurs français. Perso je vois dans les outrances verbales de Trump une double nature :
- d’une part, évidemment, son côté butor sans-gêne insupportable ;
- d’autre part (et c’est plus pertinent d’un point de vue politique), l’expression de la "fonction tribunitienne" : Trump a bien compris qu’il pouvait profiter du profond mécontentement du peuple américain contre les élites de Washington DC (drain the swamp etc.). De ce point de vue, les outrances verbales de Trump contre les élites politiques et médiatiques servent à mobiliser son électorat, et à ancrer son image de "président du peuple".
Par ailleurs, je pense que c’est faire un contre-sens complet que de voir en Trump un raciste ou un idéologue. Ce type n’a absolument aucune idéologie. Je rappelle qu’il a été longtemps enregistré comme Démocrate, il ne s’est présenté chez les Républicains que par pur opportunisme. Beaucoup de Républicains le considèrent comme un intrus, et sur de nombreux sujets majeurs (le libre-échange, l’OTAN…), il y a un grand décalage entre les "idées" de Trump et la doctrine traditionnelle des Républicains.
Les caricatures permanentes auxquelles se livrent les médias dominants (= de centre gauche) à l’encontre des leaders de droite dans les différents pays me font rire : pas un qui n’ait été accusé d’être un "fasciste", ou pire. On veut nous faire bien comprendre qu’en toutes circonstances il n’y a qu’un seul bulletin de vote convenable (couleur rose pâle)… et ensuite on prétend être des médias de référence, parfaitement objectifs. Là encore, on n’est pas obligé d’être dupe.
@PoliticalAnimal : heureux d’apprendre qu’il n’y a pas d’élite bien-pensante dans notre beau pays ! La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas… ;-) J’aurais pourtant juré avoir côtoyé cette élite bien-pensante, d’une uniformité idéologique presque parfaite, sur les bancs de Sciences Po. Pour juger de cette uniformité, vous pouvez jeter un oeil aux sondages pour les présidentielles successives réalisés parmi ces étudiants. Election après élection, c’est du 90/10. Cette uniformité idéologique se retrouve, de façon encore plus marquée, sur les bancs de l’ENA, de l’Ecole Nationale de la Magistrature, et des écoles de journalisme. Et plus tard dans les cercles du pouvoir et dans les médias.
Faites un sondage sur des sujets comme l’immigration illégale, l’intégration, la GPA, l’idée d’une UE fédérale etc., parmi cette élite monochrome et parmi la population générale : dans les 2 cas les résultats seront (peu ou prou) 90/10… en sens opposés ! Et sur tous ces sujets, ce sont les vues de l’élite bien-pensante qui s’imposent inéluctablement face à celles du peuple, qui bien sûr "ne comprend pas". Et on s’étonne ensuite de la montée des populismes…
Quant au mépris pour le peuple de ces élites, ne pas le constater ne relève-t-il pas du "double standard" ? Il s’exprime chez nous dans une plénitude jupitérienne, qui invite le chômeur à traverser la rue, qui insulte tout à la fois l’ouvrière "illettrée", le Nordiste "alcoolique" et le Comorien qui risque sa vie sur la mer, et de façon générale tous ces anonymes qui ne sont "rien"… Tôt ou tard les masques tombent, et ce mépris pour le peuple tellement évident apparaît dans toute sa laideur. C’est peut-être ce qui a coûté l’élection à Mme Clinton.
Enfin, perso, je ne connais pas de distinction de "race" ou de couleur de peau. Non seulement ces notions sont scientifiquement incertaines, mais elles sont en profonde contradiction avec la tradition politique française. Je ne raisonne jamais en ces termes. Je n’avais pas remarqué qu’Obama était "noir". Ce matin, en réunion, un de mes collègues africains m’a dit en plaisantant "il y a trop de blancs ici !" parce que j’étais assis à côté d’un "métis" (apparent). Là où je suis actuellement, Obama serait vu comme un "blanc".
Vraiment, considérer que la couleur de la peau d’une personne, la nature ou la taille de son organe reproducteur, la couleur de ses yeux, la taille de ses oreilles, ou le nombre de ses poils de nez, ont une quelconque importance politique est une marque d’effondrement intellectuel total. C’est pour cela que j’ai peu de sympathie pour les Démocrates, qui alimentent les tensions "raciales" à des fins purement électoralistes, et qui, sans sourciller, condamnent (à raison) la white pride comme raciste, mais font l’éloge de la black pride.
Je sais bien que l’histoire américaine sur ces sujets est douloureuse et différente de la nôtre. Je préfère de loin vivre dans un pays où les nouvelles icônes s’appellent Mbappé et NGolo Kanté, sans qu’on s’interroge sur leur couleur de peau, et sans qu’on voie en eux autre chose que des Français talentueux et admirables.
Dernière modification par Scipion8 (13/11/2018 23h41)