Si Buffet est véritablement l’oracle d’Omaha, sa prise de participation dans la première banque de dépôt nord-américaine suite a un entretien avec le président Obama en dit long… Nous prépare-t-on outre-atlantique une gigantesque régulation boursière type Glass-Steagall Act?
On observe nettement l’explosion de la spéculation depuis 95, en grande partie grace a la captation de l’épargne du public par l’industrie financière. Le propre de la spéculation étant la formation de bulles, c’est le modèle qui s’applique au marche depuis, pour le meilleur et pour le pire.
Ce n’est pas un "modèle de croissance", c’est l’expansion d’une industrie tentaculaire et hyper-puissante, la seule au monde qui peut se payer le luxe de créer elle-même son marché (internet, immobilier, dettes souveraines, monnaies, sante, etc.)
Le produit "manufacturé" et vendu par cette industrie, c’est celui de l’investissement dans l’illusion. On mise sur du "vent" (bulle internet), on "construit sur du sable" (Dubai), on prête a qui ne pourra rembourser (subprimes, dettes souveraines)… Les mêmes causes, les mêmes effets.
Si cette industrie tient bon, c’est parce qu’elle est soutenue par le pouvoir politique, qui est dépendant d’elle pour se financer. Il se laisse donc abuser, encore et encore. Il n’a d’ailleurs pas le choix. Autrement, ou trouver les considérables sommes nécessaires a l’entretien de nos démocraties sociales?
Voir l’incroyable tour de passe-passe en 2008! Le transfert d’une dette privée… au public! Fantastique, et révélateur.
Si un jour le pouvoir politique décidait de se réveiller et de botter le cul de l’industrie financière pour de vrai, on assisterait a la plus grosse crise de liquidité de l’histoire et, a court terme, a l’effondrement de toutes les autres industries du tissu économique national, ces mêmes industries qui emploient les citoyens et forment l’ossature de la richesse d’un pays.
En démocratie, quel responsable politique prendrait un risque pareil? Aucun!
Le peuple traite nos gouvernants d’incompétents… Ils veulent le beurre et l’argent du beurre! Nos politiques composent avec les réalités, pas avec les fantasmes.
Apres 2008, le public (le pouvoir politique) tape du poing sur la table. Il est lui-même a sec - pas de croissance, pas de revenus - et donc non, il ne veut plus se porter garant pour les déboires du pouvoir prive.
Deux ans plus tard, crise des dettes souveraines. L’industrie financière (le pouvoir prive) attaque les gouvernements (le pouvoir public) en spéculant sur les défauts de paiement de ces derniers.
Ces états n’ont aucun autre choix que de 1/ subir un bouleversement majeur, type révolution ou 2/ mettre genou a terre face au cartel, et survivre.
Nos économies sont aujourd’hui a maturité, nos taux d’équipements crèvent le plafond, nous ne sommes plus compétitifs comme avant au niveau international, et nous vivons dans un monde en paix - alors qu’avant quand on était a sec, on allait envahir le voisin.
Notre pouvoir politique est donc pieds et poings liés, et ne peut laisser la création de richesses qu’aux seuls soins de l’industrie financière.
Partant de ce - triste - postulat, il y a trois scénarios possibles:
1/ L’entrée dans une dépression majeure, dont nous ne sortirons que dans une ou deux décennies et après un épisode exceptionnel, type guerre ouverte avec la Chine qui voudra récupérer par la force ses avoirs dépréciés. TRES IMPROBABLE.
2/ Un nouveau cycle du système, qui trouvera un autre cheval sur lequel spéculer (vraisemblablement les monnaies), avec un schéma qui se répète encore et toujours (2012 au plus bas, 2013 et 2014 bull a fond la caisse, 2015 nouvelle chute), ou le pouvoir prive s’en sortira les poches pleines pendant alors que le pouvoir public s’enfoncera encore plus. HAUTEMENT PROBABLE.
3/ Un "miracle" sur lequel le pouvoir public pourra s’appuyer pour générer une croissance "réelle"… Nouvelle technologie, ou bouleversement géopolitique majeur, type éclosion et intégration du monde arabe dans l’économie mondiale… D’ailleurs, c’est pourquoi les USA soutiennent tellement ces fameuses "révolutions arabes". PROBABLE, MAIS PAS DE SUITE.
Dans le cas des deux derniers scénarios, nous assisterons a:
1/ L’union fédérale de l’Europe.
2/ La fin de la suprématie du dollar.
3/ La montée d’une tension sourde entre les Etats Unis et la Chine.
4/ La montée en puissance politique des pays émergents sous la tutelle des BRIC, ce qui est une bonne chose pour le pouvoir financier, mais pas pour nos économies occidentales.
Dernière modification par thomz (31/08/2013 22h53)