(Je déplace mon message sur la bonne file au lieu de la file performance, il peut être supprimé sur l’autre file)
GoodbyLenine a écrit :
1) Je suis surpris, que quelqu’un comme sergio qui identifie souvent quand un actif est disponible avec "un discount" ne l’ait pas identifié dans le cas des fonds euros : en effet, à cause de la manière dont ces fonds comptabilisent leurs actifs, celui qui achète un tel fond obtient actuellement en gros un portefeuille d’obligations avec un discount significatif sur sa valeur de marché, car ces obligation (disons en moyenne de duration 7 ans, et de taux nominal 3-4%) sont comptabilisées (et payées) à leur valeur d’achat (vers 100%) quand elles cotent sur le marché vers 105 ou 110%.
Une autre "sécurité" associé à un tel placement vient du fait que les obligations sont (sauf en cas de défaut de l’émetteur) un jour remboursées à un prix défini à l’avance.
GBL, je suis surpris que vous soyez surpris. Dans ma vision des choses, j’ai toujours distingué prix du marché et valeur intrinsèque. Vous parlez de sécurité sur le prix du marché actuel, elle existe sans aucun doute pour les obligations à échéance longue achetées il y a belle lurette, mais elle n’existe pas pour autant sur la valeur intrinsèque. Cette valeur intrinsèque sera notamment influencée par le taux de financement normal à long terme. Le marché, aujourd’hui, est parfois prêt à payer un emprunteur pour que celui-ci emprunte (taux négatif ?!) : le bon sens me dit que c’est aberrant.
Le prix du marché a très peu de chances d’être la valeur réelle dans ce contexte là.
On est par ailleurs bien d’accord que vous récupérerez votre capital si l’emprunteur ne fait pas défaut, mais, en cas de retraits massifs, le fonds euros pourrait devoir liquider à des prix pas forcément favorables, ce qui constitue pour moi un risque (difficile à évaluer, je vous l’accorde sans problèmes).
Au passage, si quelqu’un est prêt à me payer pour que j’emprunte, qu’il me fasse signe.
GoodbyLenine a écrit :
Par ailleurs, la plupart des fonds euros n’ont pas distribué tous leurs résultats les années passées, et disposent d’une réserve (PPE) de plusieurs % de leur valeur.
Sans tomber dans l’optimisme béat, tout ceci génère une marge de sécurité, qu’un investisseur peut trouver insuffisante, mais qu’il ne devrait pas ignorer.
2) Même si une PPE constituée en 2014 doit être distribuée avant 2022, qu’est ce qui empêche de constituer une autre PPE en 2016, 2017, etc. Autrement dit, la PPE n’a pas besoin de passer à 0 dans 8 ans.
Pour le moment, il y a bien une marge de manœuvre, je ne cherche pas à le nier. Je ne connais pas l’avenir en revanche (et j’aime bien ne pas tomber dans le biais de continuité : la vie est souvent cyclique, pas forcément continue).
GoodbyLenine a écrit :
3) Non, il y a un risque avec n’importe quel placement. Mais il faut rester conscient d’un certain ordre des choses, et de l’ordre du degré des risques. Ainsi :
a) on a souvent vu un État sauver une entreprise en difficulté financière, mais rarement une entreprise sauver un État en faillite
b) le pouvoir régalien n’appartient pas encore aux entreprises, même si certaines semblent vouloir s’en affranchir.
Je suis en grande partie d’accord avec ce que vous dîtes, avec la nuance suivante : les entreprises prises dans leur ensemble sont la main qui nourrit l’Etat. Ce sont elles qui permettent à la plupart des contribuables (ceux du secteur privé) de payer l’impôt sur leurs revenus, leur consommation et leurs diverses taxes en plus des impôts, cotisations et autres choses que les entreprises paient déjà. Quelque part, on peut dire que les entreprises dans leur ensemble "sauvent" les Etats (et heureusement par ailleurs).
GoodbyLenine a écrit :
4) Dans cette hypothèse, assez peu vraisemblable (les épargnants concernés, qui ont plutôt montré jusqu’à présent une grande passivité que de l’activisme, devraient renoncer à certains avantages fiscaux, très importants pour ceux qui dépassent à présent les 70 ans, et qui détiennent une part significative de ces actifs), la réglementation des assurances prévoit la possibilité de bloquer ou limiter les retraits.
En effet, ce n’est pas sans issue. Sur ce qui est vraisemblable ou non, j’ai ouvertement avoué mon ignorance dans mon post.
GoodbyLenine a écrit :
5) Ca ne serait pas joli joli. Mais la situation des actionnaires, même de ceux ayant acquis des actifs qu’ils considéraient alors comme dévalués, ne serait sans doute pas plus confortable.
A court terme, c’est bien possible, à long terme, on aime tous consommer (plus ou moins et selon ses affinités). Si on paie un prix suffisamment bas, on s’en sort quand même (fin 2008 à mars 2009 était une période où même les actifs sous-valorisés ont globalement trinqué, et j’envisage que les difficultés puissent durer plus longtemps dans certains scénarios - mais les pendules ont finalement été remises à l’heure, y compris pendant la grande dépression). Tout reste une question d’horizon de temps, y compris pour les obligations d’ailleurs (à la seule différence qu’une obligation a intrinsèquement un rendement maximal connu à l’avance à l’échéance).
Je ne cherche pas spécialement à vous contredire, je soumets simplement des réflexions face à des arguments souvent présentés comme des évidences (pas par vous) et qui n’en sont pas pour moi.
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Vibe a écrit :
Donc, quand on fait un investissement grahamite, toujours en raisonnant de façon catastrophique, même si on paie sous le cash/équivalent cash, qui nous dit que ce cash est garanti et que la banque où la société a ses comptes ne va pas faire faillite ?
Donc quoiqu’on en dise, je pense que le livret A, ou à défaut le cash, reste plus safe (mais avec un upside quasi nul). Le couple rendement/risque reste toutefois largement meilleur pour un investissement grahamite, nous sommes d’accord.
Ce que vous dîtes est sensé, mais une entreprise a aussi d’autres choses que le cash (immobilier, stock, parfois - pas toujours - une activité de valeur non nulle). Vous aurez par ailleurs remarqué qu’on aime bien avoir des décotes sur des actifs autres que le cash (par exemple l’immobilier, certaines marques, etc.).
Mais tout le monde, je l’espère, est bien d’accord avec vous qu’il n’y a jamais de garantie dans un investissement (Grahamite ou non) : la seule garantie d’une marge de sécurité patrimoniale, c’est qu’on a un certain temps pour la voir s’évaporer (et agir le cas échéant). Si ce patrimoine se maintient ou grandit dans le temps, quelque chose de bon pourrait arriver. Finalement, notre travail, comme vous le savez déjà, est de s’assurer (le plus possible) les meilleures probabilités pour que le patrimoine ne s’évapore pas.
Je ne sais pas vous dire si c’est plus risqué que garder du cash dont le pouvoir d’achat ne fait que baisser à long terme. Disons que cette démarche de bon sens me parle et que j’ai l’impression de la comprendre : j’essaie de faire un maximum de choses que je comprends et d’éviter celles que je ne comprends pas.