3 #1 07/11/2010 13h42
- parisien
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Les successions / donations sont un élément très important, quand ils portent sur un montant substantiel:
- ils facilitent grandement, à un futur rentier, l’atteinte de son objectif, et lui font gagner donc de très nombreuses années
- à l’inverse, tout futur rentier doit amasser suffisamment, non seulement pour vivre sereinement et confortablement jusqu’à la fin de ses jours (et des jours de son conjoint), mais il doit rester suffisamment pour ses héritiers, s’il entend les favoriser.
Dans ce contexte, j’ai toujours été frappé que la France a un impôt sur les successions aberrant et contre-productif:
1- les héritiers d’un vieillard qui décède paisiblement dans son lit ne paient pas grand chose: en effet, si le défunt a pris la précaution de placer la majorité de son patrimoine en assurance-vie (AV) avant 70 ans, le taux maximal d’imposition sera de 20%, et les héritiers conserveront 80% au moins, même pour un patrimoine énorme. Ce qui est d’ailleurs trop pour assurer un minimum de redistribution et favorise la perpétuation de la fortune au sein d’une fraction bien minoritaire de la population.
Il vaut mieux taxer plus légèrement ceux qui s’enrichissent par le travail et bien plus lourdement ceux qui s’enrichissent par héritage/donations.
2- à l’inverse, les héritiers d’un quadra ou d’un quinqa à l’aise financièrement, qui sont le plus souvent ses enfants encore à charge, paieront des droits de succession bien plus lourds (jusqu’à 40% pour les enfants, 50% pour les neveux et 60% pour les non membres de la famille proche), parce que le défunt est décédé à l’improviste. Alors même que ces enfants à charge ont besoin de cet argent pour bien vivre, jusqu’à ce qu’ils deviennent autonomes, alors que les héritiers du vieillard du cas 1 sont souvent eux-mêmes déjà retraités et donc sans grand besoins financiers.
On voit donc bien les aberrations du système français:
- trop peu de droits de succession, quand le défunt est mort très âgé et a été bien conseillé. Le comble est l’exonération des droits de succession entre conjoints, qui du coup bénéficie aussi aux enfants (grâce à l’astuce du "démembrement de la clause bénéficiaire" sur un contrat d’AV). Bref, dans ces cas, il n’y a même plus de droits de succession etre conjoints et avec les enfants. Au total, la perpétuation de la richesse au sein d’une caste, génération après génération.
- beaucoup trop quand un quadra ou quinqua décède subitement
- les droits de succession ne tiennent pas compte des revenus et du patrimoine des héritiers, mais seulement du patrimoine (hors AV, ce qui est incompréhensible) du défunt.
- un avantage exorbitant donné à l’AV: pourquoi donc un contrat d’AV permet de plafonner les droits de succession à 20%, mais pas un portefeuille d’actions, un logement ou tout autre actif? C’est un SCANDALE. En fait, c’est un énorme avantage donné aux assureurs-vie et à tous les intermédiaires qui gravitent autour. Quel autre métier permet d’avoir des clients fidélisés de force sur 25 ans et qu’on peut donc matraquer en frais (en effet, pour le plafonnement des droits de succession, l’épargnant doit faire son versement avant 70 ans. Ensuite, jusqu’à son décès, il est captif, car il ne peut plus retirer son argent, même pour le transférer à un autre contrat d’AV, sans perdre cet avantage successoral).
Pour accroitre cette fidélisation, le transfert d’un contrat d’AV à un autre (et non simplement le rachat du premier et la souscription du second, qui est possible mais qui entraine la taxation de la plus-value du premier et la perte de l’avantage successoral) est interdit. Alors qu’un pareil transfert est parfaitement possible pour quasiment tous les autres produits d’épargne: PEP, PERP, PEE, PERCO, PEA, livret A, PEL.
Toute cette aberration est le résultat d’une législation stupide et du lobbying des assureurs-vie.
Mots-clés : fiscalité héritage donation
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