Merci Stef de poser la question, j’allais développer à un moment où à un autre. Les points importants sont les suivants. Je vais l’exprimer avec mes mots de façon très synthétique mais Antonacci est technique et cite ses sources.
La diversification entre classes d’actifs n’est pas une chose si formidable qu’on le croit (ou qu’elle a pu être par le passé), en effet toutes les classes d’actifs tendent à être très corrélées pendant les krachs, là où on en aurait le plus besoin ! Avoir une diversification qui ne lisse la volatilité qu’à la hausse, c’est effectivement un peu inutile. La seule diversification utile est celle qui fait préférer posséder des actions de 50 entreprises plutôt que d’une seule pour éviter le risque de faillite individuelle. Avec les ETF, aucun problème de ce type.
Les obligations, sur très long terme, ne sont pas très performantes et il est peu légitime de penser que ça va changer à l’avenir. On est un peu induit en erreur par le passé à moyen terme (un peu comme pour l’immobilier en France). De même, l’or ou les matières premières ne produisent absolument rien. Donc toutes ces classes d’actifs ne sont pas à considérer de façon permanente dans un portefeuille. Pour l’immobilier j’ai oublié mais je suppose qu’il met ça dans la même catégorie d’actif improductif ou peu performant à long terme.
La vraie performance du capitalisme vient des actions, et rien d’autre. Or il ressort des deux points précédents que la diversification de classes d’actifs n’apporte pas grand chose et que les autres classes d’actifs (que les actions) ne performent pas bien à long terme. Il est en revanche légitime d’avoir une classe d’actif alternative, à faible risque, pour les phases baissières du marché, dans le cadre de la stratégie de l’absolute momentum : Antonacci suggère un panier d’obligations diverses de court/moyen terme.
Historiquement, les actions US ont toujours surperformé le reste du monde (9% contre 6%, en gros). Pourquoi ? Il ne l’explique pas. Est-ce que cela va durer ? Il ne le dit pas. En tout cas, les USA représentent quelque chose comme 50% de la capitalisation mondiale (on le voit dans la composition des indices monde). Il est donc assez légitime et évident, si on cherche deux alternatives d’investissement, dans le cadre de la stratégie de relative momentum, de couper la poire en deux : les USA d’un côté (S&P 500), le reste du monde de l’autre (il préconise un ETF MSCI ex-US).
Voilà le pourquoi de la théorie qui accrédite GEM (que des actions, une louche d’obligations ponctuellement) et discrédite la stratégie à 4 modules pseudo-diversifiés.
Je lui ai posé un certain nombre de questions par mail, notamment en lui demandant pourquoi il ne préférait pas son modèle à 4 modules sachant qu’il a une performance légèrement supérieure (à risque égal) à GEM. Il précise d’ailleurs dans sa FAQ, sur son site, que les stratégies de ses papiers de recherche ne sont pas faites pour être utilisées en pratique mais simplement pour illustrer les principes du momentum, contrairement à GEM qu’il approuve comme application pratique. Il n’a pas nié cette performance supérieure du modèle à 4 modules mais m’a dit que s’il faisait une assertion au départ ("les obligations, l’or, l’immobilier ne sont pas de bonnes classes d’actifs à long terme") ce n’était pas pour ensuite les mettre dans son portefeuille afin d’avoir un meilleur résultat. J’ai beaucoup aimé cette réponse, qui prouve qu’il est fidèle à ses raisonnements et qu’il fuit le data-snooping et la sur-optimisation.
Quant à la performance de GEM, vous pouvez la vérifier par vous-même sur son site, depuis 1971. Le couple performance/risque dépasse le modèle à 4 modules. En "dé-leverageant" un peu GEM, on obtient un résultat pas trop éloigné, notamment en terme de performance et de max drawdown.
Dernière modification par Golliwogg (22/02/2016 15h13)