En réponse à la question en titre de cette discussion "comment gérez-vous concrètement vos obligations ?", je dirais : "je n’en achète (plus) jamais en direct, j’utilise des UC sur AV ou similaires".
En effet, je considère que :
- 1) la fiscalité est trop désavantageuse pour qu’un particulier détienne des obligations en direct (seule exception : les non-résidents qui échappent aux prélèvements sociaux, s’il sont ne plus un faible TMI sur les revenus d’obligation);
- 2) la technicité nécessaire pour gérer efficacement des obligations en direct est hors de portée de la plupart des particuliers (entre bien savoir lire le prospectus, évaluer le TRI réel de ses obligations, et tenir compte de la liquidité ou du manque de liquidité sur tel ou tel titre, la fiabilité des émetteurs, etc.) et même pour ceux qui y arrive, le ratio rendement/temps passé me semble peu avantageux;
- 3) ces deux inconvénients n’existent pas quand on détient des obligations sous la forme de fonds gérés par des professionnels, dans une enveloppe fiscalement un peu sauvegardée (contrat AV ou contrat de capitalisation par ex.), et les offres sont très riches à ce niveau, et les frais de gestion de ces fonds sont faibles si on les compare aux avantages obtenus, alors pourquoi se priver ?
Certains vont m’objecter qu’acheter des obligations dans l’optique de les conserver jusqu’à l’échéance réfute mon second argument. Il n’en est rien hélas, et ceux qui procèdent ainsi se leurrent largement. Quelques arguments :
- leurs obligations pourraient bien avoir un nominal de 5%, mais ne plus rapporter qu’un TRI de 2.5% quand on se retrouve à 2 ans du remboursement final. Ils auront alors loupé une bonne opportunité d’améliorer leur rendement (en vendant leurs obligations à ce moment, à un cours bien au dessus du nominal). J’ai pu acheter des obligations d’entreprises privées sur un contrat d’AV fin 2008 (quand les taux étaient hauts : vers 8%), et quand j’en ai calculé leur TRI en 2010, j’ai réalisé que le TRI pour les 3 ans restant était (bien) inférieur à 3%, et je les ait revendu immédiatement (à 115% du nominal + le coupon couru) au lieu de les conserver pour gagner bien moins que le fond €uros. Je suis certain que si j’avais calculé ce TRI un peu plus souvent (chaque semaine par ex.), j’aurais pu vendre encore bien mieux.
- la "duration" de leur portefeuille d’obligation va beaucoup varier (elle sera maximale lorsqu’il auront juste acheté leurs titres, et presque nulle lors du remboursement), et donc il seront en fait exposé au marché (des taux) de manières bien différentes dans le temps, sans même s’en rendre compte !
- lors du remboursement de leurs titres, ils se retrouveront avec plein de cash à réinvestir, sans nécessairement disposer d’obligations disponibles à l’émission. Ce cash sera donc souvent très mal rémunéré, pour des durées sur lesquelles ils n’ont guère de contrôle.
- souvent,quand on achète des obligations en direct à l’émission, on les paie beaucoup trop cher. C’est en tout cas ce que j’ai constater pour toutes les récentes émissions que mes banques m’ont proposé (les obligations de même signature et de durée similaire offrait un bien meilleur TRI sur le marché secondaire; les obligations proposées ont toutes eu les premiers jours de cotation un cours bien plus bas que le prix qu’on pouvait obtenir à l’émission). Il faut bien que le réseau de distribution de ces titres soit rémunéré….. (Je me souviens d’une autre époque, où ce n’était PAS le cas, mais ce temps semble bien révolu : les premières obligations que j’ai achetées étaient vers 15% de nominal, et certaines cotaient 103 ou 105% quelques jours après leur émission, d’autres cotaient 98 ou 95% aussi, il n’y avait pas de marché continu systématique qui grugent les petits intervenants, mais des fixing, la fiscalité était bien plus douce, et c’était il y a plus de 30 ans).