Merci pour vos réactions. Philippe30, vous décrivez en effet le cercle vertueux du crédit : bien loué acheté à crédit -> cash flow positif -> capacité d’endettement conservée voire augmentée -> nouveau crédit accordé, etc… Mais ce cercle vertueux provient avant tout du crédit, pas de l’immobilier. Si de l’argent illimité m’étais prêté de la même façon pour investir en bourse, j’aurais également toutes les chances de devenir riche à long terme (si je ne fais pas n’importe quoi).
Dans l’ensemble, je décèle de la réaction de certains un biais pro-immobilier, anti-bourse. Je maintiens que le risque immobilier est généralement sous-évalué, d’où une appétence au risque (par le levier du crédit) supérieure à ce que vous accepteriez sur les marchés financiers. Ce biais est en fait souvent vertueux, dans la mesure où c’est l’aversion au risque des marchés financiers qui est parfois irrationnelle. D’une certaine façon, l’illiquidité de l’immobilier est une chance : elle permet d’occulter la fluctuation du prix du bien (on n’estime pas le prix de sa maison tous les jours) et empêche de faire de bêtises (acheter/vendre impulsivement). Pour corroborer ce que je dis, on sous-évalue le risque immobilier et sur-évalue le risque boursier lorsque :
- on considère la régularité des loyers tout en occultant la fluctuation du prix du bien. Je ferais d’ailleurs cette même critique à ceux qui cherchent à toucher des dividendes réguliers en occultant la fluctuation du cours. Pour un bien à 100k€, j’ai beau toucher 500€ de loyer tous les mois, si au bout de 4 ans, le bien à perdu 25%, j’ai perdu de l’argent.
- on compare le risque immobilier à long terme au risque boursier à court terme. Pour ramener les choses sur le même plan, il n’y a (sauf erreur) aucun cas depuis la révolution industrielle où les marchés boursiers ont baissé sur une période de 20 ans.
- on fait des remarques à l’emporte-pièce du style "en bourse on peut tout perdre", "la pierre c’est sûr : on aura toujours besoin d’un toit".
Rastignac, avec tout mon respect, il me semble que vous faites vous-même 3 erreurs en me répondant (ou tout du moins nous nous sommes mal compris).
erreur N°1 :
La chute des prix, possible, n’est pas très importante de le calcul de l’investissement avec du 110%. Si mes appartements perdent 50 % de la valeur, ce n’est pas vraiment grave. Ce qui compte, c’est d’avoir un locataire fiable, avec un loyer hors charge qui couvre l’échéance de prêt et de se rapprocher le plus du cash-flow positif (je vous laisse chercher sur le blog…). Et, il faut, bien sûr, que le bien reste en bon état.
Comme soulevé par wulfram, il est peu probable que vos loyers continuent d’être les mêmes si les prix baissent de 50%. D’autre part, comme je l’ai dit plus haut, je ne vois pas pourquoi la fluctuation du prix du bien devrait être occultée.
erreur N°2 :
La rente locative assurée jusqu’à la fin des temps : une ineptie. Tout change, une énorme société comme Kodak a quasiment disparu. Le système propriétaire-locataire fonctionne depuis l’Antiquité, et il devrait continuer. Il s’agit d’un choix de risque, et la valeur locative d’un appartement est beaucoup plus facile à estimer que le futur d’un géant du pétrole…
Votre parallèle n’est pas pertinent. Personne ne commet plus l’erreur de mettre 100% de son capital sur les actions d’une seule entreprise. Maintenant, vous pouvez via un tracker être investi sur l’ensemble des actions du monde, pour une somme aussi faible qu’une centaine d’euros. A contrario, dans l’immobilier physique, vous allez immobiliser des dizaines voire centaines de milliers d’euros sur un seul bien. Un évènement aussi banal que "le maire décide de construire des logements sociaux ou une autoroute en face de votre bien" peut vous faire perdre une somme considérable d’un claquement de doigts.
erreur N°3 :
Un effet de levier infini. La perte envisageable est limitée au montant de l’emprunt, et le risque est maîtrisable selon les assurances. De plus, à partir d’un certain montant d’emprunt, les banques ne vous suivent plus, même pour des projets brillants menés par des gens expérimentés (voir messages de ZX, DDtee, Philippe30). Donc, hélas, pas de levier infini dans l’immobilier. Et dans l’immobilier, il y a toujours, à un moment ou un autre, des menus frais pour le bailleur.
Si vous sortez 0 de votre poche et que la banque vous prête 100k€, votre levier est de 100k/0 = l’infini, par définition. De même qu’on parle d’un levier x2 lorsque la banque vous prête à hauteur de ce que vous avez déjà. La perte possible n’est évidemment pas infinie mais elle représente un multiple infini de votre investissement (puisque égal à 0).