Effectivement on trouve des sites qui induisent en erreur sur ce point.
Pour ma part, je veux repréciser deux choses :
- j’étais, plus haut dans ce fil, très frileux sur la possibilité de travaux qui durent. Exemple : travaux commencés en novembre 2016 (dont une partie payée en 2016), appartement loué en juillet 2017. Le montant des travaux est-il déclarable en charges déductibles en 2016 ? Si l’on n’a pas encore de revenu foncier, peut-on en 2016 déclarer d’emblée un déficit (0 revenu - tant de travaux = tant de déficit) ? D’après des discussions tenues dans d’autres fils, les impôts semblent considérer que c’est bon tant que la location vient justifier a posteriori la déduction des années précédentes, jusqu’à 2 voire 3 ans après le début de cette déduction.
Je reste assez circonspect et je recommande quand même, si on prévoit des travaux qui durent, de demander un rescrit à l’administration fiscale AVANT d’engager le chantier.
- on dit toujours qu’il faut faire du déficit. Voyons un peu l’avantage réel en fonction de si les travaux créent du déficit ou non.
Supposons un célibataire, M. X, ayant 39 791 € de revenus imposables (avant acquisition d’un immeuble locatif).
Supposons un autre célibataire, M. Y, ayant 27 791 € de revenus imposables (avant acquisition d’un immeuble locatif).
Sachant que la tranche des 30 % d’imposition démarre à 26 791 €.
Cas n°1 : M. X acquiert un immeuble, et la première année est comme suit :
Loyer 5000
charges d’emprunt 1000
travaux 2000
autres charges 1000
Son revenu foncier net est 5000-1000-2000-1000= 1000 €. Il paie des impôts sur 1000 €, à savoir 30 % d’IR et 15,5 % de PS.
Cas n°2 :
Idem pour M. X mais travaux de 16 000 €.
Son revenu foncier net est 5000 €-1000-16000-1000 = - 13 000 €
Résultat : M. X a zéro de revenus fonciers cette année-là et de plus il diminue son revenu imposable de 10700 € l’année N.
Déficit reportable sur les années suivantes 13 000 € -10 700 = 2 300 €.
Cas N°3 :
Idem cas n°2 mais pour M.Y. Tout est identique. En apparence !
Qui a eu la meilleure économie d’impôts ?
En pourcentage, c’est le cas n°1 !
Quand on déduit des revenus fonciers, on économie le TMI plus les prélèvements sociaux ! Soit 30 % +15,5 = 45,5 % économisés sur les travaux du cas n°1.
Dans le cas n°2, la part des travaux qui vient ramener le revenu foncier à zéro en complément des autres charges, à savoir les premiers 3000 €, sont subventionnés à 45,5 %. Par contre, les 10700 € suivants, s’imposant sur le revenu global, ne sont subventionnés qu’à 30 %.
L’année suivante, les 2300 € restant s’imputent aussi sur le revenu foncier, donc subventionnés à 45,5 %
Au total, dans le cas n°2, 5300 € de travaux sont subventionnés à 45,5 % et 10 700 € à 30 %. La subvention est donc bien moins bonne du fait du déficit qui vient s’imputer sur le revenu global et n’économise "que" le TMI.
Dans le cas n°3 : idem, sauf que les 10700 € déductibles du revenu font passer M. Y sous la barre des 30 % de TMI, puisque ses revenus ne dépassent cette barre que de 1000 €.
On a donc : 3000 premiers € de travaux subventionnés à 45,5 %
1000 € suivants à 30 %
9700 € suivants subventionnés à 14 % (part du déficit qui fait passer le revenu sous la tranche des 30 %)
les 2300 € de déficit restant, imputés en N+1 sur le revenu foncier, sont à nouveau subventionnés à 45,5 %
Je laisse les plus curieux calculer le taux de "subvention" moyen de chacun de ces 3 cas.
Il en ressort en tout cas clairement que le déficit n’est pas le cas où l’on subventionne ses travaux au maximum. Du point de vue de l’optimisation fiscale, en pourcentage, il vaut mieux faire un peu de travaux tous les ans, pour venir baisser ses revenus fonciers sans pour autant passer en déficit.
En valeur absolue, c’est quand même le cas n°2 qui déduit un maximum d’impôt. Mais dès N+1, il a consommé son déficit, et il va donc être très tenté de recommencer sur un autre immeuble.
C’est donc tout l’intérêt de faire du serial investissement avec déficit foncier : recommencer dès que le déficit de l’immeuble précédent est consommé. Ce n’est pas le plus intéressant en pourcentage d’économie payée par l’Etat, mais c’est le plus intéressant en valeur absolue.
On voit aussi, par la différence entre les cas n°2 et 3, que c’est surtout intéressant pour les gens qui paient beaucoup d’impôt. M. X a 12 000 € de revenus de plus que M. Y, qui lui assurent de rester dans la tranche 30 % même en déduisant 10 700 € de ses revenus. M. X a nettement plus intérêt à être serial-déficiteur que M. Y.
Dernière modification par Bernard2K (08/11/2016 08h43)