Les deux précédentes interventions sont passionnantes, elles me font penser au Vicomte dans Cyrano.
Désormais à moins d’une divine Providence, on va devoir se farcir quatre ans de Trump, et peut-être même huit s’il organise une petite guerre en fin de mandat.
Pour un rapide obituaire de la candidature de Clinton, je veux souligner quelques paradoxes : c’est une femme assez religieuse (protestante méthodiste) et praticante. Pourtant elle a été démonisée par la campagne de Trump, avec nombre de ses supporters qui voyaient en elle Satan en personne.
Trump quant à lui, qui n’a pas de morale et je crains peu de vertus, a été soutenu par les Évangélistes, sans doute pas pour ses performances annoncées avec les private parts des femmes mais peut-être parce qu’il s’est déclaré contre l’avortement. Un bel exemple de morale ecclésiale.
Un autre paradoxe, plus mineur mais dans la même veine : En tant que femme Clinton était, toujours par les trumpistes, présumée incapable d’apporter des réponses viriles à des conflits internationaux. Et inversément dès qu’elle se mettait à envisager des réponses armées à des agressions, elle était accusée d’être une va-t-en guerre (voir la discussion plus haut).
C’est un autre débat, mais on ne peut que regretter que les partis de gauche dans nos démocraties aient délaissé la classe ouvrière (aujourd’hui plutôt les employés, fonctionnaires et modestes cadres) dans les dernières décennies pour l’offrir aux populistes qui enfin ont écouté tous ces oubliés de la modernité. Je précise que je ne suis pas de gauche (je suis à droite de Gengis Khan, à gauche de Proudhon et génétiquement centriste).
Ceci dit je dois reconnaître que je me suis trompé - je ne suis pas le seul, même Trump pensait être défait le 8 novembre dernier - en pensant que Clinton allait gagner l’élection. Ma clef de lecture est que les gens - aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Brésil ou ailleurs - préfèrent choisir la solution la moins entropique / coûteuse. Il faut que je change ma clef de lecture.
J’invite les gens qui ne savent pas forcément ce que Trump veut dire à consulter cette page. On y verra qu’il a pour le moins "declared trumps".
Dans un récent entretien avec le Wall Street Journal, Trump semble mettre de l’eau dans son vin (I want a country that loves each other […] the best way to ease tension would be to “bring in jobs.”) mais il est encore trop tôt pour savoir si ce sont des voeux pieux ou quelle sera sa politique, en pratique et non plus en paroles.
Il y a au moins deux secteurs aux US qui patissent actuellement de son élections surprise : les REITS, je crois que ça a été signalé, et les énergies renouvelables. On se rappelle que Trump a déclaré que le réchauffement climatique était un canular (hoax) monté par les Chinois. J’ai une ligne d’utility US qui a déjà pris un coup.
A l’inverse, ceux qui ont des bancaires US (comme moi) en portefeuille ont déjà bénéficié de l’effet Trump, même si le WSJ trouve l’enthousiasme actuel un peu exagéré. La raison de cette hausse est principalement attribuable à la dérégulation bancaire que Trump souhaite mettre en place. Toutes autres lectures sont les bienvenues.