Bonjour,
1) Insider trading et prêts garantis
oliv21 a écrit :
Si Drahi est réellement confronté à des appels de marge, cela va encourager les "vendeurs" à continuer l’offensive. A ce petit jeu là, Altice ne ferait pas faillite car ils n’ont pas d’échéance de dette à CT … mais Drahi perdrait très gros.
Si c’est le cas, on devrait avoir des déclarations de vente de drahi dans les prochains jours.
Est-ce que quelqu’un sait ou l’ont peut trouver ce type d’info, Altice étant côté à Pays-Bas ?
Je pense que c’est cette page-ci, sur le site de l’Autorité néerlandaise des marchés financiers, qu’il faut surveiller, et plus précisément celle-ci, sur les transactions des managers.
Peut-être intéressant d’observer les transactions d’insiders sur les actions Altice USA.
Cela dit, je ne suis pas certain qu’une pension livrée (a priori, la technique utilisée pour les prêts garantis) avec des actions donne lieu à une déclaration à l’autorité des marchés financiers :
- la pension livrée (repurchase agreement) donne lieu, en droit, à un transfert de propriété
- mais en termes comptables, les titres fournis en garantie restent généralement sur le bilan de l’emprunteur
2) Composition de la dette et risques pour les banques
Autre chose à regarder de près, à mon avis, l’évolution de la part des prêts bancaires dans la dette totale :
- Q4 2015 : prêts bancaires 16.0 milliards EUR, titres de dette 29.9 milliards EUR
- Q4 2016 : prêts bancaires 10.3 milliards EUR, titres de dette 43.4 milliards EUR
- Q2 2017 : prêts bancaires 11.3 milliards EUR, titres de dette 39.4 milliards EUR
Donc en 2016, les banques ont réduit leur exposition directe à Altice par 5.7 milliards EUR, alors que les investisseurs obligataires l’ont augmentée de 14.5 milliards EUR : beau transfert de risque, sous couvert d’une extension des maturités de la dette ! Cela dit au premier semestre 2017, cette tendance s’est (un peu) corrigée. Les prochains chiffres sur ce point seront à observer de près.
Je n’ai pas trouvé dans les publications financières d’Altice de mention sur le caractère collatéralisé ou non des prêts bancaires, mais à ces niveaux-là d’exposition, les banques sont sans doute prudentes : je l’espère pour elles, mais ce ne serait alors pas une bonne nouvelle pour les détenteurs des obligations (et peut-être aussi pour les actionnaires minoritaires).
Au final, je pense que les banques seront capables de résister à un choc Altice, même dans le pire scénario, car il semble que l’exposition du système bancaire sont largement distribuée.
3) Emission de dette par les différentes entités du groupe et contraintes conventionnelles
Un point que je trouve intéressant à la lecture de la documentation financière d’Altice, pour l’instant sans pouvoir déterminer si ce sera important pour la suite de l’histoire, est que la dette est émise par différentes entités du groupe, constituées en "silos". La dette émise par une entité ne peut financer une autre, et il y a des contraintes conventionnelles (covenants) pour l’émission de dette par les différentes entités. A mon sens, cela a des conséquences opérationnelles pour la capacité des différentes branches d’Altice de se financer, et éventuellement des conséquences légales et en matière de risques dans un scénario défavorable pour le groupe.
Rapport Annuel Altice 2016 a écrit :
The debt issued by the subsidiaries of the Company is subject to certain restrictive covenants, which apply in the case of debt issued by:
(i) Altice Luxembourg, to Altice Luxembourg and its restricted subsidiaries,
(ii) Altice Financing S.A. and Altice Finco S.A., to Altice International S.à r.land its restricted subsidiaries
(iii) SFR Group, to SFR Group and its restricted subsidiaries,
(iv) Cequel corporation and all its restricted subsidiaries and
(v) Optimum, Cablevision Corporation and all its subsidiaries.
Other than the HOT debentures and the revolving credit facilities described below, such debt issued by the subsidiaries of the Company is subject to incurrence based covenants, which do not require ongoing compliance with financial ratios, but place certain limitations on the relevant restricted group’s ability to, among other things, incur or guarantee additional debt (including to finance new acquisitions), create liens, pay dividends and other distributions to shareholders or prepay subordinated indebtedness, make investments, sell assets, engage in affiliate transactions or engage in mergers or consolidations. These covenants are subject to a number of important exceptions and qualifications.
In order to be able to incur additional debt under an applicable debt instrument, the relevant restricted group must either meet the ratio test described below (on a pro forma basis for any contemplated transaction giving rise to the debt incurrence) or have available capacity under the general debt basket described below or meet certain other exceptions to the limitation on indebtedness covenant in such debt instrument.
Senior Secured Debt is subject to an incurrence test of 3:1 (Adjusted EBITDA to Net Debt) and Senior Debt is subject to an incurrence test of 4:1 (Adjusted EBITDA to Net Debt), with the following exceptions:
• secured debt of the SFR Group is subject to an incurrence test of 3.25:1 (Adjusted EBITDA to Net Debt).
• new secured and unsecured debt issued by subsidiaries in the US is subject to an incurrence test of 5.5:1 Adjusted EBITDA to Net Debt).
4) Intervention publique
Comme Igorgonzola, j’aurais du mal à imaginer une intervention financière de l’Etat pour sauver Altice : outre les implications politiques, un tel dossier serait sans doute très compliqué à défendre devant les autorités de la concurrence à Bruxelles. Mais peut-être un rachat de SFR à prix d’ami par Orange ? (puisque bien sûr Orange est une entreprise parfaitement gérée, sans aucune influence politique de l’Etat)
En tout cas, si j’avais un groupe avec 50 milliards EUR de dettes et des cash-flows incertains, personnellement j’envisagerais d’acheter une chaîne TV, une radio, quelques journaux, je me choisirais un poulain politique et je ferais en sorte qu’il soit bien placé. Mais bon, ne soyons pas complotiste, de telles choses ne sauraient arriver dans notre belle démocratie :-)
AMF : actionnaire d’Orange, et surtout pas actionnaire d’Altice
Dernière modification par Scipion8 (18/11/2017 13h31)