Avec l’esprit de synthèse qui le caractérise, Bernard2K, qui serait digne de l’agrégation de droit immobilier si elle existait, a bien résumé la situation.
Pour lui répondre, je ne savais pas qu’un huissier était habilité à plaider devant le tribunal d’instance. Il m’a semblé préférable de constituer avocat, ce qui m’a coûté 2000€ pour seulement 600€ de frais de justice accordés par le tribunal. Mon avocat a certes gagné l’affaire, mais je l’ai trouvé globalement plutôt mauvais. A noter également que le bail prévoyait une clause pénale égale à 3 fois le montant du loyer en cas d’occupation illicite après résiliation du bail ; j’ai demandé la mise en oeuvre de cette clause dans mes attendus, mais la juge ne l’a pas accordée, fixant le montant de l’indemnité d’occupation à celui du loyer normalement dû. En pratique, mon avocat estime que les juges n’accordent presque jamais au bailleur le bénéfice de cette clause pénale….dès lors, à quoi bon l’inscrire au bail sauf éventuellement pour faire peur au locataire ?
Je ne me suis pas rendu à l’audience du mois de mai en pensant que l’affaire était pliée ; en revanche, je suis allé à celle d’octobre et ne me suis pas gêné pour pleurer misère sur ma condition de petit bailleur retraité.
L’abonnement d’eau étant à mon nom, j’aurais pu couper l’accès aux occupants, mais je m’en suis bien gardé, par peur de poursuites à mon encontre qui auraient eu de bonnes chances d’aboutir.
Les occupants, même s’ils ne sont pas à l’origine des impayés, ne sont pas non plus des "bisounours" : alors qu’un logement social leur avait été attribué en février, ils ont vécu à cheval sur ma maison pendant encore deux mois sachant bien qu’ils ne craignaient rien avant le 31 mars. Ils ont même eu l’audace de me demander un délai supplémentaire de deux semaines que je leur ai accordé pour terminer leur déménagement ; de toute manière, le bailleur reste démuni tant que le concours de la force publique n’est pas acquis. Pour "fêter" leur départ, ils ont organisé mi-avril une "soirée" ayant nécessité l’intervention de la police alertée par les voisins gênés par le tapage nocturne !
J’en reviens enfin à mon locataire : même si cela contrarie certaines personnes ici, il exerçait bien la profession de chef d’entreprise et son comportement a été celui d’un parfait voyou.Dépourvu de tout sens moral et animé par un sentiment d’impunité absolue, cet individu a lésé en conscience toutes les personnes qu’il a approchées : bailleur, Etat, banques, associés, salariés, fournisseurs et même ses coreligionnaires et sa propre famille ! Je suis convaincu qu’il n’a jamais véritablement dirigé son entreprise : les prêts bancaires n’ont servi qu’à alimenter son train de vie fastueux, cela jusqu’au dépôt de bilan.
Ce qui est proprement surréaliste, c’est de constater qu’il continue à faire illusion en Israël et à trouver des personnes de bonne foi qui lui font confiance et lui avancent des fonds qu’ils ne reverront sans doute jamais.
J’ai bien sûr envisagé de porter plainte pour abus de confiance, mais hélas la location immobilière n’entre pas dans le champ de ce délit.
Pour conclure sur une note plus amusante, je constate que les "+1" sont plus faciles à récupérer ici que les mois de loyer impayés.
J’attends maintenant les résultats de la procédure pénale en France en me doutant bien que l’individu ne pourra être condamné que par défaut. Heureusement, en Israël, l’étau judiciaire est en train de se refermer avec force et rapidité sur l’intéressé.