Bon, l’exercice était périlleux, je le savais et je l’ai indiqué dès mon premier message, c’est un peu comme si je débarquais avec fracas en plein milieu de la messe du dimanche pour expliquer aux pratiquants que Dieu n’existe pas.
D’abord, j’ai un peu éclaboussé avec l’histoire des couteaux qui tombent. Pourquoi, sur ce forum en particulier, trouve-t-on tant de spécialistes dans l’art de la manière de se prendre des taules en allant sur des dossiers glissants ? On peut trouver une tonne d’exemples, je ne vais pas tous les citer, mais VEREIT (ex-ARCP), COMINAR, SEARS, ORCHESTRA, et autres "pépites boursières" ont malheureusement détruit beaucoup plus de valeur qu’elles n’en ont créé. Mon intervention au milieu de la messe, forcément peu objective vu que je ne crois pas en Dieu, n’avait d’autre but que d’interroger sur la pertinence de spéculer sur une situation aussi dangereuse qu’une fraude comptable alors que la cote française recèle de belles sociétés à la valorisation équitable et gérées par un management honnête. Acheter Altran hier à -30%, ce n’est pas du tout la même chose qu’acheter Altran la semaine dernière. Le spéculateur contre l’investisseur.
J’ai rappelé égalementqu’il s’agissait de la SECONDE fraude comptable, la première ayant valu une condamnation par l’AMF de 8 dirigeants d’ALTRAN, à des amendes comprises entre 500.000 et 1.500.000 EUR.
Ce rappel factuel n’a curieusement suscité que très peu de réactions.
Devant la levée de boucliers à laquelle j’ai eu droit (à laquelle je m’attendais en pourrissant le dernier trade à la mode), et vu la tournure que prenait le débat (correction des fautes d’orthographe), j’ai poussé un peu plus loin la provocation en allant chercher la performance de mes principaux contradicteurs et en la comparant à l’indice le plus logique, le plus universel et le plus facilement réplicable à bas coût au travers d’à peu près n’importe quel support : le MSCI WORLD.
Dans quel but ? Simplement pour leur démontrer que leurs paris spéculatifs, leur construction de portefeuille, leur allocation stratégique, est finalement complètement vaine d’un point de vue de PERFORMANCE pure, et qu’au final, il valait probablement mieux pour la plupart d’entre eux de ne rien faire et d’investir par l’intermédiaire d’un de ces produits si peu appréciés par les stock-pickers. Un conseil par ailleurs prodigué par Jack Bogle, Warren Buffett, Larry Swedroe, Burton Malkiel, et à peu près n’importe quel acteur de marché sérieux n’ayant pas d’intérêt dans la gestion active.
Cette entêtement de croire qu’on puisse battre le marché après frais est infondé. Les arguments sont nombreux, j’invite ceux que ça intéresse à lire les interventions, le blog, le livre de Fructif qui explique cela avec beaucoup plus de pédagogie et de patience que moi.
C’est encore moins compréhensible lorsque l’on parle d’un portefeuille dont la valeur s’élève à quelques milliers d’euros. Ca se gère comment ? Des lignes de 300 EUR ? Des heures d’analyse de small caps pour investir 5.000 EUR, et finalement sous-performer le marché ? Franchement, celui qui encourage un épargnant dans cette direction le jette dans la gueule du loup et va le dégoûter des marchés.
Qu’une problématique de revenu, d’horizon d’investissement, ou autre, vise à dévier sérieusement d’une allocation basique, je peux le concevoir, mais la recherche de sur-performance est une chimère pour l’énorme majorité des investisseurs particuliers. Les seuls vrais gagnants sont les courtiers.
Un exemple récent ? Higgons, dont il serait difficile de ne pas respecter le track-record. Qu’en pensent ceux qui ont investi dans son fonds lors de sa réouverture ponctuelle en janvier ? Un autre ? Buffett et BRK qui sous-performe le SP500 ? Dans l’obligataire peut être, les récentes gamelles de Bill Gross ? Des fonds stars ? Carmignac Patrimoine ? H20 Multistratégies ? Pourtant on parle ici de gros calibres, dont la légimité paraissait sans faille. Quand bien même on regarde la perfomance passée (ce qui n’a absolument aucun intérêt), qui peut prévoir ce qui va se passer en investissant aujourd’hui ? Les exemples sont bien trop nombreux…
IH représente également un excellent exemple. Après s’être rendu compte de ses erreurs (à savoir, concentrer son portefeuille sur des titres bonne affaire / "sure shot" / perle sous cotée), il est repassé à une stratégie de diversification maximale, afin de "coller" le plus possible à la performance du marché dans sa globalité. Sans toutefois passer sur un portefeuille d’ETF car cela contredirait la thèse sur laquelle repose son bouquin et la communauté qu’il a créée sur internet. Une remise en question opportune à la suite d’une sous performance prolongée et un changement de cap discret et bien mené. C’est smart.
Dernière mise au point. Selon une étude menée par Hendrik Bessembinder, sur la période 1926-2015, plus de la moitié de la valeur ajoutée créée par le marché américain provient de 86 actions, soit 0,33% du nombre de sociétés cotées sur la période.
Que se passe-t-il quand on ne les a pas en portefeuille ? Qu’est-ce qui vous fait croire que vous les dénicherez avant le marché ?
Si le but est de gagner de l’argent (et j’ai du mal à concevoir qu’il puisse en être autrement pour un épargnant), il n’existe aucune raison valable de croire qu’on puisse surperformer à long terme un indice de référence (si ce n’est, une chance hors du commun).
Après, si c’est un hobby… il faut probablement accepter qu’il soit coûteux. Car faire +10 quand le marché fait +20, en réalité c’est perdre 10…