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7    #1 29/07/2018 21h23

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Mes réflexions sur l’impact d’une crise systémique sur les ETF. Je commence par expliquer ce que signifie une crise systémique pour les banques avant d’en arriver aux ETF, physiques et synthétiques.

1) Une crise systémique se traduit par un manque généralisé de collatéral pour les banques

Une crise systémique survient lorsqu’émergent des craintes généralisées sur la qualité des actifs des banques, mettant en doute leur solvabilité. Une crise de ce genre peut survenir de façon plus ou moins soudaine : parfois, une récession conduit à une forte augmentation des taux de défaut sur les prêts bancaires aux entreprises et/ou aux ménages ; quelquefois, le véritable risque des actifs bancaires se révèle d’un coup, par exemple lorsque le souverain perd tout d’un coup son accès aux marchés de capitaux (risque de défaut sur les obligations souveraines, massivement détenues par les banques du pays), ou lorsqu’un produit financier détenu massivement par les banques apparaît comme risqué (par exemple crise du subprime, entraînant la chute des ABS / CDO).

Confrontées à des craintes sur la solvabilité de leur consoeurs (les bilans bancaires étant par essence très opaques et complexes), les banques cessent de se prêter entre elles, entraînant un gel soudain du marché interbancaire (c’est ce qui s’est passé en Europe le 8 août 2007).

Par ailleurs, les banques font face à la défiance de leurs créditeurs et déposants, se traduisant par des fuites de dépôts hors du système bancaire et par l’impossibilité de lever des fonds sur les marchés de capitaux (titres de créances négociables, obligations etc.). Tout cela conduit à une forte incertitude sur la position de trésorerie de chaque banque - même parfaitement saine par ailleurs.

Pour ne pas s’effondrer soudainement en raison d’un manque de liquidité, les banques prennent des mesures drastiques :
- elles limitent leur activité de prêt ;
- sur le marché monétaire, si elles continuent à prêter, elles vont demander des actifs d’excellente qualité en garantie (collatéral), avec des décotes (haircuts) nettement rehaussées ;
- elles gardent précieusement leurs actifs éligibles aux opérations de la banque centrale (qui n’accepte que des actifs de bonne qualité comme collatéral) = la seule contrepartie qui continuera à leur prêter quoi qu’il arrive, (i) si elles sont solvables et (ii) si elles ont du collatéral éligible ;
- elles procèdent à des ventes d’actifs, même à perte (fire sales), en privilégiant évidemment la vente d’actifs non éligibles aux opérations de la banque centrale.

Que fait la banque centrale ? La banque centrale ne peut pas sauver une banque insolvable (c’est le rôle d’un Etat) ; en revanche la banque centrale peut prêter à des banques solvables en crise de liquidité :

- la banque centrale modifie les termes de ses opérations de politique monétaire pour faciliter l’accès des banques à sa liquidité : par exemple elle peut passer ses opérations en fixed rate / full allotment (ce qu’a fait la BCE en septembre 2008 après la chute de Lehman) : les banques solvables reçoivent autant de liquidité qu’elles veulent - dans la limite de leur collatéral éligible (c’est donc absolument crucial pour la survie d’une banque d’avoir autant d’actifs éligibles que possible).

- pour les banques solvables et systémiques qui n’ont pas assez de collatéral éligible, la banque centrale peut fournir des prêts en dernier ressort (Lender-of-Last Ressort), sous la forme d’Apport de Liquidité d’Urgence (Emergency Liquidity Assistance, ELA), contre des actifs normalement non éligibles en garantie, mais avec de très fortes décotes. La banque centrale prend plus ou moins le contrôle des actifs de la banque : elle choisit de façon discrétionnaire les actifs qu’elle prend en garantie pour l’ELA, en ciblant évidemment les meilleurs actifs. Cela signifie que ces actifs deviennent inaccessibles aux autres créditeurs et déposants de la banque en cas de défaut(C’est une de mes spécialités professionnelles : sauver des banques d’une crise de liquidité tout en protégeant la banque centrale, dans tous les scénarios.)

Il faut bien comprendre qu’une banque centrale, que ce soit pour la politique monétaire ou pour l’ELA, ne prête jamais sans collatéral (ce serait contraire à son statut, et ça finit toujours mal). La disponibilité de collatéral de bonne (ou assez bonne) qualité est donc le critère #1 qui va décider si une banque va survivre ou non à la crise systémique.

Les régulateurs et les départements de gestion des risques des banques vérifient en permanence la capacité d’une banque à avoir suffisamment d’actifs disponibles pour survivre à une crise de liquidité. C’est le sens de nouvelles régulations comme le LCR (Liquidity Coverage Ratio), et de l’attention des régulateurs et banquiers sur les risques d’assèchement du collatéral (collateral scarcity).

Pendant une crise systémique, la "valeur de liquidité" de la plupart des actifs chute brutalement, en raison (i) de la baisse généralisée des prix des actifs, (ii) de la hausse généralisée des décotes (haircuts) appliquées par les banques, voire celles de la banque centrale, et (iii) de l’exclusion soudaine par les prêteurs de certains actifs, voire des pans entiers des marchés financiers (pendant la dernière crise : ABS, certaines obligations souveraines de la zone euro etc.).

L’assèchement soudain du collatéral disponible a un impact majeur sur les banques, donc potentiellement sur les ETF, auxquels elles sont liées de façon multiple.

Il faut bien comprendre que ces effets n’arrivent pas seulement lorsqu’une banque fait défaut, mais bien avant, lorsqu’il y a un risque qu’une banque fasse défaut - les banques prenant les mesures décrites plus haut dès que les risques apparaissent.

Mon message est déjà bien long, je continuerai plus tard.

2) Effets potentiels d’une crise systémique sur les ETF physiques

3) Effets potentiels d’une crise systémique sur les ETF synthétiques

Mots-clés : crise systémique, etf (exchange traded funds), tracker

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#2 29/07/2018 21h51

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Super message de Scipion8, j’adore votre vulgarisation car ca me permet de mieux comprendre les rouages de notre systeme financier.
Dans vos prochains messages, j’aimerais savoir si selon vous l’achat d’ETF physique ou synthétique resterait possible en cas de début d’une crise systémique sur une banque émettrice ?
Quel serait l’impact d’une banque risquant de faire défaut qui utilise comme collatéral une de ses filiales ? (ex. ETF Lyxor ayant la Société Générale comme collatéral hébergé dans un PEA Boursorama).
Est-ce aussi en partie pour diminuer les risques en cas de crise systémique que vous privilégiez le stock picking de titre vif ?

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#3 30/07/2018 20h00

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Bon sujet. 2/ et 3/ mériterait une comparaison avec 4/ les OPCVM/SICAV/fonds traditionnels (I&E…). Il faudrait également détailler les acteurs et qui fait quoi (Qu’est-ce que la CACEIS ?)

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#4 30/07/2018 22h55

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Très intéressant ! Pourriez-vous nous donner brièvement quelques exemples "d’actifs éligibles aux opérations de la banque centrale" (dans la zone euro) ? _Merci_

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#5 30/07/2018 23h20

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Personnellement, je suis assez curieux de voir la "rigueur" qui va être utilisée pour parler des effets sur les ETFs en particulier, plutôt que sur les ACTIONS au sens large.

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3    #6 31/07/2018 07h11

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delta a écrit :

Très intéressant ! Pourriez-vous nous donner brièvement quelques exemples "d’actifs éligibles aux opérations de la banque centrale" (dans la zone euro) ? _Merci_

La liste des actifs éligibles est publique et mise à jour en ligne. Ci dessous vous pouvoir ce qui est utilisé par les banques par type d’actifs :
Eurosystem Collateral Data

Grosso modo, obligations d’état, de banque, de société, actifs titrisés…


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#7 31/07/2018 11h59

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@Nek : merci pour le lien très pertinent, qui présente bien le collatéral éligible et actuellement mobilisé auprès de la BCE - ou plus précisément de l’Eurosystème : seules les Banques Centrales Nationales ont des contreparties et prennent les actifs en garantie, même si la BCE pilote le dispositif et s’il y a partage des risques (risk-sharing) dans l’Eurosystème sur les actifs pris en garantie pour les opérations de politique monétaire (mais pas pour l’ELA, responsabilité nationale).

Le total après décotes du collatéral éligible aux opérations de politique monétaire de la BCE, 14 trillion EUR, peut sembler énorme : ça représente la "puissance de feu" de la BCE, le montant théorique maximal de liquidité qu’elle peut injecter dans le système bancaire en cas de besoin (actuellement "seulement" 1,6 trillion EUR, contre un pic à 2,5 trillion EUR en 2012). Mais cette puissance de feu doit être comparée à la taille du système bancaire dans la zone euro : 34 trillion EUR (et 76 trillion EUR pour le secteur financier de la zone euro dans son ensemble). On voit d’ailleurs que la puissance de feu de la BCE est à peu près stable depuis 2012, alors que la taille du système financier continuer d’augmenter, notamment en dehors du système bancaire : une illustration possible du thème de la collateral scarcity.

Quelques points techniques de plus sur le collatéral, parce qu’à mon sens la gestion du collatéral est un des risques principaux pour les ETF :

1) Les banques et autres participants de marché ont tendance à répliquer les pratiques de la BCE en termes de collatéral éligible et de décotes, dans leurs transactions sur le marché monétaire. Donc on peut faire l’approximation que le collatéral éligible à la BCE est plus ou moins le collatéral "éligible" entre participants privés sur le marché monétaire.

2) Dans leurs programmes de QE, les banques centrales se restreignent généralement au collatéral éligible (pour la BCE, c’est une obligation légale).

3) Ni les actions ni les ETF ne sont généralement éligibles comme collatéral aux opérations de politique monétaire. Pour 3 raisons essentielles :

(i) il s’agit de produits risqués donc peu compatible avec l’idée de protection du bilan de la banque centrale (en cas de faillite, l’actionnaire est en dernière ligne, après tous les créditeurs et détenteurs d’obligations, pour récupérer quelque chose de la liquidation) ;

(ii) des faillites bancaires (= le cas où la banque centrale saisit le collatéral pour éviter une perte) sont généralement corrélées avec une dégradation de l’environnement économique et une chute des marchés actions ;

(iii) il est très inconfortable pour une banque centrale de devoir choisir entre une action X et une action Y (elle risque de se faire accuser d’avantager telle ou telle entreprise - alors que pour des obligations il y a des critères "objectifs" comme des ratings), et de devoir voter ou non au les résolutions aux AG (risques de réputation, et même si elle ne vote pas, problèmes de quorum).

4) Les ETF règlent en partie les problèmes (ii) (par effet de diversification) et (iii) (par délégation du vote et du choix des actions au gestionnaire de l’ETF), ce qui a conduit certains à réfléchir à une éventuelle éligibilité des ETF aux opérations de politique monétaire (ce qui serait un boost majeur pour ce produit).

La Banque de Japon achète des ETF dans le cadre de son QE, mais ce cas particulier ne doit pas être extrapolé aux autres banques centrales (la BoJ s’est retrouvée forcée à acheter des ETF et des REIT après avoir largement épuisé sa puissance de feu sur les obligations souveraines : pour limiter les distorsions sur le marché obligataire tout en continuant à acheter, la BoJ a dû commencer à intervenir sur le marché actions).

5) Le principe qui guide la fixation des décotes (haircuts) appliquées au collatéral par la BCE (et je dirais, par tout prêteur un peu sérieux) est le principe d’équivalence des risques : après application des décotes, le risque de perte (par exemple mesuré par la VaR, Value-at-Risk) sur les différents actifs doit être à peu près le même. Donc la décote doit être plus ou moins proportionnelle au risque perçu ; si ça n’était pas le cas, il y aurait un processus, très dangereux pour la banque centrale, de sélection adverse : les emprunteurs tireraient avantage des décotes trop basses sur certains actifs un peu plus risqués que les autres pour refiler à la banque centrale uniquement ces actifs là. C’est ce qui explique pourquoi la BCE modifie parfois ses décotes, pour mieux refléter les nouveaux risques sur les différentes classes d’actifs éligibles.

6) Il y a 2 techniques légales principales pour mobiliser des actifs en garantie (auprès de la banque centrale ou d’un autre prêteur) :

(i) le nantissement consiste à bloquer les actifs mobilisés en garantie sur un compte au nom de l’emprunteur chez le prêteur ; en cas de faillite de l’emprunteur, le prêteur n’a pas la propriété légale des titres : il doit attendre la fin du processus de liquidation pour les récupérer ;

(ii) la pension livrée (repurchase agreement, repo) consiste en une opération d’achat / vente des actifs : il y a changement de propriété légale du titre, donc les actifs sont immédiatement disponibles pour le prêteur (par exemple en cas de faillite de l’emprunteur).

Ces 2 mécanismes cohabitent dans l’Eurosystème (pas d’uniformité car ces mécanismes touchent au droit de propriété, défini en droit national, avec des spécificités selon les pays). Evidemment, la sécurité juridique pour le prêteur est plus grande avec la pension livrée. Ces mécanismes sont aussi mis en oeuvre par les ETF et leurs contreparties dans la gestion de leur collatéral.

@Mevo : je réfléchis aux différents rôles des banques (donc du "système") dans l’architecture des ETF et des éventuels canaux de transmission du risque systémique. Les rôles / canaux sont les suivants (si j’en oublie un, merci de me le signaler) :
(a) les banques comme mères de certains émetteurs d’ETF
(b) les banques comme participants autorisés (marché primaire des ETF)
(c) les banques comme teneurs de marché (market makers, marché secondaire des ETF)
(d) les banques comme prêteurs collatéralisés aux ETF (activité de prêt de titres des ETF physiques)
(e) les banques comme contreparties de swap des ETF synthétiques
(f) les banques comme émetteurs de collatéral des ETF(actions surtout, obligations ?)
(g) les banques comme conservateurs des actifs des ETF (c’est le rôle de la CACEIS, Gog)

J’essaierai d’être suffisamment rigoureux ;-)

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#8 31/07/2018 12h46

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Scipion8 a écrit :

(a) les banques comme mères de certains émetteurs d’ETF
(b) les banques comme participants autorisés (marché primaire des ETF)
(c) les banques comme teneurs de marché (market makers, marché secondaire des ETF)
(d) les banques comme prêteurs collatéralisés aux ETF (activité de prêt de titres des ETF physiques)
(e) les banques comme contreparties de swap des ETF synthétiques
(f) les banques comme émetteurs de collatéral des ETF(actions surtout, obligations ?)
(g) les banques comme conservateurs des actifs des ETF (c’est le rôle de la CACEIS, Gog)

a) Ok, un émetteur d’ETF est une filiale d’une banque et son actionnaire (éventuellement unique) fait faillite. Scénario sans doute le plus probable: L’activité (la filiale sans doute) est revendue. Scénario du pire: L’émetteur des ETFs est liquidé. Dans tous les cas, les actifs de l’émetteur de l’ETF ne peuvent logiquement pas être "raidés" (à moins d’un point h !) A mettre en rapport avec les banques comme maisons mères de brokers (ou les banques agissant comme brokers elles-même).
b) Quelle est l’importance du marché primaire en cas d’accident de parcours ?
c) Quid de leur activité de market maker (ou de leur participation pour compte propre) sur d’autres produits comme… les actions ?
d) Il y a du collatéral en face. A mettre en rapport avec le prêt de titre automatisé chez les brokers. Dont le droit de votre broker à prêter vos titres dès que vous utilisez de la marge (vous fournissez vos titres en collatéral à votre broker contre l’octroi de marge, et le broker les loue derrière, sans vous rémunérer dans ce cas, d’ailleurs)
e) Le risque ne porte que sur la différence entre les produits qui composent le swap, pendant la période de temps jusqu’au prochain "settlement" (en cas de "daily settlments", 1 jour).
f) ? Pas sûr de comprendre.
g) A mettre en relation avec la conservation des actions des brokers, dont des brokers filiales de banques a) (ou les banques agissant elles-même comme broker) + toutes les actions en "street name" au nom de banques.
h) Une fraude au niveau des banques. "Tout le monde" sait que les banquiers sont des gens à qui on ne peut pas faire confiance, non ? wink

Scipion8 a écrit :

J’essaierai d’être suffisamment rigoureux ;-)

Je n’ai pas trop de doutes de ce coté tongue

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#9 31/07/2018 14h19

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@Mevo : S’agissant des banques mères d’ETF, le risque principal n’est pas celui d’une faillite (même si c’est bien sûr toujours un risque), mais le fait qu’une banque mère d’un émetteur ETF risque fort de se comporter différemment si elle fait face à une contrainte de liquidité / collatéral (par exemple en cas de choc systémique). S’il n’y a pas de contrainte réglementaire (et aujourd’hui il y en a peu) et si la documentation juridique de l’ETF le permet (et c’est souvent le cas aujourd’hui), la banque stressée va être incitée à changer la composition du collatéral qu’elle échange avec un ETF synthétique, ou à utiliser un ETF physique comme source de collatéral éligible, par pension livrée.

S’agissant du marché primaire des ETF, le risque est celui d’un retrait des participants autorisés  : BlackRock affirme qu’il n’y a pas de souci, mais la question se pose en cas de retrait généralisé des participants autorisés. Il faut réfléchir en termes de contraintes de capital et de liquidité pour les banques de leurs activités de participants autorisés et de teneurs de marché sur les ETF. A ma connaissance il n’y a pas vraiment d’obstacle juridique à un retrait.

S’agissant du collatéral : ce n’est pas tout d’afficher une parfaite collatéralisation à l’instant t, (i) il faut creuser les décotes appliquées (s’il n’y a pas de décotes, perso je n’appelle pas ça de la collatéralisation), et (ii) il faut réfléchir aux changements des pools de collatéral en cas de choc systémique (le collatéral de bonne qualité est "aspiré" par la banque centrale) : s’il n’y a pas de garanties juridiques sur une gestion du collatéral en ligne avec les intérêts de l’investisseur final en ETF, on peut être certain que le collatéral va se déplacer selon les contraintes de liquidité des banques et non selon les intérêts de l’investisseur. Pour comprendre ce qui se passe, il faut "suivre le collatéral", analyser les contraintes juridiques et réglementaires à son déplacement dans le système bancaire.

Idem pour le règlement journalier des swaps des ETF synthétiques : y a-t-il des garanties juridiques contre un retrait des contreparties ? sur la fréquence du reset ?

S’agissant du pool de collatéral des ETF synthétiques, je regarde la proportion des actions bancaires et financières - sur le petit échantillon que j’ai regardé elles me semblent fortement pondérées (j’essaierai de venir avec des chiffres) En revanche pas de problème a priori avec les obligations bancaires, normalement non éligibles au pool des ETF synthétiques (en Europe en tout cas - je vérifierai).

S’agissant des conservateurs des titres, je ne pense pas, ou je n’espère pas, qu’il y ait des risques particuliers pour les ETF (mais je connais mal ce domaine).

S’agissant des risques humains, bien sûr on peut imaginer des scénarios de fraude, mais pour moi le plus gros risque serait un risque opérationnel du type Kerviel sur un émetteur majeur d’ETF comme BlackRock - pas sur leur activité ETF qui est relativement plain vanilla, mais sur leurs autres activités, avec effet de contagion aux ETF.

Je suis encore en phase d’étude et de réflexion, je reviendrai sur tous ces sujets de façon plus systématique et étayée. (Mais au risque de tuer le suspense, ma conclusion sera sans doute que les ETF ne sont pas un panier plain vanilla pour acheter des actions comme certains ont pu les présenter, mais un produit complexe fortement exposé au risque systémique - ce que n’est pas, ou beaucoup moins, un panier de titres vifs de qualité du type Air Liquide ou LVMH.)

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#10 31/07/2018 14h34

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Scipion8 a écrit :

Je suis encore en phase d’étude et de réflexion, je reviendrai sur tous ces sujets de façon plus systématique et étayée. (Mais au risque de tuer le suspense, ma conclusion sera sans doute que les ETF ne sont pas un panier plain vanilla pour acheter des actions comme certains ont pu les présenter, mais un produit complexe fortement exposé au risque systémique - ce que n’est pas, ou beaucoup moins, un panier de titres vifs de qualité du type Air Liquide ou LVMH.)

Franchement, si on en arrive au point que Blackrock et Vanguard fassent défaut, je ne donne plus grand chose d’Air Liquide ou LVMH… c’est comme comparer la peste et le choléra. A part faire peur au lecteur lambda en prêchant pour la gestion active, je ne vois pas l’intérêt d’une telle "étude", aussi pointilleuse soit-elle.

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1    #11 31/07/2018 14h51

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Lopazz, vous m’avez mal compris : les risques dont je parle (retraits des participants autorisés, risques de contrepartie sur les swaps, dégradation du pool de collatéral liée aux contraintes de liquidité de la banque mère, aspiration du collatéral éligible des ETF physiques par pension livrée, surconcentration des actions  bancaires dans les pools des ETF synthétiques, etc.) n’ont rien à voir avec un risque de défaut de BlackRock, Vanguard, ou un autre émetteur d’ETF. Ces risques peuvent se matérialiser bien avant qu’il y ait un quelconque risque de défaut sur ces émetteurs d’ETF.

Je vous invite à visiter en profondeur, comme je l’ai fait, les sites de BlackRock, Lyxor et autres importants émetteurs d’ETF : ils soulignent tous ces risques (en y apportant évidemment des réponses qu’il convient d’étudier), et expliquent bien qu’un investisseur doit les analyser. Il y a des mécanismes qui limitent ces risques ; il convient de réfléchir à leur efficacité en cas de crise systémique. Nier ces risques et ne considérer les ETF que sous l’angle des bénéfices, bien réels, qu’ils apportent à l’investisseur en termes de diversification, c’est ne voir que la moitié du sujet.

Comme dit, je prépare une présentation plus détaillée des risques, des mécanismes de mitigation et de leur efficacité en cas de crise systémique, qui sera j’espère utile pour qui veut avoir une approche raisonnée des ETF, et de l’investissement en général. Je mentionnerai aussi les initiatives en cours au niveau réglementaire.

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#12 31/07/2018 15h00

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D’accord, donc vous parlez principalement du risque de liquidité en cas de crise systémique ; dans la pratique, le risque pour un investisseur de ne pas pouvoir vendre ses titres en pleine panique boursière. J’hésite à classer ce risque en avantage plutôt qu’en inconvénient des ETF. Ceci dit, je peux comprendre votre inquiétude. On peut hedger avec une d’or physique dont la valeur explosera si ce cygne noir devait pointer le bout de son bec, par exemple, le pourcentage d’or dans le patrimoine pourrait être égal à la probabilité estimée par l’épargnant de la survenue d’une crise systémique globale qui irait "jusqu’au bout".

Mais encore une fois, si on en arrive là, je ne donne pas cher non plus de vos titres Air Liquide ou LVMH.

Après, si l’idée est de faire un exposé sur ce que vous considérez comme des inconvénients structurels des ETF, continuez, vous avez vraisemblablement un public smile

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#13 31/07/2018 15h10

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Effectivement Lopazz, je parle principalement des risques de contrepartie et de liquidité pour les ETF, qui pourraient se matérialiser en cas de crise systémique (en régime normal, ces risques semblent faibles).

Pour moi l’équation fondamentale pour les ETF est : (1) bénéfices de la diversification vs. (2) risques de contrepartie et de liquidité en cas de crise systémique.

(1) a été bien couvert, par Fructif notamment, je ne conteste absolument pas les bénéfices de la diversification et de la gestion passive. J’essaie juste de réfléchir sur (2) pour avoir une vision complète des ETF.

En fin d’étude j’ajouterai mes conclusions perso pour l’investissement : pour moi, je continue à préférer un portefeuille très diversifié de titres vifs (dont le comportement est très proche d’un ETF), mais certains ETF m’intéressent en complément, par exemple les nouveaux "Core" ETF physiques sans prêt de titres (mais comme je l’expliquerai, je préfère les ETF émis par des émetteurs non bancaires).

EDIT : Le cygne n’a pas à être noir, hein, il suffit qu’il soit gris, comme en 2008, 2012… des épisodes que LVMH (par exemple) a traversé beaucoup moins douloureusement que SocGen (par exemple). Sur un horizon suffisamment long (ce qui est le cas pour un investisseur buy and hold), les risques dont ont parle ont une probabilité de matérialisation non négligeable.

Dernière modification par Scipion8 (31/07/2018 15h37)

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#14 31/07/2018 18h15

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Nek a écrit :

delta a écrit :

Très intéressant ! Pourriez-vous nous donner brièvement quelques exemples "d’actifs éligibles aux opérations de la banque centrale" (dans la zone euro) ? _Merci_

La liste des actifs éligibles est publique et mise à jour en ligne. Ci dessous vous pouvoir ce qui est utilisé par les banques par type d’actifs :
Eurosystem Collateral Data

_Merci_. Pour les curieux, la liste complète, valable au 31 juillet 2018, au format .csv (ouvrir avec Microsoft Excel) est disponible en téléchargement ici (cliquer sur le fichier ea_csv_180731.csv).

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#15 31/07/2018 19h17

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Sujet intéressant.

Cependant, il y a quelque chose que je ne suis pas sûr d’avoir bien appréhendé dans le premier message : Quelles ont été les crises systémiques (selon votre définition) dans le monde depuis X centaines d’années (je fais large pour être sûr de comprendre) ? Cela a déjà existé ou c’est un concept théorique ?

Sinon, je rejoins ce qui a été dit plus haut. L’analyse aura surtout de la valeur si on peut comparer à d’autres types d’investissements. Quel est l’impact d’une crise systémiques sur un fonds non coté (c’est à dire les fonds dits actifs ou indiciels), sur les SCPI, sur les fonds en euros, sur les UC etc. ?

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5    #16 31/07/2018 22h49

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@Fructif : 2007-2009 (aux USA) / 2007-2013 (en Europe) était clairement une crise systémique, et même une crise systémique carabinée ! Avec un mélange de prise de risque excessive par les banques et leurs clients (ça c’est l’ingrédient habituel) + de l’innovation financière pour distribuer les risques de façon opaque et incontrôlable (ABS, CDO) + du risque politique (menace d’éclatement de la zone euro).

Si la confiance dans le système bancaire (dans sa pérennité) est en jeu, c’est une crise systémique. Il y a plusieurs niveaux de confiance : celle des banques entre elles (quand elle disparaît, le marché monétaire gèle, ce qui peut arriver littéralement en une minute - je l’ai vécu), celle des investisseurs (acheteurs d’obligations, actions bancaires, certificats de dépôts), celle des déposants. En général, les banques réagissent en premier, puis les investisseurs, et enfin les déposants (et là en général c’est game over).

Les banques sont extrêmement leveragées : même parfaitement saine, aucune banque ne peut survivre à la perte (prolongée) de confiance de ses créditeurs et déposants. Les peurs d’un effondrement du système sont auto-réalisatrices : c’est la peur généralisée de l’apocalypse qui la déclenche, via la fuite des créditeurs et déposants (d’ailleurs je me dis que l’avènement des rumeurs via les réseaux sociaux crée de nouveaux risques pour la stabilité financière).

Evidemment, la banque centrale intervient très vite - et c’est uniquement parce que la banque centrale intervient que le système n’explose pas. C’est pour ça que vous avez le sentiment que le "cygne noir" ne se présente jamais ; en fait, le cygne noir vient de temps en temps, mais la banque centrale s’en occupe !

La banque centrale a des moyens d’action très puissants (cf. la "puissance de feu" de la BCE mentionnée ci-dessus), mais elle a 2 limites essentielles à son action : (i) elle ne peut pas prêter à des banques insolvables, et (ii) elle ne peut pas prêter sans collatéral.

Quand ces limites sont atteintes (heureusement c’est très rare), l’action de la banque centrale seule ne peut suffire : il faut d’autres mesures notamment pour rétablir la solvabilité des banques : c’était le cas du bail-in des dépôts à Chypre en 2013 (la crise systémique par excellence : liquidité + solvabilité).

Dans l’action de la banque centrale face à une crise systémique, le nerf de la guerre c’est le collatéral. La banque centrale s’assure le contrôle des actifs des banques qu’elle doit sauver comme prêteur en dernier ressort. Au besoin la banque centrale prend en garantie tous les actifs de la banque (c’est ce qu’on a fait à Chypre). Cela signifie qu’en cas de faillite / liquidation de la banque, la perte pour les autres créditeurs et déposants serait totale. (Heureusement, même à Chypre, même après le bail-in, la confiance est revenue peu à peu.)

C’est pour cela que pour le cas particulier d’une banque mère d’un émetteur d’ETF, j’essaie de réfléchir en termes de disponibilité (juridique) du collatéral : si les actifs sous-jacents de l’ETF ne sont pas rendus indisponibles (juridiquement) pour la banque mère - donc potentiellement pour la banque centrale en cas de crise de liquidité - cela signifie qu’il y a un risque pour l’investisseur en ETF (en situation de crise, c’est mon boulot comme banquier central d’aller chercher tout actif de bonne qualité en d’en prendre le contrôle pour sécuriser le prêt en dernier ressort = ELA = sauver la banque tout en protégeant la banque centrale).

Quand la banque centrale fournit des prêts en dernier ressort (ELA) et les sécurise par des actifs pris en garantie de façon plus ou moins forcée, au détriment (en cas de faillite) des autres créditeurs et déposants, évidemment elle ne le crie pas sur les toits ! Car cela pourrait accélérer la fuite des déposants et créditeurs, à rebours des objectifs de la banque centrale. C’est pourquoi les opérations d’ELA sont secrètes et les banques centrales communiquent au minimum.

Sous cette perspective :
1) un ETF émis par la filiale d’une banque est plus risqué qu’un ETF émis par une entité indépendante du système bancaire
2) un ETF physique sans prêt de collatéral est moins risqué qu’un ETF physique avec prêt de collatéral ou un ETF synthétique (avec lesquels la "remontée" du collatéral vers la banque / la banque centrale est possible)
3) un ETF physique où le prêt de collatéral se fait par nantissement (compte bloqué) est moins risqué qu’un ETF physique où le prêt de collatéral se fait par pension livrée (transfert de propriété = cela signifie que l’actif peut remonter jusqu’à la banque centrale)


Les situations d’ELA ne sont pas exceptionnelles : j’ai eu à en connaître une cinquantaine dans la zone euro, et j’en traite régulièrement dans les pays où on m’envoie (ça représente en gros un tiers de mon travail, mais c’est ma spécialité).

L’ELA permet juste de gagner du temps et de compenser la fuite des dépôts et créditeurs ; la banque centrale accompagne la banque pour prendre des mesures visant à rétablir la confiance.

En gros (sur la base de mon expérience) :
- dans 40% des cas, la banque sous ELA finit par revenir à la normale ;
- dans 50% des cas, l’ELA permet juste de gagner du temps pour une résolution de la banque sans trop de dégâts (rachat de la banque par une autre pour 1€, séparation good bank / bad bank, nationalisation…)
- dans 10% des cas, ça finit par une liquidation (ordonnée, si possible) : dans la zone euro pendant la crise, le cas le plus connu d’une liquidation de banque systémique (pour un pays) est l’IBRC : ça s’est bien passé, grâce à l’ELA

Une crise systémique correspond à une situation où toutes les banques sont touchées (toutes passent sous ELA) et où la perte de confiance se prolonge : la banque centrale touche aux limites de son pouvoir dans cette situation.

Il y a effectivement peu de crises systémiques "parfaites" - la plupart du temps elles sont avortées par la banque centrale (et aussi par l’Etat, parfois). Pour moi, des exemples parfaits sont l’Allemagne en 1931, la Grèce en 2011-2015 et Chypre en 2013. Un krach boursier "normal" (1987, 2000), une récession économique, ne sont normalement pas accompagnés par une crise systémique.

La fondation du système bancaire et de la démocratie est la même : la confiance (des déposants et électeurs). Donc les crises systémiques sont plus probables dans un contexte de déstabilisation politique : crise des années 1930, craintes d’explosion de la zone euro à partir de 2011.

J’ignore évidemment si la prochaine crise systémique aura lieu dans 1, 5, 10 ou 20 ans. Je sais simplement que les ingrédients nécessaires sont là : (i) prise de risque excessive (ça c’est inévitable), (ii) innovation financière mal maîtrisée / lobbying pour la dérégulation, et (iii) faiblesse budgétaire et politique des Etats. Il est possible que 2007 -2013, comme 1929, ne soit que la première étape d’une période longue de crises à répétition.

On peut sans trop d’imagination élaborer des scénarios de crise systémique pour la France :
- scénario de sortie de l’Italie de la zone euro
- scénario de changement politique radical (d’un côté ou de l’autre) en France en 2022

Ces 2 scénarios (improbables) auraient tous 2 des impacts systémiques en France, à mon avis.

Si vous me dites que les ETF, aux USA, ont bien traversé la crise systémique de 2008 : c’est vrai ; difficile d’émettre un jugement définitif, c’est peut-être dû (i) à la prédominance des ETF physiques aux USA, (ii) à la prédominance des ETF émis par des non-banques aux USA, (iii) à la (relativement) faible taille globale des ETF à l’époque, et/ou (iv) au fait qu’après Lehman, la Fed a réglé très efficacement les problèmes de liquidité en USD. Aucune certitude.

OK, j’essaierai de faire une comparaison dans un scénario de crise entre ETF (de différents types) et autres actifs.

A mon avis, il faut toujours raisonner en termes de propriété juridique des actifs sous-jacents :
- un titre vif que j’ai acheté par ma banque est ma propriété légale : il ne peut être saisi ni utilisé comme garantie par quiconque sans mon autorisation (sauf fraude, auquel cas la garantie de 70k€ est activée) ; en cas de faillite de la banque je le récupère directement
- un OPCVM (ETF ou autre) ne me donne droit à aucun droit de propriété sur les actifs sous-jacents ; la garantie de 70k€ fonctionne aussi pour les parts d’OPCVM mais elle n’est efficace qu’en cas de fraude. Ma crainte pour les ETF est une dislocation du prix sans lien avec les actifs sous-jacents si les risques divers se matérialisent (conflit d’intérêt, remontée des bons actifs à la banque mère, retrait des participants autorisés etc.)

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#17 31/07/2018 23h08

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Bonsoir Scipion,
Merci pour l’approche par le risque systémique qui, sans les remettre en cause, apporte une perspective complémentaire aux précédents développements sur les ETF présents sur le site.
Sous cet angle, quels ETF recommanderiez vous plutôt ?
Pourriez vous prendre quelques exemple de ETF WORLD ou ETF EMERGING et nous donner votre analyse de risque au regard des critères généraux que vous avez développés ?
en espérant que ce n’est pas trop abuser de votre temps en cette période estivale et vous remerciant par avance.
Sky.


"La bourse est le seul magasin où la plupart des clients fuient quand les prix baissent. W Buffet". Portefeuille, Blog

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#18 31/07/2018 23h15

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Bonsoir Scipion8,
Les détails que vous apportez m’intéresse au plus au point ainsi que tous ceux qui auraient une approche d’investissement lazy en PEA car la plupart des ETF ex-France ou ex-Europe sont synthétiques et et émis par la filiale d’une banque (Amundi = Crédit Agricole, Lyxor = SoGé, EasyETF =  BNP, SPDR = Standard & Poor’s …).

D’apres le post de Scipion8, je pense qu’il recommanderait une approche lazy avec des ETF physique de type Vanguard ou BlackRock sur Compte Titre Ordinaire pour le tres long terme et de garder PEA et PEA-PME afin de posséder des titres en direct et de répliquer au mieux les indices CAC40 ou STOXX600.

Le principal soucis serait un investissement lissé de 500 a 2000 euros mensuel sur 600 valeurs ainsi que la repondération des valeurs chaque année.

Je vais attendre la fin de cette discussion avant de changer mon approche.

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1    #19 01/08/2018 08h54

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Scipion8 a écrit :

@Fructif : 2007-2009 (aux USA) / 2007-2013 (en Europe) était clairement une crise systémique, et même une crise systémique carabinée !
(…)
Si vous me dites que les ETF, aux USA, ont bien traversé la crise systémique de 2008 : c’est vrai ; difficile d’émettre un jugement définitif, c’est peut-être dû (i) à la prédominance des ETF physiques aux USA, (ii) à la prédominance des ETF émis par des non-banques aux USA, (iii) à la (relativement) faible taille globale des ETF à l’époque, et/ou (iv) au fait qu’après Lehman, la Fed a réglé très efficacement les problèmes de liquidité en USD. Aucune certitude.

Les ETF existent depuis 1993 aux États-Unis, 2003 en France. Ils ont passé un certain nombre de crises, et donc apparemment des crises "systémiques carabinées". En 2008 les ETF étaient beaucoup moins répandus, mais bien présents. Il y avait plus entre 1500 et 2000 ETF à cette époque dans le monde (5000 maintenant) (pour les puristes, je compte les ETP et non purement les ETF). D’ailleurs, le nombre des ETF a été en forte augmentation durant ces années de crises systémiques. Ils ont dû plutôt bien s’en tirer.

En Europe, il y avait 419 ETF (pas ETP ici) en 2007, 614 en 2008 et 817 en 2009 (1600 aujourd’hui). En 2008, la moitié des ETF européens étaient à réplication synthétique. Et suite à la crise la part du synthétique a augmenté pour arriver à un maximum de 2/3 en 2012.

Ainsi, on peut observer que l’ensemble des ETF du monde, physiques, physiques avec prêt de titre, à réplication indirecte, etc. ont largement survécu au krach. Tellement bien, que l’ensemble des professionnels mondiaux en ont redemandé ; ils ont même demandé plus de synthétique en Europe.

Alors je ne dis pas que ce soit bien passé "seulement" pendant les crises de 2000, 2008 et 2011, prouve que ça se passera bien à l’avenir. Cela étant c’est quand même un signe.

J’ai l’impression qu’on est à la recherche de quelque chose qui n’a encore jamais existé. Pourquoi pas, c’est un exercice intellectuel comme un autre.

J’ai aussi l’impression que c’est faire le choix de sous-performer toute sa vie d’investisseur hors crise systémique (car oui, je pense que faire le choix de ne pas investir mondialement dans un PEA fait perdre beaucoup de points - par exemple), pour mieux s’en sortir pendant LA crise systémique (que l’on a pas encore vu). Ça peut être un choix. Il y a des gens qui construisent des abris nucléaires dans leur jardin, alors pourquoi pas.

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#20 01/08/2018 09h33

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Fructif, vous avez des certitudes, c’est certain. Maintenant vos interventions pour mettre en avant un ETF monde sont essentiellement basées sur le fait que leur performance passée a été au dessus de tout autre ou la plupart choix d’actions par le passé. On nous rabâche à longueur de temps que les performances passées etc mais vous basez vos théories sur le fait que les graphiques le montrent, l’ETF monde a mieux performé sur ces dernières décennies qu’un ETF Cac40 ou Europe ou panier d’actions de la plupart des fonds.

Acceptez au moins que l’avenir reste à écrire, acceptez que vos certitudes sur les devises ne sont que pures supputations, investir en devise engendre des frais, au minimum, en plus d’une sous-performance ou sur-performance. Non les devises ne s’équilibrent pas sur le long terme et acceptez aussi que des investisseurs avisés fassent le choix de rester cantonnés à leur propre devise quitte à se priver de ce gain potentiel qui ne l’est que dans la certitude de vos écrits.

A vous lire vous allez penser que j’ai d’ores et déjà un abri nucléaire dans mon jardin, je pense exactement comme vous que c’est complètement débile mais ayez un peu plus de respect s’il vous plait envers ceux qui ne pensent pas comme vous en ne les assimilant pas nécessairement à cet exemple lamentable que je trouve insultant.


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#21 01/08/2018 09h50

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Scipion, pour le contexte: Je l’ai déjà dit, je ne suis pas du tout un pro-ETF (je ne suis pas non plus particulièrement "contre", quoique), mais je vais tout de même "prendre la contrepartie" de votre propos et me faire l’avocat du "diable" en défendant les ETFs. Et je vais d’ailleurs principalement le faire "juste pour le sport". Pas la moindre méchanceté là-dedans, et je vais essayer d’être le plus honnête possible. Mais ce qui me gène dans votre histoire (même si c’est quelque chose de relativement courant), est que j’ai l’impression que vous ne voulez pas étudier quelque chose afin d’arriver à une conclusion, vous partez d’une conclusion au départ et vous voulez la démontrer. Et si vous voulez le faire, c’est pas mal pour appuyer votre position (qui ne restait qu’une opinion à la base) dans la discussion précédente sur les ETFs vs Titres vifs.

Il y a eu grosso modo tout un cheminement où on était parti de ce que feraient les détenteurs d’ETFs par rapport aux détenteurs de titres vifs en cas de grosse baisse, qui a changé en crise, puis en crise systémique avec un risque sur les ETFs en eux-même. Et maintenant, j’ai un peu l’impression que vous voulez nous faire toute une démonstration qui vous donnerait in fine raison sur cette discussion. Le problème est que j’ai la sensation que ça ne peut pas être fait; parce que la conclusion n’est pas juste quand on part des faits (et non l’inverse). Maintenant, si vous arrivez à nous amener les arguments qui disent le contraire, pourquoi pas (en cherchant bien, c’est peut-être possible).

Bref, il me semble y avoir une erreur manifeste dans le raisonnement développé.
Corrigez-moi si je me trompe: Contrairement à la croyance populaire, lorsqu’un client d’une banque dépose de l’argent sur son compte bancaire, ça n’est plus “son” argent, il l’a réellement prêté à la banque et il est devenu créancier de cette dernière. De là découlent les éventuels problèmes en cas de pépins au niveau de la banque.
Mais dans ce que vous dites, lorsque Scipion va “aller chercher tout actif de bonne qualité [afin] d’en prendre le contrôle pour sécuriser le prêt en dernier ressort”, j’ose espérer que vous n’allez pas fracturer les coffres des clients au sous-sol afin de récupérer le contenu qui est la propriété du client, et non de la banque. Est-ce juste ?

Vous semblez partir de l’hypothèse que l’émetteur détient les actifs de l’ETF, et qu’en plus, ils sont sa propriété. Vous dites en fin de message:

un OPCVM (ETF ou autre) ne me donne droit à aucun droit de propriété sur les actifs sous-jacents

Cela me semble faux. Dans le cas d’un OPCVM doté d’une personnalité morale, comme par exemple une SICAV, qui est une société, les détenteurs sont actionnaires, comme pour toute société, et ils détiennent tous les actifs de manière indirecte (même s’il n’y ont éventuellement pas accès directement).
Dans le cas des ETFs, ils sont généralement structurés comme des véhicules sans personnalité morale (par exemple d’habitude  sous forme de FCP (Fond Commun de Placement) en France, ou de Trust aux US). Un FCP est une copropriété de valeurs mobilières et les détenteurs ont bel et bien un droit de propriété sur les actifs, proportionnellement aux parts qu’ils détiennent.

Les actifs ne sont pas la propriété de l’émetteur, il sont la propriété de des porteurs de parts de l’ETF, qui sont tous copropriétaires. A moins que je ne fasse une erreur quelque part ?

Ca me semble mettre tout le raisonnement par terre. A moins de ne pas respecter les règles.

Au passage, on parle d’ETP pour “Exchange Traded Products” ce qui inclus les ETF “Exchange Traded Funds”, mais également les ETN “Exchange Traded Notes”. Dans le cas d’un ETN, le détenteur est un simple créancier de l’émetteur, et là, il n’a effectivement aucun droit sur tout produit détenu par l’émetteur pour se couvrir éventuellement (ce qu’il n’est aucunement obligé de faire).

Retrait total de tout le monde, des participants autorisés, des markets makers, etc… So what ? Les détenteurs se retrouveront “scotchés”; il n’y aura (quasi) plus de cotations ni de transactions. Ce serait pareil avec les titres vifs si la bourse fermait, ce qui peut également arriver. “Pas vendu, pas perdu” et “Buy & Hold” forcé pour tout le monde.

Dislocation du prix par rapport aux actifs: Pareil, le prix d’un titre vif peut aussi descendre à 1 centime et devenir totalement décorellé de ce que vaut effectivement l’action. Il faut attendre et ne pas paniquer (et ne pas utiliser de levier, sinon on est vraisemblablement cuit)

Vous pouvez tenter d’attaquer les swaps des ETFs synthétiques et le problème du risque de contrepartie. Expliquer les Swaps “funded” et “unfunded” et trouver des risques plus ou moins important dans un cas et/ou l’autre. Attendez-vous à un message de ma part expliquant le contraire derrière… (désolé)

Celui qui ne veut pas de risque à cause des swaps, utilise des ETFs physiques. D’ailleurs, l’intérêt principal des ETFs synthétiques est encore une gymnastique à cause de la fiscalité, avec les gens qui veulent les loger dans un PEA ou autre régime fiscalement avantageux en Europe (les ETFs synthétiques sont pas mal un truc Européen).

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#22 01/08/2018 09h56

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@Fructif : personnellement je considère les ETF comme un investissement "shotgun" : c’est approprié quand on considère qu’un secteur entier (ou l’économie d’un pays entier) est sous-évalué ou va bénéficier d’une croissance suffisante pour que la valeur de part s’apprécie significativement. Le consensus partagé c’est qu’aujourd’hui nous sommes en fin de cycle et le marché probablement en train de définir un top. Si on oublie la stratégie dollar cost averaging (que je considère dangereuse à l’échelle de temps d’un particulier), n’êtes vous pas d’accord que ce n’est pas vraiment le moment d’acheter des ETFs ? J’aimerais bien en acheter pour passer moins de temps à chercher des valeurs et les analyser, mais j’attend une correction significative pour ce faire. Je ne pense pas que ce comportement va me faire sous-performer : pour l’instant je suis à +11% YtD contre 3,82% pour l’ETF iShares World.


✯ Mangia bene, caca forte, e non aver paura della morte.

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#23 01/08/2018 10h35

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On disais exactement la même chose quand le sp500 avait atteint 2000 points pourtant.

Je trouve pas que fructif manque de respect, il a beaucoup d’argument et cherche à être le plus rationnel possible… il essaie de se baser sur des faits plutôt que des suppositions..

En tout cas crise ou pas , je pense que la plupart des investisseurs boursiers n’ont pas de competences nécessaire pour surperformer le marché, on le voit sur le forum, pas beaucoup fond mieux que un ETF world..
Et justement , c’est dangereux de ne pas investir en ETF world ou sp500/stoxx600 par exemple si on a des connaissances lambda ou autre.

Après on peut investir ailleur , mais quand on a un certain patrimoine , la question de la bourse arrive tôt ou tard afin de diversifier et profiter d’un actif qui a le plus rapporté sur les dernières décennies.


Utilise ta connaissance et ne te noie pas dedans!

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#24 01/08/2018 11h13

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Je ne dis pas que Fructif manque de respect, bien au contraire, c’est un intervenant précieux et je recommande le visionnage de ses vidéos. C’est simplement la référence à l’abri nucléaire qui me semble mal venue. Ca ne va pas plus loin.

Non je ne trouve pas dangereux de ne pas investir en ETF World que l’on ait des connaissances ou non ailleurs. C’est un choix individuel, les études que mettent en avant Fructif (et celles qu’il fait) montrent clairement que c’est une option à ne pas négliger mais elle n’est en rien indispensable et sa performance à venir n’a aucune raison de suivre celle passée que ce soit dans l’absolu ou par rapport aux autres stratégies.


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#25 01/08/2018 14h12

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@Fructif : Merci pour vos réflexions (évidemment très utiles, comme tout débat contradictoire sur des sujets complexes). Ma réflexion est un "stress test" des ETF : je réfléchis à leur comportement en cas de crise systémique, sous pression maximale. Tout instrument financier (actions, fonds €, or, dépôts bancaires…) qui a vocation à être détenu sur le long-terme et pour une part importante d’un patrimoine doit être soumis à ce test.

C’est évidemment ce que font les investisseurs professionnels ! Ils réfléchissent en termes de worst-case scenario et en termes de protection juridique. Ce n’est pas pour rien que de nombreux cabinets d’avocats appartiennent à "l’écosysteme" des ETF.

Je suis à peu près certain que le lancement récent d’une gamme d’ETF "Core" par Lyxor, des ETF physiques sans aucun prêt de titres, fait suite à des questions d’investisseurs bien plus sérieux que moi sur les mêmes points que je vais soulever : forme du prêt de titres (repo ou nantissement) des ETF physiques, composition du pool des ETF synthétiques, fréquence du reset des swaps etc.

La transparence (bienvenue) sur les ETF ne servirait à rien si les investisseurs ne soumettaient pas les données publiées à une analyse critique. C’était le même problème pour les subprime ABS et CDO avant 2007 : l’information sur les risques de ces produits AAA était publiée (dans des documents légaux il est vrai très arides) mais la plupart des investisseurs (pas tous, comme bien montré par The Big Short) avaient décrété que ces risques ne se matérialiseraient jamais.

Quelle est la probabilité que les risques dont je parle se matérialisent un jour ?
1) A court / moyen terme, elle est faible, vous avez raison.
2) A plus long terme (horizon de l’investisseur buy and hold), elle n’est pas négligeable, à mon sens.
3) On peut essayer de l’estimer grâce aux CDS (Credit Default Swap) sur les banques mères d’émetteurs d’ETF : il s’agit des "primes d’assurance" contre un défaut de ces banques à un horizon donné (disons 5 ans), dont on peut extraire une probabilité de défaut en faisant l’hypothèse d’un taux de recouvrement pour les détenteurs d’obligations seniors en cas de faillite. Voir la méthodologie ici (j’ai un doute sur l’absence d’annualisation, mais dans l’esprit c’est ça ; une fonction permet de le faire dans Bloomberg, pour ceux qui y ont accès). Des données sur les CDS des banques européennes sont disponibles ici (il suffit de s’inscrire, c’est gratuit).

En faisant l’hypothèse d’un taux de recouvrement de 30% pour les détenteurs d’obligations seniors (ce qui mériterait tout un débat) :
- BNP Paribas : CDS 5 ans 43 points de base = probabilité de défaut à 5 ans 0,6%
- SocGen : CDS 5 ans 44 points de base = probabilité de défaut à 5 ans 0,6%
- Crédit Agricole : CDS 5 ans 42 points de base = probabilité de défaut à 5 ans 0,6%
- Deutsche Bank : CDS 5 ans 132 points de base = probabilité de défaut à 5 ans 1,9%

Ces probabilités peuvent sembler faibles mais :
1) Elles augmentent évidemment avec un horizon plus long.
2) Elles peuvent fortement varier au fil du temps : par exemple le CDS de SocGen était monté à 447 points de base fin 2011, soit, avec les mêmes hypothèses, une probabilité de défaut à 5 ans de 6,4% : vous pensez que l’investisseur va y rester insensible ?
3) Elles dépendent fortement du taux de recouvrement pour les investisseurs obligataires en cas de défaut (qui dépend de paramètres financiers et politiques).
4)  Surtout, les problèmes potentiels pour les ETF peuvent arriver bien avant qu’il y ait une menace de défaut bancaire ! Donc les probabilités de défaut ci-dessus doivent être interprétées comme des probabilités "plancher" pour l’investisseur ETF, à mon avis. Comme dit plus haut, la plupart des banques sous ELA n’ont pas fait défaut.

Par ailleurs, en finance, les risques ont rarement un profil linéaire ! En matière de liquidité bancaire, c’est plutôt du tout ou rien : on fait confiance à une banque, ou on la perd totalement.

J’ai parlé plus haut d’une cinquantaine de cas d’ELA en zone euro pendant la crise - l’Eurosystème a environ 2500 contreparties ! La crise a été vraiment systémique pour la Grèce, Chypre, la Belgique (qui a perdu ses 2 plus grosses banques) - beaucoup moins pour la France. Mais il faut réfléchir aussi à des scénarios du type "belge" pour la France (grec ou chypriote, j’espère pas, quand même).

Cela dit, 2008 était un bon test pour les ETF (surtout aux USA, je pense), je le reconnais. Mais je pense qu’un environnement où les ETF étaient minuscules, par rapport aux bilans bancaires, est très différent d’un environnement (futur ?) où les ETF auraient atteint une telle taille qu’ils puissent être éventuellement considérés par les banques mères, en cas de crise, comme des "poubelles" (pool des ETF synthétiques) ou bien des "sources" de bon collatéral (prêt par des ETF physiques en pension livrée).

J’ai lu attentivement la documentation juridique de quelques ETF : je n’y vois pas de contrainte majeure (sauf pour des ETF du type "Core") à des décisions très discrétionnaires des banques mères. Et pour moi (et je pense d’autres investisseurs plus compétents dans l’analyse technique et juridique des risques), c’est un signal d’alerte.

PS : Désolé pour mes très longs messages, j’essaie de répondre de façon précise. @FunnyDjo, Skywalker31 et Mevo, je vous répondrais dans un autre (ou d’autres) message(s).

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