4 #1 13/06/2012 19h45
- Sylvain
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Note : j’ai créé un topic à part car la discussion sur l’achat d’actions IBM par BRK a dévié sur les achats de BRK.
Warren Buffet en a fait une des premières positions du portfolio de Berkshire, je veux parler d’IBM. Il a construit une position de près de 65 millions d’actions, principalement aux deuxième et troisième trimestres 2011. Il a continué plus marginalement ce premier trimestre 2012. L’action se traitait à un prix compris entre $180 et $210.
Voici quelques éléments qualitatifs et quantitatifs sur IBM. Je commence par des points clés du dernier rapport annuel. Encore une fois, ce rapport est un document très instructif sur l’activité de l’entreprise. Il est d’une simplicité déconcertante à lire ! Et pourtant IBM emploie plus de 400 000 personnes et toutes ses branches sont éminemment complexes.
Les données sont globalement « macro » à l’échelle d’IBM. Autant que possible, j’essaierai de les séparer selon les grands domaines d’activités : matériel (achat et location), logiciel et services, c’est-à-dire « hybride ».
On notera que près de 85% du CA est fait sur les logiciels et services ; 90% si l’on inclue les locations de matériel (activités de financement). Le chiffre d’affaires est bien plus récurrent que par le passé, même si IBM vend des logiciels sous licence « perpétuelle » (même dans ce cas, les mises à jour sont peut-être payantes). C’est une vraie cash machine.
C’est un bon point quand on connaît l’histoire d’IBM. Pour l’anecdote, j’ai bloqué en visitant le musée des Arts et Métiers à Paris sur une machine à écrire des années 1910, machine à écrire IBM ! Machine à écrire, cartes perforées, ordinateurs, services, logiciels… Et demain ?
Demain justement, le rapport annuel donne la « road map » à l’horizon 2015, dont la stratégie du groupe.
Outre des acquisitions ciblées et une hausse de son activité, IBM veut se positionner sur des domaines en croissance rapide et avec une marge élevée.
En quelques mots, cela tourne autour des émergents et d’approche intégrée globale sur les données. IBM fait une analogie intéressante en parlant de « gusher of data » - littéralement un geyser de données – pour décrire sa nouvelle manne financière, cette nouvelle ressource.
Quelques éléments factuels :
• Les émergents (22% du CA), cible 30% en 2015 ; croissance de 11% en 2011
• L’activité « Business analytics » - signifiance des données ; croissance de 16% en 2011.
• Le Cloud ; croissance de + de 200%
• Approche intégrée globale : « Smarter Planet » (Smarter Cities, Smarter Commerce) ; croissance de + de 50% en 2011. Tous les domaines sont concernés (transport, énergie, commerce, supply chain, etc.) pour améliorer leur performance globale. Sur le principe, ce rapprochement de données de différents univers se sent bien : j’en vois un exemple simple, dans un calculateur d’itinéraires porte à porte (ex : voiture + train + vélo en libre service), c’est intéressant de connaître les prévisions météo à l’arrivée pour éviter d’être à vélo, trempé.
Hélas pour ces trois derniers points, je n’ai pas la répartition du CA.
La « road map » donne un autre objectif : le rachat d’actions ! Et l’ambition est marquée : IBM a la volonté de racheter pour 50 milliards de dollars d’actions. Au cours actuel, c’est plus d’un cinquième de la capitalisation d’IBM !
Les rachats d’actions ne sont pas une nouveauté pour IBM. Mais comme le FCF est énorme, les rachats d’actions le sont aussi et à juste titre. Cette année, pas moins de 15 milliards de dollars y ont été consacrés, pour environ 6% de la capitalisation.
Évidemment, cela participe bien à la hausse du bénéfice par action, pour près de la moitié !
On ne se contera pas de rachats d’actions puisque des hausses du dividende sont ambitionnées.
IBM verse un dividende depuis 96 ans, en hausse depuis 16 années consécutives. Cette année, le dividende est en hausse de 15%, 6 fois plus élevé qu’en 2000 et pourtant ne représente un Pay Out ratio de moins de 25%, sur RN, comme sur le FCF !
Aujourd’hui, les 3,5 milliards de dollars distribués en dividendes restent quand même rikiki, avec un rendement de moins de 2%, mais la marge de progression est énorme.
IBM ambitionne une distribution de 20 milliards de dollars sous forme de dividendes d’ici à 2015. Cela revient à une hausse de plus de 40% sur la période.
Voici un petit graphique pour illustrer l’utilisation du cash par IBM depuis 2000 : l’actionnaire y est très bien traité !
Côté chiffres, il faut le dire, IBM est une cash machine et a des chiffres magnifiques :
• Une rentabilité et marge qui arrivent encore à augmenter après 10 années de hausse.
• Un endettement net égal à moins d’une année de FCF.
• Un ratio de distribution avec une marge de progression importante.
• Résultat net et dividende en hausse régulière et importante (moyenne 10%), plus modérée pour le FCF.
Mais c’est sans compter sur les derniers trimestriels !
Au 1er trimestre 2012, le CA augmente très légèrement, mais le résultat de 9% (surtout amélioration de la marge) et résultat par action de 15%. La croissance des revenus est toujours tirée des logiciels et services.
Sur les 12 derniers mois, le FCF passe à près de 18 milliards de dollars !
Côté valorisation :
• Le FCF yield est à un peu plus de 5% ; 6,5% en prenant l’EV donnée par Infinancials. Avec les données sur 12 mois glissants, on passe respectivement à 5,8 et 7,3% !
• Le ratio EV/EBIDTA à 8,85, plus élevé que dans le même secteur.
• PER au dessus de la moyenne à 5 ans d’IBM, mais bien en dessous de la moyenne à 10 ans. J’ai fait un essai de valorisation avec la même méthode que dans le futur « xlsValorisation » sur les PER :
Ces chiffres sont peut-être même conservateurs car IBM a annoncé revoir à la hausse ses prévisions de BPA pour 2012 : désormais, au moins $15, donc pourrait être un chiffre moyen et non haut.
• Je n’évoque pas le PB, qui à mon sens n’a pas vraiment d’intérêt pour IBM.
• Le calcul de DCF global me semble assez simpliste et devrait être décomposé et affiné. Pour info, Gurufocus donne une valorisation par défaut à $280.
• Au cours actuel, IBM est 20% au dessus de son plus bas annuel, 10% en dessous de son plus haut.
Parmi les initiés, les ventes correspondent certainement à des exercices de stock-options.
PS : à ce jour, je n’ai pas d’actions et passerai acheteur sous 170/180$
Dernière modification par Sylvain (13/06/2012 22h35)
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