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4    #1 13/06/2012 19h45

Membre (2011)
Réputation :   203  

Note : j’ai créé un topic à part car la discussion sur l’achat d’actions IBM par BRK a dévié sur les achats de BRK.

Warren Buffet en a fait une des premières positions du portfolio de Berkshire, je veux parler d’IBM. Il a construit une position de près de 65 millions d’actions, principalement aux deuxième et troisième trimestres 2011. Il a continué plus marginalement ce premier trimestre 2012. L’action se traitait à un prix compris entre $180 et $210.

Voici quelques éléments qualitatifs et quantitatifs sur IBM. Je commence par des points clés du dernier rapport annuel. Encore une fois, ce rapport est un document très instructif sur l’activité de l’entreprise. Il est d’une simplicité déconcertante à lire ! Et pourtant IBM emploie plus de 400 000 personnes et toutes ses branches sont éminemment complexes.

Les données sont globalement « macro » à l’échelle d’IBM. Autant que possible, j’essaierai de les séparer selon les grands domaines d’activités : matériel (achat et location), logiciel et services, c’est-à-dire « hybride ».



On notera que près de 85% du CA est fait sur les logiciels et services ; 90% si l’on inclue les locations de matériel (activités de financement). Le chiffre d’affaires est bien plus récurrent que par le passé, même si IBM vend des logiciels sous licence « perpétuelle » (même dans ce cas, les mises à jour sont peut-être payantes). C’est une vraie cash machine.

C’est un bon point quand on connaît l’histoire d’IBM. Pour l’anecdote, j’ai bloqué en visitant le musée des Arts et Métiers à Paris sur une machine à écrire des années 1910, machine à écrire IBM ! Machine à écrire, cartes perforées, ordinateurs, services, logiciels… Et demain ?

Demain justement, le rapport annuel donne la « road map » à l’horizon 2015, dont la stratégie du groupe.

Outre des acquisitions ciblées et une hausse de son activité, IBM veut se positionner sur des domaines en croissance rapide et avec une marge élevée.

En quelques mots, cela tourne autour des émergents et d’approche intégrée globale sur les données. IBM fait une analogie intéressante en parlant de « gusher of data » - littéralement un geyser de données – pour décrire sa nouvelle manne financière, cette nouvelle ressource.

Quelques éléments factuels :
• Les émergents (22% du CA), cible 30% en 2015 ; croissance de 11% en 2011
• L’activité « Business analytics » - signifiance des données ; croissance de 16% en 2011.
• Le Cloud ; croissance de + de 200%
• Approche intégrée globale : « Smarter Planet » (Smarter Cities, Smarter Commerce) ; croissance de + de 50% en 2011. Tous les domaines sont concernés (transport, énergie, commerce, supply chain, etc.) pour améliorer leur performance globale. Sur le principe, ce rapprochement de données de différents univers se sent bien : j’en vois un exemple simple, dans un calculateur d’itinéraires porte à porte (ex : voiture + train + vélo en libre service), c’est intéressant de connaître les prévisions météo à l’arrivée pour éviter d’être à vélo, trempé.

Hélas pour ces trois derniers points, je n’ai pas la répartition du CA.

La « road map » donne un autre objectif : le rachat d’actions ! Et l’ambition est marquée : IBM a la volonté de racheter pour 50 milliards de dollars d’actions. Au cours actuel, c’est plus d’un cinquième de la capitalisation d’IBM !

Les rachats d’actions ne sont pas une nouveauté pour IBM. Mais comme le FCF est énorme, les rachats d’actions le sont aussi et à juste titre. Cette année, pas moins de 15 milliards de dollars y ont été consacrés, pour environ 6% de la capitalisation.

Évidemment, cela participe bien à la hausse du bénéfice par action, pour près de la moitié !

On ne se contera pas de rachats d’actions puisque des hausses du dividende sont ambitionnées.
IBM verse un dividende depuis 96 ans, en hausse depuis 16 années consécutives. Cette année, le dividende est en hausse de 15%, 6 fois plus élevé qu’en 2000 et pourtant ne représente un Pay Out ratio de moins de 25%, sur RN, comme sur le FCF !

Aujourd’hui, les 3,5 milliards de dollars distribués en dividendes restent quand même rikiki, avec un rendement de moins de 2%, mais la marge de progression est énorme.

IBM ambitionne une distribution de 20 milliards de dollars sous forme de dividendes d’ici à 2015. Cela revient à une hausse de plus de 40% sur la période.

Voici un petit graphique pour illustrer l’utilisation du cash par IBM depuis 2000 : l’actionnaire y est très bien traité !



Côté chiffres, il faut le dire, IBM est une cash machine et a des chiffres magnifiques :



• Une rentabilité et marge qui arrivent encore à augmenter après 10 années de hausse.
• Un endettement net égal à moins d’une année de FCF.
• Un ratio de distribution avec une marge de progression importante.
• Résultat net et dividende en hausse régulière et importante (moyenne 10%), plus modérée pour le FCF.

Mais c’est sans compter sur les derniers trimestriels !

Au 1er trimestre 2012, le CA augmente très légèrement, mais le résultat de 9% (surtout amélioration de la marge) et résultat par action de 15%. La croissance des revenus est toujours tirée des logiciels et services.

Sur les 12 derniers mois, le FCF passe à près de 18 milliards de dollars !

Côté valorisation :
• Le FCF yield est à un peu plus de 5% ; 6,5% en prenant l’EV donnée par Infinancials. Avec les données sur 12 mois glissants, on passe respectivement à 5,8 et 7,3% !
• Le ratio EV/EBIDTA à 8,85, plus élevé que dans le même secteur.
• PER au dessus de la moyenne à 5 ans d’IBM, mais bien en dessous de la moyenne à 10 ans. J’ai fait un essai de valorisation avec la même méthode que dans le futur « xlsValorisation » sur les PER :


Ces chiffres sont peut-être même conservateurs car IBM a annoncé revoir à la hausse ses prévisions de BPA pour 2012 : désormais, au moins $15, donc pourrait être un chiffre moyen et non haut.

• Je n’évoque pas le PB, qui à mon sens n’a pas vraiment d’intérêt pour IBM.
• Le calcul de DCF global me semble assez simpliste et devrait être décomposé et affiné. Pour info, Gurufocus donne une valorisation par défaut à $280.
• Au cours actuel, IBM est 20% au dessus de son plus bas annuel, 10% en dessous de son plus haut.

Parmi les initiés, les ventes correspondent certainement à des exercices de stock-options.

PS : à ce jour, je n’ai pas d’actions et passerai acheteur sous 170/180$

Dernière modification par Sylvain (13/06/2012 22h35)

Mots-clés : action, analyse, ibm

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#2 15/06/2012 13h41

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Merci pour tous ces éléments Sylvain.

Sylvain a écrit :

Mais c’est sans compter sur les derniers trimestriels !

Au 1er trimestre 2012, le CA augmente très légèrement, mais le résultat de 9% (surtout amélioration de la marge) et résultat par action de 15%. La croissance des revenus est toujours tirée des logiciels et services.

Cette présentation trimestrielle est d’une clarté. C’est vraiment limpide.



Les chiffres d’IBM sont très impressionnants mais moins que ceux de Microsoft (24 B$ de FCF).

Le profil d’IBM a peut-être plus de pérennité grâce à l’importance des services et c’est peut-être ce qui a justifié le choix de Buffet.

En tous les cas, en terme de ratio de valorisation, on peut prendre le truc dans tous les sens, mais IBM est la plus chère des old techs :


IBM est aussi plus endettée et sla croissance de son CA est moins rapide que les autres…

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#3 15/06/2012 13h51

Membre (2011)
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Il me semble que Warren Buffet n’a jamais investi et n’investira jamais dans Microsoft à cause de son amitié bien connue avec Bill Gates et son soucis de préserver sa réputation au-delà de tout soupcon.

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#4 22/06/2012 10h36

sergio8000
Invité

Belle présentation Sylvain. très belle boîte, mais un peu chère pour moi.

Pour Buffett, je pense qu’il comprend mieux IBM qu’MSFT aussi : vendre du consultant et de l’outsourcing par exemple est indépendant de l’univers technologique où nous sommes (il suffit d’adapter les connaissances des consultants avec qqs formations). MSFT n’est pas totalement indépendant de cet univers, et Buffett n’est pas le mieux qualifié pour comprendre le milieu. Oracle a le même "soucis". Toutefois, ça n’enlève rien à la qualité de ces boîtes à mon sens !

 

#5 26/06/2012 16h41

Membre (2011)
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C’est effectivement une belle valeur… assez chère. Personnellement, j’attends un trou d’air pour rentrer.

Voici la présentation de la road map IBM 2015, ses ambitions pour le groupe. La présentation date de mai 2012. Elle recèle beaucoup de chiffres intéressants.

IH a écrit :

Le profil d’IBM a peut-être plus de pérennité grâce à l’importance des services et c’est peut-être ce qui a justifié le choix de Buffet.

Je ne sais pas du tout lequel est le plus pérenne. Aujourd’hui, IBM tire 50% de ces revenus de rentes, 60% de ses bénéfices. Les axes stratégiques de développement sont ambitieux et sont pour certains des réelles nouveautés pour les acteurs concernés (signifiance des données, intégration d’univers connectés, etc.).

J’en viens au sujet de la présentation : la road map, d’un BPA de 11,67$ en 2010 à au moins 20$ en 2015. Cela revient à une croissance de 11% annualisée.
Fin 2011, le BPA est à 13,44$, soit 15% de croissance.
Sur 12 mois glissants, le BPA est à 13,86$, déjà plus de 3% de croissance ! Pourtant, traditionnellement, le premier trimestre est le moins rémunérateur.



En cohérence avec le dernier rapport annuel, la croissance du BPA est anticipée pour un tiers chacun :
- Des rachats d’actions
- Du développement des activités (Emergents, Smarter Planet, signifiance des données, cloud), des montants envisagés pour les acquisitions
- De l’amélioration de la compétitivité (efficacité des activités, marge, etc.)

IBM est confiant dans l’atteinte de ses ambitions.
La communication des prochains trimestriels aura lieu le 18 juillet.

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#6 27/06/2012 11h50

Membre (2011)
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De même que pour CH Robinson et Kellogg, voici une évaluation de la valorisation du potentiel de croissance de CH Robinson.

Source des données :
Rapport annuel : Données financières et dettes (fixe, convertible et d’exploitation).
Yahoo Finance : beta
Bloomberg : statistiques clés (nombre d’actions)
Damodaran online : aussi pour la prime de risque. Pour le taux sans risque, j’ai mis 1.5%, équivalent au Bund.

Coût du capital :


Données d’évaluation :


Evaluations :


Ce coup là, pour les ratios clés (ROIC, ROE, etc.), je retombe sur des valeurs similaires au screener du site.
Pour la croissance des bénéfices, j’ai pris 11 % annualisés sur 4 ans. Cela correspond exactement à l’ambition de la road map 2015.

Le calcul donne une valeur sans croissance autour de 225$ !
Par contre avec croissance, on obtient une valeur supérieure à 300$ !
Ca s’approche la partie haute des estimations de valorisation par historique de PER et prévision de BPA.
Mais ces résultats m’étonnent un peu.

Après deux tentatives (CHRW et IBM), je suis vraiment curieux de me pencher sur du plus délicat avec Walgreen, voire avec des boîtes en décroissance.
D’ailleurs, ce serait intéressant de faire le calcul pour un nombre important de sociétés, pour voir si une décote ou surcote moyenne apparaît avec cette méthode.

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#7 28/06/2012 08h06

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Sylvain a écrit :

…Pour la croissance des bénéfices, j’ai pris 11 % annualisés sur 4 ans. Cela correspond exactement à l’ambition de la road map 2015.

Le calcul donne une valeur sans croissance autour de 225$ !
Par contre avec croissance, on obtient une valeur supérieure à 300$ !

Mais ces résultats m’étonnent un peu.

Oui là 300 USD ça parait carrément énorme.

Même en même temps, 11% de croissance avec un tel ROIC c’est énorme pour une société de cette taille.

Warren Buffet aura-t-il encore raison ?

Sylvain a écrit :

Ca s’approche la partie haute des estimations de valorisation par historique de PER et prévision de BPA.

Il faut quand même avouer que cette méthode par les multiples est le meilleur rapport fiabilité temps/passé pour les société matures !

Pour le PER, Damodaran nous dit que le PER d’une société sans croissance "doit" être égal à 1/WACC. Avec un WACC à 5,89% ça nous fait un PER sans croissance à 17 pour IBM.

Cette valeur complètera utilement l’utilisation des PER historiques.

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#8 28/06/2012 14h34

sergio8000
Invité

J’ai tendance à être plutôt d’accord avec ces résultats. Je n’ai pas intégré d’hypothèse de croissance dans mes estimations, mais cela me semble plausible grâce aux rachats d’actions.
IBM semble un investissement avec un faible risque et un retour honorable. Vu l’importance de sa capitalisation boursière, la société convient parfaitement pour les milliards de Warren Buffett.

 

1    #9 20/07/2012 11h17

Membre (2011)
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IH a écrit :

File sur Walgreens
Sinon j’ai fait bcp d’essais et je me demande s’il ne faut pas plutôt utiliser un taux sans risque historique autour de 3-4% et un une prime de risque autour de 6-7%, sachant que le rendement moyen historique des actions nominal est autour de 10-11%.

Oui, la relecture de l’Investisseur Intelligent ces derniers jours me pousse aussi à venir sur des éléments plus "historiques".

J’ai refait le calcul pour IBM, avec diverses hypothèses pour les taux :
- Taux sans risque : 3%, 3,5% et 4%.
- Prime de risque : 6,5%, correspondant à celle fournie sur Damodaran, cohérente avec l’historique de rendement moyen des actions de 10 - 11 %

Pour la croissance, je reste basé sur le plan 2015, avec un EPS à 20 USD (+11% / an).

J’obtiens une valorisation sans croissance comprise entre 170 USD (taux à 4%) et 190 USD (taux à 3%). Avec croissance, on passe entre 230 et 260 USD.
Je maintiens mon cours d’achat autour de 170 - 180 USD. Malheureusement, les derniers trimestriels publiés mercredi ont fait rebondir IBM.

Toutefois, le calcul de DCF de cette feuille est effectué uniquement sur la base d’une progression des bénéfices globaux. Ici, j’ai fait comme s’ils croissaient de 11%. En réalité c’est faux, c’est l’EPS qui pourrait croître de 11% / an.
Du coup, pour des actionnaires minoritaires, je trouve plus intéressant de revenir un ratio par action. Je pense qu’il serait judicieux de séparer le calcul de DCF :
- Croissance du bénéfice global ;
- Décroissance du nombre d’actions, qui induit une hausse du bénéfice par action.
Cela permettrait de jouer plus finement sur les hypothèses entre croissance des bénéfices et rachats d’actions, éventuellement année par année (ex : Kellogg qui annonce arrêter (temporairement ?) ses rachats d’actions, etc.).

Je vais modifier la feuille de calcul de Damodaran pour revenir à un calcul de DCF au niveau d’une action et donc en séparant croissance du bénéfice et effet des rachats d’actions.

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#10 05/09/2012 13h23

Membre (2011)
Réputation :   203  

Décidément, IBM me turlupine. J’ai fait quelques calculs en plus, plutôt à la louche. A prendre avec des pincettes donc !

Valeur des actifs
J’ai repris tous les postes du bilan et bien sûr les immobilisations (logiciels, équipements et goodwill) pour leur valeur brute. Forfaitairement, j’ai appliqué une décote de 50% sur le goodwill et les immobilisations corporelles.
Les données proviennent de GuruFocus (2011 et TTM) ou du rapport annuel 2011.
En hors bilan, j’ai comptabilisé en capital « savoir » les dépenses de R&D réalisées pendant 5 années. J’ai failli prendre sur 10 ans, pour valoriser le virage qu’a su prendre IBM dès les années 2000. Je me suis ravisé, considérant qu’un certain nombre de développements sont certainement déjà obsolètes, y compris logiciels.
J’ai ajouté une estimation de valeur de la marque IBM. J’ai repris des données des travaux de Millward Brown, dont voici un extrait des résultats.
Attention, c’est certainement un peu redondant avec la R&D et les immobilisations logicielles notamment.
D’après le dernier rapport annuel, il n’y a pas d’engagement hors bilan.





Au-delà de toute la marge d’erreur possible (reprise des immobilisations à la valeur brute, redondance dans la valorisation de la marque…), ces calculs donnent une valeur par action autour de 100 $, inférieure au cours actuel.

Valeur de capacité bénéficiaire
Pour la valeur de capacité bénéficiaire, j’ai me suis inspiré de la méthode proposée dans le livre « Investir dans la valeur » de Greenwald. J’ai utilisé pour IBM :
- La marge opérationnelle moyenne donnée sur le forum – 20%
- Le taux d’imposition moyen – 25%
- Le coût moyen pondéré du capital, précédemment calculé autour de 7% avec un taux sans risque à 3%.
- 25% des charges commerciales, administratives et R&D, pour le maintien de l’activité, pour moi associé à la fois au démarchage (maintien des clients), gestion RH (maintien des consultants, turn over).
- 50% des provisions aux amortissements et investissements annuels liés aux intangibles, liés aux investissements de maintien de l’activité. Le poste est un peu redondant avec l’intégration de la R&D au dessus.
- L’excédent de trésorerie
- Les dettes financières à long terme



Encore une fois, avec toute la marge d’erreur du calcul, j’obtiens une VCB sans retraitement autour de 190$, proche du cours actuel. Cela tendrait à montrer que le marché valorise IBM à sa capacité bénéficiaire actuelle et ne tient pas compte d’une éventuelle croissance dans sa franchise. A noter, IBM est classé Wide Moat par Morningstar, donc bénéficie d’une franchise certaine.
Avec retraitements, j’obtiens une VCB plus élevée, autour de 260 $. Cela ne me donne pas pour autant une totale confiance, compte tenu du caractère approximatif des calculs.

Les valeurs sont quasiment similaires en prenant les données sur 12 mois glissants. C’est normal car ce calcul n’intègre pas d’évolution du nombre d’actions, donc les rachats d’actions.

En faisant le même calcul avec une prospection proche d’un BPA à 20$ à l’horizon 2015, j’arrive à une VCB de près de 300$.

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#11 05/09/2012 13h47

sergio8000
Invité

Je pense moi aussi qu’un estimé conservateur de la valeur du titre est 250 - 300 USD.

Ma seule réserve par rapport à cela est que je ne suis pas certain que le moat soit si wide que cela, malgré l’opinion de Morningstar.
Pour moi (qui ne suis pas Morningstar mais un analyste amateur), le vrai wide moat se limite aux technologies propriétaires IBM, qui sont de moins en moins utilisées (sauf dans les banques). Sur le reste, ils ont une concurrence réelle et sérieuse (Accenture, Logica et Devoteam dans le monde, notamment, Solucom, Ineum en France… et j’en passe beaucoup sur la partie pur conseil/stratégie IT, toutes les SSII dans le monde sur la partie intégration, ce qui érode un peu leur pricing power. Récemment, j’ai constaté des ventes du consultant à des tarifs à peine plus élevés qu’une SSII).

En revanche, le moat est bel et bien existant, et l’entreprise est super bien gérée et s’adapte à l’érosion du pricing power sur certaines prestations en optimisant parfaitement bien ses coûts et en permanence (c’est précisément ce point là qui me plaît le plus dans IBM).

 

1    #12 05/09/2012 17h29

Membre (2010)
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J’ai une petite méthode toute simple pour estimer un cours théorique (bon ça vaut ce que ça vaut) :

pour chaque valeur d’un secteur donné (les technos ici) je calcule ce que vaut l’action en nombre de fois l’Ebitda, les cash flows, la book value, l’EV/Ebitda, le chiffre d’affaire. Je fais la moyenne du secteur (en technos je suis 24 valeurs) et j’obtiens donc une valorisation pivot, que j’applique à la valeur concernée (ici IBM) et enfin je fais la moyenne des 5 méthodes d’estimation.

Pour IBM cela donne au final 275$, donc très en phase avec les estimations de Sergio et de Sylvain !

Dernière modification par Rodolphe (05/09/2012 22h20)

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#13 05/09/2012 20h47

Membre (2011)
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Merci Sergio, merci Rodolphe !

Sergio, quel raisonnement vous a amené à une valeur comprise entre 250 et 300$.

En revanche, le moat est bel et bien existant, et l’entreprise est super bien gérée et s’adapte à l’érosion du pricing power sur certaines prestations en optimisant parfaitement bien ses coûts et en permanence (c’est précisément ce point là qui me plaît le plus dans IBM).

C’est aussi pour cette raison que j’ai failli à augmenter à 10 ans les dépenses de R&D valorisées en temps qu’actif "savoir".
On le retrouve aussi dans les derniers communiqués trimestriels où on apprend qu’IBM arrive encore à augmenter ses marges. Bien que le CA n’augmente pas beaucoup, le BPA augmente par trois axes :
- Les nouveaux business avec une marge plus élevée (=importance de la R&D)
- L’optimisation des coûts dans les business existants
- Les rachats d’actions - massifs

Rodolphe, j’ai deux petites réserves quant à cette méthode :
- Les 24 sociétés "technos" que vous citez sont certes du même secteur, mais je doute que leurs activités et structures soient rigoureusement identiques à IBM
- Les calculs font appels à des données du marché : le prix de l’action IBM et des autres valeurs. L’intérêt que je trouve au calcul de VCB est de se détacher au maximum de tout élément de marché. Tout y est issu du bilan ou compte de résultats. Le seul élément qui incorpore des éléments de marché peut être le coût moyen pondéré du capital, qui traduit le coût de la dette d’IBM, donc ce que demande les investisseurs sur le marché obligataire.
Je garde aussi à l’esprit que mon estimation de VCB n’est que très approximative, certainement truffée d’oublis.

C’est donc toujours agréable d’avoir des avis complémentaires, à partir de méthodes différentes ! A nouveau merci !

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#14 05/09/2012 21h05

Membre (2010)
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Sylvain a écrit :

Rodolphe, j’ai deux petites réserves quant à cette méthode

J’ai bien précisé que c’était une méthode artisanale. En fait, j’ai la flemme de m’embarquer dans des calculs compliqués nécessitant beaucoup de recherches. Celui-ci a l’avantage d’être automatisé via Excel et les données que j’y ai intégrées. Maintenant ce n’est pas infaillible…..mais cela permet de voir rapidement, les valeurs chères et les autres !

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#15 05/09/2012 22h16

Membre (2011)
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Vous êtes un sacrément bon artisan alors ;-)

J’avais donc mal compris, je vous rejoins pour une comparaison de sur ou sous évaluation par rapport à d’autres sociétés.
Par contre, pour une estimation de valeur intrinsèque, je préfère :
- D’abord utiliser un calcul aussi indépendant que possible des prix du marché
- Puis utiliser des méthodes par multiples

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#16 05/09/2012 22h29

Membre (2010)
Top 50 Portefeuille
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Effectivement ma démarche n’est pas de déterminer la valeur intrinsèque de la société en comptabilisant les actifs (jusqu’à la dernière gomme dans les tiroirs) et d’y soustraire les dettes.

Je pars plutôt du principe que le marché est efficient, et que donc la moyenne de valorisation (en nombre de fois l’Ebitda etc…) des sociétés du même secteur est correcte. En appliquant cette moyenne à la valeur visée, on obtient un cours théorique. Après, bien évidemment, il y a des situations particulières à prendre en compte, ou des business très spécifiques, qui viennent invalider mon calcul. Mais cela reste un petit outil pratique et rapide, un peu un couteau suisse….

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#17 05/09/2012 23h17

sergio8000
Invité

Sylvain, voici ma super méthode méga compliquée accessible à un élève de CM2 (pas de spreadsheet "damodaranesques" ni de ratios).

Vous comme moi sommes d’accord qu’IBM a des chances très raisonnables de maintenir un FCF de l’ordre 16,6 milliards, soit un peu plus de 13 dollars par action sur 10 ans. Que va-t-il se passer dans 10 ans ? Supposons que dans 10 ans, il ne reste que 70% des actions en circulation. Le BPA sera alors de 18,5 $ par action.

Un bénéfice prévisible, peu menacé, et susceptible de croître, empiriquement, s’échange souvent avec un multiple de 15 (yield de 7,5%). 18,5 * 15 fait 277,5. Après, vous modulez vos hypothèses de rachats d’actions et/ou croissance, vous choisissez votre multiple, etc… mais mes méthodologies sont hyper basiques, comme vous le voyez.

Bref, quoiqu’il en soit, à 130$, j’en prends volontiers.

 

1    #18 28/09/2012 20h19

Membre (2011)
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Je sors du cadre factuel, habituel du forum. Voici plutôt des éléments de réflexion, qui ne feront certainement pas vraiment avancer l’analyse d’IBM. Mais évidemment, vos avis et échanges sont les bienvenus !

Je me demande si l’achat de 5% d’IBM par Berkshire n’est pas si anodin qu’il n’y paraît. Il est peut-être même dans la continuité de l’activité de Berkshire : l’assurance.

Oui, vous avez bien lu, je viens d’écrire que le métier d’IBM serait proche d’une assurance.

Back to basics. L’assureur protège - au moins financièrement - l’assuré contre un problème éventuel. En contrepartie, l’assurée verse une prime à l’assureur. Les primes versés par tous les assurés forment le flottant, que l’assureur utilise pour développer des revenus financiers. Il achète des actifs, voire on lui donne de l’argent pour acheter des actifs.
L’assureur gagne de l’argent quand il touche plus d’argent du flottant (primes reçues) et des revenus du flottant (actifs financiers) que n’en dépense pour dédommager les assurés.
Partant de là, l’assureur cherche :
- A réaliser des placements intelligents. Buffett et Berkshire sont bien maîtres !
Et
- A déterminer intelligemment le montant de la prime à verser par l’assuré. En clair, l’assureur connaît et "valorise" les risques. Pour cela, il a besoin de données.
C’est sur ce point où je veux en venir pour IBM. Pas pour toute l’activité, mais au moins une nouvelle branche, qu’on surnomme "big data".
Pour faire le lien avec IBM, cela correspond aux activités de "Business Analytics" et "Smarter Planet".

En très court, ces activités consistent à réunir des données de multiples horizons et de leur donner une signification.

Et voilà le lien avec l’activité d’assureur : je pense que Berkshire comprend très bien les intérêts de ce "geyser de données" (terme d’IBM dans son rapport annuel), hier inaccessible. Avec, les assureurs disposent de nouvelles données pour estimer les risques et affiner le métier d’assureur.

Quelques exemples pris sur des documents IBM :
- Un système de transport capable d’adapter la fréquence et la densité en fonction de la demande de déplacements, voire qui fonctionne avec des automatismes (qui a dit Google car ?). Cela réduit la congestion et potentiellement les risques d’accidents. Diminuer les risques accidentogènes intéresse évidemment les assureurs.
- Élaborer des modèles prédictifs, en mobilité, énergie, etc. IBM l’expérimente même sur la prédiction de la criminalité à Richmond en Virginie (page 3 de ce PDF).

Pour un peu de factuel (et encore), je n’ai pas de répartition de CA des branches Business Analytics et Smarter Planet.

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#19 28/09/2012 21h23

sergio8000
Invité

Sylvain, je vous avoue que je suis une personne très terre à terre et que je ne comprends pas où vous voulez en venir. Je ne comprends d’ailleurs pas quelle est votre conclusion par rapport à votre réflexion.

Si tant est que j’ai compris la conculsion implicite : Je pense que si une assurance a besoin de faire du data mining, elle va simplement commander la prestation de fourniture de données et payer une facture. Je suis à peu près certain que la plupart des assurances font appel à des prestataires externes pour leur data mining. Pourquoi rentrer au capital de Big Blue ?

 

#20 28/09/2012 22h57

Membre (2011)
Réputation :   203  

Vous avez parfaitement compris Serge !
Mais dans ce que j’avais écrit, rien de factuel, rien de tangible. C’était plus une réflexion que je voulais partager, du genre de celles qui vient au détour d’une rue, ou dans le métro.
Il n’y avait pas forcément de conclusion tangible.

En caricaturant, le data mining, c’est vendre les données aux uns et aux autres, présentées différemment. IBM peut tout fait vendre du trafic prédictif pour une collectivité et utiliser ces mêmes données pour une assurance.
Rentrer au capital de Big Blue pour que ça reste dans la maison ?
Je conçois que cela n’a pas forcément un intérêt direct par rapport à notre problématique. C’était plus "récréatif" ;-)

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#21 28/09/2012 23h12

Membre (2011)
Réputation :   39  

Sylvain, vous avez tiré sur un fil très intéressant. Le big data, c’est le data mining du futur, puissance 10, une source de valeur phénoménale pour notre civilisation, et pour ceux qui seront les maîtres de ce savoir-faire. C’est autre chose que les joujoux de Apple, je vous le dis.

Il y a en effet une parenté avec le travail d’un assureur, et c’est peut-être la raison pour laquelle Buffet comprend mieux que d’autres la valeur potentielle de cette branche, et y a mis ses billes.

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#22 29/09/2012 08h42

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Sylvain a écrit :

Vous avez parfaitement compris Serge !
Mais dans ce que j’avais écrit, rien de factuel, rien de tangible. C’était plus une réflexion que je voulais partager, du genre de celles qui vient au détour d’une rue, ou dans le métro.
Il n’y avait pas forcément de conclusion tangible.

Le raisonnement est original mais un peu tiré par les cheveaux, d’autant qu’on parle de Buffet qui ne saurait même pas faire fonctionner son répondeur… :-)

Peut-être plus simplement qu’à force de jouer au bridge avec Bill, Buffet a entendu que même les technos pouvaient bénéficier d’une wide moat durable dès lors que l’ensemble des éléments services-matériels-logiciels étaient imbriqués…

A partir de là, pour l’évaluation, pas besoin de Bill, Buffett a fait tout seul ! :-)

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#23 19/10/2012 22h59

Membre (2012)
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Que pensez vous des mauvais résultats de ce trimestre en terme de CA (-13% sur le hard -5% sur le soft  change compris) ?

D’ou des cours à -9% en 3 jours

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#24 20/10/2012 09h40

sergio8000
Invité

D’après mon expérience passée, l’IT est forcément un domaine un peu cyclique. Un trimestre ne peut être considéré comme une tendance long terme dans ce secteur. De même pour MSFT. Je serai ravi de voir les cours de ces sociétés baisser beaucoup plus :-).

 

#25 18/03/2013 18h23

Membre (2011)
Réputation :   203  

Une petite pause récréative avec une anecdote sur IBM venue du fondateur de Dassault Systèmes.
Juste pour comprendre l’anecdote : Dassault Systèmes est l’éditeur du logiciel de CAO 3d Katia. La commercialisation à été confiée pendant 30 ans à IBM pour bénéficier d’un nom à renommée internationale.
À l’occasion dune négociation, le PDG de Boeing aurait confié à Dassault Systèmes :
Je n’achète pas Katia parce que c’est Dassault Systèmes qui le fabrique, mais parce que c’est IBM qui me le vend !

C’est dire de la force de la marque, même auprès d’autres entreprises géantes !

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